Comment arriver à un consensus? Wikipédia, Kosovo et usages de l’Histoire

THOMAS ELLYSON
Université de Sherbrooke

Résumé : L’arrivée du web ne provoque pas la disparition du sentiment d’appartenance national, contrairement à ce qu’il avait été affirmé au départ par certains spécialistes. Des sites web comme Wikipédia font plutôt ressortir les affrontements entre ces particularismes régionaux. En prenant comme cas le processus de rédaction de l’article en anglais sur le Kosovo de l’encyclopédie Wikipédia, il est possible d’observer cette réalité. Les internautes agissent et interagissent lorsqu’ils ont l’occasion d’intervenir dans des débats qui entourent les usages de l’Histoire et ne sont pas passifs face à la démocratisation de cette question sur la Toile.

Mots clés : Internet, web 2.0, Wikipédia, Kosovo, consensus, nationalisme

 

Table des matières
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    L’Histoire et le passé sont des outils puissants lorsqu’il est question de construire des récits de légitimation. Les usages de l’histoire en tant qu’outils de propagande, ou plus souvent, de manipulations des faits et d’interprétations du passé, ont longtemps permis de construire des preuves de continuité, qu’elles soient réelles ou façonnées. Comment, d’un passé commun, les différentes nations peuvent-elles concilier leur Histoire et leur mémoire? Règle générale, ce ne sont pas les faits historiques qui sont contestés, mais bien les interprétations de ceux-ci[1].

    Depuis peu, cette réalité est mise de l’avant sous un nouvel angle et semble actuellement déborder les anciennes frontières qu’elle avait tracées. En effet, la prise de conscience des historiens face aux usages du passé semble les dépasser : « il ne s’agit pas tant, en effet, d’une plus grande faiblesse des chercheurs face aux moyens de communication de masse, que d’un véritable décalage par rapport à des contenus neufs et imprévus aussi bien qu’à des méthodes et à des interprétations[2]. » Un public de plus en plus large s’immisce dans des débats réservés jusqu’à tout récemment aux historiens : « Chacun est conscient, enfin, du fait que le débat historique et, plus largement, les différentes formes de modification du passé ne sont plus confinés dans un cercle de spécialistes[3]. » C’est cette confrontation entre une généralisation des usages du passé, et une accessibilité plus grande à les exploiter, que le problème apparaît. Si l’on peut affirmer que l’Histoire est utilisée pour défendre des buts politiques ou donner une légitimité à des nations, qu’en est-il depuis l’avènement de la mondialisation des moyens de communication? Cette question, bien qu’elle ait attiré l’attention de certains historiens et intellectuels, demeure ouverte et en constante transformation.

    L’arrivée du web provoque une démocratisation des débats qui entourent les usages du passé et crée de nouvelles tribunes. C’est ce que Louise Merzeau affirme : « Internet, on le sait, offre un système de publication qui court-circuite la plupart des médiations traditionnellement affectées au filtrage, à la validation et à l’organisation des informations[4]. » Les premières affirmations, selon lesquelles Internet allait progressivement détruire le sentiment d’appartenance national et l’intégrité culturelle associée à celui-ci, se sont révélées fausses. Louise Merzeau ainsi que d’autres spécialistes[5] concluent que c’est plutôt l’inverse qui s’est produit : « Ne sommes-nous pas censés attendre du développement de l’Internet une pax numerica, où toutes les opinions, toutes les différences, toutes les singularités auront enfin droit de cité[6]? » En ligne, les affrontements existent encore et un paradoxe se dessine ainsi avec une mondialisation des communications possible avec Internet, mais une présence toujours constante des particularismes régionaux véhiculés, eux aussi, par ce média.

    Wikipédia, l’encyclopédie libre et participative, un des sites Internet les plus consultés sur la planète[7] et un des symboles du web collaboratif, n’échappe pas à cette réalité. Cette encyclopédie est une référence lorsqu’il est question de production de connaissances et son fonctionnement est au cœur de ces oppositions entre différents points de vue présents sur la Toile. La rédaction d’articles dans Wikipédia repose sur le consensus exprimé par les différents collaborateurs. Ce système se construit au fil des modifications et des discussions derrière chaque article[8]. Wikipédia, qui invite tout le monde à sa rédaction, perpétue ce problème d’affrontement entre les différentes visions. Par contre, cette encyclopédie en ligne encourage la discussion entre les différents éditeurs et utilisateurs pour arriver au consensus dans chaque article. Ce consensus permet d’avoir des articles qui, en apparence, semblent épurés de conflit, malgré que des éléments partiaux puissent demeurer. Cette particularité permet au visiteur une lecture où les traces d’opposition sont absentes, à moins d’y porter une attention particulière. Le système repose sur un éventail de pages spéciales, les pages de discussions, les Talk Pages dans la version anglaise de l’encyclopédie (où chaque utilisateur peut intervenir pour étayer son propos, ou soutenir le discours d’un autre ou s’opposer à celui-ci)[9]. Ces pages spéciales permettent de régler les conflits et de convaincre les autres collaborateurs de la validité ou non-validité des points de vue soulevés. Les pages de discussions restent peu consultées par la vaste majorité des visiteurs, car elles sont accessibles seulement par un onglet en situé en haut de chaque article et leur style peut paraître rebutant, car elles utilisent le jargon de la communauté wikipédienne. Figurativement, ces pages sont derrière chaque article de Wikipédia. Essentiel dans la rédaction, ce système de discussion permet de voir ce qui porte à débats et permet de mieux comprendre la vision des différents éditeurs, sur eux-mêmes et par rapport aux autres. Elles permettent ainsi de voir la construction du consensus dans cette encyclopédie symbole du web 2.0.

    Il est à propos de s’interroger sur la manière dont ce consensus se construit et sur l’importance qu’il a dans cette encyclopédie. Comment interagit la communauté d’éditeurs et d’utilisateurs de Wikipédia pour le rejoindre et l’appliquer dans la rédaction? L’exemple du processus de rédaction de l’article en anglais sur le Kosovo de Wikipédia permet de voir ces enjeux[10]. En effet, le Kosovo, pays nouvellement indépendant depuis le 17 février 2008[11], est le centre d’affrontements entre les positions albanaises et serbes sur la validité de son indépendance. Bien que ce problème soit plutôt d’ordre politique, les arguments de nature historique ne manquent pas d’être sollicités dans ce débat. Le Kosovo représente un article polémique dans Wikipédia, où l’intérêt est de voir les affrontements entre les différentes visions des utilisateurs. Il est le premier résultat donné lorsque l’on cherche le mot Kosovo sur la Toile dans les principaux moteurs de recherche[12] et sa consultation quotidienne est fréquente[13]. L’usage des arguments de l’Histoire permet d’observer la construction d’une filiation historique par les deux groupes, serbe et albanais, malgré les contradictions de ce processus. C’est dans ce contexte qu’il est possible de voir les relations entre les différents éditeurs de Wikipédia et les échanges qu’ils entretiennent. Que ce soit pour trouver les origines du peuplement du Kosovo ou pour expliquer la bataille de Kosovo Polje de 1389, les collaborateurs de l’encyclopédie échangent entre eux, s’opposent et s’allient pour faire passer leur message. Les pages de discussions créées au fil de la rédaction de l’article sur le Kosovo permettent de mesurer ces relations. Elles sont des témoins uniques pour mieux comprendre la continuation des affrontements sur les usages de l’Histoire sur le web et comment les internautes agissent et interagissent avec la démocratisation de ces débats.

    Il sera possible d’observer que le consensus de cet article est souvent temporaire et que le conflit entre les deux visions dominantes, soit le point de vue albanais et le point de vue serbe, est constant. Ces oppositions évoluent peu au fil du temps, même si l’article sur le Kosovo de Wikipédia est présent sur la toile depuis maintenant dix ans[14]. L’Histoire du Kosovo porte à de nombreuses interprétations et, avec l’usage des pages de discussions, les différents groupes d’éditeurs réussissent à faire prédominer certaines d’entre elles à des moments précis. À la lecture de la version officielle de l’article, celle que les visiteurs consultent en temps normal, il est possible de croire que les affrontements sont effacés et que l’article est neutre, selon les standards de Wikipédia[15]. Par contre, une attention particulière laisse toujours entrevoir la trace de ces conflits. Le consensus de Wikipédia est seulement temporaire et cache les affrontements et oppositions que propose le web avec la démocratisation des débats entourant le sentiment d’appartenance national et l’intégrité culturelle.

    Cet article s’inscrit dans les théories, entre autres, d’Anne-Marie Thiesse sur la création des identités nationales[16], ainsi que celles d’Éric Keslassy et Alexis Rosenbaum d’après leur ouvrage Mémoires vives : pourquoi les communautés instrumentalisent l’Histoire[17]. Dans une même suite d’idée, François Hartog et Jacques Revel[18] illustrent bien les possibilités d’usages de l’Histoire et du passé dans leur travail de direction de l’ouvrage Les usages politiques du passé. La démocratisation des débats qui entourent les usages de l’Histoire et les affrontements entre particularismes régionaux est expliquée, en partie, par Louise Merzeau, Thomas Hylland Eriksen et Robert A. Saunders. D’un ton plus philosophique, Derrick De Kerckhove aborde les perspectives qu’offrent les nouvelles technologies et leur relation avec les humains. C’est principalement dans cette synthèse d’auteurs que s’inscrit ce mémoire, où la démocratisation des débats sur la construction nationale s’exprime en ligne auprès d’un nouveau public. L’apport que peut avoir Wikipédia sur cette question reste grandement inexploité, d’où l’intérêt de cette analyse. Il sera tout d’abord possible de voir le rôle général des discussions pour arriver au consensus dans cette encyclopédie en ligne, pour ensuite s’attarder plus particulièrement sur celles sur le Kosovo. C’est dans un dernier temps que les différentes stratégies pour arriver à un consensus seront entrevues.

    Le consensus par la discussion

    Le concept de consensus est invisible et implicite dans l’encyclopédie Wikipédia. Il est atteignable au fil des modifications apportées dans chaque article, jusqu’à l’instant où une version stable est produite. D’emblée, la communauté wikipédienne voit le concept de consensus comme essentiel à la rédaction : « Consensus is Wikipedia’s fundamental model for editorial decision-making[19]. » Dans le fonctionnement de l’encyclopédie et la rédaction des articles, suivre le consensus est une règle qui doit être suivie normalement par tous les éditeurs. Par contre, des différends marquants peuvent mener les éditeurs à utiliser les pages de discussions; c’est à partir de ce moment que ce concept devient concret. C’est dans ces pages spéciales que l’on peut observer comment la communauté tente de rejoindre un consensus autrement inatteignable et de voir les différentes actions prises, par chaque utilisateur, pour arriver à un article stable et accepté de la communauté. Dans les Talk Pages, les éditeurs « try to persuade others, using reasons based in policy, sources, and common sense; they can also suggest alternative solutions or compromises that may satisfy all concerned[20]. » Bien qu’il soit difficile d’illustrer tout ce qui peut être présent dans ces pages de discussions, l’exemple suivant permet de mieux visualiser leur contenu[21]. Dans un échange entre deux éditeurs, Gianni ita demande pourquoi l’article sur le Kosovo n’aborde pas Joseph Broz Tito, vu l’importance qu’il a pu avoir dans la région : « Why no one wrote anything about Tito in the article? His role is very important, and I hope that all the Albanians and Serbs understand that. I suggest we add something after they unlock the article. What do the others think? Gianni ita 07:58, 31 May 2006 (UTC)[22]. » Dans la même journée, quelques heures plus tard, ilir pz, un autre éditeur de l’article, lui répond que son rôle a été important, mais il ne l’est plus maintenant : « sure. His role was important.ilir_pz 12:48, 31 May 2006 (UTC)[23]. » Il est possible dans la plupart des cas d’accéder à la page personnelle de chacun des utilisateurs par le biais de la signature laissée dans chaque message. Ceci permet de placer en contexte les discussions, car, dans le cas de cet exemple, on peut y apprendre que Gianni ita est contre l’indépendance du Kosovo et ilir_pz est pour, d’où leur vision sur l’inclusion ou non de Tito dans cet article. Ceci est un exemple parmi tant d’autres sur le contenu des pages de discussions et souvent, les sujets débattus impliquent plusieurs éditeurs et permettent de voir les alliances et les affrontements entre chacun d’entre eux[24].

    Lorsque les débats sont trop passionnés et les éditeurs sont attachés personnellement à un article, des administrateurs peuvent être appelés et la communauté wikipédienne remédie au problème. Dans ces situations, les articles sont parfois pris dans des guerres d’édition, des successions rapides de modifications et de révisions de l’article; dans de tels cas, les processus normaux pour arriver à un consensus ne donnent pas de résultat. Un avis extérieur est sollicité, ou encore, une médiation a lieu entre les utilisateurs concernés par le conflit. Ceci permet de régler les problèmes profonds dans l’édition ou, du moins, d’imposer une solution temporaire jusqu’au prochain conflit. Par contre, même lorsqu’un appel à des avis extérieurs est fait, ou lorsqu’un administrateur s’implique dans les débats, le tout se passe en partie via les pages de discussions. Les Talk Pages sont donc toujours utilisées pour réussir à rejoindre un consensus si un différend s’installe dans la rédaction.

    Les pages de discussions suivent plusieurs règles de bonne conduite pour assurer le bon déroulement des échanges entre utilisateurs. Le processus de discussions doit respecter certaines qualités, comme l’ouverture d’esprit et le jugement critique, puisqu’il est avant tout un moyen pour améliorer les articles. Ceci permet d’éviter des débats contre-productifs : « The prime values of the talk page are communication, courtesy and consideration[25]» Une des causes d’un consensus inatteignable est lorsqu’un groupe d’éditeurs tente d’imposer un point de vue partial à un article. Bien que les débats puissent s’enflammer rapidement dans un tel cas, il est encouragé, selon les politiques de Wikipédia, de prendre du recul lors de la résolution de ces conflits. C’est principalement lorsque les éditeurs échouent à faire la part des choses dans ces débats que des administrateurs sont appelés à régler ces conflits. Dans de telles situations, il est possible d’observer comment Wikipédia constitue une réelle communauté. Cette communauté possède un fonctionnement propre et, comme Madeleine Pastinelli décrit très bien la communauté d’utilisateurs d’Internet Relay Chat (IRC), des parallèles sont possibles entre les deux groupes. Les deux communautés possèdent une période d’intégration, des caractéristiques qui permettent de se définir par rapport à l’autre et des codes compris seulement par eux[26]. Bien qu’ouvert à tous les internautes, un utilisateur malveillant qui cherche à vandaliser ou à effectuer des modifications majeures et controversées à un article de l’encyclopédie, sans énoncer ses intentions au préalable, sera rapidement démasqué et bloqué. Un exemple de ces pratiques est le terme « barnstar[27] », utilisé pour désigner d’autres éditeurs et les récompenser pour leur bon travail, que ce soit pour ses contributions sur un sujet, pour avoir combattu le vandalisme ou corrigé inlassablement de nombreux articles. L’usage d’un lexique comme WikiLove, WikiPeace ou WikiHate par la communauté permet aussi de démontrer la conscience qu’a la communauté de Wikipédia sur elle-même[28].

    Le consensus est donc central à cette encyclopédie et il est principalement observable et mesurable au travers des pages de discussions. C’est dans les échanges entre les utilisateurs que le consensus se fabrique et se façonne. Les Talk Pages offrent ainsi un corpus idéal pour cibler ces changements et voir ce qui porte à conflit dans le processus de rédaction. Ces pages spéciales permettent de mieux saisir une facette de cette communauté vaste et mouvante.

    Les origines des débats sur le Kosovo

    Comme pour bien d’autres articles polémiques dans Wikipédia, l’article sur le Kosovo n’échappe pas à un travail de modération et à un nombre de débats accrus. De par la volonté indépendantiste de la population kosovare albanaise et l’opposition serbe voulant contrecarrer cette tendance, la rédaction de l’article sur le Kosovo comporte de nombreux conflits. Chaque groupe tente d’user l’Histoire de la région à leur avantage. D’ailleurs, cette entrée entre dans deux catégories d’articles conflictuels décrites par Joseph Michael Reagle dans Good Faith Collaboration The Culture of Wikipedia. Pour cet auteur, « Wikipedia certainly has its share of misunderstandings, some imported from the conflicted world it documents and some unique to its own undertaking[29] » et « […] political and ethnic differences are often mirrored at Wikipedia[30] ». L’article en anglais sur le Kosovo de Wikipédia est un miroir de cette réalité sur le terrain.

    En date du 1er août 2011, 1064 sujets distincts ont été créés et archivés sur 28 pages de discussions liées à l’article sur le Kosovo en anglais. La rédaction de cet article est grandement motivée par l’actualité, car tout le cheminement récent menant à l’indépendance du Kosovo de février 2008 fait intervenir les différents utilisateurs de Wikipédia. Les négociations qui entourent le statut final du Kosovo sont donc la raison principale du nombre si important de sujets. Jumelés avec les affaires politiques du Kosovo et les différents événements d’actualité liés à l’indépendance, 354 débats (soit un peu plus de 33 % des discussions) sont en lien avec la politique. En ordre d’importance, viennent ensuite toutes les discussions en lien avec les politiques de l’encyclopédie Wikipédia et son fonctionnement, avec un peu plus de 26 %. Dans cette catégorie, les sujets en lien avec les guerres d’édition, le vandalisme de l’article, les cas de faux-nez et les appels de politiques précises de Wikipédia sont inclus[31]. De plus, tout ce qui est en lien avec la maintenance générale de l’article, les droits d’auteurs et le référencement de liens Internet extérieurs au sujet du Kosovo sont aussi inclus. Les sujets liés de près ou de loin à l’Histoire occupent près de 15 % du total des discussions dans 157 entrées différentes. Celles-ci abordent plusieurs périodes historiques du Kosovo, de l’Antiquité à l’Histoire contemporaine. Des exemples en seront tirés dans la prochaine section. Le reste des 275 discussions abordent une variété de sujets que ce soit l’économie, la religion, la géographie, la question des langues, etc. Une autre partie des discussions comporte des échanges sur des modifications ou commentaires sur l’article dans son ensemble ou sur son introduction seulement. Le graphique suivant permet d’observer la totalité de la distribution des sujets de discussion sur le Kosovo.

    L’Histoire n’occupe pas la place prépondérante dans les discussions en lien avec le Kosovo, mais elle comprend toutefois une part non-négligeable des échanges. Il n’est pas surprenant de voir la politique être le sujet le plus important dans un article sur le Kosovo avec l’actualité récente de cette région. De plus, puisque le Kosovo est un sujet polémique, le nombre de discussions autour des conflits entre utilisateurs et les rappels de bonnes conduites est fort. Avec un nombre aussi grand de débats, il va sans dire que les éditeurs ont de la difficulté à arriver à une version stable et à trouver un consensus dans cet article. Ceci permet d’observer plus facilement les différentes stratégies mises en œuvre par les différents utilisateurs pour arriver au consensus avec cet usage, si grand, des pages de discussions.

    De collaboration à opposition

    Lorsqu’il est question de présenter l’histoire de cette région dans l’article de Wikipédia, deux problèmes intrinsèquement reliés font surface : le référencement du contenu historique et les différentes stratégies pour l’interpréter. Dans les deux cas, le but est de contrôler le message transmis par cet article pour légitimité ou non l’indépendance du Kosovo auprès des internautes.

    Une partie du problème provient du fait que le Kosovo revêt une importance dans le discours nationaliste serbe et albanais. En effet, pour les Serbes, la région « représente un des centres historiques du peuple serbe[32] » et les Albanais, le territoire occupé originellement par leurs ancêtres à l’époque antique, les Illyriens[33]. L’historienne Chantale Quesney affirme qu’il est difficile de mettre de l’avant un discours national sans « s’éviter un passage par le recouvrement d’un passé glorieux[34] ». Le récit historique doit être unificateur et il comprend souvent un âge d’or pour le peuple en question[35]. C’est l’instrumentalisation des mémoires qui est en filigrane ici. Les historiens Keslassy et Rosenbaum affirment en effet que la mémoire est devenue « un véritable marché[36] ». Dans le cas de l’élaboration de l’article sur le Kosovo de Wikipédia, il n’est pas possible d’associer les différents auteurs à un groupe d’« ethniques professionnels[37] », mais bien tout simplement à un ensemble de gens qui façonnent une Histoire fédératrice, expurgée d’éléments négatifs et embellis par des événements rassembleurs[38]. Cette réalité est rencontrée dans les camps albanais et serbe qui s’affrontent dans la rédaction de l’article : « On les surprend à exhumer, sélectionner et diffuser des épisodes historiques capables de fédérer leur communauté affective. Mais aussi à refouler certains éléments incompatibles avec leurs projets collectifs, à colorer leurs récits de sacré ou encore à prendre position dans l’espace public contre des travaux d’historiens[39]. » Dans cette optique, certaines personnes sur la Toile tentent de faire prévaloir le bien-fondé d’une de ces théories au détriment de l’autre, outre les contradictions présentes. Ainsi, tout ce qui est en lien avec la Dardanie, les Illyriens ou la région durant l’Antiquité a de l’importance pour le récit albanais. Ce qui est en lien avec la Serbie médiévale, la religion orthodoxe ou la bataille de Kosovo Polje de 1389, est au cœur du discours serbe. Ces versions de l’Histoire kosovare servent à démontrer la légitimité territoriale des deux groupes. Le peuple albanais et le peuple serbe essaient de « prouver que cette région lui a d’abord appartenu avant qu’elle ne lui soit volée[40]. » Sur le web, ces affrontements sont présents et provoquent une grande émotivité pour les participants de l’encyclopédie Wikipédia.

    Ces oppositions attirent plusieurs éditeurs et soulèvent les passions dans les pages de discussions. Une des sources de conflits est l’usage de références partisanes ou, du moins, accusées de l’être. Pour les éditeurs de Wikipédia, comment est-il possible d’avoir un article neutre si le spécialiste référé est subjectif? L’accroc provient d’une règle fondamentale de Wikipédia : les contributions de chacun doivent respecter la neutralité de point de vue, selon les standards de cette encyclopédie. Cette règle pose un problème dans la rédaction d’article sur des sujets délicats comme le Kosovo : « Editing from a neutral point of view (NPOV) means representing fairly, proportionately, and as far as possible without bias, all significant views that have been published by reliable sources[41]. » La remise en question des sources de l’article sur le Kosovo permet de modifier son contenu, car des propos non vérifiables ou mal référencés dans l’encyclopédie Wikipédia sont retirés après un certain temps. Ainsi, il est possible de mettre en doute un argumentaire sur faute d’un mauvais référencement et privilégier l’approche opposée par la suite, même si l’accusation peut être non fondée.

    Parmi les exemples tirés des pages de discussion, les passages de l’article sur le Kosovo attribué à Noel Malcolm posent souvent problème. Noel Malcolm a écrit deux textes importants sur le Kosovo, Kosovo, A Short History[42],un volume de 492 pages, et Is Kosovo Serbia? We ask a historian[43], un article paru dans The Gardian où l’on demande à un historien de répondre si le Kosovo appartient ou non à la Serbie sur le plan historique. Ces deux textes lui donnent une place centrale dans les débats entourant les références utilisées dans les contributions à cet article de Wikipédia. Les différents utilisateurs vont successivement l’accuser d’être un historien amateur et animé par un parti pris contre les Serbes. Cette affirmation de l’utilisateur Bardylis démontre bien la tension autour de cette question, lorsqu’il affirme vouloir citer la majorité de ces affirmations de la section historique de l’article sur les travaux de Malcolm : « I hope now that we have established that he is not an amateur historian, there won’t be any stigma attached to this[44]» Les réponses vont à l’encontre de cette idée et provoquent un tollé de réprobations. Ces exemples de réponse à Bardylis démontrent bien la position qu’occupe Noel Malcolm pour certains éditeurs :« Please do not waste your time[45] », « I have very little respect for the man, although only from the comments I’ve heard/read about him, since I haven’t read any of his books[46]. » Pourquoi cette critique si sévère d’un auteur qui, à la vue du milieu académique, semble professionnel? Le problème provient surtout du fait qu’il nie le fait que le Kosovo est le cœur de la Serbie, une thèse très chère aux Serbes, et qu’il nie également la continuité historique entre le Kosovo et la Serbie médiévale à celle d’aujourd’hui :

    Their power base was outside Kosovo, which they fully conquered in the early 13th, so the claim that Kosovo was the « cradle » of the Serbs is untrue. What is true is that they ruled Kosovo for about 250 years, until the final Ottoman takeover in the mid-15th century. Churches and monasteries remain from that period, but there is no more continuity between the medieval Serbian state and today’s Serbia than there is between the Byzantine Empire and Greece.[47]

    Son apport est donc clairement vu comme antiserbe par certains éditeurs et ceux-ci rappellent inlassablement son biais aux éditeurs plus pro-albanais. Dans tous les cas, les références faites à la partie historique sur le Kosovo posent problème, car l’inverse se produit lorsque les sources utilisées sont trop pro-serbes :

    I’d like to improve the Ancient history section of the article. […] The History of Kosovo article only contains one source, rastko.org. I’m not sure how reliable this source is, but given the sensitivity of the topice, it would be better to have another source/reference without such a clear link to either ‘side’. […] CheersOsli73 13:35, 13 November 2007 (UTC)

    Come on, people. Rastko.org is clearly pro-Serb nationalist-expansionist website. Just see some texts posted there. I think we should trust more sources like Encyclopaedia Britannica, or something alike.[48]

    La rivalité et les conflits restent donc présents et l’usage de références mal placées soulève la colère des deux camps. La logique derrière cette contestation des références provient du fait qu’elles légitiment un point de vue souvent contraire à l’opinion de certains éditeurs. La mise en doute des bases de cet argumentaire est nécessaire pour le retirer de la page et ainsi propager un autre point de vue. Par contre, c’est plus souvent le texte de l’article qui est directement mis en cause, mais la logique reste toujours de faire prévaloir un point de vue au profit d’un autre.

    Lorsqu’il est question du message transmis sur les récits nationaux albanais et serbe et l’importance du Kosovo pour ces deux peuples, les oppositions sont fortes. Il n’est donc pas surprenant de voir des débats vigoureux sur le contenu de l’article à ce sujet dans les Talk Pages. Parmi les exemples, deux discussions abordent la thématique des Illyriens et leur lien avec la filiation historique des Albanais avec ce peuple de l’Antiquité. Dans les deux cas, le problème provient du fait que cette théorie est douteuse ou peu plausible, selon les dires de certains protagonistes. Dans une discussion qui a eu lieu le 17 juillet 2007, l’utilisateur Hxseeker met en perspective la théorie que les Albanais soient les héritiers directs des Illyriens : « Obviously someone went in and added in brackets ‘(albanians)’ next to anceint illyrians. Whilst i do not object to the theory that moderns albanians are descended from some illyrians, it is wrong to equate ancient illyrians and albanians as one in the same[49]. » Il étaye ensuite son point de vue avec des arguments tirés de l’article de Wikipédia consacré aux Illyriens. Un autre utilisateur, Osli73, semble accepter son point de vue, mais demande de toujours bien référencer le contenu que Hxseeker apporte, puisque c’est une règle de l’encyclopédie. Hxseeker voit ce commentaire de manière positive, mais relance le débat en mettant au défi les autres éditeurs de trouver « any verifiable source that prove that Illyrians are now modern Albanians (and Albanian government websites do not qualify)[50] » et conclut que « Anyway, the fate of Illyrains is, at best, only remotely relevant to Kosovo[51]. » L’utilisateur Hxseeker revient dans une dispute un peu plus de 2 ans plus tard, entre octobre et novembre 2009. Dans cette discussion, Hxseeker continue de nuancer la théorie comme quoi le Kosovo est au cœur de l’ancienne Dardanie et la filiation directe entre les Illyriens et les Albanais. Toutefois, l’éditeur Lontech s’oppose à lui; il l’accuse de minimiser l’importance de la Dardanie et d’écrire de la propagande nationaliste serbe. D’autres utilisateurs vont supporter la vision de Hxseeker et les échanges entre ce groupe d’utilisateurs et Lontech sont virulents : « This is not the place for serbian nationalism. […] What the hell are you talkin about. DEMAGOGY. You denied the existence of this kingdom. Now you keep me lessons about dardania[52]. » La vision de Lontech est marginalisée par les autres utilisateurs, « And to say that Dardania was kingdom is… no comment[53] », et ne serait pas reconnue par les historiens : « I am not a specialist in Kosovo’s history but I know Byzantine history well enough to know that what you claim does not resemble the worldwide accepted history of the Balkans.[54] » Comme dans le premier échange, la dernière réponse affirme que les discussions sur l’Histoire ancienne ne sont pas pertinentes au sujet du Kosovo.

    La vision serbe sur le Kosovo est aussi mise à mal dans l’article. Le mouvement national serbe voit le Kosovo comme le berceau de leur culture et certains éditeurs se font le relais de ces idées : « I’m not talking about 1804, but pre-1389 Kosovo, which was the centre of the Serbian state, religion, tradition and culture. This is not a matter of point of view, but historical facts. I’m confused why you’re mentioning 1804. —Cinéma C 05:47, 17 September 2010 (UTC)[55]. » Par contre, plusieurs utilisateurs vont écrire que le Kosovo est une région parmi d’autres du royaume serbe médiéval : « « The first Serb states were Rascia, Doclea, Travunia, Pagania and Zachlumia. » It is undisputed that what is now Kosovo is a part of these territories, but I see no evidence that it was in any sense more of a « cradle » than any other part[56]. » Un utilisateur, dans une autre discussion, suggère même de supprimer toutes les mentions faites aux Serbes dans l’Histoire de la région suite à l’indépendance de février 2008 : « Let’s get all Serb mention removed[57] ». Le style de l’argumentation est le même dans les deux exemples et on affirme que les faits historiques sont en faveur d’un des deux camps. Le fait historique devient l’argument qui permet de valider une filiation historique sur une autre.

    Ces discussions se ressemblent, car elles mettent toutes en doute les références nationales de ces deux peuples. Ces deux filiations historiques du peuplement du Kosovo servent comme argument pour prouver la légitimité du contrôle de la région par un des deux groupes. Deux méthodes semblent être utilisées pour arriver à imposer le consensus dans ces cas-ci. La contestation directe contre une position présente dans l’article semble donner de piètres résultats. La discussion de Cinéma C et les points soulevés par HxSeeker en sont des bons exemples. La réaction du reste des utilisateurs empêche de faire changer le texte et il ne semble pas avoir de changement sur le consensus précédent. À l’opposé, c’est plutôt la nuance et la remise en contexte de ce problème national face aux demandes de changements radicaux qui ont eu un succès. Par contre, le consensus apparent de Wikipédia reste toujours précaire et les aléas des différents débats peuvent transformer un article du tout au tout. Le message transmis par l’article sur le Kosovo est d’une importance particulière pour les deux camps, car Wikipédia est un des sites les plus consultés sur le web. Le passé devient un argument de choix pour légitimer les choix du présent. En s’attardant ainsi à ce processus d’édition unique de l’encyclopédie Wikipédia, il est possible de deviner les batailles derrière chaque article et le chemin parcouru pour obtenir le consensus.

    Conclusion

    L’encyclopédie Wikipédia n’échappe pas aux débats entourant les usages du passé et leur démocratisation sur la Toile. Au contraire, en encourageant une participation collective dans sa rédaction, Wikipédia vie ces affrontements quotidiennement dans la rédaction d’article portant à la polémique, comme celui sur le Kosovo. Dans ce cas-ci, il est possible de voir l’affrontement entre les positions albanaises et serbes sur la question nationale qui entoure le Kosovo. Derrick De Kerckhove résume bien cette réalité : « Plus nous devenons conscients de notre planète, plus nous nous découvrons sensibles et protecteurs à l’égard des identités locales, et de là le paradoxe du village planétaire. […] L’hyper-local est un complément inévitable à l’hyper-planétaire[58]. » Les groupes d’utilisateurs s’affrontent et adoptent différentes stratégies pour faire passer leur point de vue. Le système de pages de discussion devient ainsi le témoin de ces guerres en ligne. D’ailleurs, un utilisateur bien avisé semble comprendre l’impact que ces débats ont et la trace qu’ils laissent : « Just wanted to make my point for the edit history. Yours act are to be remembered as well, you should be aware of that. –Ml01172 (talk) 04:03, 22 February 2008 (UTC)[59]. » Toutes les contributions sont enregistrées dans l’historique des modifications de l’article, qu’elles soient réfléchies ou écrites sur un moment de colère, et elles restent accessibles à tous les autres utilisateurs. Ce système permet à la communauté wikipédienne d’améliorer la qualité des articles et de régler les conflits. Par contre, cet historique peut être utilisé pour analyser et mieux comprendre les échanges entre chaque utilisateur et le fonctionnement derrière la rédaction d’article, comme dans cette étude.

    Du reste, il est possible de voir que le passé et l’Histoire peuvent être accaparés et occupent une place dans les nouveaux outils qu’offre le web. Les gens agissent et interagissent lorsqu’ils ont l’occasion d’intervenir dans des débats comme celui-ci et ils ne sont pas passifs face à ces changements. Wikipédia n’est pas une communauté en vase clos et les éditeurs comprennent l’influence qu’ils peuvent avoir sur la Toile. Anne-Marie Thiesse, pour boucler la boucle, vise juste lorsqu’il est question de la diffusion du sentiment national : « L’Histoire de nos nations montre bien qu’une identité collective se construit, dans un travail lui-même collectif, qui prend appuie sur les nouveaux médias de communication[60]. » L’arrivée du web et des sites comme Wikipédia confirme la perpétuation de cette idée.

    Références

    [1]Arseniy Roginskiy, « Le XXe siècle et la « Guerre des mémoires » : Adresse de l’Association Memorial. Une mise au point », Médiathèque des études supérieures Anamnesis [en ligne], Paris, 31 octobre 2008, anamnesis.tv, consultée le 12 avril 2010.

    [2]François Hartog et Jacques Revel, dir., Les usages politiques du passé, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2001, p. 7.

    [3]Ibid.

    [4]Louise Merzeau, « Guerres de mémoire on line : un nouvel enjeu stratégique ? », dans Pascal Blanchard et Isabelle Veyrat-Masson, Les guerres de mémoires, Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », 2008, p. 288.

    [5]Voir, entre autres, Louise Merzeau, « Guerres de mémoire on line : un nouvel enjeu stratégique ? », p. 287-298; Thomas Hylland Eriksen, « Nationalism and the Internet », Nations and Nationalism, vol. 13, no1 (2007), p. 1-17; Derrick De Kerckhove, Les nerfs de la culture : être humain à l’heure des machines à penser, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, 1998, 252 p.

    [6]Louise Merzeau,« Guerres de mémoire on line … », p. 287.

    [7]Anonyme, « Wikipedia.org Site Info », Alexa, the Web Information Company [en ligne], http://www.alexa.com/siteinfo/wikipedia.org, consulté le 15 décembre 2011.

    [8]Anonyme, « Wikipedia:Consensus », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Wikipedia:Consensus, consulté le 15 décembre 2011.

    [9]Pour accéder à cette rubrique, il faut cliquer sur l’onglet « Talk » dans le haut de la page d’un article de Wikipédia. Ce type de page est d’ailleurs disponible pour tous les articles présents dans cette encyclopédie.

    [10]Anonyme, « Kosovo », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Kosovo, consulté le 26 janvier 2012.

    [11] Christophe Châtelot, « Diplomatie : Le Kosovo indépendant en quête de reconnaissance », Le Monde, 19 février 2008, p. International – 4.

    [12]L’article en anglais sur le Kosovo de Wikipédia est le premier résultat donné pour l’entrée « Kosovo » sur google.com et bing.com (Recherche effectuée le 26 septembre 2011).

    [13]Le site web mesurant les statistiques de consultation des articles de Wikipédia est présentement en maintenance, mais il est possible d’affirmer qu’une moyenne de 3000 à 4000 visiteurs consultent l’article sur le Kosovo en anglais à chaque jour depuis 2008 (http://toolserver.org/~emw/wikistats/).

    [14]L’article sur le Kosovo est créé le 15 décembre 2001 dans Wikipédia.

    [15]Anonyme, « Wikipedia:Neutral point of view », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Wikipedia:NPOV, consulté le 26 janvier 2012.

    [16]Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales : Europe, XVIIIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 2001, 307 p.

    [17]Éric Keslassy et Alexis Rosenbaum, Mémoires vives : pourquoi les communautés instrumentalisent l’histoire, Paris, Bourin, 2007, 135 p.

    [18]François Hartog et Jacques Revel, dir., Les usages politiques du passé, 206 p.

    [19]Anonyme, « Wikipedia:Consensus », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Wikipedia, consulté le 21 décembre 2011.

    [20]Ibid.

    [21] Je suis conscient de la présence occasionnelle d’erreurs grammaticales et d’orthographiques dans les citations des utilisateurs de l’encyclopédie Wikipédia. J’ai par contre préféré ne pas les corriger pour démontrer le fait que tous les collaborateurs de l’article sur le Kosovo n’ont pas l’anglais comme langue maternelle ou ne prennent tout simplement pas le temps de bien réviser leur commentaire, écrit souvent à vif.

    [22]Anonyme, « Talk:Kosovo/Archive 9 – Josip Broz Tito », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Talk:Kosovo/Archive_9#Josip_Broz_Tito, consulté le 26 janvier 2011.

    [23]Ibid.

    [24]Anonyme, « Wikipedia:Talk page guidelines », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Wikipedia:Talk_page_guidelines, consulté le 26 janvier 2011.

    [25]Ibid.

    [26] Madeleine Pastinelli, Des souris, des hommes, des femmes et une ethnologue au village global : Parole, pratiques identitaires et lien social dans un espace de bavardage électronique, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, 2007, p. 40-167.

    [27]Anonyme, « Wikipedia:Barnstars », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Wikipedia:Barnstars, consulté le 26 janvier 2011.

    [28]Joseph Michael Reagle Jr., Good Faith Collaboration The Culture of Wikipedia, « chapter 1 (Nazis and Norms) » [en ligne], Cambridge, The MIT Press, 2011, http://reagle.org/joseph/2010/gfc/, consulté le 26 janvier 2012.

    [29]Joseph Michael Reagle Jr., Good Faith Collaboration The Culture of Wikipedia, « chapter 5 (The Challenges of Consensus) ».

    [30]Ibid.

    [31]Anonyme, « Wikipedia:Policies and guidelines », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Wikipedia:Policies_and_guidelines, consulté le 26 janvier 2011.

    [32] Catherine Lutard, « KOSOVO ou KOSSOVO ». Encyclopaedia Universalis [en ligne], http://www.universalis-edu.com.ezproxy.usherbrooke.ca/encyclopedie/kosovo-kossovo/, consulté le 26 janvier 2012.

    [33]Ibid.

    [34]Chantale Quesney, Kosovo : les mémoires qui tuent : la guerre vue sur Internet, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 79.

    [35]Ibid., p.79-81.

    [36] Éric Keslassy et Alexis Rosenbaum, Mémoires vives …, p. 55.

    [37] Ibid., p. 59.

    [38] Ibid., p. 53-87.

    [39] Ibid., p. 59.

    [40]Chantale Quesney,Kosovo : les mémoires qui tuent …, p. 115.

    [41]Anonyme, « Wikipedia:Neutral point of view ».

    [42]Noel Malcolm, Kosovo : a short history, London, MacMillan Press, 1998, p. 492.

    [43]Noel Malcolm, « Is Kosovo Serbia? We ask a historian », The Gardian [en ligne], 26 février 2008, http://www.guardian.co.uk/world/2008/feb/26/kosovo.serbia, consulté le 26 janvier 2012.

    [44]Anonyme, « Talk:Kosovo/Archive 12 – On using Noel Malcolm as a source », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Talk:Kosovo/Archive_12#On_using_Noel_Malcolm_as_a_source, consulté le 26 janvier 2011.

    [45]Ibid.

    [46]Ibid.

    [47]Noel Malcolm, « Is Kosovo Serbia? We ask a historian ».

    [48]Anonyme, « Talk:Kosovo/Archive 13 – Improving the Ancient history section », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Talk:Kosovo/Archive_13#Improving_the_Ancient_history_section, consulté le 26 janvier 2011.

    [49]Anonyme, « Talk:Kosovo/Archive 13 – Illyrians », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Talk:Kosovo/Archive_13#Illyrians, consulté le 26 janvier 2011.

    [50]Ibid.

    [51]Ibid.

    [52]Anonyme, « Talk:Kosovo/Archive 25 – Dardanian Kingdom », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Talk:Kosovo/Archive_25#Dardanian_Kingdom, consulté le 26 janvier 2011.

    [53]Ibid.

    [54]Ibid.

    [55]Anonyme, « Talk:Kosovo/Archive 26 – the cradle of serbian culture? », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Talk:Kosovo/Archive_26#the_cradle_of_Serbian_culture, consulté le 26 janvier 2011.

    [56]Ibid.

    [57]Anonyme, « Talk:Kosovo/Archive 25 – Break link with Serbs », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Talk:Kosovo/Archive_25#Break_link_with_Serbs, consulté le 26 janvier 2011.

    [58]Derrick De Kerckhove, Les nerfs de la culture …., p. 203.

    [59]Anonyme, « Talk:Kosovo/Archive 16 – Wikipedia policy », Wikipedia, the free encyclopedia [en ligne], http://en.wikipedia.org/wiki/Talk:Kosovo/Archive_16#Wikipedia_policy, consulté le 26 janvier 2011.

    [60]Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales …, p. 288.