Architecture et pouvoir politique en Asie Mineure méridionale

Approche de l’histoire des cités grecques et hellénisées de Pamphylie-Pisidie à travers l’urbanisme et l’architecture (période grecque et Haut-Empire romain)

ANNE-SOPHIE RIVALLAND

Résumé : Malgré les nombreux vestiges architecturaux qui attestent le développement des cités de Pamphylie et de Pisidie aux époques hellénistique et impériale, il manque aujourd’hui une analyse micro-régionale raisonnée consacrée à l’histoire de ces cités envisagée dans la perspective architecture et pouvoir. Pourtant, la multiplication des campagnes de fouilles et de prospections ces dernières années prouve l’intérêt – renouvelé – de la communauté scientifique pour cette région de l’Orient gréco-romain longtemps négligée et justifie qu’une étude approfondie y soit consacrée. C’est dans cette démarche que s’inscrit le présent article, qui propose un bref panorama de l’évolution du paysage urbain des cités pamphylo-pisidiennes depuis leur fondation jusqu’à leur intégration dans l’Empire romain et la présentation de quelques-uns des axes de réflexion autour desquels devrait s’orienter notre thèse de doctorat, menée depuis 2008 à l’Université de Nantes sous la co-direction de Mme Isabelle Pimouguet-Pédarros et de M. Frédéric Hurlet. 

 

 

Dans leur préface à l’ouvrage de Roland Martin intitulé Architecture et urbanisme qui regroupe quelques-uns des nombreux articles de l’historien sur le sujet[1], Jean Pouilloux et Georges Vallet évoquaient l’enrichissement et le renouvellement de la discipline archéologique depuis le milieu du XXe siècle en ces termes : « de l’étude technique des monuments, [l’archéologie] étend [désormais] son champ à celui des sociétés qui les ont créés, examinant tous les moyens mis en oeuvre et révélant, dans le concret des formes, l’abstraction des idéologies et les rapports de pouvoirs ». C’est dans cette perspective, qui réévalue à juste titre l’intérêt des sources archéologiques pour la connaissance historique, que se situe notre démarche. La multiplication des travaux et la diversité des approches sur les cités gréco-romaines d’une part[2], ainsi que le renouvellement méthodologique autour de la question de l’interprétation de l’architecture et de l’urbanisme d’autre part[3], ont mis en évidence combien l’ordonnancement spatial, la parure monumentale et les choix architecturaux, loin de ne constituer que le « décor » matériel et figé des sociétés, étaient en réalité fortement porteurs de sens. Au-delà des aspects fonctionnels, techniques et éventuellement esthétiques qui le caractérisent, le paysage construit renseigne en effet sur les structures économiques, sociales, culturelles, religieuses et politiques de la société dont il est issu[4]. Dès lors, les vestiges architecturaux, traces matérielles de l’empreinte des sociétés anciennes sur un espace devenu territoire, constituent une source de premier ordre pour l’historien de l’Antiquité, d’autant plus lorsque les textes (littéraires et/ou épigraphiques) sont rares et/ou peu prolixes. Par ailleurs, dans la mesure où l’espace urbain a longtemps été et reste encore largement le lieu privilégié de manifestation du pouvoir[5], il ne paraît pas injustifié d’envisager une étude dont le champ ne couvre que les centres urbains, excluant sciemment les espaces ruraux.

Dans ce cadre, partant donc du postulat selon lequel l’activité de construction est étroitement liée à la société qui la génère, notre travail s’articule plus particulièrement autour de la problématique des relations entre architecture urbaine et pouvoir(s) politique(s) dans le cadre des cités grecques et hellénisées de Pamphylie et de Pisidie à l’époque gréco-romaine. Couvrant un territoire s’étendant de la côte méridionale de l’Anatolie (autour du golfe de l’actuelle Antalya en Turquie) jusqu’aux lacs intérieurs de Burdur, Eğridir et Beyşehir, les régions antiques de Pamphylie et de Pisidie correspondaient globalement à la zone située entre la Lycie à l’ouest, la Phrygie et la Lycaonie au nord, l’Isaurie et la Cilicie Trachée à l’est et la Méditerranée au sud[6]. Traversées du nord au sud par trois grands fleuves qui étaient alors navigables (le Cestros, l’Eurymédon et le Mélas)[7], les montagnes intérieures pisidiennes et la plaine côtière pamphylienne furent certainement très tôt en contact, de sorte qu’il paraît tout à fait justifié d’envisager l’étude conjointe des deux régions[8]. 

Pourtant, les relations existant entre les communautés de Pamphylie d’une part et celles de Pisidie d’autre part apparaissent peu à travers les sources littéraires, si ce n’est pour les opposer. De manière générale en effet, pour la période pré-romaine, les auteurs anciens – grecs et romains – évoquent une plaine pamphylienne largement urbanisée et hellénisée[9] mais présentent les Pisidiens comme une population de farouches barbares, enclins au brigandage, insoumis et belliqueux[10]. Cette description – très archétypale[11] – des communautés montagnardes de Pisidie explique sans doute en partie le peu d’intérêt que manifestèrent pendant longtemps les chercheurs pour la région[12]. Cependant, depuis les années 1980[13], campagnes de fouilles et prospections sont menées activement dans la province[14]. Or, celles-ci ont déjà abouti à réévaluer considérablement l’état de nos connaissances sur l’histoire et le mode de vie d’au moins une partie des populations pisidiennes. Ainsi, la numismatique, par exemple, atteste formellement l’existence de rapports étroits entre certaines communautés de Pamphylie et de Pisidie dès au moins le IVe s. av. J.-C. (c’est le cas notamment pour Selgè et Aspendos)[15] ; de même, l’archéologie et l’épigraphie confirment la pénétration de l’influence grecque dans les montagnes anatoliennes de Pisidie dès l’époque hellénistique.

En ce qui concerne les établissements pamphyliens (comme Pergè, Aspendos ou Sillyon)[16], dont les textes nous disent qu’ils furent fondés par l’Argien Mopsos[17] (ou par Amphiloque et Calchas, selon les versions)[18] et ses/leurs compagnons grecs peu après la guerre de Troie[19], on sait aujourd’hui que les sites étaient en réalité déjà occupés par une population indigène avant l’arrivée des premiers colons grecs[20]. Ces derniers – dont la présence n’est par ailleurs pas attestée matériellement avant les VIIIe-VIIe s. av. J.-C. – considérant sans doute les atouts des sites existants, s’intégrèrent alors dans les communautés locales, lesquelles s’hellénisèrent progressivement au cours des périodes archaïque et classique puis plus rapidement à l’époque hellénistique, sans toutefois perdre totalement le souvenir de leur origine asianique[21].

Malheureusement pour nous, jusqu’à présent, rares sont les vestiges architecturaux qui ont pu être formellement datés de la période de la constitution et de la progressive organisation des futures grandes cités pamphylo-pisidiennes. Pour l’essentiel, nos sources proviennent en fait des fouilles dirigées par les professeurs Haluk Abbasoğlu et Wolfram Martini entre 1994 et 1997 sur l’acropole de Pergè, en Pamphylie : l’identification de quelques murs et bâtiments antérieurs à la période romaine, datés pour certains des époques archaïque et classique, ainsi que le repérage de traces attestant une division ancienne du sol en lots réguliers ont permis d’établir que la cité de Pergè était certainement déjà (au moins partiellement) hellénisée au Ve s. av. J.-C. et que son centre urbain se trouvait alors encore principalement sur le site de l’acropole[22]. 

Qu’il s’agisse cependant de Pergè ou des autres sites de Pamphylie-Pisidie, la très grande majorité des vestiges actuellement observables date pour l’essentiel des trois premiers siècles de notre ère. Cette situation témoigne de l’important développement des cités sous le Haut-Empire romain, à la faveur notamment de la Pax Romana. Cela étant, s’il paraît assez clair que dans l’ensemble le mouvement d’urbanisation était à peine amorcé à l’époque classique, celui-ci semble néanmoins avoir connu une première accélération dès la période hellénistique. En effet, l’observation détaillée des vestiges atteste l’existence de différentes étapes dans le processus d’urbanisation qui atteignit son apogée dans la région au cours des IIe et IIIe siècles de notre ère. Ce faisant, l’étude des sites rend compte de l’histoire – mouvementée – de ces provinces d’Asie Mineure méridionale qui, durant plusieurs siècles, furent un enjeu dans les conflits entre rois hellénistiques avant d’entrer définitivement dans la sphère d’influence romaine.

Dotée d’un arrière-pays montagneux riche en bois[23] et moins enclavée qu’on ne l’a longtemps cru[24], ouverte au sud sur le bassin oriental de la Méditerranée et située non loin de Chypre, entre Levant et Occident[25], la région pamphylo-pisidienne présentait suffisamment d’atouts stratégiques pour qu’Alexandre le Grand, et après lui ses successeurs, s’y intéressassent. Conscient en effet de l’importance que représentait le contrôle de cette zone dans le cadre de sa lutte contre le Roi perse, mais ayant rencontré quelques difficultés à y établir sa domination[26], Alexandre confia rapidement la gestion de la Pamphylie et de la Pisidie à l’un de ses plus brillants généraux, Antigone le Borgne[27]. La mort prématurée du conquérant macédonien sans héritier légitime capable de récupérer et de gérer l’immense Empire né de la conquête créa un contexte nouveau que les historiens, par commodité méthodologique, désignent traditionnellement par l’adjectif « hellénistique », du nom du concept d’hellenismus inventé par l’Allemand J.G. Droysen à la fin du XIXe s.[28] caractérisée sur les plans politique et militaire par les luttes acharnées pour le pouvoir entre les anciens généraux d’Alexandre, l’époque hellénistique fut aussi marquée par de profonds changements à la fois dans les domaines économique, social et culturel. Ces changements, qui touchèrent l’ensemble du monde grec et singulièrement l’Asie Mineure, n’épargnèrent pas la Pamphylie et la Pisidie qui, si l’on en croit le peu de sources écrites dont on dispose[29], firent alors l’objet de vives tensions, passant successivement entre 323 et 133 av. J.-C. dans les sphères d’influence– et donc sous la domination, au moins nominale – d’Antigone le Borgne, des Lagides puis des Séleucides, et enfin, à partir de 188, des Attalides de Pergame.

D’un point de vue architectural, comme ce fut le cas ailleurs en Asie Mineure méridionale et orientale[30], les conflits entre rois hellénistiques pour la domination des cités pamphylo-pisidiennes se traduisirent par l’édification de fortifications. Les vestiges de circuits fortifiés, qui subsistent dans l’ensemble dans un assez bon état de conservation, paraissent en effet indiquer que la plupart des cités de la région s’entourèrent de murs d’enceinte dès l’époque hellénistique, avec des systèmes défensifs parfois ingénieux[31]. Dans la mesure où les preuves matérielles d’éventuelles constructions d’époque classique sont particulièrement rares (qu’elles aient disparu ou qu’elles n’aient jamais existé)[32], on peut considérer que la présence de ces constructions hellénistiques atteste qu’une nouvelle étape fut alors franchie dans le développement de la région. Jusqu’alors, dans le cadre des luttes qui avaient opposé les cités pamphylo-pisidiennes entre elles, il est possible que des palissades en bois ou en terre, ajoutées à la difficulté d’accès à la plupart des sites urbains, avaient été considérées comme suffisantes. Mais l’époque hellénistique vit s’ajouter aux affrontements entre cités les guerres entre rois. Dans ce contexte, marqué par le développement de la guerre de siège[33], la mise en défense des villes devint sans doute rapidement une priorité. Cependant, de tels chantiers coûtaient cher, ce qui permet de supposer que la construction de fortifications ait parfois pu se faire avec l’appui – si ce n’est à la demande – du roi dans la sphère d’influence duquel la cité se trouvait alors. Tel fut peut-être le cas pour Sidè et/ou de Pergè (laquelle s’étendait désormais au pied de l’acropole), dont il est possible qu’Antiochos III finança tout ou partie des fortifications dans le dernier quart du IIIe s. av. J.-C.[34] C’eut alors été pour le roi séleucide à la fois un moyen de renforcer son assise territoriale en faisant le maximum pour éviter que la/les cité(s) ne tombe(nt) entre les mains de ses adversaires, mais aussi une expression concrète de son emprise sur la/les cité(s) voire une façon de susciter chez les habitants de la/des cité(s) une loyauté à son égard. Toutefois, notons qu’aucune source ne permet d’attribuer formellement la construction en Pamphylie ou en Pisidie de fortifications – ni même d’autres édifices – à Antiochos III ou à tout autre roi hellénistique, exception faite de la stoa qu’Attale II fit construire, sans doute au début de son règne, à Termessos[35]. Si cette « absence » de données ne présume pas nécessairement de la faible emprise des rois hellénistiques sur les cités de la région, elle concorde cependant avec le tableau que dessinent les sources littéraires et épigraphiques, à savoir l’ambivalence des relations entre les cités pamphylo-pisidiennes et les rois hellénistiques. En effet, si leur intégration dans la sphère d’influence des royaumes hellénistiques les priva d’une partie au moins de leur autonomie, plusieurs textes nous informent sur les difficultés que rencontrèrent les rois pour soumettre à leur autorité les cités pamphylo-pisidiennes[36]. Dès lors, on ne peut exclure l’hypothèse selon laquelle Pergè et Sidè financèrent elles-mêmes la construction de leurs remparts[37], comme le fit d’ailleurs sans doute Sagalassos au IIe s. av. J.-C.[38], ou encore Aspendos, Sillyon, ou Termessos[39]. De fait, malgré l’engagement financier que représentait la construction de fortifications urbaines, celles-ci, en plus d’être devenues indispensables, restaient à l’époque hellénistique chargées d’une symbolique forte, en ce qu’elles se dressaient devant tous (rois et autres cités) comme une manifestation concrète et visible de l’autonomie – ou au moins de l’aspiration à l’autonomie voire à l’indépendance– des communautés qui s’en étaient dotées. Si l’on en croit certains spécialistes, il faut peut-être envisager aussi sous cet angle la construction dans plusieurs cités de la région avant l’époque romaine (autour du IIe s. av. J.-C. et peut-être avant) d’un centre civique de type grec organisé principalement autour d’une (ou deux) agora(s) et d’une salle de conseil (bouleutérion). Tel semble avoir été le cas à Selgè, Termessos ou encore Sagalassos[40]. Cela paraît confirmer les témoignages écrits évoquant l’existence d’institutions (calquées sur le modèle grec)[41] et donc d’une vie politique active à l’échelle des communautés, à une époque où les rois (dont la culture – dominante – était elle-même grecque) cherchaient constamment, sans toujours y parvenir, à (sur)imposer leur autorité. L’hellénisation des communautés pisidiennes, à la faveur des contacts anciens avec les poleis pamphyliennes émergentes et de ceux, plus récents, avec les nouveaux maîtres de l’Asie, pourrait ainsi avoir été favorisée en quelque sorte par le fait que le modèle politique de la cité-État grecque pouvait assez bien répondre aux exigences de populations farouchement attachées à leur indépendance[42]. Cette analyse, pour être étayée, mériterait toutefois que soient menées dans la région des fouilles plus systématiques avec relevés stratigraphiques, qui permettraient peut-être une datation plus précise des constructions visibles en surface, le repérage d’hypothétiques structures aujourd’hui enfouies et la découverte d’éventuelles nouvelles inscriptions. Les mêmes limites se posent aussi pour l’interprétation de ces autres constructions, datées approximativement des IIIe et IIe s. av. J.-C., que sont les édifices de marchés, certains temples (à Selgè ou à Termessos par exemple), ou encore certains théâtres. En ce qui concerne ces derniers par exemple, dans plusieurs cas, des éléments d’architecture permettent de suggérer une conception à l’époque hellénistique[43]. Cependant, les vestiges actuels en surface sont d’époque impériale. 

Car quels que furent les progrès – réels – de l’urbanisation de la Pamphylie et de la Pisidie suite à l’expédition d’Alexandre et plus encore à partir du IIe s. av. J.-C. (sous l’influence ou en réaction aux dominations séleucide puis attalide), le mouvement connut une accélération sans précédent après l’entrée des régions dans la sphère d’influence romaine[44], particulièrement après leur intégration définitive dans l’Empire au Ier s. av. J.-C. au sein (dans un premier temps) de la province impériale de Galatie. Le fait que, par la suite, Pamphylie et Pisidie fussent ou non réunies au sein d’une même province[45] ne remit jamais en cause cette réalité : la transformation du paysage urbain, largement avancée dans certains cas dès l’époque julio-claudienne (à Sagalassos ou à Pergè par exemple), toucha en effet toutes les cités – à des rythmes variables – au cours des trois premiers siècles de notre ère. A l’hellénisation succéda la domination romaine, dont la traduction architecturale fut non seulement l’un des aspects mais sans doute aussi l’un des vecteurs. 

Nombreux, nous l’avons dit, sont les vestiges qui témoignent aujourd’hui de ces changements qui survinrent à l’époque impériale, et il ne peut être question d’en dresser ici une liste exhaustive. Aussi nous bornerons-nous à n’évoquer que quelques-uns des aspects que prirent l’architecture et l’urbanisme dans les cités pamphylo-pisidiennes à partir du Principat. Pour commencer, notons que les recherches menées sur le terrain ont mis en évidence en Pamphylie et en Pisidie comme dans le reste de l’Orient romain un élargissement et une monumentalisation de l’espace urbain. L’un des exemples les mieux connus pour la région est à ce jour Sagalassos. L’ampleur des fouilles dirigées par l’équipe de Marc Waelkens sur le site depuis 1990 a en effet permis de reconstituer le processus général d’urbanisation de la cité depuis l’époque hellénistique jusqu’à la fin du VIIe s. apr. J.-C. On sait ainsi que dès le début de l’époque impériale y fut entrepris un grand réaménagement. Le centre civique, qui s’organisait autour de deux agoras situées l’une au-dessus de l’autre sur deux terrasses distinctes, fut agrandi et mis en valeur. Les contours de l’Agora supérieure furent régularisés puis assez vite délimités par des arcs monumentaux[46] tandis que la place fut décorée par des colonnes et autres statues honorifiques. En outre, elle fut reliée à l’Agora inférieure par une grande rue à colonnade, laquelle fut dotée sous Tibère à son extrémité sud d’une porte d’entrée monumentale en forme d’arc[47]. A la même époque, la cité pamphylienne de Pergè fut elle aussi parée d’une grande rue à colonnade, qui traversait la cité selon un axe – irrégulier – sud-nord, reliant au IIe s. apr. J.-C. l’ancienne porte hellénistique (située elle-même juste à l’ouest de la nouvelle agora) au nymphée construit sous Hadrien, lequel permettait d’accéder à l’acropole[48]. On retrouve ces éléments à Sidè, qui fut elle-même dotée non seulement d’une grande rue à colonnade bordée de boutiques mais également, à l’extérieur des remparts hellénistiques, d’un splendide nymphée (sans doute dans la deuxième moitié du IIe s.)[49]. Précisons ici que l’établissement de la domination romaine sur l’Orient avait inauguré, après les conflits de l’époque hellénistique, une période de paix en Asie Mineure. Dès lors, l’utilité des fortifications urbaines se fit moins ressentir. Par ailleurs, dans le cadre de l’Empire, il ne s’agissait plus pour les cités de vouloir manifester leur indépendance vis-à-vis de Rome, indépendance dont les remparts auraient été une vitrine. Cherchant au contraire à susciter l’admiration de tous et profitant des effets bénéfiques de la Pax Romana, les cités s’agrandirent, rendant souvent les remparts hellénistiques obsolètes : on le constate à Pergè par exemple, dont le centre urbain se développa sous les Sévères vers le sud, c’est-à-dire en avant de l’ancienne porte hellénistique, dont l’arrière-cour avait par ailleurs déjà été réaménagée au début du IIe s. apr. J.-C. avec des niches décorées des quatorze statues des « fondateurs »[50]. De même, à Sidè, sans doute vers 200, la cour de l’ancienne porte principale fut richement ornée de colonnes, de niches et autres statues, sur deux étages[51]. A Sagalassos enfin, l’expansion de la cité entraîna dès le Ier s. le démantèlement d’une partie des murs d’enceinte préexistants[52]. En outre, marque tangible de la romanisation du paysage, elle fut dotée comme Pergè, Sidè ou encore Aspendos, entre le règne de Trajan et celui de Marc Aurèle, d’une série d’édifices liés à l’eau, à savoir notamment des aqueducs, chargés d’alimenter à la fois les grands thermes – qui furent construits sur la bordure orientale de l’Agora inférieure – mais aussi trois nouveaux nymphées, dont la disposition, adaptée à la topographie naturelle du site, mettait en valeur les décors architecturaux, pour une véritable mise en scène de l’espace urbain[53]. La domination romaine concorde en effet en Pamphylie-Pisidie comme ailleurs dans l’Empire avec un intérêt nouveau dans les domaines urbanistique et architectural pour la dimension esthétique. Au-delà de l’aspect fonctionnel, on cherche désormais aussi à créer des perspectives quand cela est possible et, dans tous les cas, à embellir le cadre urbain par la construction d’édifices somptueux. A cet égard, les nymphées, qui font souvent l’objet d’une attention particulière en terme de décor sculpté, sont particulièrement révélateurs[54]. Or, là se pose à nouveau la question du financement. Car si la prospérité économique permit sans doute aux cités de financer un certain nombre de travaux, les inscriptions nous indiquent que souvent, les élites locales prirent soin de financer tout ou partie de certaines constructions, nymphées et autres. Ainsi pour le nymphée de l’Agora Supérieure de Sagalassos par exemple, la statuaire et les inscriptions suggèrent la participation d’Ulpiana Noée, seconde épouse d’un certain T. Flavius Severianus Neon qui avait lui-même quelques années auparavant offert une bibliothèque à la cité, laquelle était en fait un véritable monument « dynastique » puisqu’il honorait toute la famille du commanditaire[55]. Dans le même ordre d’idée et pour ne prendre qu’un exemple parmi de nombreux autres, à Pergè, de nombreuses inscriptions rendent compte de l’activité édilitaire que mena Plancia Magna, laquelle fut par ailleurs prêtresse d’Artémis mais aussi du culte impérial. Quand on sait qu’en retour, les citoyens lui manifestèrent leur gratitude en lui faisant élever des statues, on comprend qu’on touche là à une autre dimension de l’architecture d’époque impériale dans les cités pamphylo-pisidiennes, à savoir son utilisation grandissante en tant qu’outil de représentation, par et pour les élites. Ce faisant, le paysage urbain reflétait une évolution politique récente, n’étant plus seulement l’expression de l’activité politique de la communauté civique mais manifestant aussi l’importance nouvelle prise par un groupe restreint de citoyens riches et influents acquis à une romanisation considérée sans doute par certains comme un moyen privilégié de leur promotion sociale et politique.

Si nous sommes loin d’avoir fait le tour de la question, nous pouvons néanmoins conclure que ce bref panorama de l’évolution urbanistique et architecturale des cités pamphylo-pisidiennes met en évidence l’existence de relations étroites entre pouvoirs et cultures dans l’Antiquité gréco-romaine. Manifestation sensible du pouvoir, dont elle reflète l’origine, la nature, les transformations, mais aussi les craintes et les aspirations, l’architecture est incontestablement une source privilégiée pour connaître l’histoire d’une région, d’autant plus lorsque, comme pour la Pamphylie et la Pisidie, les textes littéraires sont peu prolixes sur le sujet. Cela étant, comme toujours, l’historien doit rester vigilant dans ses interprétations, car non seulement les données archéologiques sont partielles et inégales, mais en plus la situation est plus complexe que ce que les vestiges donnent immédiatement à voir en surface. A ce titre, notons par exemple que les recherches menées dans les domaines de l’onomastique et de la religion rendent compte du maintien en Pamphylie-Pisidie d’un fond culturel asianique jusque pendant l’époque impériale[56], ce qui amène à se demander dans quelle mesure les choix architecturaux d’une communauté impliquent l’adoption de tout ou seulement d’une partie des valeurs culturelles qui y sont liées.

Références

[1] Roland Martin, Architecture et urbanisme (Rome, Ecole française de Rome, 1987).

[2] Voir entre autres, dès 1924, le travail d’Armin von Gerkan, Griechische Stadtanlagen (Berlin) ; l’ensemble des travaux de Roland Martin, et notamment son ouvrage intitulé : L’urbanisme dans la Grèce antique (Paris, Picard, 1956) ; plus récemment Roland Étienne sur l’espace athénien : Athènes, espaces urbains et histoire. Des origines à la fin du IIIe s. apr. J.-C. (Paris, Hachette, 2004), les travaux de Pierre Gros sur l’architecture romaine, les relations entre société et architecture, les incidences du culte impérial sur l’ordonnance et la hiérarchie des espaces dans les villes des provinces orientales et occidentales de l’Empire romain, etc. ; ceux de Gilles Sauron, sur l’archéologie spatiale et la symbolique des images, ou encore l’ouvrage de Ray Laurence sur Pompéi : Roman Pompei. Space and Society (London-New York, 1994). Sur l’Asie Mineure, voir la publication des actes d’un colloque tenu à Cologne en 1998 : Christof Berns et al., « Patris » und « Imperium » : kulturelle und politische Identität in den Städten der römischen Provinzen Kleinasiens in der frühen Kaiserzeit : Kolloquium Köln, November 1998, (Babesch, Supplement ; 8, Leiden, 2002) ; aussi Helmut Halfmann, Éphèse et Pergame. Urbanisme et commanditaires en Asie Mineure (Bordeaux, Ausonius, 2004) ; Anne-Valérie Pont, Orner la cité. Enjeux culturels et politiques du paysage urbain dans l’Asie gréco-romaine (Bordeaux, Ausonius, 2010).

[3] Voir entre autres Spiro Kostof, A History of Architecture. Settings and Rituals2 (New York – Oxford, Oxford Université Press, 1995) ; Méthodes en histoire de l’architecture (Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, 9-10, janvier 2002) ; Roland Étienne, Christel Müller, Francis Prost, Archéologie historique de la Grèce antique2 (Paris, Ellipses, 2006).

[4] Pour reprendre Spiro Kostof, op. cit. n.3, 3, l’architecture constitue : « the material theater of human activity ». Pour des illustrations à travers des cas particuliers, voir les références données en n.2.

[5] Voir notamment dans ce sens les travaux de Henri Lefebvre, La production de l’espace (Paris, Economica, 1974). Cf. aussi M. de Souza – Ph. Rodriguez dans Philippe Rodriguez (dir.), Pouvoir et Territoire I (Antiquité-Moyen Âge). Actes du colloque organisé par le CERHI. Saint-Étienne, 7 et 8 novembre 2005 (PU Saint-Étienne, 2007).

[6] Voir carte de localisation (1). Les Anciens sont rarement unanimes s’agissant des frontières géographiques des régions antiques en général, et de celles de la Pamphylie-Pisidie en particulier : Strabon, XIV, 3-4 écrit qu’Olbia constitue l’extrémité occidentale de la Pamphylie, alors que Tite-Live, Hist. rom., XXXVII, 23 et Pline l’Ancien, Hist. Nat., V, 96 indiquent que c’est Phasélis qui marque la fin du territoire pamphylien à l’ouest. Par ailleurs, les frontières administratives (limites de provinces) varièrent plusieurs fois au cours de la période impériale. Voir entre autres Xavier De Planhol, De la plaine pamphylienne aux lacs pisidiens. Nomadisme et vie paysanne (Paris, Adrien-Maisonneuve, 1958) ; Elisabeth Kosmetatou, « Pisidia and the Hellenistic kings from 323 to 133 B.C. », Ancient Society, 28 (1997), 5-37, particulièrement les pages 5-6 sur ce point ; Alexis Porcher, « Notes ciliciennes. 16. Le Mélas, Sidè et quelques villes de Cilicie Trachée occidentale : questions de frontière », Anatolia Antiqua, XI (2003), 135-140.

[7] Pour une description très précise de la région, voir Xavier De Planhol, op.cit. n.6, notamment le chapitre 1.

[8] Id. Voir aussi Karl Lanckoronski, Les villes de la Pamphylie et de la Pisidie (Paris, Didot, vol.1, 1890), VII ; Stephen Mitchell, « The Hellenization of Pisidia », Mediterranean Archaeology, 4 (1991), 121 ; Pierre Debord, L’Asie Mineure au IVè siècle (421-323 av. J.-C.) (Bordeaux, De Boccard, 1999), 315, 317.

[9] Cicéron, In Verres (II), I, 20, 53 ; Strabon, XIV, 4 ; Pomponius Mela, Chorographie, I, XIV, 78-79 ; Stadiasmus Maris Magni, 214-232 ; Ps.-Skylax, Periplus, 101.

[10] Pindare, Schol. Vet. In Pindari Carm., Olymp., XIII, 128 b. ; Xénophon, Anab., I, 1, 11 ; I, 2, 1; I, 9, 14 ; II, 5, 13 ; Hell., III, 1, 13 ; Mém., III, 5, 26 ; Diodore, XIV, 19, 6; XV, 90, 3; XVIII, 45-47 ; Arrien, Anab., I, 24, 5-6; Polybe, V, 73, 8 ; Tite-Live, Hist. rom., XXXVIII, 15, 8 et 19-21; Strabon, XII, 6, 4 ; XII, 7, 2; XIV, 3, 2.

[11] Voir sur ce point l’introduction d’Alexis Porcher dans son article « Populations rurales et exploitation du territoire en Pisidie gréco-romaine », dans La campagne : espace sauvage, terre domestiquée (Les Cahiers de Kubaba, V, Paris, 2002), 247-260.

[12] Après les deux volumes majeurs de Karl Lanckoronski à la fin du XIXe s. sur Les villes de la Pamphylie et de la Pisidie (Paris, Didot, 2 vol., 1890 et 1893) et les travaux de Rudolf Heberdey sur Termessos dans les années 1920, il a fallu attendre les années 1960 pour que soient publiées les recherches de Georges E. Bean sur la Pisidie (« Notes and Inscriptions from Pisidia I et II», Anatolian Studies, IX et X (1959 et 1960), 67-117 et 43-82).

[13] Voir notamment Alois Machatschek et Mario Schwarz, Bauforschungen in Selge (Vienne, Verl. der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 1981). Depuis les années 1980, Stephen Mitchell a dirigé de nombreuses campagnes de recherches en Pisidie (sur les sites de Melli, Cremna, Pednelissos, etc.). Sagalassos est depuis 1985 l’objet de fouilles annuelles sous la direction de Marc Waelkens (très nombreuses publications depuis le début des années 1990).

[14] Voir notamment le projet de Stephen Mitchell, que celui-ci a résumé en 1998 dans un article : « The Pisidian Survey », dans Roger Matthews éd., Ancient Anatolia. Fifty Year’s Work by the British Institute of Archaeology at Ankara (Londres, BIAA ; Oxford, Oxbow Books, 1998), 237-253.

[15] On connaît en effet l’existence de monnaies d’argent de Selgè datées de 370 av. J.-C. et qui présentent des types imitant ceux d’Aspendos. Cf. Hans von Aulock, Sylloge Nummorum Graecorum, III, Heft 12 (Berlin, Gebr. Mann, 1964), 5247-5265 ; Edoardo Levante, Sylloge nummorum Graecorum. France 3 (Paris, Zurich, BNF,Numismatica Ars Classica, 1994), 1914-1934 ; Pierre Debord, op.cit. n.8, 317.

[16] Le cas de Sidè est à part : cf. Arrien, Anab., I, 26, 4, ainsi que Ps.-Skylax, Periplus, 101 ; Strab., XIV, 4, 2. A propos de la particularité de la langue utilisée à Sidè, voir Claude Brixhe, Le dialecte grec de Pamphylie, Documents et grammaire (Paris, Adrien-Maisonneuve, 1976). Voir aussi la monographie de Arif Müfid Mansel sur Sidè (Die Ruinen von Side (Berlin, De Gruyter, 1963)).

[17] Cf. Théopompe, FGH 115 F103, 13-17 ; Callimaque, Les Iambes, X, Dieg. VIII 41 – IX 11 ; Strab., XIV, 4, 3 (qui cite Hérodote, VII, 91 et Callinus) ; Pline l’Ancien, Hist. nat., V, XXVI, 96 écrit que la Pamphylie s’appelait auparavant Mopsopsie » ; Scholia in Dionysium, 850.

[18] Hérodote, VII, 91 ; Strab., XIV, 4, 3 (qui cite Hérodote) ; Quintus de Smyrne, La suite d’Homère, XIV, 365-369.

[19] Cette légende de fondation se retrouve par la suite dans l’épigraphie (pour Pergè par exemple, cf. Sencer Şahin: « Perge kentinin kuruculari ve Plancia Magna (The Founders of the city of Perge and Placia Magna) », Adalya, I (1996), 45-52) et parfois dans les monnaies (pour Aspendos, cf. l’analyse de Louis Robert, « Monnaies et divinités d’Aspendos », Hellenica, XI-XII (1960-1961), 177-188).

[20] Voir notamment Georges E. Bean, Turkey’s southern shore, (Londres, John Murray, 1989) ; Anthony G. Keen, « The Poleis of the Southern Anatolian Coast (Lycia, Pamphylia, Pisidia) and their Civic Identity : The “Interface” between the Hellenic and the Barbarian Polis », dans Anthony McElrea Snodgrass & Gocha R. Tsetskhladze éd., Greek Settlements in the Eastern Mediterranean and the Black Sea, (BAR International Series 1062, Oxford, 2002), 27-40 ; Haluk Abbasoğlu & Wolfram Martini dir., Die Akropolis von Perge, B.1 (Verlag Philipp von Zabern, Mainz, 2003).

[21]

Voir notamment Claude Brixhe, op.cit. n.16 ; René Lebrun, « Syncrétismes et cultes indigènes en Asie Mineure méridionale », Kernos, 7, (1994), 145-157.

[22] Haluk Abbasoğlu, « The founding of Perge and its development in the Hellenistic and Roman periods », dans David Parrish éd., « Urbanism in Western Asia Minor : new studies on Aphrodisias, Ephesos, Hierapolis, Pergamon, Perge, Xanthos », JRA, Suppl. Series numb. 45 (Portsmouth, 2001), 172-188 ; Haluk Abbasoğlu & Wolfram Martini, op. cit. n.20.

[23] Xavier De Planhol, op.cit. n.6 ; Stephen Mitchell dans Roger Matthews éd., op.cit. n.14 ; Alexis Porcher, op.cit. n.11.

[24] Cf. Daniel H. French, « Roads in Pisidia », dans Elmar Schwertheim éd., Forschungen in Pisidien (Asia Minor Studien, 6, Münster, 1992), 167-175.

[25] Le « Levant » renvoie ici à la Syrie dans l’acception antique, englobant un vaste Proche-Orient, dont l’histoire du IVe s. avant au IIIe s. après J.-C. a récemment fait l’objet d’une synthèse par Maurice Sartre (D’Alexandre à Zénobie. Histoire du Levant antique. IVe s. av. J.-C.-III e s. apr. J.-C. (Paris, Fayard, 2001)).

[26] Sur les évènements de la conquête de l’Asie Mineure méridionale par Alexandre, cf. notamment Georges E. Bean, op.cit. n.20, chap.1 ; Pierre Debord, op.cit. n.8, 451-454.

[27] Dans un premier temps, Pamphylie et Lycie (et peut-être la Pisidie) furent réunies pour former une satrapie distincte de l’Empire d’Alexandre avec Néarque comme satrape (cf. Arrien, Anab., III, 6, 6 ; Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée et Prologues de Trogue Pompée, XIII, 4, 15). Voir Elisabeth Kosmetatou, op.cit. n.6, 9-10 ; Pierre Debord, op.cit. n.8, 161-162.

[28] Johann Gustav Droysen, Geschichte des Hellenismus (Berlin, 3 vol. 1833-1843 et 1877-1878). Pour un point sur le devenir du concept d’hellenismus dans l’historiographie moderne, cf. notamment l’introduction de l’ouvrage de Pierre Cabanes, Le monde hellénistique de la mort d’Alexandre à la pais d’Apamée (Paris, Seuil, 1995). D’autre part, sur l’intérêt, les limites, le rôle de la « périodisation » pour l’historien, voir pour rappel Nicolas Offenstadt dir., Les mots de l’historien (Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2009), s.v. périodisation.

[29] Cf. notamment Stephen Mitchell, « The Hellenization of Pisidia », Mediterranean Archaeology, 4 (1991), 119-146, particulièrement les pages 122-124 sur cette question.

[30] Voir sur ce point Fortifications et défense du territoire en Asie mineure occidentale et méridionale. Table ronde du CNRS, Istanbul, 26-27 mai 1993 (REA, 1994), et l’ouvrage d’Anthony W. Mc Nicoll, Hellenistic fortifications from the Aegean to the Euphrates (Oxford, Clarendon Press, 1997).

[31] Voir entre autres Frederick Elliot Winter, Greek Fortifications (Londres, Routledge & Kegan Paul, 1971), 180 et suiv. ; Jean-Pierre Adam, L’architecture militaire grecque (Paris, Picard, 1982), et Anthony W. Mc Nicoll, op. cit. n.30, 129 et suiv.

[32] Aucune trace archéologique n’a permis de confirmer les propos d’Arrien (Anab., I, 26-28) selon qui Sillyon, Termessos et Sagalassos auraient été fortifiées dès avant 334 av. J.-C. Pour Sillyon, cf. Anthony W. Mc Nicoll, op.cit. n.30, 136-142 ; pour Termessos, Stephen Mitchell, op.cit. n.29, 129 ; pour Sagalassos, Lieven Loots, Marc Waelkens et Frans Depuydt, « The City Fortifications of Sagalassos from the Hellenistic to the Late Roman Period », dans Marc Waelkens & Lieven Loots éd., Sagalassos V. Report on the survey  and excavation campaigns of 1996 and 1997, 2 vol. (Acta Archaeologica Lovaniensia Monographiae 11, Leuven University Press, Leuven, 2000), 595-634.

[33] On sait par exemple qu’Antigone fit le siège de Termessos (Diod., XVIII, 44-47), que Pednelissos fut assiégée par les Selgéens (Polybe, V, 72, 1), qu’Isinda fut assiégée par les Termessiens (Polybe, XXI, 35-36 ; Tite-Live, Hist. rom., XXXVIII, 15, 8).

[34]  Cf. Arnold Walter Lawrence, Greek aims in Fortification (Oxford, New York, Toronto, Clarendon Press, 1979), 323, 371, 389 ; Anthony W. Mc Nicoll, op.cit. n.30, 130. A propos de la domination d’Antiochos III sur la région dès 213 av. J.C., cf. John Ma, Antiochos III et les cités d’Asie Mineure occidentale (Paris, Belles Lettres, 2004), 50.

[35] Cf. Karl Lanckoronski, op.cit. n.8, vol.2, 38-39 ; John James Coulton, The architectural development of the Greek stoa (Oxford, Clarendon Press, 1976), 287-288 fig.113.

[36] Sur ce point, cf. Stephen Mitchell, op.cit. n.30 ; Elisabeth Kosmetatou, op.cit. n.6.

[37] Frederick Elliot Winter dans « Problems of tradition and innovation in Greek fortifications in Asia Minor, late fifth to third century B.C. », Revue des Etudes Anciennes, 96 (1994), 40 et N.P. Milner dans Anthony W. Mc Nicoll, op.cit. n.30, 215 proposent une datation avant que les Séleucides ne parviennent à prendre définitivement le contrôle de la région.

[38] Cf. Lieven Loots, Marc Waelkens et Frans Depuydt, op.cit. n.32, 614.

[39] Cf. Stephen Mitchell, op.cit. n.29, 138-139.

[40] Ibid., 139 et suiv., et H. Bracke, « Pisidia in Hellenistic Times (334-25 B.C.) », dans Marc Waelkens éd., Sagalassos I: First general report on the survey (1986-1989) and excavations (1990-1991) (Leuven, 1993), 28.

[41] Pour les sources littéraires, voir notamment Diod., XVIII, 46-47 ; Polybe, V, 76, 2 ; pour les sources épigraphiques, cf. entre autres Louis Robert, Documents de l’Asie mineure méridionale : Inscriptions, monnaies et géographie (Paris, 1966), 53-58 ; TAM III, 1, 2 ; OGIS 751.

[42] Cf. Stephen Mitchell, op.cit. n.29 ; Marc Waelkens, « The transformation of the public and sacred landscapes in early Imperial Sagalassos », dans Christof Berns et al., « Patris » und « Imperium » : kulturelle und politische Identität in den Städten der römischen Provinzen Kleinasiens in der frühen Kaiserzeit : Kolloquium Köln, November 1998 (Babesch, Supplement ; 8) (Leiden, Peeters, 2002), 63-75.

[43] Pour Sagalassos, cf. Lutgarde Vandeput, « The theatre-façade at Sagalassos », Anatolian Studies, 42 (1992), 99-117 et The Architectural Decoration in Roman Asia Minor. Sagalassos : A Case Study (Studies in Eastern Mediterranean Archaeology 1, Leuven, 1997) ; pour Selgè, Alois Machatsckek et Mario Schwarz, op.cit. n.13, 72-80 ; pour Sidè, Arif Müfid Mansel, op.cit. n.16, 122-143. Seule la cité de Termessos a un théâtre qui a pu être formellement daté du IIe s. av. J.-C.

[44] Pour le détail chronologique, cf. Claude Nicolet dir., Rome et la conquête du monde méditerranéen, T.2 Genèse d’un empire (PUF, Paris, 1997).

[45] Pour des précisons chronologiques, voir Bernard Rémy, L’évolution administrative de l’Anatolie aux trois premiers siècles de notre ère (Lyon, Paris, de Boccard, 1986).

[46] Voir Femke Martens, Interdisciplinary Research Concerning the Urban Development of Sagalassos. Settlement Development, Urban Layout and Infrastructure (Thèse de doctorat, Katholieke Universiteit Leuven, 2004, 2 vol.), 591-595 pour des détails concernant les arcs érigés à Sagalassos à l’époque romaine impériale.

[47] Marc Waelkens, op.cit. n.40. Pour des illustrations de qualité, des photographies ainsi qu’un résumé des découvertes mis à jour, voir aussi le très bon site internet : http://www.sagalassos.be/

[48] Cf. Haluk Abbasoğlu, op.cit. n.22.

[49] Cf. Arif Müfid Mansel, op. cit. n.16, 53 et suiv. ; Georges E. Bean, op.cit. n.20, 63.

[50] Cf. Haluk Abbasoğlu, op.cit. n.22 ; aussi Sencer Şahin, op. cit. n.19.

[51] Voir Georges E. Bean, op.cit. n.20, 62 et Arif Müfid Mansel, op. cit. n.16, 33-34.

[52] Lieven Loots, Marc Waelkens et Frans Depuydt, op. cit. n.32, 595-634.

[53] Cf. Femke Martens, « La fontaine monumentale romaine et l’espace de la rue : le cas de Sagalassos », dans Pascale Ballet, Nadine Dieudonné-Glad & Catherine Saliou dir., La rue dans l’Antiquité. Définition, aménagement et devenir de l’Orient méditerranéen à la Gaule. Actes du colloque de Poitiers, 7-9 septembre 2006 (Rennes, PUR, 2008), 215-222.

[54] Ibid.

[55] Cf. notamment Marc Waelkens, « Romanization in the East : a case study : Sagalassos and Pisidia (SW Turkey) », MDAI(I), 52 (2002), 327, 349.

[56] Cf. n.21.