La décolonisation est un processus d’émancipation des colonies africaines et asiatiques face aux anciennes puissances européennes qui prend un essor considérable au terme de la Seconde Guerre mondiale. À la suite de ce conflit, plusieurs pays anciennement dominés acquièrent leur indépendance nationale. C’est le cas, entre autres, de l’Inde et du Pakistan en 1947, de la Birmanie en 1948, du Ghana et de la Malaisie en 1957, ainsi que de nombreux autres pays au tournant des années 1960. Plusieurs éléments engendrent ce processus. La perte de pouvoir des anciennes puissances européennes au cours de la Seconde Guerre mondiale, le coût élevé des empires coloniaux pour les métropoles et la fin de l’appui des Églises dans les œuvres colonisatrices expliquent en partie le désintérêt des anciennes puissances européennes à poursuivre leurs politiques de domination[1]. L’influence des diverses chartes internationales (Charte de l’Atlantique, Charte de l’ONU, Déclaration universelle des droits de l’homme), le développement d’une pensée intellectuelle anticoloniale et l’essor des nationalismes régionaux ont également contribué à accélérer le processus de décolonisation[2].
Objet d’étude
Ce processus, bien que majoritairement observable dans les pays de l’hémisphère Sud, a eu un impact incontestable dans la province de Québec. Les théories intellectuelles qui en découlent ont influencé une génération entière de penseurs québécois qui ont, par la suite, interprété ces concepts en les appliquant à la réalité canadienne-française[3]. L’un d’entre eux, Raoul Roy, a notamment milité activement en faveur de l’indépendance nationale du Québec, en élaborant des théories associées à ce que l’on pourrait appeler un nationalisme-décolonisateur[4]. Il a notamment fondé plusieurs revues d’idées en lien avec ces conceptions nationalistes et socialistes, dont la plus influente fut sans conteste La Revue socialiste [5].Cette publication représente en quelque sorte le berceau idéologique des théories nationalistes gauchistes, qui seront grandement reprises par les regroupements indépendantistes qui verront le jour durant la décennie de 1960. Publiée de 1959 à 1965, La Revue socialiste aborde la majorité des concepts liés à la décolonisation et au colonialisme, adaptés à la réalité québécoise. Elle représente une page importante de l’histoire intellectuelle québécoise, en raison de son caractère universel qui cherche à placer la « réalité coloniale québécoise » au sein d’une lutte anticoloniale globale et par l’influence qu’elle aura sur les militants québécois de gauche au cours de la décennie de 1960[6].
Problématique et hypothèse
Ainsi, nous proposons d’analyser les principales thématiques relatives à la décolonisation retrouvées dans les pages de La Revue socialiste. En d’autres termes, pourquoi ses auteurs jugent-ils que le Québec est en proie au colonialisme ? Comment ce phénomène s’observe-t-il au niveau local? Quelles sont les visées sociopolitiques de ces intellectuels qui les poussent à s’engager dans le débat public? Quelles sont les figures intellectuelles qui ont structuré et influencé leur discours? Comment interprètent-ils les luttes de décolonisations mondiales et de quelle manière les juxtaposent-ils au contexte canadien-français?
Selon nous, le discours anticolonial caractéristique de La Revue socialiste sert trois objectifs. D’abord, il permet d’inscrire le Québec dans une mouvance contestataire mondiale, celle de la lutte anticoloniale et anti-impérialiste. Ensuite, l’utilisation d’un argumentaire anticolonial sert à légitimer la volonté d’accès à l’indépendance nationale et à un régime d’inspiration socialiste. Enfin, ce discours sert àtracer des parallèles entre la réalité canadienne-française et celles vécues par des peuples colonisés ou anciennement colonisés, afin de légitimer la nécessité de la lutte anticoloniale au niveau local.
Méthodologie et historiographie
Notre analyse se base sur l’étude des huit numéros parus de La Revue socialiste [7]. En somme, l’importance de La Revue socialiste dans le panorama intellectuel québécois est considérable. L’historiographie tend à reconnaître celle-ci comme étant l’une des premières revues d’idées à aborder des thématiques liées à la décolonisation et au colonialisme[8]. Les historiens Mathieu Lapointe et Mathieu Lavigne ont montré que les idées que l’on y retrouve seront en grande partie reprises par d’autres mouvements indépendantistes québécois, notamment par les membres du Front de Libération du Québec, ainsi que par les rédacteurs de la revue Parti Pris [9]. Malgré son tirage limité et la disparité qui existe entre la publication de chaque numéro, l’influence que celle-ci a eue sur l’idéologie liée à la mouvance indépendantiste est importante.
Enfin, il est important de cerner le rôle crucial que joue la revue en ce qui concerne l’évolution du nationalisme québécois. En effet, son idéologie la situe au carrefour du courant nationaliste canadien-français des années 1950 et des courants plus radicaux liés à la décolonisation des années 1960[10]. La revue représente un repère idéologique à partir duquel évolueront différentes variantes du nationalisme indépendantiste québécois durant la Révolution tranquille. Pourtant, malgré l’avancement des recherches sur la figure de Raoul Roy depuis le début des années 2000, celui-ci demeure une figure intellectuelle relativement obscure dont l’impact sur la mouvance indépendantiste québécoise gagnerait à être mieux connu. À maints égards, il représente le chaînon manquant qui permet de mieux comprendre l’évolution entre le nationalisme traditionnel canadien-français des années 1950 et le nationalisme indépendantiste québécois des années 1960.
Cadre d’analyse et concepts
Notre étude s’inscrit dans le cadre de l’histoire intellectuelle et plus précisément dans celui de l’histoire des idées, puisque nous fixons notre attention exclusivement sur l’idéologie de La Revue socialiste. Les concepts utilisés afin d’étudier le discours de la revue de Raoul Roy se fondent en grande partie sur les notions liées au colonialisme (colonisé[11], colonisateur[12], rapports de domination[13], impérialisme[14], assimilation[15]). Dans une moindre mesure, les concepts de nationalisme[16] et de socialisme[17] permettent également de comprendre le discours idéologique et l’allégeance politique de la revue. Les ouvrages Les damnés de la terre de Franz Fanon, Portrait du colonisé d’Albert Memmi et Dépossession du monde de Jacques Berque, qui ont profondément influencé l’écriture des rédacteurs de la revue, sont également mis à profit dans notre analyse.
Plan de l’analyse
Dans notre article, trois parties principales seront développées. Dans la première partie, nous aborderons la thématique du colonialisme au Québec, selon La Revue socialiste. Plus précisément, nous étudierons ce thème selon les aspects politiques, économiques et culturels, afin d’illustrer la vision d’un Québec « colonisé », propre à la revue. Dans la seconde partie, nous aborderons l’idéologie et les influences intellectuelles qui ont marqué la revue. Nous traiterons du lien étroit que tissent les rédacteurs entre le socialisme et l’indépendantisme ainsi que des principaux intellectuels étrangers qui ont influencé le discours de la revue. Finalement, la troisième partie traitera des luttes anticoloniales mondiales et de leurs impacts dans les pages de La Revue socialiste. Nous y aborderons notamment les cas de l’Algérie et de Cuba, afin de comprendre comment ces luttes anticolonialistes et anti-impérialistes ont pu influencer les intellectuels locaux.
Le colonialisme au Québec selon La Revue socialiste
La Confédération canadienne : interprétation et condamnation
Selon La Revue socialiste, il apparaît clair que la Confédération canadienne, telle qu’elle est constituée depuis 1867, contribue à limiter les pouvoirs de la province du Québec. Bien que plusieurs regroupements nationalistes de l’époque remettent en question la légitimité du processus ayant conduit à l’instauration de la Confédération canadienne[18], les rédacteurs de la revue interprètent cette union de manière très sévère. D’abord, ceux-ci considèrent ce pacte comme étant une « création artificielle de la bourgeoisie anglo-saxonne », où les Canadiens français représentent les « parents pauvres » de la nation[19]. Cette mise en minorité politique empêcherait ceux-ci d’être représentés convenablement à Ottawa, de profiter des avantages de la démocratie et d’aspirer à un développement étatique complet[20]. De ce fait, le pouvoir politique parlementaire à Québec ne gouverne pas les champs primordiaux de la politique. Les affaires étrangères, les guerres, l’immigration et les impôts représentent quelques-uns des domaines clés qui échappent au contrôle des autorités politiques québécoises, puisqu’ils sont contrôlés par le gouvernement fédéral.
Selon certains, cette mise en tutelle politique aurait des effets « pervers », qui contribue à perpétuer les effets de la Conquête et qui représente l’étape intermédiaire vers une américanisation totale de l’Amérique du Nord[21]. Le fait que le peuple québécois n’ait jamais donné son aval face au projet confédératif illustrerait le caractère infantilisant rattaché au statut de province, qui contribue à garder la nation canadienne-française dans une situation politique désavantageuse, et qui nierait son droit à l’autodétermination[22]. Ce manque de ressources politiques illustrerait en partie la répression colonialiste du fédéral vis-à-vis un gouvernement provincial trop faible pour réagir. Cette répression serait notamment perceptible dans les crises de conscriptions durant les deux guerres mondiales, où les Canadiens français ont été « humiliés[23] ». Devant cette démocratie d’inspiration anglo-saxonne, certains rédacteurs ont des mots assez durs. Par exemple, dans le premier numéro de la revue, Raoul Roy écrit : « la démocratie anglo-saxonne n’est pas civilisatrice […] elle est baignée d’un puritanisme protestant, issu d’un mode de vie nordique utilitaire, et est empreinte d’une mentalité anarchique. C’est une utopie chez un peuple latin ou latinisé[24] ». On sent ainsi une animosité à l’encontre du système politique d’inspiration britannique, qui témoigne d’un certain élitisme idéologique et politique en lien avec le passé colonial français. En réponse à ce régime politique non souhaité, on suggère l’instauration d’un régime tourné en partie vers le socialisme, qui permettrait de renverser les obstacles économiques et idéologiques qui empêchent d’instaurer une vie démocratique au sein des institutions actuelles[25]. Cette démocratie libérale permettrait ainsi au Québec de se développer, à la manière des nouveaux pays indépendants qui s’affranchissent du joug colonial.
Ces arguments représentent les principaux facteurs politiques qui poussent les rédacteurs de La Revue socialiste à interpréter l’union confédérale comme étant une alliance visant à assimiler les Canadiens français. Ce statut « minoritaire » imposé de fait, qui nierait le droit à l’autodétermination et qui menacerait la plénitude de la nation, représente le principal argument qui explique le besoin de s’affranchir de la Confédération canadienne. De plus, il importe de noter que ces arguments de nature politique se retrouvent également dans les pages de la revue Laurentie, l’organe de presse de l’Alliance laurentienne, ainsi que dans certains ouvrages de Raymond Barbeau[26]. Cela démontre que les arguments relatifs au colonialisme politique, amenés dans la revue, sont partagés par d’autres regroupements indépendantistes québécois de l’époque.
Le Québec, un satellite économique
D’un point de vue économique, les analyses des rédacteurs de La Revue socialiste suggèrent que les Canadiens français subissent deux niveaux de colonialisme. En premier lieu, ceux-ci subiraient la domination d’Ottawa sur les finances de l’État québécois. Comme nous l’avons précédemment abordé, le fait que le Québec ne contrôle ni ses impôts, ni une grande partie de son développement économique, poussent les rédacteurs à associer cette réalité au colonialisme économique. Selon eux, les hautes sphères de la finance seraient « occupées par une grande bourgeoisie anglo-saxonne colonialiste qui se sert d’un mercenariat politique, prostitué à ses intérêts égoïstes, pour asservir la majorité de la population[27] ». Le Québec serait alors opprimé économiquement non seulement par les Canadiens anglais, mais aussi par les Américains et par les « capitalistes anglais ». Ces derniers auraient accès aux matières premières présentes sur le territoire à des prix très bas, en plus d’avoir le droit d’y développer divers projets économiquement profitables[28]. Ils en viendraient ainsi à contrôler une grande partie de l’économie québécoise avec l’aval d’Ottawa, empêchant du coup tout développement local. Ceux-ci, contrôlant les principaux leviers financiers de la province, contrôleraient également « la destinée des prolétaires canadiens-français », qui ne profitent aucunement des retombées économiques engendrées par ces développements[29].
L’oppression du prolétariat représente le deuxième niveau de colonialisme économique qui toucherait les Canadiens français. On juge que ceux-ci sont « exploités par une oligarchie au double visage et que, de ce fait, ils doivent se battre sur deux fronts : contre le capitalisme et contre l’oppression nationale[30] ». Les ouvriers canadiens-français seraient en grande partie sous-payés, occuperaient des emplois difficiles et seraient sous le joug de leur employeur anglophone. Il y aurait une politique agressive provenant de la bourgeoisie anglophone, visant à maintenir les Canadiens français dans leur statut d’opprimés et à les empêcher d’aspirer à des postes plus élevés hiérarchiquement dans leurs milieux de travail. Dans l’incapacité de participer efficacement au développement industriel de leur pays, ceux-ci deviennent exploités et participent, malgré eux, au maintien de cette situation économique précaire. Face à cela, les rédacteurs conviennent que seul le « réveil des prolétaires » permettra au Québec d’aspirer à l’indépendance nationale et de mettre fin au colonialisme anglo-saxon[31].
Ainsi, il est clair que Raoul Roy et ses collaborateurs utilisent un argumentaire économique caractéristique des luttes ouvrières et socialistes. Cependant, l’utilisation d’un tel discours n’est pas sans fondements, puisqu’il sert à illustrer les facteurs économiques selon lesquels le Québec doit être considéré comme une colonie. Il sert également à justifier le recours à l’indépendantisme, basé sur une réalité dans laquelle les Canadiens français ne jouent qu’un rôle mineur dans la sphère économique du Québec. Enfin, il importe de noter que certains secteurs économiques étaient, à la fin des années 1950, entièrement contrôlés par des firmes étrangères installées au Québec[32]. Cette réalité, bien qu’elle soit accentuée dans la revue, ne doit cependant pas être négligée.
La mise en péril de la culture québécoise en Amérique du Nord
Le discours anticolonialiste de La Revue socialiste traite également de la culture québécoise. En ce sens, les rédacteurs font état de plusieurs problématiques qui menaceraient la pérennité de la nation canadienne-française en Amérique du Nord. D’abord, ils dénoncent l’attitude « profondément coloniale d’Ottawa », qui a « subtilisé jusqu’à l’usage exclusif de notre nom originel », en référence au terme « Canadien[33] ». Cette réalité, selon eux, traduit une appropriation culturelle qui déracine les liens historiques liant la nation canadienne-française à son passé. Celle-ci serait également « arriérée culturellement », à cause des effets du colonialisme. Ce fait expliquerait, entre autres, l’imposition de la langue anglaise comme principale langue d’usage dans les affaires, le travail et la politique. Un système scolaire déficient, où l’enseignement supérieur est réservé aux Anglais, expliquerait aussi le retard culturel de la nation. Ils notent, par exemple, que les universités anglophones s’approprient une grande partie du financement gouvernemental face aux universités francophones, qui ne reçoivent que peu de subventions et qui produisent près de deux fois moins de diplômés que leurs rivales anglophones[34].
De plus, les rédacteurs prédisent qu’à cause de leur position géographique et démographique minoritaire en Amérique du Nord, les Canadiens français « sont voués à disparaître dans les années à venir[35] ». En ce sens, ils avancent que la proportion d’immigrants canadiens-français présents sur le territoire des États-Unis est presque aussi grande que l’est la population totale du Québec[36]. Ils soulignent aussi que la majeure partie de ces familles « exilées » ne parlent plus français après deux générations[37]. Face à ce danger, ils soulignent la tactique pratiquée par Ottawa, qui cherche à « noyer démographiquement » les habitants du Québec en accueillant de plus en plus d’immigrants[38]. De ce fait, ils notent également que le taux de chômage chez les jeunes est le plus élevé en Amérique du Nord, notamment en raison de l’immigration. Les Canadiens français perdraient par conséquent le contrôle sur tous les aspects de leur culture et de leur identité, ce que l’on associe à une stratégie colonialiste d’assimilation[39].
Ainsi, cette première partie d’analyse illustre les principales formes d’oppression de nature coloniale relatées dans La Revue socialiste, servant à justifier le statut de « colonie » qui caractériserait le Québec de l’époque. En reprenant le même cadre d’analyse que certains intellectuels de la décolonisation, les rédacteurs de la revue arrivent à faire une synthèse des principaux facteurs qui dénotent une oppression subite par les Canadiens français. En témoignant d’une réalité semblable à celle vécue par des peuples étrangers qui ont obtenu leur indépendance après avoir subi les aléas du colonialisme, ils sont à même de justifier une volonté d’accès à l’indépendance nationale.
Fondements théoriques et influences intellectuelles
L’indépendance et le socialisme : des outils pour mettre fin au colonialisme
Les articles qui composent La Revue socialiste sont en grande partie des textes polémiques, parfois historiques, qui allient l’information ou l’anecdote à la démonstration de thèses politiques. Ces textes sont en bonne partie signés par Raoul Roy, qui utilise divers pseudonymes afin de camoufler son identité[40]. Dans la plupart des textes étudiés, l’objectif principal est de démontrer les manières par lesquelles le capitalisme et le fédéralisme viennent affaiblir la nation canadienne-française. Ce double rapport de domination, associé au colonialisme, est la principale cible sur laquelle les collaborateurs de la revue s’acharnent au cours des huit publications. Cependant, en réaction à ces problèmes, plusieurs suggestions sont amenées dans les pages des différentes parutions. En analysant le discours utilisé par les rédacteurs, il devient évident que les principaux outils qui permettront aux Canadiens français de s’affranchir du joug colonial prennent la forme de l’indépendance nationale et du socialisme.
Dès le premier numéro, ces deux éléments font partie intégrante des théories formulées par Raoul Roy et ses collaborateurs. Plusieurs éléments expliquent ces choix théoriques. Par exemple, il est à noter que Roy fut fortement influencé par la mise sur pied de l’Alliance laurentienne, en 1957. Ce regroupement constitue le premier réseau indépendantiste québécois d’après-guerre, avec à sa tête Raymond Barbeau. Bien que Raoul Roy n’adhère pas aux théories corporatistes et droitistes de ce groupement, il est néanmoins fortement influencé par son allégeance à l’idéal indépendantiste, ce qui le poussera à fonder La Revue socialiste l’année suivante[41]. Roy est également influencé par les nombreuses indépendances qu’engendre le processus mondial de décolonisation. À la vue de l’acquisition de la liberté nationale par les divers peuples d’Afrique et d’Asie, il tentera de transposer localement le climat intellectuel qui a supporté la décolonisation au sein de ces anciennes colonies[42]. C’est notamment dans ces théories tiers-mondistes que puiseront les rédacteurs de la revue afin de justifier le recours à l’indépendance. Cet idéal est rappelé inlassablement à chaque parution, dans l’optique d’instituer une certaine familiarité entre la population et cette volonté séparatiste.
Selon les rédacteurs, cette indépendance devra être associée à l’instauration d’un régime socialiste, puisque « le séparatisme, sans l’apport d’une construction socialiste, ne sert à rien, car il précipiterait les Canadiens français au désastre capitaliste[43] ». Cependant, on ne favorise pas la révolution socialiste par rapport à l’indépendance nationale, chacune dépendant intrinsèquement de l’autre. L’instauration du socialisme permettrait notamment de « libérer les travailleurs de l’oppression capitaliste », de mettre fin à « l’exploitation économique du Québec par la bourgeoisie anglo-saxonne » et permettrait de rattraper le retard accumulé par « les années d’oppression », dans tous les secteurs d’activités économiques, politiques et culturels[44]. Les rédacteurs font également preuve de pragmatisme, en mettant en garde quiconque qui serait tenté de céder à un socialisme mythique et utopique[45]. Ainsi, grâce à l’indépendance nationale et au socialisme, les Canadiens français seraient libérés du joug colonial.
Les influences intellectuelles de La Revue socialiste
D’emblée, il est évident que les théories tiers-mondistes et gauchistes, caractéristiques de La Revue socialiste, sont imprégnées par les concepts d’intellectuels associés à la décolonisation. Plusieurs influences sont perceptibles dans les formulations et les démonstrations politiques. Notamment, Albert Memmi semble représenter une figure de référence en ce qui a trait au colonialisme[46]. Cette influence se distingue, entre autres, dans les descriptions relationnelles liant le colonisateur au colonisé. Dans le cas du Québec, on insiste beaucoup sur la notion « d’infantilisation », qui caractériserait le comportement adopté par Ottawa envers le Québec[47]. On ressent également l’influence de Memmi par rapport à la formulation d’une identité québécoise fortement ancrée dans la notion de « colonisé », due au poids du passé et à la période dite de la « survivance[48] ». Cette période caractéristique de l’histoire du Québec aurait structuré les relations qu’entretiennent les Canadiens français et les Canadiens anglais depuis le milieu du 19e siècle, en instituant un comportement pessimiste et nostalgique au sein du premier groupe et en assurant la pérennité du second.
Franz Fanon est un autre intellectuel associé à la décolonisation qui a influencé le discours anticolonialiste de Raoul Roy et de ses collaborateurs. Ce fait est d’autant plus perceptible qu’à la sortie de l’ouvrage Les damnés de la terre, la revue lui réserve un article élogieux, le qualifiant de « bible de la décolonisation[49] ». Les principales références théoriques liées à Fanon sont notamment le recours à un militantisme vigoureux afin de renverser le pouvoir colonial, que l’on associe au combat des colonisés, l’assimilation culturelle de l’intellectuel colonisé, ainsi que la notion de « révolution nationale ». On insiste également sur la nécessité pour l’être colonisé de se faire « homme » face au colonisateur, puisque la décolonisation est « créatrice d’hommes nouveaux qui pourront faire leur histoire[50] ». On insiste donc pour que les Canadiens français se délient du joug fédéral, afin de pouvoir s’afficher fièrement sur la scène internationale en tant que membres d’une nation libre.
Jacques Berque est une autre figure qui a eu un impact sur les rédacteurs de La Revue socialiste. Son influence se distingue des autres intellectuels étrangers par le fait qu’il s’est entretenu à plusieurs reprises avec Raoul Roy, en 1963 et 1964, lors de son séjour au Québec à titre de professeur invité de l’Université de Montréal. Au cours de leurs rencontres, Berque en est venu à donner son appui à la lutte anticolonialiste telle que défendue par Roy et ses collaborateurs[51]. Selon Berque, les Canadiens français sont « les Algériens de l’Amérique », soumis à une domination subtile mais perceptible de la part du gouvernement fédéral[52]. Il soutient également que le peuple canadien-français est en proie à un pessimisme et à un découragement caractéristique des peuples colonisés, qui traduit une séquelle typique de la dépendance[53]. Il met en garde contre toute tentation relative à une reconstruction relationnelle entre les gouvernements provincial et fédéral, qu’il associe à une tendance réactionnaire, susceptible de prolonger le colonialisme au Québec. Son entrevue et sa position favorable à la lutte émancipatrice du Québec représentent un appui considérable pour La Revue socialiste, qui était maintenant reconnue par l’un des théoriciens de la décolonisation.
De ces faits, il apparaît clair que les influences intellectuelles extérieures ont permis à Raoul Roy et à ses collaborateurs d’inscrire la lutte anticolonialiste québécoise dans une mouvance internationale. En usant de cadres théoriques tiers-mondistes et en les adaptant à la réalité québécoise, les rédacteurs ont pu interpréter celle-ci de manière à légitimer leur discours dans les sphères intellectuelles de l’époque.
Les décolonisations mondiales : portée et réaction à La Revue socialiste
Le cas de l’Algérie
Les rédacteurs de la revue tracent beaucoup de parallèles avec des réalités vécues par des peuples colonisés ou anciennement colonisés. Concrètement, ils se réfèrent à plusieurs peuples qui ont subi les affres de la colonisation, notamment les Vietnamiens et les Tunisiens. Ils mentionnent aussi le cas particulier de certains peuples qui subiraient une colonisation plus « subtile », tels que les Siciliens et les Taïwanais[54]. Cependant, l’une des luttes de décolonisation qui a le plus influencé les pages de la revue est sans contredit la Révolution algérienne. Cet évènement a eu non seulement un impact notable dans les revues d’idées québécoises, mais aussi dans les grands médias de l’époque. Notamment, La Presse, Le Devoir et Radio-Canada ont couvert et analysé en profondeur la guerre d’Algérie, en y consacrant plusieurs dizaines d’articles[55]. Dans La Revue socialiste, il est assez facile de discerner les nombreuses références au sujet de ce conflit. Plusieurs analyses sont faites sur le sujet, ce qui permet à Roy et à ses collaborateurs de tracer des liens par rapport à la réalité canadienne-française et celle vécue par les Algériens.
D’abord, les rédacteurs trouvent que la France impose de force une démocratie non désirée par les Algériens. Selon eux, il s’agit d’une « assimilation, camouflée sous le couvert d’une intégration lucide et d’emblée à la confédération française […] comme au Québec, on retrouve en Algérie le même langage impérialiste[56] ». On juge ainsi que l’intégration de l’Algérie à la Confédération française est à l’image de l’incorporation du Québec dans la Confédération canadienne, puisque dans les deux cas, ces nations n’ont pas eu l’opportunité d’exprimer leur désir réel face à ce projet. De plus, en Algérie comme au Québec, les rédacteurs observent qu’il existe une « pseudo-gauche qui règle le problème de l’indépendance nationale en niant son existence[57] ». Dans les deux cas, on associe ce comportement au statut de « colonisé », qui tend à souligner que « le plus grand drame du colonisé, c’est de toujours relativiser son sort[58] ».
Également, les rédacteurs tissent des parallèles entre les minorités anglophones du Québec et les minorités franco-algériennes d’Algérie. Dans les deux cas, il y aurait une « prédisposition » à se rallier au colonisateur, car « ils connaissent sa puissance réelle et ils prennent farouchement défense des privilèges qui leur sont accordés[59] ». Dans le cas de la France et du Canada, il y aurait aussi un dédain partagé face à la prolifération démographique des minorités. Ces gouvernements respectifs verraient d’un mauvais œil aussi bien les grandes familles musulmanes d’Algérie que les familles nombreuses québécoises. Il y aurait également des parallèles à faire en ce qui concerne la langue utilisée par les Algériens et les Canadiens français. En Algérie, la langue arabe serait perçue par les colonisateurs comme étant « un dialecte incompréhensible », alors qu’au Québec « le joual est perçu comme un patois incompréhensif par les vrais Français[60] ». Ce sont là certains des parallèles qui sont tissés entre les situations algérienne et canadienne-française.
Face à ces conditions, les rédacteurs de la revue perçoivent les membres du Front de libération nationale (FLN) comme « des libérateurs honnêtes et courageux[61] ». N’allant pas jusqu’à souhaiter la création d’une milice révolutionnaire apparentée à ce regroupement, Roy et ses collaborateurs semblent toutefois prompts à légitimer toute action militante énergique. Ne condamnant pas non plus la violence utilisée par les membres du FLN, ils paraissent même prendre parti en faveur de cette « élite révolutionnaire », tout en signalant le danger de telles actions dans le contexte canadien-français[62]. Il y a ainsi une certaine ambiguïté quant aux méthodes à employer afin de mettre fin au statut « d’opprimé » qui caractérise les Canadiens français. Néanmoins, les parallèles tracés entre les réalités algériennes et canadiennes-françaises sont plutôt généraux. Cela peut suggérer que les deux situations sont semblables alors que dans les faits, il est peu probable qu’elles aient eu beaucoup de liens en commun. L’utilisation de ces rapprochements servait avant tout à extrapoler la réalité canadienne-française dans le contexte de décolonisation, afin de légitimer toute action en faveur de la lutte pour l’indépendance nationale du Québec.
La « glorieuse révolution cubaine »
Pour Raoul Roy et les membres de La Revue socialiste, le cas de l’Algérie a servi à tisser des parallèles avec la lutte anticolonialiste, mais celui de la Révolution cubaine a permis d’établir une certaine « marche à suivre » afin d’enrayer toute trace d’oppression impérialiste envers la population canadienne-française. Roy et ses collaborateurs se sont visiblement inspirés du régime de Baptista pour tracer des ressemblances entre les réalités cubaines et canadiennes-françaises. À Cuba, le principal problème de nature coloniale était, selon eux, la prégnance de l’impérialisme américain dans le pays. Les domaines de la culture, de la politique et de l’économie étaient adroitement contrôlés par les autorités américaines[63]. Face à la « complaisance de Baptista » dans cette situation, la figure de Fidel Castro apparaît comme celle d’un héros national qui a libéré le peuple cubain de « l’oppression capitaliste américaine[64] ». Les réformes que celui-ci mit en œuvre après son accession au pouvoir semblent avoir grandement inspiré Roy et ses complices.
En effet, dans un article tiré du quatrième numéro de la revue, Roy s’inspire des réformes entreprises par le gouvernement de Castro en reprenant celles-ci et en les adaptant à la réalité québécoise. Notamment, il plaide en faveur d’une double libération : économique et politique. En mettant fin au monopole américain par la mise en place d’une réforme agraire et en effectuant un changement de régime politique, la révolution nationaliste de Castro a « permis aux Cubains de reprendre leur pays en mains[65] ». En réaction à cela, Roy propose que « les Canadiens français se libèrent économiquement des monopoles et des régies fédérales d’Ottawa et politiquement du gouvernement de la nation anglo-canadienne dont Ottawa est le moteur principal[66] » . Il propose également « l’instauration d’un socialisme à la cubaine qui permettra de mettre le talent des travailleurs à la construction d’un nouveau pays[67] ». On préconise, comme à Cuba, une transformation qui se fera sans investissements étrangers et en mobilisant toutes les ressources du pays. Il en va de même pour le contrôle de l’immigration, qui se fera de manière stricte, de façon à « enrayer le chômage qui affecte une grande part de la jeunesse canadienne-française », une méthode « qui a fait ses preuves à Cuba[68] ». En dernier lieu, Roy milite en faveur de la réappropriation des journaux et des quotidiens anglophones, tels que le Montreal Star et The Gazette, qui « doivent revenir aux mains des Canadiens français », de la même manière que Castro s’est réapproprié les journaux locaux lors de son accession au pouvoir[69]. Finalement, la confiance de Roy en la Révolution cubaine est si profonde qu’il recommande aux Canadiens qui doutent de la nécessité d’une révolution de faire un voyage à Cuba pour en faire l’expérience[70].
Ainsi, il apparaît clair que les réformes de Castro ont eu un profond impact sur l’interprétation que font Roy et ses collaborateurs de la situation politique et économique du Québec ainsi que sur la perception qu’ils en ont. En basant son analyse sur les ressemblances qui lient l’actualité canadienne-française au passé cubain, Roy espère sans doute conscientiser la population par rapport à cette situation, en vue de lui faire comprendre et accepter la nécessité de telles réformes pour mettre fin à la « situation coloniale » qui toucherait le Québec.
Bref, cette section a permis d’illustrer l’influence de certaines luttes anticoloniales d’outre-mer chez les intellectuels de La Revue socialiste. En retraçant certaines réalités vécues par les Algériens durant la colonisation française et en les juxtaposant avec le contexte canadien-français dans la sphère fédérale canadienne, ils ont pu illustrer sur quels points ces deux situations pouvaient se ressembler. Cette même stratégie fut reprise en prenant le modèle cubain de Castro. En liant la situation d’oppression que vivaient les Cubains sous Baptista à celle vécue par les Canadiens français et en énonçant certaines réformes qui pourraient être bénéfiques pour le Québec, les rédacteurs de la revue ont su proposer une « marche à suivre » inspirée des modèles de réformes étrangères associés au post-colonialisme.
Conclusion
En somme, cette étude nous aura permis d’analyser le discours sur la décolonisation qui était prépondérant à La Revue socialiste. Dans la première partie, nous avons abordé la thématique du colonialisme au Québec. En étudiant ce thème selon les aspects économiques, politiques et culturels, nous avons pu illustrer la vision d’un Québec « colonisé », propre à la revue. Dans la seconde partie, nous avons abordé l’idéologie et les influences intellectuelles qui ont marqué ses pages. Nous avons traité de la vision « internationaliste » de Raoul Roy et de ses collaborateurs par rapport à l’indépendance nationale du Québec ainsi que des principaux intellectuels étrangers qui ont influencé le discours de la revue. Finalement, la troisième partie nous a démontré que certaines luttes anticoloniales étrangères ont eu un impact profond sur les rédacteurs de La Revue socialiste. Notamment, les cas de Cuba et de l’Algérie, qui ont donné une nouvelle perspective à ces derniers par rapport à la situation politique et économique des Canadiens français dans la Confédération canadienne.
Ainsi, il apparaît clairement que le discours de La Revue socialiste, axé sur la décolonisation, servait trois objectifs principaux : inscrire le Québec dans une mouvance politique et intellectuelle mondiale, légitimer la volonté d’accès à l’indépendance nationale et tracer des parallèles avec des réalités vécues par des peuples colonisés ou anciennement colonisés. De cette manière, Roy et ses collaborateurs étaient en mesure de dresser un portrait local du « colonisé canadien-français », en plus de légitimer la lutte pour une révolution nationale de type socialiste.
Références
[1] Bernard Droz, Histoire de la décolonisation au XXe siècle, Éditions du Seuil, Paris, 2009, p. 34-35.
[2] Sean Mills, Contester l’empire : pensée postcoloniale et militantisme politique à Montréal, 1963-1972, Montréal, Hurtubise, 2011, p. 3-5.
[3] Patrick Dramé et Magali Deleuze, « Les idées phares de la décolonisation et le Québec », Bulletin d’histoire politique, vol. 15, n° 1, septembre 2006, p. 109-127.
[4] Mathieu Lapointe, « Entre nationalisme et socialisme : Raoul Roy (1914-1996) et les origines d’un premier indépendantisme socialiste au Québec, 1935-1965 », Mens, vol. 8, n° 2 (printemps 2008), p. 281-322.
[5] Ibid.
[6] Mathieu Lapointe, « Entre nationalisme et socialisme : Raoul Roy (1914-1996) et les origines d’un premier indépendantisme socialiste au Québec, 1935-1965 », p. 282.
[7] Nous avons étudié la majeure partie des articles publiés dans la revue. Néanmoins, pour les besoins de ce texte, nous avons analysé une quinzaine d’articles qui abordent l’essentiel de l’argumentaire anticolonial propre à la revue de Raoul Roy.
[8] Andrée Fortin, Passage de la modernité. Les intellectuels québécois et leurs revues (1778-2004), Québec, Presses de l’Université Laval, 2006, p. 158-159.
[9] Mathieu Lapointe, Nationalisme et socialisme dans la pensée de Raoul Roy, 1914-1965, Mémoire de maîtrise (histoire), Université de Montréal, 2002 et Mathieu Lavigne, L’idée de décolonisation québécoise. Le discours tiers-mondiste au Québec et sa quête identitaire (1963-1968). Mémoire de maîtrise (histoire), Université de Montréal, 2007, p. 103-104.
[10] Ibid., p. 105.
[11] Voir Albert Memmi, Portrait du colonisé ; précédé du Portrait du colonisateur et d’une préface de Jean-Paul Sartre ; suivi de Les Canadiens français sont-ils des colonisés? (Édition revue et corrigée), Montréal, L’Étincelle, 1972. 146 p. Le « colonisé » peut être défini comme un individu dépourvu de droit, soumis et humilié, en état permanent de carence et amener à se conformer au miroir qu’on lui tend.
[12] Ibid. Peut se définir comme étant un individu « privilégié » par rapport aux indigènes, « usurpateur » par rapport au fait que ses privilèges ne sont pas légitimes.
[13] Le rapport de domination peut se traduire par l’action de dominer, d’exercer son autorité ou son influence sur le plan politique, moral, culturel ou économique.
[14] Hendrik Lodewijk Wesseliing, Colonialisme, impérialisme, décolonisation : contributions à l’histoire de l’expansion européenne, Paris, l’Harmattan, 2013, p. 63. L’impérialisme peut se définir comme étant la phase supérieure de développement du capitalisme qui s’assure, par une politique d’expansion économique, politique ou militaire, la dépendance économique et politique de population ou d’États.
[15] L’assimilation peut se traduire par l’action d’intégrer quelqu’un, une minorité à un groupe social, lui faire prendre les caractères de celui-ci.
[16] Louis Balthazar. Nouveau bilan du nationalisme au Québec. Montréal, VLB éditeur, 2013, p. 24. L’auteur définit le nationalisme comme étant un mouvement qui consiste à accorder une priorité à l’appartenance nationale et à lutter pour une meilleure reconnaissance de la nation à laquelle on appartient.
[17] De manière globale, le socialisme peut se définir comme étant une théorie visant à transformer l’organisation sociale dans un but de justice entre les hommes au plan du travail, de la rétribution, de l’éducation, du logement, etc.
[18] Robert Comeau (dir.), Histoire intellectuelle de l’indépendantisme québécois. Tome I : 1834-1968, Montréal, VLB, 2010, p. 157-158.
[19] Raoul Roy, « Le colonialisme d’Ottawa », La Revue socialiste, n° 1, printemps 1959, p. 11
[20] Ibid., p. 11-12.
[21] Raoul Roy, « propositions programmatiques de La Revue socialiste », La Revue socialiste, n° 1, printemps 1959, p. 17.
[22] Ibid., p. 17.
[23] Raoul Roy, « Le colonialisme d’Ottawa », p. 8.
[24] Raoul Roy, « propositions programmatiques de La Revue socialiste », p. 17-18.
[25] Marcel Deschamps, « Nécessité du socialisme », La Revue socialiste, n° 4, été 1960, p. 1-3.
[26] Éric Bouchard, Raymond Barbeau et l’Alliance laurentienne : les ultras de l’indépendantisme québécois, Mémoire de maîtrise (histoire), Université de Montréal, 1997, p. 65-67.
[27] Raoul Roy, « propositions programmatiques de La Revue socialiste », p. 13.
[28] Raoul Roy, « Trahisons du socialisme », La Revue socialiste, n° 2, automne 1959, p. 1-2.
[29] Raoul Roy, « propositions programmatiques de La Revue socialiste », p. 14-15.
[30] Ibid.
[31] Raoul Roy, « C’est l’indépendantisme qui a réveillé le Canadien français », La Revue socialiste, n° 6, automne 1962, p. 3-4.
[32] Sean Mills, Contester l’Empire. Pensée postcoloniale et militantisme politique à Montréal, 1963-1972, Montréal, Hurtubise, 2011, p. 15-18.
[33] Raoul Roy, « propositions programmatiques de La Revue socialiste », p. 14.
[34] Kenneth McRoberts, Quebec: Social Change and Political Crisis. Toronto, McClelland & Stewart, 1993, p. 77-78.
[35] Roland Cousineau, « l’Algérie et le Québec », La revue socialiste, n° 2, automne 1959, p. 44.
[36] Ibid., p. 43-44.
[37] Ibid.
[38] Raoul Roy, « propositions programmatiques de La Revue socialiste », p. 31.
[39] Cette position réactionnaire face à l’immigration tranche franchement avec les valeurs associées à la gauche que défend Raoul Roy. Elle dénote l’ambivalence idéologique de la pensée de ce dernier.
[40] Mathieu Lapointe, Nationalisme et socialisme dans la pensée de Raoul Roy, 1914-1965, Mémoire de maîtrise (histoire), Université de Montréal, 2002, p. 102.
[41] Mathieu Lapointe, « Entre nationalisme et socialisme : Raoul Roy (1914-1996) et les origines d’un premier indépendantisme socialiste au Québec, 1935-1965 », Mens, vol. 8, n° 2 (printemps 2008), p. 297.
[42] Ibid. p. 297-299.
[43] Marcel Deschamps, « Nécessité du socialisme », La Revue socialiste, n° 4, été 1960, p. 2.
[44] Jacques Morin, « S. O. S. : Socialisme Ou Suicide », La Revue socialiste, n° 6, automne 1962, p. 14.
[45] Jean-Philippe Warren, Ils voulaient changer le monde : le militantisme marxiste-léniniste au Québec, Montréal, VLB, 2007, p.17-18.
[46] Mathieu Lapointe, Nationalisme et socialisme dans la pensée de Raoul Roy, 1914-1965, Mémoire de maîtrise (histoire), Université de Montréal, 2002, p. 126.
[47] Albert Memmi et Frantz Fanon ont tous deux développé des théories décrivant le caractère infantilisant associé à la condition de « colonisé ».
[48] La survivance est une expression définissant la situation précaire des Canadiens français et de la culture francophone en Amérique du Nord, surtout au 19e siècle, jusqu’au temps de la Révolution tranquille. Elle se traduit par un état d’appréhension face au danger d’assimilation culturelle émanant non seulement du Canada anglais, mais aussi des États-Unis.
[49] André Major, « Les damnés de la terre et nous », La Revue socialiste, n° 6, automne 1962, p. 45.
[50] Ibid.
[51] Mathieu Lapointe, Nationalisme et socialisme dans la pensée de Raoul Roy, 1914-1965, p. 128-129.
[52] Raoul Roy, « Une lutte réelle de décolonisation : entrevue avec Jacques Berque », La Revue socialiste, n° 7, hiver 1963-1964, p. 2-3.
[53] Ibid., p. 5.
[54] Ibid., p. 8.
[55] Magali Deleuze, L’une et l’autre indépendance, 1954-1964 : Les médias au Québec et la guerre d’Algérie, Outremont, Point de fuite, 2001, 229 p.
[56] Roland Cousineau, « L’Algérie et le Québec », La Revue socialiste, n° 2, automne 1959, p. 43.
[57] Ibid., p. 44.
[58] Ibid.
[59] Ibid., p. 42.
[60] Ibid., p. 42-43.
[61] Ibid., p. 40.
[62] Ibid.
[63] Raoul Roy, « La révolution de Cuba », La Revue socialiste, n° 4, été 1960, p. 43.
[64] Ibid., p. 43-44.
[65] Ibid.
[66] Ibid., p. 44-45.
[67] Ibid., p. 47.
[68] Ibid., p. 45.
[69] Ibid., p. 46.
[70] Ibid., p. 52.