Les femmes et la dynamique de genre dans le Mexique révolutionnaire et postrévolutionnaire

Nicolas Lessard
Candidat à la maîtrise en histoire à l’Université de Sherbrooke.

Biographie: Nicolas Lessard est présentement candidat à la maîtrise en histoire à l’Université de Sherbrooke. Il s’intéresse à la métallurgie à l’époque coloniale française, plus précisément durant la première tentative coloniale de Cartier et de Roberval.

Résumé: 

Mots-clés : Mexique, femmes, révolution, représentations, genre, soldadera, Mexique révolutionnaire, féminisme, Mexique postrévolutionnaire.

 

Table des matières
    Add a header to begin generating the table of contents

    Introduction

    Bien qu’elle fût chaotique, imprécise, voire désorientée, la Révolution mexicaine est tout de même considérée comme l’une des plus importantes révolutions, au sens large du terme, à avoir ébranlé le 20e siècle. Elle joua également le rôle d’un précurseur dans ce qu’allait devenir le 20e siècle latino-américain. Cette révolution a une place particulière dans l’histoire mexicaine, et a donné naissance à une prodigieuse historiographie. Ainsi, on se souvient des Emiliano Zapata et des Pancho Villa de ce monde, sans oublier ceux qui ont participé activement à la Révolution à leurs côtés. Cependant, comme toute révolution, conflit ou changement de système auquel il est possible de se référer dans l’histoire, la Révolution de 1910-1919 n’est pas exempte de questions d’identité et de genre. Dans les années 1910, ces questions évoluent et se distordent au sein d’une nation en pleine mutation. Parmi tous les combattants qui participèrent au conflit, que ce soit au Nord avec Villa[1], au Sud avec Zapata[2] ou bien dans les rangs des madéristes[3], les femmes étaient présentes en quantité non négligeable. Aujourd’hui, il est difficile de nier l’implication et la participation des femmes à la Révolution. Néanmoins, les proportions de cette participation sont moins bien définies. Dans cette optique, des questions se présentent à la discipline historique. Quelle fut la portée de leur influence au sein des mouvements révolutionnaires ? De quelles manières ont-elles modelé les rébellions ? Quels furent l’impact et l’influence de celles-ci sur la naissance et l’évolution du féminisme mexicain dans les décennies suivantes ?  Le texte suivant a comme objectif de montrer toute l’importance et l’influence des femmes pour la Révolution, ainsi que l’impact que cette situation a eu ensuite sur les mouvements féministes mexicains dans les décennies postrévolutionnaires. Dans un premier temps, il sera question des femmes accompagnant les troupes révolutionnaires appelées soldaderas[4], ainsi que des femmes ayant, à proprement parler, pris les armes. Dans un second temps, la question du genre et des relations entre révolutionnaires masculins et féminins sera abordée. Finalement, une analyse de l’impact des femmes de la Révolution sur le féminisme permettra de jeter un coup d’œil sur la pérennité de ces femmes dans la société mexicaine.

    Carte 1. Zone d’influence et d’occupation des troupes carransistes et villilistes/zapatistes, Jean-André Meyer et Gilles Bataillon, La révolution mexicaine, Paris, Tallandier, 2010, Éd. Revue et augmentée, p.58.

    Les femmes et leurs rôles dans la Révolution

    Il est important, pour commencer, de comprendre le ou plutôt, les rôles qu’ont joués certaines femmes dans la Révolution. Deux volets peuvent être explorés. Le premier concerne les femmes suivant les combattants révolutionnaires et servant souvent de personnel de soutien, appelées la majorité du temps soldaderas. Le second concerne les femmes combattantes, et qui ont pris part aux combats au même titre que les hommes. La nuance entre les deux types de combattantes peut sembler ténue, mais elle est pourtant essentielle pour comprendre l’implication des Mexicaines au sein des troupes révolutionnaires.

     

    Les soldaderas, femmes de la Révolution

    Nombre de femmes ont suivi les hommes au combat. Il en fut ainsi qu’on s’intéresse aux troupes madéristes, zapatistes (même s’ils constituent une singularité, mais nous y reviendrons plus tard), villilistes ou bien à l’armée nationale. Dans ce contexte, la gent féminine a rempli une multitude de tâches très variées[5]. Elle pouvait ainsi être affectée à des tâches de soutien aux troupes, comme infirmière de campagne[6] ou bien comme cuisinière[7] par exemple et, dans certains cas, même porter les armes (voir Figure 1 et Figure 4)[8]. Les motivations de ces femmes étaient toutes aussi multiples et différentes que leurs tâches, quelle que soit leur provenance.

    Certaines femmes ont dû, du moins on peut le penser, rejoindre la cause par simple volonté d’y participer. Leurs partages des idées de la Révolution avec les troupes révolutionnaires a fort probablement eu un impact dans leur implication pour la cause. Cependant, il ne s’agissait nullement de l’unique raison pouvant expliquer leur présence dans les armées. Pour certaines, il devenait plus sûr de se joindre aux combattants que d’être isolées au milieu du Mexique révolutionnaire. Il s’agissait, dès lors, de trouver une forme de protection auprès de l’un des camps prenant part au conflit[9].

    D’autres s’engageaient dans l’espoir de profiter de meilleures conditions aux côtés des troupes. Les femmes provenant de milieux pauvres ou marginalisés voyaient, dans le service rendu à l’armée nationale surtout, la possibilité d’améliorer considérablement leur sort[10]. Un grand nombre le faisait également dans l’idée de suivre leur mari parti à la guerre, plutôt que de rester seule dans un Mexique en pleine crise. Il en était probablement ainsi pour un grand nombre d’entre elles, peu importe leur statut social ou économique.[11]

    Lors des phases plus tardives de la Révolution, la réalité des combats et des armées modifia le système d’enrôlement des femmes parallèlement à celui des hommes. La mise en place d’un système de service obligatoire instaura, dans les rangs, une nouvelle catégorie de femmes combattant par obligation, non pas par conviction ou par intérêt personnel[12]. Cette situation est devenue la norme surtout dans l’armée gouvernementale sous la direction de Huerta, au milieu des années 1910. À partir de ce point de bascule, sous la contrainte, « les femmes étaient envoyées au travail dans les poudrières de l’État ou bien envoyées au front pour servir de cuisinière aux hommes du rang[13] ». Il est important de mentionner ici que, dans les rangs de l’armée gouvernementale, le rôle des femmes est indissociable de la dynamique des genres. Les femmes sont ainsi tenues à un rôle totalement genré, à même titre que les hommes[14]

    Concernant les armées révolutionnaires, la provenance des femmes combattantes après 1913 est quelque peu différente. Le recrutement des femmes pouvait se faire d’une manière plutôt singulière. Nombre de troupes de révolutionnaires récupéraient les laissées pour compte, surtout les femmes, de l’armée fédérale et les recrutaient dans leurs rangs[15]. Ainsi, les soldaderas laissées derrière par l’armée lors du repli de celle-ci se retrouvaient à servir la cause révolutionnaire plus ou moins malgré elles.

    Il existe cependant une exception de taille dans l’ensemble des groupes ayant participé à la Révolution. Les mouvements zapatistes du Sud, malgré leur importance dans les événements des années 1910, n’eurent jamais d’arrière-garde féminine pour les accompagner, contrairement aux autres armées. La proximité des troupes avec les villages et les hameaux les soutenant leur permit de se débrouiller pour obtenir du soutien auprès des femmes sans jamais amener celles-ci à suivre les troupes. Malgré un fonctionnement relatif, cette manière de procéder ne permit jamais aux mouvements zapatistes de se développer en une armée organisée, voire conventionnelle, comme ce fut le cas pour d’autres mouvements révolutionnaires[16].

    Le rôle de soutien, même s’il était d’une importance cruciale pour les armées organisées incluses dans le conflit, fut un rôle d’une grande polyvalence. Les femmes pouvaient ainsi remplir le rôle de soutien parallèlement au rôle de combattante. En effet, « peu importe leur appartenance, les femmes participantes à la Révolution accomplissaient n’importe quel rôle qui leur était donné — elles combattaient, trouvaient de la nourriture, cuisinaient, soignaient les blessées, et performaient toutes sortes d’autres services essentiels…[17] ».

     

    Les femmes combattantes

    Loin d’être limitées uniquement à des tâches de soutiens, certaines femmes combattirent dans les rangs des différents camps ayant participé à la Révolution. Portant la majorité du temps le nom de soldaderas lorsqu’elles participaient à la Révolution, parfois d’autres surnoms tels que Adelitas[18], elles furent un élément actif de l’ensemble des bouleversements politiques qui marquent les années 1910 au Mexique. Elles furent d’ailleurs remarquées de manière assez importante. Un exemple frappant de la présence et de la visibilité des femmes de la Révolution, à l’époque même du conflit, se matérialisa à travers l’entrée triomphale des révolutionnaires dans la ville de Mexico, en juin 1911[19], après la chute brutale de Porfirio Diaz et de son gouvernement, mettant définitivement fin à la période dite du porfiriat[20]. Les observateurs eurent la possibilité, à ce moment, d’assister « à l’étrange spectacle d’une cavalière pourtant des vêtements d’homme, brandissant son sabre tout en dirigeant son escorte. Esperanza Echeverria de Yautepec, dans le Morelos, causa tellement de remous qu’elle traversa l’entièreté de la parade constamment entourée par une foule de reporters et de photographes[21] ». Loin d’être anodin, l’événement cité précédemment démontre la présence de femmes, dont certaines à des échelons de commandement élevés. La mention d’une escorte[22], dans l’écrit de Andrés Reséndez Fuentes, permet d’affirmer que certaines femmes avaient, dès 1911, combattu et même monté dans les grades des troupes révolutionnaires. Il ne s’agissait pas cependant, au tout début de la guerre, d’un spectacle fréquent, puisque la participation des femmes était encore au stade embryonnaire[23] et augmenta à partir du coup d’État orchestré par Victoriano Huerta en février 1913 contre le gouvernement madériste[24]

    Il est important de comprendre qui étaient ces femmes et quelles identités sociales elles portaient en elles-mêmes. Elles étaient majoritairement des femmes issues de catégories sociales aux plus bas de la pyramide socio-économique, puisque « la majorité des soldaderas ayant rejoint les lignes de front de la Révolution étaient des mestizas (métisses) ou des femmes autochtones[25] ». Majoritairement, les femmes combattantes viennent de cette catégorie de la population, « indienne » et métisse, mais surtout paysanne, qui a été mise de côté, pour ne pas dire complètement ignorée, à la fin du Porfiriat[26]. D’ailleurs, la population mexicaine de l’époque comportait environ 15 % d’autochtones[27], ce qui en faisait un groupe bien implanté sur le territoire. Ainsi donc, ces femmes proviennent en majorité de ces populations qui ont été négligées par l’élite mexicaine et son processus d’industrialisation.

    Ces femmes, comme mentionné précédemment, pouvaient servir la cause révolutionnaire par toutes sortes de moyens, qui incluaient le combat armé au côté des troupes, mais également toutes sortes d’autres tâches de soutien et de logistique nécessaires à la survie d’une armée organisée et fonctionnelle. Il existe plusieurs exemples de ces femmes ayant pris les armes dans la Révolution, comme celui de Esperanza Echeverria[28].

    En plus de combattre ou de faire leur part à travers des tâches de soutiens diverses, certaines femmes, malgré un climat sexiste typique de l’époque (lequel sera détaillé davantage plus tard dans le texte), purent obtenir des postes de commandement au sein des armées révolutionnaires. Le cas de Rosa Bobadilla est un bon exemple. Bobadilla fut d’une certaine importance dans le Morelos, où elle prit le commandement d’un groupe de cavalerie[29]. D’autres noms ont également marqué le souvenir de la Révolution, comme celui de Clara de la Rodia ou bien Carmen Parra, qui combattirent respectivement à Culiacan et Ciudad Juarez[30].

     

    Impact direct des femmes et question de genre

    Il est incontestable que les femmes, peu importe leur provenance sociale ou leur identité, ont joué des rôles plus que vitaux à la Révolution. La participation des femmes est grandement liée aux rapports de genres. Ces mêmes rapports, en raison de la présence importante des femmes, ont fortement marqué la Révolution.

     

    La question du genre et la Révolution

    Dans l’ensemble, le Mexique de l’époque peut être considéré comme une nation où les genres binaires sont omniprésents, comme c’était probablement le cas pour la majorité des États de l’époque. Le rôle des genres, défini de manière claire et précise, est observable dans de nombreux aspects de la Révolution. D’abord, dans la division et la répartition des rôles dans les armées, aucune parité n’est observable. On a fait remarquer précédemment que les femmes étaient surtout tenues à un rôle de soutiens, suivant les troupes avec leurs enfants tout en s’occupant de tâches diverses, alors que les hommes combattaient[31]. Cas exceptionnel, les combattants dans le nord du pays, entre 1910 et 1912, ne semblaient pas avoir de distinction de genre très prononcée concernant les tâches. Cependant, cette situation ne durera pas et les tâches seront ensuite réparties conformément au genre alors que les révolutionnaires gagnent en moyens et en organisation[32]. En effet, il semble que, pour une majorité de soldaderas, la possibilité d’échapper à leur rôle genré et d’être réellement au front passait par une identité masculine[33]. Plus précisément, à travers les images de la Révolution, les femmes sont aperçues « tenant un sac d’épicerie ou donnant un Mauser et une ceinture de balle à leur homme. Avec leurs jupes de percale et leurs chapeaux de paille, leurs rebozos, et un regard narquois dans leurs yeux sombres, elles ne ressemblent en rien aux femmes effrontées, vulgaires et [fortes de voix] dépeintes par certains auteurs ayant écrit sur la Révolution mexicaine. Bien au contraire, ces soldaderas restent discrètement en arrière-plan ; quand elles sont sur la ligne de front, c’est parce qu’elles ont choisi de s’incarner en homme[34] ». Les femmes sont donc, la plupart du temps, contraintes à jouer un rôle dit « de femme », et le rôle de combattante n’est accessible qu’à travers un processus de travestissement. Cependant, la masculinisation de ces femmes fut perçue comme une menace à la création de la nation mexicaine dans les décennies qui suivirent[35].

    Dans ce même ordre d’idée, les sources photographiques confirment à quel point leurs rôles dans les troupes sont indissociables de leur identité de genre. La Figure 1, présentée ci-dessous, montre une femme affairée à la préparation de la nourriture dans un camp militaire américain, comme l’indique un jeune militaire en uniforme à l’arrière-plan[36]. L’élément le plus important à observer est l’occupation à laquelle s’adonne la femme ainsi qu’au positionnement des hommes par rapport à celle-ci.

    Premier élément majeur, des individus présents, la femme est la seule à prendre part activement à la préparation alimentaire[37]. Cette photographie est révélatrice du rôle des femmes dans le cadre militaire, qui demeure conforme au rôle plus largement assigné aux femmes dans la société de l’époque.

    Le second élément important à souligner est la présence des figures masculines, plus précisément leur positionnement, leur posture et leurs occupations. Que cela découle d’un choix artistique ou non, la femme apparaît ainsi en position d’infériorité, voire de soumission par rapport aux hommes qui l’entourent. Les hommes sont placés autour de la femme, debout, alors que celle-ci est au sol[38]. De plus, ceux-ci ne participent aucunement à la tâche de soutien présenté dans la Figure 1[39]. Même s’il s’agit d’une photographie d’un camp de l’armée américaine[40], laquelle soutenait le général révolutionnaire Carranza en 1914[41], celle-ci est tout de même révélatrice de la réalité de la plupart de femmes dans un contexte militaire.

     

    Figure 1. Library Of Congress, « [Mexican men and woman assisting Army cook at U.S. Army tent camp in Mexico] », Librairie du Congrès, C. 29 janvier 1914, [S.L].

     

    Certains cas de combattants travestis sont présents dans la mémoire de la Révolution et de ses participants et participantes. L’un des cas les plus célèbres est celui d’Amelio Robles, entré dans la Révolution en tant que femme et ressorti en tant qu’homme. D’après la célèbre photo représentée en Figure 1[42] ci-dessous, Robles est ainsi d’écrit par Gabriela Cano : « La pose avec un cigare allumé suggère une touche cosmopolite, alors qu’on exhibe le pistolet, substitue moderne du sabre et l’arme de prédilection pour les duels de ce début de siècle, symbolisant la virilité du sujet[43] ». Cette conception de la virilité, de la masculinisation de cette femme combattante, est d’une grande importance pour comprendre les rapports de genre dans la Révolution.

     

    Figure 2. Amelio Robles Avila. CANO, Gabriela. «Amelio Robles, masculinidad (transgénero) en la Revolución mexicana», s.d., p. 30.

     

    L’exemple précédent montre à quel point il est nécessaire pour les femmes, si elles veulent combattre et monter dans les rangs, de se travestir. L’objectif d’un tel geste, à la fois symbolique et concret, sans compter que cette méthode était adoptée par un certain nombre de femmes, était double. D’une part, ceci permettait d’accéder à des rangs militaires et de combattre. D’autre part, cet aspect masculin permettait probablement à certaines femmes d’éviter les violences sexuelles, courantes lors des conflits armés[44].

    Les relations entre les hommes et les femmes

    L’importance du genre pour les femmes combattantes éclaire également un autre aspect primordial de la Révolution : le rapport entre l’homme et la femme, entre le masculin et le féminin. Les conceptions genrées typiques de l’époque jouent un rôle important dans les relations entre les hommes et les femmes au sein des mouvements révolutionnaires mexicains.

    Durant les années de la Révolution et lors des deux décennies qui suivirent celle-ci, les hommes et les femmes révolutionnaires furent très loin d’être dépeints comme des semblables ou des égaux. Le cas de « La Adelita », figure semi-mythique de la Révolution popularisée par la chanson du même nom, fait apparaître ce phénomène avec force. En observant « La Adelita » décrite dans le livre Francisco Villa y la « Adelita », écrit par Baltasar Dromundo en 1936, l’auteure Alicia Arrizòn fit le constat suivant :

    « [dans cette version] les actions de Villa incarnent la représentation du pouvoir masculin comme l’une des forces générant sa condition de macho et, bien sûr, historiquement parlant, de général […] Dans la narration de Dromundo, cette loi paternaliste semble supporter l’association du pouvoir avec la masculinité et le rôle de Villa comme général. La relation bipolaire entre Francisco Villa et Adelita est une dramatisation de la culture du clivage supériorité-infériorité — la disposition complexe de règles et de droits compris dans la position de “maître” (le général, l’homme) et la subordonnée (le soldat, la femme)[45] ».

    Dans ce contexte, on représente la femme, même si elle est combattante et soldate, comme inférieure par rapport à l’homme qui, paradoxalement, est tout-puissant. Adelita, malgré son importance en tant que symbole de la femme révolutionnaire, de la soldaderas, ne peut se mesurer, en termes de puissance, à l’homme, symbole par excellence de la Révolution[46].

    Cette conception se matérialise de différentes façons dans la réalité de la Révolution. Les soldaderas apparaissaient, de manières fréquentes, portant un bébé avec elle et dénommées par le surnom de mama[47]. Même en temps de révolution, elles sont donc associées à leur rôle de mère et à la maternité.

    Certaines images d’archives sont également révélatrices du rapport inégalitaire et genré qui marque les relations entre combattants et combattantes. La Figure 2[48] (voir l’image ci-dessous) démontre bien que la hiérarchisation entre les genres est une réalité fondamentale au sein des gens de la Révolution. Sur l’image, on peut apercevoir un groupe d’hommes et de femmes appartenant aux milieux révolutionnaires mexicains. Un second regard attentif permet également d’identifier Venustiano Carranza, homme et dirigeant de premier plan de la Révolution[49].

    Cependant, l’élément le plus intéressant est le positionnement des individus, ou plutôt des groupes d’individus, révélateur de la dynamique qui anime les relations entre les hommes et les femmes révolutionnaires. L’élément d’analyse réside ici dans la position des femmes au sol, en avant-plan, en comparaison des hommes à l’arrière, debout[50]. Ce genre de positionnement l’un par rapport à l’autre démontre très clairement une hiérarchisation basée sur le genre au sein des groupements révolutionnaire, ainsi que dans la représentation qu’on donne et surtout qu’on se donne. Plus important encore, il semble qu’on positionne la femme en situation d’infériorité par rapport à l’homme, phénomène visible dans le positionnement vertical des deux groupes[51].

     

    Figure 3. Library Of Congress, « Groups of people during the Mexican revolution: Group with Gen. Carranza in center posed on steps », Bibliothèque du Congrès, C. 1911-1914, [S.L.].

     

    L’accoutrement distinct est également un élément révélateur. Ce fait est notamment observable dans la Figure 4[52] et la Figure 5[53]. En plus de révéler des éléments purement matériels, comme l’armement, l’équipement et les mœurs vestimentaires, l’apparence physique des sujets photographiés permet d’établir les dynamiques des relations sociales. Les deux photographies représentent respectivement des femmes et des hommes armés. L’accoutrement des deux groupes marque cependant une différenciation de genre importante entre les deux types de participants à la Révolution. Les femmes sur la photographie portent des jupes ou des robes, habits traditionnellement féminins[54]. Sur la seconde photographie, les hommes portent plutôt un pantalon, un chapeau et pour certains, ce qui semble être des bottes militaires[55].

     

    Cette distinction en dit long. Les hommes ont ainsi cette tendance à se vêtir de manière masculine, mais les femmes, même en situation de combat, se voient imposer les standards visuels féminins.

     

    Figure 4. Library Of Congress, « Women revolutionists [Mexican Revolution; group of women and children wearing cartridge belts and pointing rifles] », Bibliothèque du Congrès, C. septembre 1911, [S.L.].

    Figure 5. Library Of Congress, « Rebelles carranziste près du Chihuahua », Bibliothèque du Congrès, 11 mars 1912, [S.L.].

     

    L’ensemble de photographie présenté précédemment révèle bien l’importance que le genre a sur les relations sociales au sein des mouvements qui composent la Révolution. La hiérarchisation de ces relations transparaît grandement dans les représentations photographiques comme dans la culture matérielle.

     

    Représentation et féminisme

    Les soldaderas et, de manière générale, les femmes ayant participé à la Révolution ont laissé un héritage important, qui se traduit par une présence dans l’art et la littérature, ainsi qu’un mouvement féministe d’ampleur.

    Représentation

    Les représentations, à travers la fiction, de la soldaderas ne manquent pas. Un exemple frappant de ces représentations réside dans le livre Chocolat Amer (Como agua para chocolate) de Laura Esquivel. Le roman propose une vue d’ensemble sur le Mexique de la Révolution avec une histoire tout droit sortie du réalisme magique typiquement latino-américain[56]. Plus particulièrement, le personnage de Gertrudis constitue une représentation positive, voire féministe, des femmes combattantes de la Révolution. Le personnage est décrit ainsi : « Elle était générale de l’armée révolutionnaire. Ce titre, elle l’avait acquis à la force du poignet, en multipliant les prouesses sur les champs de bataille. Elle avait le don du commandement, si bien qu’après être entrée dans l’armée, elle avait rapidement grimpé les échelons jusqu’au grade le plus élevé[57] ». L’ouvrage présente la révolutionnaire comme une femme forte, puissante, mais pas pour autant masculinisée. La femme est représentée comme étant forte dans sa féminité.

     

    Les mouvements féministes et la Révolution

    La Révolution fut un point marquant dans le développement des idées et des mouvements féministes mexicains. Dans le contexte révolutionnaire et de la décennie précédant le conflit armé, un certain nombre de femmes lettrées et intellectuelles développèrent des idées fondatrices pour le féminisme mexicain. L’une de ces femmes est Juana Belén Gutiérrez, journaliste et rédactrice de plusieurs journaux révolutionnaires des années 1900 et 1910[58]. Elle se fit beaucoup remarquer en dénonçant le régime de Diaz et « la réponse du dictateur fut de traiter Juana Gutiérrez de la même manière qu’il traitait les hommes ennemis de son régime. Elle fut jetée en prison plusieurs fois entre 1904 et 1920[59] ». Plus important encore, « c’est à partir des statuts de ces femmes que le mouvement féministe mexicain des années 1920 et 1930 tire toute sa puissance[60] ». C’est grâce à des femmes comme Juana Gutiérrez, déjà mentionnée plutôt, ou bien Leonor Villegas de Magnon, militante féministe et anti-porfiriat[61], qu’est né le féminisme postrévolutionnaire. D’autres femmes allumèrent l’étincelle du féminisme depuis l’étranger à travers des journaux, « appelant leurs [lectrices] à refuser la définition essentialiste qui décrit la femme mexicaine comme étant de seconde classe, servile et apolitique[62] ».

     

    C’est dans ce contexte et autour de ces femmes que s’est construit ce qui allait devenir le féminisme postrévolutionnaire. Il est important ici de mentionner que le féminisme mexicain n’est pas un cas isolé en Amérique latine. L’entièreté de l’Amérique hispanophone est alors ponctuée de mouvements féministes qui laissent leur trace tout au long du 20e siècle[63]. En effet, d’autres nations latino-américaines, comme le Nicaragua, le Guatemala ou le Pérou voient grandir, au sein de leur société, des mouvements féministes analogues à ceux mexicains[64]. Le cas mexicain n’est donc pas isolé.

     

    L’obtention du droit de vote pour les femmes, en 1937[65], démontre bien l’impact du féminisme révolutionnaire. Dans les décennies suivant la Révolution, les femmes, à travers les organes mis en place par la guerre révolutionnaire, comme le Parti national révolutionnaire et des organisations féministes, réussirent à obtenir leur droit de vote près de 20 ans après la fin de la Révolution[66]. Des exemples de femmes ayant cherché à participer au pouvoir lors de la période révolutionnaire et postrévolutionnaire permettent d’établir les fondements du féminisme et de la lutte des femmes postrévolutionnaire. L’exemple de la militante Maria del Refugio Garcia est évocateur. Elle s’éleva dans le visage politique du Mexique postrévolutionnaire avec grande difficulté, mais réussit à donner une visibilité aux femmes[67].

     

    Dans les années 1940 et 1950, le féminisme, produit incontestable de la Révolution, continue à avoir une forte influence sur le Mexique. Ceci se traduit notamment dans le domaine des arts. Outre la littérature, présentés précédemment sous l’exemple de Chocolat Amer[68], d’autres domaines artistiques se caractérisent par une expression féministe fleurissante. C’est notamment le cas du théâtre et des arts de la scène[69]. Dans un article paru en 2007, May Summer Farnsworth en fait une démonstration fort pertinente en s’intéressant au théâtre de Magdalena Mondragon Aguirre et plus précisément à deux œuvres produites au milieu des années 1940[70]. D’entrée de jeu, celle-ci marque l’importance du féminisme comme courant influent dans la production théâtrale : « Plusieurs de ces femmes, comme Catalina D’Erzell (1897-1950) et Maria Luisa Ocampo (1899-1974) bénéficièrent de critiques positives, de théâtres bondés, et virent leurs travaux adaptés au cinéma, le tout en écrivant dans une veine féministe[71] ». Plus spécifiquement, Mondragon démontre un mélange entre folklore, mythologie et féminisme formant la synthèse qui caractérise son théâtre.

     

    Au tournant des décennies 1970 et 1980, le Mexique est en proie à de graves problèmes économiques. Les années 1980, surtout, forment un creux important dans l’histoire économique du Mexique[72]. Les crises concordent alors fortement avec la résurgence, non seulement au Mexique, mais dans l’ensemble de l’Amérique latine, des mouvements féministes[73]. Cependant, le Mexique présente une particularité qui permet de le traiter comme un cas à part du reste de l’Amérique latine. Comme l’explique Irene Campos Carr, « le Mexique a à la fois un haut degré d’industrialisation et un nombre extensif d’autochtones[74] », mettant de l’avant l’implication des féministes auprès de la paysannerie, mais consciente de leur réalité dans un pays industrialisé[75]. Les revendications étaient cependant multiples, et plus en phase avec leur époque qu’avec l’époque révolutionnaire à proprement parler. Carr discute notamment de mobilisation et de revendications féministes à l’échelle locale :

     

    « … Dans la ville de Colima, un groupe de 35 femmes formèrent le Colectivo Feminista Coatlicue (Coalition Féministe Collective) en 1979. Comme elles commençaient à analyser leur oppression, quatre éléments importants émergèrent : le manque d’opportunité égale en éducation et au travail, le double quart de travail (la doble jornada) au travail et la maison, la maternité imposée, et les agressions sexuelles. L’année suivante, le Colectivo s’affirma publiquement, mettant sur pied une campagne politique majoritairement à l’aide de la presse et de la radio. Elles demandaient la production et la distribution de contraception sécuritaire, la cessation des stérilisations forcées, de la recherche sur les causes de la stérilité, et l’avortement légal et gratuit[76] ».

     

    L’exemple donné par Carr donne une impression globale de la direction prise par les mouvements féministes mexicains à la sortie des années 1960. Ainsi, on constate que, si le féminisme des années 1920-1930 était plutôt axé sur la place de la femme dans la nation mexicaine et la formation de celle-ci[77], le féminisme des années 1970 et 1980 se concentre plutôt sur des droits fondamentaux[78].

     

    Conclusion

    En somme, il apparaît que la Révolution mexicaine n’a pas uniquement un visage masculin. Bien au contraire, les femmes ont participé activement à cette révolution, que ce soit l’arme à la main ou bien en accomplissant les tâches les plus vitales au bon fonctionnement d’une troupe. Ces rôles se sont accompagnés d’une dynamique de genre particulière, principalement en ce qui concerne les femmes combattantes. Elle a permis à certaines femmes de s’illustrer dans des postes élevés parmi les mouvements révolutionnaires. Plus important encore, la Révolution a vu naître le féminisme mexicain moderne, dont les idéaux se sont perpétués et ont évolué jusqu’à aujourd’hui. À travers cette pensée féministe s’est également construite une image nouvelle de la soldaderas, comme elle est dépeinte dans Chocolat Amer par exemple. La femme a donc sa place dans l’histoire de la Révolution et les femmes révolutionnaires ont su inspirer les générations de femmes qui ont suivi. Elles ont laissé leurs marques sur la Révolution, autant comme personnel de soutien qu’en tant que combattante, sans oublier leurs idées fondatrices pour le féminisme. On peut cependant se demander si la place qui leur est laissée au sein de la mémoire de la Révolution est à la hauteur de leur contribution…

    Références

    [1] Jean-André Meyer et Gilles Bataillon, La révolution mexicaine, Paris, Tallandier, 2010, Éd. Revue et augmentée, p. 37 suiv.

    [2] John Womack et Frédéric-Eugène Illouz, Emiliano Zapata et la révolution mexicaine, Paris, la Découverte, 2008, Nouvelle éd., p. 93 suiv.

    [3] Jean-André Meyer et Gilles Bataillon, La révolution mexicaine, op. cit., p. 37 suiv.

    [4] Pour le présent texte, le terme Soldadera sera utilisé au sens le plus large possible. Le terme peut être considéré comme fondamentalement générique, mais pour les biens de cet article, nous lui donnerons une connotation générale, servant surtout à déterminer l’entièreté des femmes ayant participé aux combats de la Révolution.

    [5] Andrés Reséndez Fuentes, « Battleground Women: Soldaderas and Female Soldiers in the Mexican Revolution », The Americas, vol. 51, n° 4, 1995, p. 525 suiv.

    [6] Ibid., p. 542.

    [7] Library Of Congress, « [Mexican men and woman assisting Army cook at U.S. Army tent camp in Mexico] », Bibliothèque du Congrès, C. 29 janvier 1914, [S.L], (consulté le 15 septembre 2022), https://www.loc.gov/pictures/item/2006685906/

    [8] Library Of Congress, « Women revolutionists [Mexican Revolution; group of women and children wearing cartridge belts and pointing rifles] », Bibliothèque du Congrès, C. septembre 1911, [S.L.], (consulté le 15 septembre 2022), https://www.loc.gov/pictures/item/2018661474/

    [9] Andrés Reséndez Fuentes, « Battleground Women », art. cit., p. 529.

    [10] Ibid., p. 532.

    [11] Alicia Arrizón, « “Soldaderas” and the Staging of the Mexican Revolution », TDR (1988-), vol. 42, n° 1, 1998, p. 97.

    [12] Andrés Reséndez Fuentes, « Battleground Women », art. cit., p. 532.

    [13] Ibid., p. 533.

    [14] Ibid.

    [15] Ibid., p. 536.

    [16] Ibid.

    [17] Alicia Arrizón, « “Soldaderas” and the Staging of the Mexican Revolution », art. cit., p. 96.

    [18] Alicia Arrizón, « “Soldaderas” and the Staging of the Mexican Revolution », art. cit.

    [19] Andrés Reséndez Fuentes, « Battleground Women », art. cit., p. 527.

    [20] Jean-André Meyer et Gilles Bataillon, La révolution mexicaine, op. cit., p. 37 suiv. ; Par Porfiriat, on entend ici la période lors de laquelle Porfirio Diaz dirigea le Mexique (1876-1911). Il s’agit normalement d’une période considérée comme étant à la fois dictatoriale et modernisatrice. La Révolution marque notamment la fin de cette période, à laquelle on doit en doit en grande partie le développement postindépendance du Mexique. Pour une brève description, voir Cordellier, Serge [Dir.], Le dictionnaire historique et géopolitique du 20e siècle, Édition La Découverte/Poche, Septembre 2007, Lonrai [France], p.458-459. Pour approfondir la compréhension de la fin  de la période, voir Meyer, Jean, « La Révolution mexicaine : 1910-1940 », Édition Tallandier, Paris [France], 2010 [1973], p. 13-56.

    [21] Andrés Reséndez Fuentes, « Battleground Women », art. cit., p. 527.

    [22] Ibid.

    [23] Ibid, p.527 suiv.

    [24] Jean-André Meyer et Gilles Bataillon, La révolution mexicaine, op. cit., p. 42‑49.

    [25] Alicia Arrizón, « “Soldaderas” and the Staging of the Mexican Revolution », art. cit., p. 96.

    [26] Jean-André Meyer et Gilles Bataillon, La révolution mexicaine, op. cit.

    [27] Ibid., p. 20.

    [28] Andrés Reséndez Fuentes, « Battleground Women », art. cit., p. 527.

    [29] Ibid., p. 528.

    [30] Ibid.

    [31] Jean-André Meyer et Gilles Bataillon, La révolution mexicaine, op. cit., p. 57.

    [32] Andrés Reséndez Fuentes, « Battleground Women », art. cit., p. 529.

    [33] Kathy Sosa et al., Revolutionary Women of Texas and Mexico: Portraits of Soldaderas, Saints, and Subversives, San Antonio, UNITED STATES, Trinity University Press, 2020, p. 33, consulté le 20 novembre 2021, <http://ebookcentral.proquest.com/lib/usherbrookemgh-ebooks/detail.action?docID=6146614>.

    [34] Ibid.

    [35] Sofia Ruiz-Alfaro, « A Threat to the Nation: “México marimacho” and Female Masculinities in Postrevolutionary Mexico », Hispanic Review, vol. 81, n° 1, 2013, p. 41 suiv.

    [36] Library Of Congress, « [Mexican men and woman assisting Army cook at U.S. Army tent camp in Mexico] », Bibliothèque du Congrès, C. 29 janvier 1914, [S.L], (consulté le 15 septembre 2022), https://www.loc.gov/pictures/item/2006685906/

    [37] Ibid.

    [38] Ibid.

    [39] Ibid.

    [40] Ibid.

    [41] Jean-André Meyer et Gilles Bataillon, La révolution mexicaine, op. cit., p. 60‑61.

    [42] CANO, Gabriela. «Amelio Robles, masculinidad (transgénero) en la Revolución mexicana», [Photographie], s.d., p. 30.

    [43] Gabriela Cano, « Amelio Robles, masculinidad (transgénero) en la Revolución mexicana », s.d., p. 62.

    [44] Ibid., p. 63 suiv.

    [45] Alicia Arrizón, « “Soldaderas” and the Staging of the Mexican Revolution », art. cit., p. 93‑95.

    [46] Alicia Arrizón, « “Soldaderas” and the Staging of the Mexican Revolution », art. cit.

    [47] Kathy Sosa et al., Revolutionary Women of Texas and Mexico, op. cit., p. 33.

    [48] Library Of Congress, « Groups of people during the Mexican revolution: Group with Gen. Carranza in center posed on steps », Bibliothèque du Congrès, C. 1911-1914, [S.L.], (Consulté le 15 septembre 2022), https://www.loc.gov/pictures/item/2002718454/

    [49] Ibid.

    [50] Ibid.

    [51] Ibid.

    [52] Library Of Congress, « Women revolutionists [Mexican Revolution; group of women and children wearing cartridge belts and pointing rifles] », Bibliothèque du Congrès, C. septembre 1911, [S.L.], (consulté le 15 septembre 2022), https://www.loc.gov/pictures/item/2018661474/

    [53] Library Of Congress, « Rebelles carranziste près du Chihuahua », Bibliothèque du Congrès, 11 mars 1912, [S.L.], (consulté le 15 septembre 2022), https://www.loc.gov/pictures/item/2002709902/

    [54] Library Of Congress, « Women revolutionists [Mexican Revolution; group of women and children wearing cartridge belts and pointing rifles] », Bibliothèque du Congrès, C. septembre 1911, [S.L.], (consulté le 15 septembre 2022), https://www.loc.gov/pictures/item/2018661474/

    [55] Library Of Congress, « Rebelles carranziste près du Chihuahua », Bibliothèque du Congrès, 11 mars 1912, [S.L.], (consulté le 15 septembre 2022), https://www.loc.gov/pictures/item/2002709902/

    [56] Laura Esquivel, Édouard Jimenez et Jacques Rémy-Zéphir, Chocolat amer: roman-feuilleton où l’on trouvera des recettes, des histoires d’amour et des remèdes de bonne femme, Paris, Gallimard, 2009, Traduction révisée.

    [57] Ibid., p. 184.

    [58] Anna Macias, « Women and the Mexican Revolution, 1910-1920 », The Americas, vol. 37, n° 1, 1980, p. 54 suiv.

    [59] Ibid., p. 55.

    [60] Alicia Arrizón, « “Soldaderas” and the Staging of the Mexican Revolution », art. cit., p. 97.

    [61] Ibid.

    [62] Jessica Enoch, « “Para la Mujer”: Defining a Chicana Feminist Rhetoric at the Turn of the Century », College English, vol. 67, n° 1, 2004, p. 20.

    [63] Irene Campos Carr, « Women’s Voices Grow Stronger: Politics and Feminism in Latin America », NWSA Journal, vol. 2, n° 3, 1990, p. 450‑453.

    [64] Irene Campos Carr, « Women’s Voices Grow Stronger », art. cit. L’ensemble de l’article permet d’avoir une vue d’ensemble sur le développement du féminisme latino-américain dans la seconde moitié du XXe siècle.

    [65] Stephanie Mitchell, « Revolutionary Feminism, Revolutionary Politics: Suffrage under Cardenismo », The Americas, vol. 72, n° 3, 2015, p. 439.

    [66] Ibid., p. 440 suiv.

    [67] Ibid., p. 441 suiv.

    [68] Laura Esquivel, Édouard Jimenez et Jacques Rémy-Zéphir, Chocolat amer, op. cit.

    [69] May Summer Farnsworth, « “La Eva Mexicana”: Feminism in Post-Revolutionary Mexican Theatre », South Atlantic Review, vol. 72, n° 2, 2007, p. 32‑45.

    [70] Ibid., p. 32‑35.

    [71] Ibid., p. 32.

    [72] Ulises Beltrán, « Las dimensiones estructurales de la crisis de 1982 », Foro Internacional, vol. 30, 1990, p. 599 suiv.

    [73] Irene Campos Carr, « Women’s Voices Grow Stronger », art. cit., p. 451‑452.

    [74] Ibid., p. 451.

    [75] Ibid., p. 451 suiv.

    [76] Ibid., p. 452.

    [77] Voir les paragraphes 1 et 3 de la section 4.2- Les mouvements féministes et la Révolution

    [78] Irene Campos Carr, « Women’s Voices Grow Stronger », art. cit.