Les représentations des insensées enfermées à la Salpêtrière à travers le prisme identitaire dans la presse parisienne (1774-1815)

Alexandra Vouligny
Candidate à la maîtrise en histoire à l’Université de Sherbrooke.

Biographie: Candidate à la maîtrise en histoire à l’Université de Sherbrooke sous la direction de la professeure Sophie Abdela, Alexandra Vouligny s’intéresse dans le cadre de son mémoire aux représentations des femmes enfermées pour folie à la Salpêtrière entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle à travers la presse parisienne. Elle s’intéresse plus largement à la prise en charge des insensé⸱e⸱s à Paris et à Londres entre 1750 et 1850.

Résumé: Ouverte en 1656, la Salpêtrière accueille des femmes marginales de toutes sortes, comme des personnes prostituées, des mendiantes et des insensées. Nous désirons comprendre les discours et les conceptions identitaires des aliénées qui y sont internées tels qu’ils sont véhiculés à travers les journaux entre la montée sur le trône de Louis XVI et la fin du Premier Empire. Ainsi, quelles sont les différentes identités attribuées dans les journaux parisiens aux insensées enfermées à la Salpêtrière entre 1774 et 1815? Si les identités de genre, de la folie, de la criminalité et de patiente s’accumulent et se brouillent dans la presse, une transition est visible dans la presse entre celle de criminelle et celle de patiente à la fin du XVIIIe siècle concernant les femmes enfermées pour folie dans l’établissement.

Mots-clés : France aux XVIIIe et XIXe siècles, Histoire du genre, Histoire de la santé et de la folie, Histoire des enfermements.

 

Table des matières
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    Introduction

    En 1650, l’Hôpital général de Paris acquiert un ancien arsenal de salpêtre pour le transformer en un lieu d’enfermement. Celui-ci devait empêcher une surpopulation des personnes défavorisées dans la capitale, alors que 40 000 mendiants y circulaient en 1650[1]. Il s’agit d’un problème préoccupant pour l’État français qui perçoit la mendicité et l’oisiveté comme « les sources de tous les désordres »[2].

    À la suite de l’adoption d’un édit sur l’administration de l’Hôpital général le 27 avril 1656, la Salpêtrière ouvre ses portes. Géré par la Compagnie du Saint-Sacrement, cet établissement accueille des femmes marginales de toutes sortes : mendiantes, insensées[3] et personnes prostituées[4]. Il s’agit de la plus grande institution d’enfermement pour femmes à l’époque moderne[5]. Sa création a servi un but spécifique : assainir les rues en cachant du regard celles qui génèrent du scandale dans la société française en ne correspondant pas aux attentes sociales. À travers cette institution, le « grand renfermement » se met en place, soit un processus de marginalisation et de normalisation[6]. C’est dans ce contexte que de nombreuses insensées sont internées à la Salpêtrière. Au XVIIIe siècle, les aliénées vivent de façon semblable aux prisonnières qu’elles côtoient dans l’établissement[7].

    Toutefois, la Révolution française modifie le fonctionnement de cette institution. L’utilité de celle-ci et la place des aliénées qui y sont internées se transforment pour se conformer aux mœurs parisiennes[8]. À la fin de ce siècle, l’idée qu’il faut adapter les soins accordés aux insensées pour les guérir s’impose progressivement[9]. Une accélération de ces efforts est visible[10], alors qu’une spécialisation du traitement de la folie voit le jour à la Salpêtrière[11]. Au cours du XIXe siècle, les conditions de vie des femmes enfermées dans cet établissement sont de plus en plus étudiées et critiquées. Bref, la prise en charge de ces femmes par les autorités parisiennes a évolué à travers les années, alimentée entre autres par la circulation d’écrits philosophiques et médicaux sur la folie[12]. Il y a une « transformation radicale de la Salpêtrière-prison en Salpêtrière-hôpital »[13].

    Or, malgré sa longue histoire et le fait qu’elle ait été le plus grand établissement du genre dans le Paris d’Ancien Régime, l’enfermement au féminin des « insensées » de la Salpêtrière reste peu étudié par les historiens. Le peu de travaux historiques sur le sujet se concentre sur l’institution qu’est la Salpêtrière[14], sur les traitements utilisés[15] ou propose une psychanalyse des patientes[16]. Il faut attendre les années 1990 pour que des études historiques sur la folie féminine apparaissent, comme celle de Yannick Ripa[17]. Elles se concentrent sur le fonctionnement des idéologies médicales et genrées pour limiter les opportunités des femmes[18]. De plus, rares sont les recherches qui font le pont entre l’Ancien Régime et le XIXe siècle. Quelques historiens l’ont fait comme Dora Weiner[19]. Toutefois, des sources judiciaires et administratives sont alors majoritairement exploitées pour étudier les soins employés ou la gestion des établissements. Généralement, la plupart des ouvrages sur la folie ne concernent que le XIXe siècle[20] ou les hommes[21]. En effet, les historiens sont en retard par rapport à d’autres domaines d’études comme la littérature. Celle-ci se trouve à l’avant-garde de la recherche sur la folie féminine. Des ouvrages comme « Les représentations de la folie féminine dans la littérature française du XXème et du XXIème siècle »  interrogent la surreprésentation de la folie féminine, les stéréotypes qui en découlent et le rôle de la littérature pour dénoncer ce mode de régulation sociale. Les travaux portent alors principalement sur la période contemporaine[22]. Cela doit donc être continué par des historiens.  

    De ce fait, le présent projet vise à pallier cette lacune historiographique. Si la transition de l’Ancien Régime vers le XIXe siècle a déjà été étudiée par des historiens, il sera question non pas de leurs soins et de l’institution en elle-même, mais de l’évolution des représentations identitaires des internées émanant de la presse parisienne durant la période 1774-1815, soit entre la montée sur le trône de Louis XVI et la fin du Premier Empire. L’objectif est de comprendre les discours et les conceptions identitaires des aliénées qui y sont internées tels qu’ils sont véhiculés à travers les journaux. Ainsi, quelles sont les différentes identités attribuées dans les journaux parisiens aux insensées enfermées à la Salpêtrière entre 1774 et 1815 ? Celles du genre, de la folie, de la criminalité et de patiente caractérisent ces femmes. Plus précisément, nous avançons qu’une évolution des représentations de ces dernières est visible dans les médias. Celles présentes dans cet établissement pendant l’Ancien Régime avaient un statut de criminelle sous-jacent à celui d’insensée. Progressivement, à partir de la Révolution française, elles sont soignées pour leurs problèmes de santé mentale et endossent alors une identité de patiente. Il est difficile d’observer cet objet d’étude sans parler du genre des femmes qui y sont internées, car les diagnostics et les traitements utilisés pour les guérir de la folie sont inhérents à leur nature féminine. Ainsi, l’intersectionnalité est au cœur de cette étude, puisque ces identités sont interreliées.

    Ces dernières sont visibles dans les journaux parisiens, alors que nous avons mobilisé 210 entrées de journaux publiés dans cette période à travers le site RetroNews qui numérise les journaux français[23]. Si « toute parole journalistique est, d’origine et par destination, plurielle et collective »[24], les organes de presse sont néanmoins orientés par les élites de la capitale qui en sont les propriétaires[25]. La parole n’y est donc pas universelle. Ces archives permettent d’accéder aux discours circulant dans l’élite parisienne. De plus, sous l’Ancien Régime, le pouvoir royal exerce un contrôle complet sur l’information diffusée dans la presse : les journaux sont soigneusement sélectionnés et les articles, examinés. Au XIXe siècle, l’autorité royale est remplacée par les membres du gouvernement et les bourgeois qui dirigent les médias[26]. La censure demeure présente, même si sa poigne varie en fonction des gouvernements en place[27]. Il ne faut pas que les informations véhiculées critiquent le pouvoir[28]. Cela est d’autant plus vrai dans le cadre de cette étude, alors que les journaux mentionnant le plus la Salpêtrière sont tous traditionnellement proches de l’État français (le Journal de Paris, la Gazette nationale ou le Moniteur universel, le Mercure de France et le Bulletin de la Convention nationale)[29]. Ce dernier a absorbé la presse comme organe supplémentaire du pouvoir afin de diffuser les idéologies promues par le gouvernement.

    À travers le site RetroNews, il est possible de chercher avec des mots-clés dans une période précise. Ainsi, nous avons choisi les mots « folle et/ou aliénée et/ou indigente et/ou infortuné et/ou insensé » qui, joints à celui de « Salpêtrière », ont permis cette recherche entre 1774 et 1815. Ceux-ci furent observés dans une analyse préliminaire des journaux concernant les femmes internées à la Salpêtrière. Toutefois, il n’y avait pas assez de données pour l’Ancien Régime avec ces mots-clés. Pour cette période, nous avons donc utilisé toutes les entrées mentionnant la Salpêtrière uniquement. Cela n’a pas été fait pour l’ensemble de la période à l’étude afin d’éviter le bruit que cela entraîne.  

    Malgré tout, cette histoire des représentations permet d’insister sur le regard qu’a la société envers ces femmes qui va leur attribuer  des identités. Ainsi, il ne sera pas question de celles que les insensées s’attribuent elles-mêmes, puisqu’elles ne sont pas les auteures de ces journaux. Pour ce faire, il faudrait accéder à leurs écrits. Toutefois, très peu d’entre elles ont rédigé des documents vu leur santé mentale et leur situation de pauvreté. Il est donc question des discours identitaires produits sur les aliénées et non pas par les aliénées. Cela reste pertinent, alors que les identités sont un élément classificatoire utilisé par les êtres humains pour comprendre ce qui les entoure. Cela est d’autant plus vrai que les identités attribuées sont en étroite relation avec les rapports d’altérité et qu’elles sont alimentées par les constructions sociales. Ces identités sont multiscalaires et en fonction du contexte, une identité est mise de l’avant pour comprendre le monde[30].

    Les phénomènes identitaires sont un angle de choix pour analyser l’internement des insensées de la Salpêtrière. En effet, l’identité de ces dernières est caractérisée par la notion d’intersectionnalité, développée dans les années 1980 par la juriste Kimberlé Crenshaw[31], car quatre identités interagissent, soit celles du genre, de la folie, de la criminalité et celle de patiente. Nous refusons une classification réductrice des expériences variées et multiples des êtres humains. Ce concept vise à éclaircir des réalités sociales d’oppression, comme celle de ces femmes qui sont victimes d’un pouvoir policier et médical dans le contexte sociohistorique et politique qui encadre notre étude[32]. Ces personnes marginalisées ne peuvent exister que dans l’imaginaire de l’élite, alors qu’elles sont d’autant plus invisibilisées par l’intersectionnalité qui les caractérise[33].

    Nous participons donc au renouvellement de notre compréhension de la prise en charge de la folie à travers laquelle les identités de criminelle et de patiente sont attribuées par l’État à ces femmes, et ce, en dehors des archives institutionnelles qui guident habituellement les historiennes et historiens. Si certains éléments identitaires sont propres au parcours de chacun, cette étude des représentations permet d’examiner les caractéristiques récurrentes parmi les expériences des aliénées de la Salpêtrière visibles dans les médias. Pour analyser ce sujet au prisme des facteurs identitaires, il sera question de l’évolution des statuts sous-jacents à l’identité d’insensée de criminelle à patiente entre 1774 et 1815 en association avec le genre des personnes internées dans l’établissement.

     

    La folie, une association criminelle

    D’abord, la folie est le résultat de la culture et de l’histoire d’une société. En effet, cette dernière est responsable de la production d’une classification de ce qui est raisonnable, voire normal, et de ce qui ne l’est pas. De façon générale, il s’agit d’un trouble de comportement qui affecte les capacités mentales d’une personne[34]. Cela peut même bouleverser son fonctionnement dans la société, du moins selon ceux qui posent un diagnostic[35]. À Paris, à partir de la fin de l’Ancien Régime et pendant les premières années de la Révolution française, les journaux attribuent aux femmes internées à la Salpêtrière une étiquette liée à la criminalité et au danger.

    Depuis le XVIIe siècle, la folie est associée au péché. Ainsi, le crime et la folie sont traditionnellement associés[36]. Cela explique la mise en place d’institutions d’enfermement comme la Salpêtrière où les criminelles et les insensées vivent ensemble, car il n’y a pas de différences prononcées entre ces deux groupes sous l’Ancien Régime dans le cadre du processus de « grand renfermement ». Selon Michel Foucault, celui-ci caractérise une politique royale appliquée dès le XVIIe avec la mise en place d’un édit en 1656 qui est le décret fondateur de l’Hôpital général de Paris grâce auquel cet outil de régulation social est appliqué[37]. Ainsi, ce concept est inhérent aux premières années de ce travail et se reflète dans les mentalités des acteurs de l’époque qui ont décidé du sort des insensées à Paris. Si ce terme est traditionnellement relié aux détenus, il fait néanmoins partie intégrante de la gestion des aliénées qui sont enfermées dans des institutions les regroupant avec les criminels comme l’illustre la Salpêtrière. Cette institution fait partie de l’Hôpital général qui est une entité semi-juridique prônant le rétablissement des mœurs et de la moralité[38]. Presque 20 % des entrées pendant l’Ancien Régime mentionnent le renouvellement de cette association par le roi en 1780[39]. En d’autres mots, la Salpêtrière tire davantage d’un établissement répressif que de soins. Cette répression est alors fortement associée à l’absence de conformité aux normes sociales et à la moralité des femmes enfermées dans cette institution. En effet, plusieurs des normes sont liées aux constructions sexuelles et genrées. Comme le mentionne Michel Foucault, « l’internement et tout le régime policier qui l’entoure servent à contrôler un certain ordre dans la structure familiale, qui vaut à la fois comme règle collective, et comme norme de la raison »[40]. Concrètement, les femmes refusant les conduites sociales associées à leur genre sont alors marginalisées et enfermées dans des institutions comme la Salpêtrière, car, en ne se conformant pas à l’autorité patriarcale par leurs actions déraisonnables, elles sont jugées dangereuses comme le démontre Yannick Ripa[41]. Cette idée se reflète le 4 janvier 1791 dans une critique que le journal dresse du système tel qu’il était sous l’Ancien Régime : des « jeunes malheureuses [sont] détenues par des ordres particuliers ou pour correction domestique, comme si l’autorité paternelle pouvait jamais se confondre avec la coërcition publique, pour exercer ses devoirs envers les enfans »[42]. Les femmes de la Salpêtrière sont alors indissociées les unes des autres dans les journaux, même si plusieurs raisons peuvent causer l’internement de personnes dans l’institution[43].

    Ces insensées endossent donc réellement une identité de criminelle, car la dangerosité est étroitement liée à la psychiatrie selon Marc Renneville. La dangerosité, qui ne peut être que qualifiée par les autres qui analysent les comportements, est un acte de stigmatisation dans le cadre d’une relation de pouvoir. Dans ce cas-ci, cette dynamique se produit entre l’État français qui exerce un pouvoir principalement répressif et policier sur les insensées[44].

    Le danger qu’elles représentent aux yeux de la société est particulièrement visible pendant la Révolution française. En effet, une forte association de ces femmes à la criminalité est visible, alors que 65,67 % des mentions des insensées de la Salpêtrière sont liées à la détention. Cela explique pourquoi, dès qu’il est question des femmes de la Salpêtrière dans les journaux de cette période, les informations se trouvent plus de deux fois plus souvent dans les sections « Police », « Prison » ou « Maison de détention » que dans des catégories en lien avec le domaine de la santé.

    Toutefois, celles-ci ont surtout lieu pendant les premières années de la Révolution française. Il importe aussi de mentionner que la qualification de la Salpêtrière d’hôpital ne reflète pas nécessairement une idée de soins, puisque cette institution renvoie à un établissement pour les indigents et les nécessiteux, comme le décrit le Dictionnaire de L’Académie française : « Maison fondée, destinée pour recevoir les pauvres, les malades, les passans, les y loger, les nourrir, les traiter par charité »[45]. Cela est d’autant plus vrai que l’Hôpital-Général a une fonction semi-juridique[46]. Également, le contexte d’instabilité présent dans les premières années de la Révolution française met en relief tout ce qui pourrait poser danger à la société, dont les insensées de la Salpêtrière. Cela se reflète dans les journaux, alors qu’il est question le 24 novembre 1790 de « l’esprit d’insubordination des femmes de la Salpêtrière » qui risque de se changer en fureur[47]. L’aboutissement de cette vision se reflète dans le massacre de septembre pendant lequel quarante femmes enfermées à la Salpêtrière seront tuées par des sans-culottes[48]. De plus, six articles mentionnent l’aspect militaire entourant l’institution, alors qu’il est précisé dans ceux-ci que des archers et des membres de la cavalerie y sont postés et qu’une partie de la garde nationale y est envoyée en renfort[49]. De façon générale, les archers sont chargés du service de garde et de l’ordre à l’intérieur des murs de l’établissement, tout en s’occupant de la répression de la mendicité dans les rues parisiennes. Ces hommes doivent faire des rondes, de jour et de nuit pour éviter tout désordre. À la fin du XVIIIe siècle, quatre brigades de dix hommes sont postées à la Salpêtrière[50]. Ainsi, l’aliénation est donc davantage un mal social qu’une pathologie médicale. Tout dérangement au bon déroulement de l’ordre social, que ce soit à travers de la violence, de la mendicité ou de la folie, est perçu comme un danger à circoncire.

    Bref, sous l’Ancien Régime et les premières années de la Révolution française, les femmes internées à la Salpêtrière sont effacées face à la criminalité. Elles ne sont pas vues au travers de leur santé mentale, mais bien du danger qu’elles posent pour la société. Toutefois, un changement est en train de se produire à partir de la toute fin de l’Ancien Régime, alors que les femmes ne sont plus associées qu’à la criminalité.

    D’un pouvoir répressif à médical

    En effet, un rejet progressif de l’identité de criminelle attribuée aux femmes enfermées à la Salpêtrière est visible. Celles-ci obtiennent, lorsque leur condition l’indique, un statut de malade. Il y a donc une progressive évolution entre l’identité de criminelle et celle de patiente. La mention d’un état de santé précaire se produit dès la fin de l’Ancien Régime et le début de la Révolution française. Toutefois, il est surtout question de maladies physiques. En effet, pendant l’Ancien Régime, 62,5 % des mentions de soins ne sont pas liés à des soins spécifiques à leur état de santé mentale. Les médecins tentent alors de guérir ces femmes de maladies telles que les écrouelles[51]. Cela se poursuit pendant les premières années de la Révolution française, alors que deux articles rendent compte d’un traité rédigé pour prévenir les dangers de l’accouchement à partir d’expériences observées à la Salpêtrière[52]. Ainsi, un début d’association entre ces femmes et la science se produit, toutefois elle reste cantonnée au domaine traditionnel des maladies physiques. Ce sont les individus de l’Ancien Régime qui amorcèrent cette révolution des pratiques médicales dans l’institution. Par exemple, une infirmerie générale fut créée à la Salpêtrière dans la décennie 1780[53]. Dans les journaux de cette période, 40 % des mentions des femmes internées dans l’établissement sont exclusivement liées au secteur médical. Les initiatives qui ont eu lieu sous l’Ancien Régime sont vitales pour les réformes qui seront mises en place pendant la Révolution française[54].

    Pendant la Révolution française, les identités attribuées aux femmes enfermées à la Salpêtrière sont pêle-mêle, alors qu’il y a des articles sur les « folles », les détenus, les personnes prostituées, les malades et les pauvres, entre autres. De plus en plus, elles sont associées à la catégorie large des indigentes qui inclut toutes celles qui auraient besoin de la bienfaisance de la société comme des personnes âgées, des mendiantes et des malades. La Salpêtrière elle-même est qualifiée douze fois d’hospice pendant la Révolution française, alors que cela ne se produit pas une seule fois avant cette période. Ainsi, la folie n’est qu’une maladie parmi tant d’autres dans cette période prépsychiatrique, alors qu’elle est abordée huit fois dans les articles pendant la Révolution. Elles  n’ont pas une identité unique de patiente, il ne s’agit que d’une identité parmi tant d’autres. Les insensées ne sont donc que faiblement perçues dans les discours médiatiques comme des femmes présentant un trouble de santé mentale.

    Toutefois, elles ne sont plus pour autant aussi fortement associées à la criminalité. Cela s’explique par une volonté de faire mieux. Les journaux remettent en question la gestion de la Salpêtrière telle qu’elle avait lieu sous la monarchie. Une grande volonté de changements par rapport aux politiques et décisions de l’Ancien Régime pour améliorer l’institution est visible dans les journaux alors que 23 mentions sur 67 appellent à des changements et proposent des idées de réformes comme le fait le Comité de mendicité mis en place en 1790 après une visite des hôpitaux et hospices de Paris[55]. Le rapport en découlant sera imprimé et diffusé, entre autres, dans les journaux. Il guidera la mise en place de nombreux changements dans les années à venir[56]. Concrètement, les femmes enfermées à la Salpêtrière sont maintenant perçues comme des citoyennes à part entière qu’il faut aider, en accord avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen[57]. Une volonté de mieux classer les femmes qui s’y trouvent pour que leur sort soit adapté à celui-ci est ainsi visible. Également, des critiques de sa gestion sous l’Ancien Régime sont nombreuses, alors que la Salpêtrière-prison est perçue comme vicieuse et un lieu de despotisme, alors que sa population fut une « classe du peuple si long tems l’objet du dédain et la victime de la négligence de l’ancien gouvernement »[58].

    Dans les journaux, il n’est alors plus question uniquement d’idées, mais bien d’actions concrètes. Un lent changement est en train de se produire qui dépasse les simples rêves comme l’illustrent six mentions de libération des femmes enfermées par lettre de cachet pendant la Révolution française. La presse vante donc la reconnaissance par l’État que certaines femmes ont reçu à tort une identité de criminelle qui a poussé leur enfermement dans l’institution, ou que certaines d’entre elles ont purgé leur peine et ne devraient plus être perçues et punies pour leurs crimes[59]. De plus, des détenues et recluses sont transférées à Saint-Lazare[60]. Ainsi, la Salpêtrière telle qu’elle l’était ne convient plus. Un vent de changement pénètre l’institution. Le programme de santé mis en place en 1791 a eu lieu entre autres à cause du besoin conjoint de modifier la Constitution et les pratiques médicales. Les besoins sociaux étaient dans l’esprit de tous[61]. Si ce lent rejet de la criminalité de toutes les femmes enfermées à la Salpêtrière se produit au profit d’une certaine séparation entre les différents groupes présents dans l’établissement, soit les mendiantes, les personnes prostituées et les insensées, il n’y a toutefois pas encore de diagnostics spécifiques qui sont posés contre les malades. Par exemple, une « vieille folle [est enfermée à la Salpêtrière] pour avoir toujours fait la même chose »[62]. Malgré tout, les actions mises en place illustrent que l’identité de malade de ces femmes a suffisamment pénétré les esprits. Cette transformation est assez acceptée pour être vantée dans les journaux par la suite.

    Bref, il y a une évolution concernant les représentations identitaires des insensées de la Salpêtrière, alors qu’elles endossent progressivement une identité de patiente à partir de la fin de l’Ancien Régime, même si leur association à la criminalité et au danger reste présente pendant la Révolution française, car une volonté de changement est en train de s’installer. S’il est d’abord question de soins physiques, la santé mentale de ces femmes commence timidement à être mise de l’avant par les journaux.

     

    Une identité de patiente médicale assumée

    À partir de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, les insensées de la Salpêtrière sont vues dans la presse d’abord et avant tout au travers de leur santé mentale. Ainsi, les femmes de l’établissement font l’objet d’articles distincts selon la cause de leur enfermement, différenciant les insensées des autres groupes comme les personnes prostituées. De plus, des classifications spécifiques à l’état de santé mentale sont visibles lors de recensements des résidentes et des employés de la Salpêtrière : folles curables, folles incurables, « folles imbéciles, folles tranquilles, folles constamment agitées, folles instantanément agitées, folles furieuses » [63] sont des précisions mentionnées par les journaux. Malgré tout, ces différentiations restent, aux yeux de Philippe Pinel, différentes déclinaisons d’une maladie unique, soit l’aliénation mentale[64].

    L’année 1795 est une date charnière pour l’identification de ces femmes à leur santé mentale. Celle-ci doit être mise en relation avec l’arrivée de Philippe Pinel à la Salpêtrière. Avant le 13 mai 1795, moment auquel il commence à y travailler, uniquement 13,7 % des entrées mentionnent l’état de santé mentale des femmes qui y sont internées contre 61,64 % mentions de l’aspect répressif de cette institution. Après cette date, 52,12 % des entrées parlent de la santé mentale des patientes contre 15,95 % des articles qui sont liés à la détention de ces femmes. L’association des insensées de la Salpêtrière à leur état de santé mental se généralise réellement grâce à la popularisation des travaux de Philippe Pinel. Cette popularisation est visible, alors qu’à partir de son entrée en fonction, 46,15 % des mentions de la santé mentale incluent le nom de Pinel. Cela peut expliquer le changement dans les représentations dans la presse de ces femmes. En effet, il est un membre influent dans la société parisienne reconnu pour ses travaux sur les insensés. Il a proposé de nombreuses réformes comme l’introduction du traitement moral. Il est alors question de favoriser le dialogue avec les patientes pour faire appel à leur raison. Celui-ci est appliqué dès 1801 à la Salpêtrière[65]. Ce changement dans l’identité des femmes correspond aux améliorations que les administrateurs tentent de mettre en place concernant le rôle et la gestion de la Salpêtrière. Il est en quelque sorte question de nettoyer l’établissement et de lui donner une fonction principalement médicale et les journaux vont énormément vanter cette transformation. Le mythe de la délivrance des insensés grâce à Pinel est en lui-même révélateur des conceptions de l’époque, alors que cela insiste sur l’idée d’un basculement d’une identité de criminelle qui était enfermée, maltraitée, enchaînée à une identité de patiente, de malade dont il faut prendre soin et tenter de guérir à travers son hospitalisation[66]. Grâce à l’application de plus en plus marquée des idées des Lumières pendant la Révolution pour concorder aux déclarations d’universalisme et de bien-être pour tous les citoyens promus par les révolutionnaires, les insensées sont alors perçues guérissables[67].

    Dans les journaux, il n’est plus question uniquement d’idées, mais bien d’actions concrètes comme la mise en place de nouveaux soins. Ainsi, l’identité de malade de ces femmes a suffisamment pénétré les esprits pour qu’ils soient apportés et que ces actions soient louées dans les journaux par la suite[68] Un traitement des femmes insensées est indiqué, illustrant que leur état de santé mentale est perçu comme un élément dont il faut guérir. Par exemple, Pinel affirme que les insensés peuvent être guéris et propose le traitement moral qui rejette plusieurs traitements physiques considérés barbares pour favoriser le dialogue avec les insensés et faire appel à leur raison. Celui-ci est appliqué dès 1801 à la Salpêtrière  D’autres modifications concernant leurs conditions de vie sont également observées. Les aliénées sont séparées des autres groupes à partir du début du XIXe siècle. Dans les journaux, les auteurs des articles vantent énormément la séparation des insensées selon leur diagnostic, afin qu’elles aient des loges et des cours séparées[70]. L’insistance sur les modifications et les nouvelles idées de traitement permet de mettre en lumière l’idée que ces femmes sont maintenant vues d’abord et avant tout au travers de leur santé mentale.

    Le genre et la folie sont alors des facteurs qui interagissent en ce qui concerne les femmes internées à la Salpêtrière. En effet, les causes d’internement, les traitements et les représentations de la folie de ces insensées sont alors basés sur le genre féminin, car ces éléments ne renvoient pas qu’au sexe comme construction biologique, mais à la culture dans laquelle évoluent les Parisiens[71]. Elle est alors définie selon les normes intériorisées par des médecins issus de la bourgeoisie qui craignent un bouleversement d’un ordre social qui les avantage dans un Paris agité[72]. Ainsi, le discours médical de l’époque moderne explique la folie féminine à partir de la nature même des femmes dans un monde prônant un ordre rationnel mis en place par des hommes[73]. Les rôles que doivent endosser les femmes sont donc au cœur des représentations de la folie féminine, comme l’illustre le cas d’une maternité divine visible dans les journaux[74]. Ce fanatisme est perçu au travers de leur corps et les femmes sont perçues comme tombant plus facilement dans les excès religieux[75]. C’est bel et bien en tant que femmes que les insensées de la Salpêtrière sont internées, traitées et médiatisées.

    À partir de 1814, la Salpêtrière obtient un statut universel dans son rôle pour la guérison des aliénées, qui se reflète dans les journaux. Lorsqu’il est question de la Salpêtrière dans les journaux, ceux-ci abordent dans 86,67% des cas les visites de personnes influentes comme l’Empereur Alexandre de Russie et Marie-Thérèse de France qui viennent observer la situation des insensées[76]. La visite de l’empereur illustre l’idée que ces femmes sont vues au travers de leur genre et des idées associées à celui-ci. En effet, une « des sœurs qui montraient à ce monarque quelques folles par amour, lui dit : “Sire, il y eu aurait bien davantage en France si vous y restiez” »[77]. Les femmes qui, dans la société française, sont alors fortement reliées à l’amour, voire à une solitude affective pour les célibataires[78], sont les seules malades présentées dans les articles abordant la visite de l’empereur[79]. Ainsi, les femmes internées à la Salpêtrière sont vues au travers une identité de patiente médicale à travers l’ensemble de la France et même au-delà des frontières françaises.

    En quelques mots, les femmes internées à la Salpêtrière sont dépeintes dans les journaux comme des malades, des patientes dont il faut guérir leur santé mentale à partir de la fin du XVIIIe siècle. Progressivement, cette identité va s’approfondir et se préciser, alors que des diagnostics et des traitements précis seront exposés dans les journaux. Cela s’explique par la popularité grandissante de Philippe Pinel. À la toute fin de la période à l’étude, ce statut sera omniprésent, pour ne pas dire exclusif. En effet, à partir de 1814, il est uniquement question de visites de personnes qui viennent observer ces insensées.

     

    Conclusion

    Pour conclure, ces identités marginales permettent de mettre en lumière un pan de l’histoire qui est traditionnellement négligé grâce à l’intersectionnalité qui est une critique de l’homogénéisation qui s’est faite à travers le temps comme celle qui omet les femmes et les personnes victimes de santé mentale pour raconter la version de l’élite patriarcale. Nous avons observé que les femmes internées à la Salpêtrière endossent une identité de criminelle sous l’Ancien Régime et pendant les premières années de la Révolution française, mais que celle-ci est progressivement rejetée, alors que l’identité de patiente aliénée devient l’identité principale médiatisée dans les journaux à partir de la toute fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle. La renommée du pouvoir médical imposé aux femmes insensées de la Salpêtrière est telle que le gouvernement tente de limiter la prise en charge étatique de ces femmes aux aliénées de la capitale. En effet, à la toute fin de l’année 1815, sous la Seconde Restauration, un décret est mis en place contrôlant l’internement de femmes vivant à l’extérieur du département de la Seine et celui-ci est diffusé dans la presse française[80]. Ainsi, une nouvelle transition est peut-être en train de s’observer ?

    Références

    [1] Jean-Pierre Carrez, Femmes opprimées à la Salpêtrière de Paris (1656-1791), Paris, Éditions Connaissances et Savoirs, 2005, p. 9.

    [2] Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, suivi de mon corps, ce papier, ce feu et la folie, l’absence d’œuvre, Paris, Gallimard, 1972, 2e édition (1961), p. 90.

    [3] Si ce terme est chargé négativement, il sera employé dans le présent mémoire, car il s’agit d’une étude des représentations et que ce terme est présent dans les journaux pour désigner les femmes internées à la Salpêtrière.

    [4] Jean-Pierre Carrez, op. cit., p. 9.

    [5] Arlette Farge, Paris au siècle des Lumières, Paris, Le Robert, 2017, p. 142.

    [6] Arnaud Fossier, « Le grand renfermement », Tracés. Revue de sciences humaines, n° 1, 2002, p. 2.

    [7] Arlette Farge, op. cit., p. 142.

    [8] Dora Weiner, « Les femmes de la Salpêtrière : trois siècles d’histoire hospitalière parisienne », Gesnerus, n° 52, 1995, p. 26-28.

    [9] Ibid., p. 32.

    [10] Dora Weiner, The Citizen-Patient in Revolutionary and Imperial Paris, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1993, p. 13-14.

    [11] Dora Weiner, « Les femmes de la Salpêtrière », loc. cit., p. 33.

    [12] Michel Foucault, op. cit., p. 189.

    [13] Jean-Pierre Carrez, « La Salpêtrière de Paris sous l’Ancien Régime : lieu d’exclusion et de punition pour femmes », Criminocorpus, varia, 2008, p. 7.

    [14] Marie-Claude Dinet-Lecompte, « Les hôpitaux sous l’Ancien Régime : des entreprises difficiles à gérer? », Histoire, Économie et Société, vol. 18, n° 3, 1999, pp. 527-545; Nicolas Sainte Fare Garnot, « L’Hôpital général de Paris. Institution d’assistance, de police, ou de soins ? », Histoire, Économie et Société, vol. 3, n° 4, 1984, pp. 535 à 542; Maximilien Vessier, La Pitié-Salpêtrière : quatre siècles d’histoire et d’histoires, Paris, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 1999. 

    [15] Sébastien Hébert, « Représentations et traitement de la folie en France aux XVIIe et XVIIIe siècles : vers l’adoption d’une approche humaniste », mémoire de maîtrise (histoire), Université de Sherbrooke, 2015.

    [16] Laurent Soulayrol, Les Mémoires d’une aliénée d’Hersilie Rouy : vers de nouvelles perspectives, Paris, L’Harmattan, 2015.

    [17] Yannick Ripa, La ronde des folles : femmes, folie et enfermement au XIXe siècle, Paris, Aubier Montaigne, 1992.

    [18] Ibid., p. 21.

    [19] Dora Weiner, The Citizen-Patient in Revolutionary and Imperial Paris, op. cit.

    [20] Jan Goldstein, Console and Classify: the French Psychiatric Profession in the Nineteenth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 1987; Jessie Hewitt, Institutionalizing Gender: Madness, the Family, and Psychiatric Power in Nineteenth-Century France, Ithaca, Cornell University Press, 2020; Yannick Ripa, op. cit.

    [21] Michel Foucault, op. cit.

    [22] Mélanie Fernandes, « Les représentations de la folie féminine dans la littérature française du XXe et du XXIe siècle », mémoire de maîtrise (littérature), Université du Luxembourg, 2020.

    [23] Bibliothèque nationale de France, RetroNews [site Web], consulté le 25 juillet 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [24] Ibid., p. 18-19.

    [25] Ibid.

    [26] Dominique Kalifa, et al., dir., « Introduction », dans Dominique Kalifa, et al., dir., La civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Nouveau Monde éditions, 2011, p. 13.

    [27] Vincent Robert, « Lois, censure et liberté », dans Dominique Kalifa, et al., dir., op. cit., p. 74.

    [28] Lucien Bély, La France moderne, 1498-1789, Paris, Presses Universitaires de France, 2013, 2e édition (1994), p. 599.

    [29] Bibliothèque nationale de France, Gazette nationale ou le Moniteur universel [site Web], consulté le 1er août 2022, <https://www.retronews.fr/titre-de-presse/gazette-nationale-ou-le-moniteur-universel>; Bibliothèque nationale de France, Mercure de France [site Web], consulté le 1er août 2022, <https://www.retronews.fr/titre-de-presse/mercure-de-france-1724-1791>; Bibliothèque nationale de France, Le Journal de Paris [site Web], consulté le 1er août 2022, <https://www.retronews.fr/titre-de-presse/journal-de-paris>; Bibliothèque nationale de France, Bulletin de la Convention nationale [site Web], consulté le 1er août 2022, <https://www.retronews.fr/titre-de-presse/bulletin-de-la-convention-nationale-0>.

    [30] Sheldon Stryker et Peter Burke, « The Past, Present, and Future of an Identity Theory », Social Psychology Quarter, vol. 63, n° 4, 2000, p. 288-292.

    [31] Kimberlé Crenshaw, « Demarginalizing the Intersection of Race and Sex : a Black Feminist Critique of Discrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Practice », University of Chicago Legal Forum [forum], vol. 1989, n° 1, 1989, sur le site Chicago Unbound, consulté le 10 décembre 2021, <https://chicagounbound.uchicago.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1052&context=uclf>.

    [32] Sirma Bulge, « Théories féministes de l’intersectionnalité », Diogène, vol. 1, n° 225, 2009, p. 70-71.

    [33] Pour en savoir plus, voir: Déborah Cohen, La nature du people. Les formes de l’imaginaire social (XVIIIe – XXIe siècles), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2010.

    [34] CNRTL, « FOLIE : Définition de FOLIE », CNRTL, consulté le 28 novembre 2021, <https://www.cnrtl.fr/definition/folie>.

    [35] Yannick Ripa, op. cit., p. 21.

    [36] Michel Foucault, op. cit., p. 120.

    [37] Ibid., p. 71.

    [38] Ibid., p. 72-73.

    [39] Par exemple, voir « DE PARIS, le 2 Août. Lettres-Patentes du Roi, portant prorogation pendant trois ans, des droits d’Octrois accordés à l’Hôpital Général & à celui des Enfans-Trouvés de la Ville de Paris, données à Versailles le 22 Juillet 1780. », Gazette du commerce [article numérisé], n° 64, 8 août 1780, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « De Paris, le 1.er Août 1780. », La Gazette [article numérisé], n° 61, 1er août 1780, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « ADMINISTRATION. Note des Rédacteurs du Journal. », Journal de Paris [article numérisé], n° 218, 5 août 1780, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « FRANCE. DE VERSAILLES, le 8 Août. », Mercure de France [article numérisé], 12 août 1780, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [40] Ibid., p. 124.

    [41] Yannick Ripa, op. cit., p. 44-45.

    [42] « VARIÉTÉS. MAISONS DE FORCE. », Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 4, 4 janvier 1791, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [43] Jean-Pierre Carrez, op. cit., p. 9.

    [44] Marc Renneville, « La dangerosité en psychiatrie : perspective historique », Cahier d’études pénitentiaires et criminologiques, n° 37, 2011, p. 1-2.

    [45] Académie française, « HÔPITAL », Dictionnaire de l’Académie française, 4e édition (1762), sur le site ARTFL, consulté le 3 août 2022, <https://portail.atilf.fr/cgi-bin/dico1look.pl?strippedhw=hopital#ACAD1762>.

    [46] Michel Foucault, op. cit., p. 72-73.

    [47] « ASSEMBLÉE NATIONALE. Séance du samedi 20 au matin. », Gazette de Paris [article numérisé], 24 novembre 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [48] Gilles-Antoine Langlois et Anne-Sophie Pimpaud, La Pitié-Salpêtrière, Paris, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, 2012, p. 67.

    [49] Par exemple, voir « PIÈCES JUSTIFICATIVES », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], 31 décembre 1789, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « SÉANCE DU MARDI 23 NOVEMBRE. », Gazette nationale ou le Moniteur universel  [article numérisé], n° 328, 24 novembre 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « Séance du 23 novembre, 1790 », Journal des États généraux convoqués par Louis XVI [article numérisé], vol. 18, n° 5, 23 novembre 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [50] Gilles-Antoine Langlois et Anne-Sophie Pimpaud, op. cit., p. 127.

    [51] « TRAITÉ des Scophules, vulgairement appelées Écrouelles, ou Humeurs froides, par M. Pierre Lalouette, Docuteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, & Chevalier de l’Ordre du Roi. A Paris, chez P. F. Didot le jeune, Libraire, quai des Augustins. 1780. in-12. 333 pag. 2 liv. 5 fois broché. », Mercure de France [article numérisé], 2 septembre 1780, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [52] « MOTIFS ET PLAN D’ÉTABLISSEMENT dans l’Hôpital de la Salpêtrière, d’un Séminaire de Médecine pour l’enseignement des Maladies des femmes, des Accouchemens, & de la conservation des enfans; présenté à l’Assemblée Nationale par M. Alphone Leroy, Doctuer-Régent, & Professeur en la Faculté de Médecine de Paris. De l’Imprimerie de Didot fils aîné, rue Pavée-Saint-André-des-Arts; & se trouve à Paris, chez Lecler, Libraire, quai des Augustins. », Mercure de France [article numérisé], n° 49, 4 décembre 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « MOTIFS et plan d’établissmenet, dans l’Hôpital de la Salpêtrière, d’un Séminaire de Médecine pour l’enseignement des Maladies des femmes, des Accouchemens, & de la conservation des enfans; présenté à l’Assemblée Nationale par M. Alphone Leroy, Doctuer-Régent, & Professeur en la Faculté de Médecine de Paris. De l’Imprimerie de Didot fils aîné, rue Pavée-Saint-André-des-Arts; & se trouve à Paris, chez Lecler, Libraire, quai des Augustins. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 359, 25 décembre 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [53] Dora Weiner, The Citizen-Patient in Revolutionary and Imperial Paris, op. cit., p. 41.

    [54] Ibid., p. 44.

    [55] Gilles-Antoine Langlois et Anne-Sophie Pimpaud, op. cit., p. 66.

    [56] Dora Weiner, The Citizen-Patient in Revolutionary and Imperial Paris, op. cit., p. 80.

    [57] Gilles-Antoine Langlois et Anne-Sophie Pimpaud, op. cit., p. 68.

    [58] « DÉPÔT DE MENDICITÉ. », Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 6, 6 janvier 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [59] « DÉPÔT DE MENDICITÉ. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 6, 6 janvier 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « ADMINISTRATION. MUNICIPALITÉ DE PARIS. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 93, 3 avril 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « FRANCE. Copie de la lettre écrite par le Comité de mendicité, à M. Duport, ministre de la justice. », Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 354, 20 décembre 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « Municipalité de Paris », Courrier extraordinaire, ou Le Premier Arrivé [article numérisé], 4 avril 1790, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [60] « Séance du 25 Frimaire », Journal des débats et des décrets [article numérisé], n° 813, 15 décembre 1794, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « CONVENTION NATIONALE. Séance du 25 frimaire. PRÉSIDENCE DE REWBEL. », Mercure universel [article numérisé], n° 1373, 16 décembre 1794, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « CONVENTION NATIONALE. PRÉSIDENCE DE REWBEL. Séance du 25 Frimaire. », Journal de Paris [article numérisé], n° 86, 16 décembre 1794, <https://www.retronews.fr/>.

    [61] Dora Weiner, The Citizen-Patient in Revolutionary and Imperial Paris, op. cit., p. 100.

    [62] « Séance du Nonidi 9 Thermidor », Journal des débats et des décrets [article numérisé], n° 676, 28 juillet 1794, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [63] « HOSPICES DE PARIS. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 306, 25 juillet 1802, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [64] Georges Lantéri-Laura, « Culture et sémiologie psychiatrique », L’évolution psychiatrique, n° 69, 2004, p. 6.

    [65] Jean Garrabé, « Philippe Pinel (1745–1826) », Annales médico-psychologiques, n° 167, 2009, p. 96-97.

    [66] Dora Weiner, The Citizen-Paitent in Revolutionary and Imperial Paris, op. cit., p. 257.

    [67] Ibid., p. 177.

    [68] Par exemple, voir « NOUVELLES DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS. », Journal de Paris [article numérisé], n° 74, 14 mars 1808, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « Sciences », Gazette nationale de France [article numérisé], 31 mai 1809, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « SCIENCES. », Gazette de France [article numérisé], n° 8, 8 janvier 1810, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [69] Jean Garrabé, loc. cit., p. 96-97.

    [70] Par exemple, voir « HOSPICES DE PARIS. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 306, 25 juillet 1802, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « HOSPICES CIVILS. Notice sur l’état actuel de l’Hospice de la Salpêtrière. (Extrait de la deuxieme édition de la Médecine clinique, etc., par Ph. Pinel.) », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 72, 3 décembre 1804, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « PHILOSOPHIE MÉDICALE. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 95, 4 avril 1812, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [71] Joan Scott, « Le genre : une catégorie d’analyse toujours utile? », Diogène., vol. 1, n° 255, p. 5.

    [72] Yannick Ripa, op. cit., p. 21.

    [73] Ibid., p. 28.

    [74] « SÉANCE DU 27 PRAIRIAL. Présidence de Maximilien Robespierre. », Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 269, 17 juin 1794, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [75] Yannick Ripa, op. cit., p. 75.

    [76] Par exemple, voir [s.t.], Journal de Paris [article numérisé], n° 99, 9 avril 1814, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « PARIS, 13 avril. », Gazette de France [article numérisé], n° 104, 14 avril 1814, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « FRANCE. PARIS, 6 janvier. », Journal des débats politiques et littéraires [article numérisé], 7 janvier 1815, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>; « PARIS, 7 janvier. », Journal de Paris [article numérisé], n° 7, 7 janvier 1815, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.

    [77] Yannick Ripa, op. cit., p. 75.

    [78] Ibid., p. 71.

    [79] Par exemple, voir : [s.t.], Journal de Paris, loc. cit.

    [80] « PARIS, 16 décembre. », Journal de Paris [article numérisé], n° 350, 16 décembre 1815, sur le site RetroNews, consulté le 3 août 2022, <https://www.retronews.fr/>.