L’environnement comme source d’approvisionnement pour l’artisanat des matières dures d’origine animale de la seconde moitié du Moyen Âge européen

Henrique Sarmento Pedro
Doctorant en histoire à l’Université de Poitiers

Biographie: Henrique Sarmento Pedro est doctorant à l’Université de Poitiers et rattaché au Centre d’études supérieures de civilisation médiévale (CESCM-UMR 7032) depuis 2019. Archéologue médiéviste, il se spécialise dans l’artisanat des matières dures d’origine animale de la fin du Moyen Âge. Son travail, débuté dès le master, cherche à appréhender les divers métiers traitant de ces matériaux dans le cadre spécifique des centres élitaires, et à comprendre comment il s’intègre dans la vie quotidienne des populations médiévales.

Résumé: Dans un temps où le tissu urbain se densifie par les activités artisanales, le travail des matières dures d’origine animale peut être considéré comme une activité singulière, voire simpliste, à la fin du Moyen Âge. Pourtant, elle fait l’objet d’un réseau économique développé, allant du simple marché alimentaire au commerce international. Que ce soit lors de l’approvisionnement ou de la vente, pour l’os ou pour l’ivoire, il existe une multiplicité de formes distributives lorsqu’est discuté cet artisanat. Si par l’os, il peut être perçu comme une activité annexe à la boucherie, à l’instar du travail du cuir il y a encore quelque années, le travail du bois de cervidé, de l’ivoire ou encore de l’os de cétacé nécessite un circuit commercial beaucoup plus complexe. Provenant des forêts comtales ou ducales pour le premier, de l’océan pour le dernier, et d’autres continents pour l’ivoire, comment l’artisanat des matières osseuses peut-il se développer à la fin du Moyen Âge ? Au travers d’un article se voulant exhaustif, il sera tenté d’appréhender les différents points d’approvisionnement d’un artisanat malheureusement encore méconnu. En parallèle, les états et statuts sociaux de ces artisans seront examinés. Les hypothèses se multiplient à leur sujet, mais aucune ne semble convenir de manière globale. Sont-ils purement sédentaires, ou bien itinérants ? Existe-t-il une différence entre centres urbains et bourgs castraux ? Chacune de ces conjectures sera considérée sous divers angles d’approche – historique, archéologique, etc. – afin de proposer un point d’ancrage à de futures recherches sur le sujet.

Mots-clés : Artisanat, matières dures d’origine animale, commerce, approvisionnement, économie

 

Table des matières
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    1.    Introduction

     

    1.1 Problème de nomenclatures

    L’artisanat des matières dures d’origine animale porte, encore de nos jours, plusieurs désignations selon les auteurs, les années de publication ou les périodes concernées. Pour les périodes dites préhistoriques, la notion d’industrie osseuse est préférée, parallèle à celle qui est lithique. Quoiqu’anachroniques, elles constituent pourtant la norme depuis le début du XXe siècle et l’édification de leur concept par Henri Breuil[1]. Pour l’Antiquité, le terme de tabletterie est généralement privilégié, même s’il ne regroupe pas toute la réalité historique. Durant le Moyen Âge, il en est de même jusque dans les années 2000 pour les publications scientifiques, voire 2010 pour les travaux universitaires[2]. De nos jours, le concept plus englobant d’artisanat des matières dures d’origine animale est toutefois préféré. Enfin, pour l’époque moderne, l’avènement de certaines industries, comme montrées par les Encyclopédies de Diderot et D’Alembert, implique un choix plus spécifique du nom[3]. Que ce soit artisanat ou industrie, les deux notions impliquent donc des ensembles productifs distincts.

    La période qui nous intéresse plus particulièrement est la seconde moitié du Moyen Âge européen. Durant ce laps de temps, entre le Xe et le XVe siècle, l’artisanat possède une trop grande variété de formes pour qu’une notion aussi restrictive que tabletterie puisse être appliquée. Dans sa diversité ouvrière[4] d’abord, les sources historiques du XIIIe siècle mentionnent un nombre de métiers déjà conséquents. C’est le cas du Livre des Métiers d’E. Boileau précisant l’existence d’au moins dix métiers travaillant ces matières[5]. Parmi ces derniers, se trouvent entre autres les tabletiers, les lanterniers, les déiciers ou encore les peigniers[6]. Relatives à ces métiers, les productions possibles sont tout aussi multiples. L’archéologie apporte ainsi son lot de connaissances pour l’appréhension de cet artisanat. Entre toilette et ameublement, loisirs et armements, outillage et musique, parure et ustensiles, le mobilier archéologique représente un vaste éventail de formes et de typologies. Ces dernières constituent d’ailleurs un supplément à la variété des métiers visibles dans les sources. Quel artisan fabrique les cuillères ou les stylets ? Ou encore pour les accessoires de toilette[7] ? Ces objets archéologiques n’ont, en l’état actuel des connaissances, aucun artisan associé.

    Ces deux aspects démontrent l’impossibilité de restreindre l’ensemble de l’artisanat des matières dures animales à un unique métier, dont la production serait limitée. Cependant, ce ne sont pas les seuls éléments traduisant une hétérogénéité de formes. Les matières premières utilisées sont également nombreuses entre le second Moyen Âge et le début de l’époque moderne. L’os, matériau d’excellence pour cet artisanat, peut provenir d’espèces terrestres comme aquatiques, domestiques ou sauvages[8]. Les oiseaux ne sont pas non plus exclus de l’approvisionnement. Il en est de même pour les matières kératineuses. Ces dernières incluent la corne, le sabot, le fanon de baleine ou l’écaille de tortue. Entre élevage et chasse, la provenance de celles-ci est variable. Périssables, elles sont cependant rarement découvertes en archéologie du Moyen Âge. D’autres matériaux peuvent également être privilégiés par les artisans. C’est le cas du bois de cervidé[9] ou de l’ivoire[10]. La nacre et le corail, moins connus dans l’ouest de la France, occupent une plus grande place pour l’époque moderne, exception faite pour le corail en Provence[11].

     

    1.2. Une recherche relativement récente

    Cette grande hétérogénéité est remarquable dans une historiographie relativement récente. Il est possible d’en trouver les premières réflexions dans les ouvrages d’érudits de la seconde moitié du XIXe siècle, voire du début du siècle suivant[12]. Ces derniers reflètent un changement de la pensée scientifique de leur temps, passant d’une omniprésence de l’esthétisme à des réflexions plus historiques. Suivant cette mouvance engendrée par les auteurs des décennies précédentes, les premières études de mobilier apparaissent dès les années 1950. Celles-ci prennent principalement la forme de catalogues de fouilles. Dans un premier temps, ce sont les îles Britanniques qui sont les précurseurs de la méthode, à l’exemple des opérations de Lagore Crannog ou de York[13]. Puis, ce sont les autres pays européens qui prennent le pas à partir des années 1960, comme en Allemagne, et des années 1970, en Italie, en France ou en Norvège[14].

    Dès lors, l’historiographie se découpe en deux grandes phases. La première comprend les décennies entre 1970 et 2000. Durant ces trente premières années, les études archéologiques sont de plus en plus abondantes sur le sujet. Elles ne concernent plus uniquement des catalogues, mais aussi les divers aspects que l’artisanat peut revêtir. Ainsi, les artéfacts ne sont pas uniquement présentés par leur typologie, leur dessin et parfois leurs dimensions, mais aussi au travers de leur contexte. Parmi les exemples les plus marquants, se trouvent notamment les sites de Rougiers en France, de Dorestad aux Pays-Bas, de Winchester en Angleterre ou de Brucato en Italie[15]. Le besoin d’interdisciplinarité et de croiser les informations se fait ressentir au travers d’analyses socio-économiques et sociohistoriques[16]. Les musées s’intéressent également à cet artisanat, proposent des expositions, et aident à l’établissement de catégories fonctionnelles précises[17]. Dans un même temps, ce sont les analyses archéométriques qui se mettent en place[18]. Ces quelques exemples dénotent l’importance grandissante accordée aussi bien à cet artisanat qu’à la compréhension des différents aspects des sociétés du passé.

    Depuis le début du XXIe siècle, les mêmes problématiques se poursuivent marquées par l’intérêt croissant pour la culture matérielle. Les typologies se multiplient et s’affirment. Les connaissances sur les techniques et les matériaux s’affinent, en parallèle des perfectionnements de l’archéométrie. Les travaux universitaires se multiplient, non seulement sur cet artisanat, mais aussi sur l’ensemble du mobilier archéologique. La vision portée sur cet artisanat ne se limite plus aux simples objets, mais à la compréhension de toutes les facettes possibles, mises en lumière par les sciences humaines. Ainsi, si certains aspects restent encore sujets de débats, une partie des connaissances est plus ou moins acquise par la communauté scientifique.

     

    1.3. Quelle position socio-économique pour cet artisanat ?

    Au cœur des débats, se trouvent notamment la position et le statut social de l’artisan. En effet, les sources historiques révèlent leur présence dans les grandes villes au moins à partir du XIIIe siècle[19]. Qu’en est-il dans les sites castraux ou dans les bourgs ruraux, pour lesquels une production est parfois connue ? S’agit-il d’une activité domestique ? D’une fabrication locale ? D’une importation ? Il est difficile d’y répondre précisément, tant les sources sont rares et éparses. Plusieurs hypothèses sont néanmoins partagées par la communauté scientifique, et se trouvent parfois sans fondement véritable. C’est le cas de celle traitant d’une production uniquement domestique. Perçue comme un passe-temps, cette activité répondrait aux besoins quotidiens et chercherait sa matière première dans le circuit alimentaire court. Cette thèse a été récemment démontée par J.-F. Goret avec l’exemple de ce qu’il nomme les « aiguilles à chas »[20].

    L’idée d’une production domestique écartée, la production est donc artisanale, et les hypothèses entourant la position de l’atelier et celle de l’artisan dans les bourgs constituent le centre du problème. Entre itinérance et sédentarité, il ne semble pas y avoir de consensus en fonction des régions, des sites, mais aussi des périodes concernées. La première hypothèse renvoie à l’itinérance des artisans des matières dures animales. Publiée initialement par Z. Kurnatowska, elle prend d’abord appui sur la Pologne médiévale[21]. Dans ce cas précis, il existerait des artisans de cour, proches et dépendants des seigneurs et des princes. Cependant, qu’en est-il pour les autres régions européennes ? Reprise par K. Ambrosiani dans son ouvrage sur les peignes dans les îles Britanniques, et plus largement dans le nord de l’Europe, elle constitue un nouvel axe de recherche pour l’époque[22]. En raison d’une grande diffusion des formes et des décors entre Dublin et Staraja Ladoga, l’hypothèse d’une itinérance de marché en marché reste pertinente. Elle admet ainsi que les artisans ne doivent pas se déplacer sur de telles distances, mais plutôt dans un rayon établi entrecoupé par le rayon de travail d’autres artisans. Toutefois, elle omet la possible existence d’un large réseau commercial alimenté par des centres de production[23]. Les artisans se trouveraient ainsi dans les centres, et ce serait les échanges commerciaux qui permettraient la diffusion de ces objets.

    Pour la France médiévale, l’itinérance s’identifie généralement à partir de la relative absence de déchets de fabrication sur les sites autres qu’urbains[24]. Cette dernière expliquerait la présence d’artisans spécialisés transformant les stocks de matières premières et les vendant à différents commanditaires durant leur itinérance[25]. Les sites de Talmont-Saint-Hilaire (Vendée) ou de la Tour de Broue (Charente-Maritime) en sont des exemples pour la fin du Moyen Âge, et les découvertes les plus récentes tendent vers cette finalité[26]. Deux découvertes majeures viennent néanmoins entretenir le débat. Les sites du château de Mayenne (Mayenne) et du castrum d’Andone (Charente) permettent la mise au jour de plus d’une centaine d’artéfacts chacun, dont la moitié est relative à des indices de travail[27]. Dans ces cas, un atelier pourrait être présent sur un temps plus ou moins long, ces éléments étant majoritairement datés entre le Xe et le XIIe siècle. Une phase de sédentarité peut donc convenir à ces artisans au milieu du Moyen Âge. Hypothèse développée dans les pays nordiques, elle prend appui en France occidentale sur ces deux sites, en l’état actuel des connaissances[28]. L’artisan se fixe alors dans un espace donné, et produit des objets à partir de matières locales. Ces sites donnent également des indices sur les systèmes de production. En effet, à Mayenne, ces derniers tournent principalement autour des jeux et des loisirs. Le bois de cervidé et l’os, majoritairement identifiés, y côtoient l’os de cétacé et l’ivoire. Au contraire, pour Andone, ils sont plus éclectiques et peuvent impliquer une plus grande polyvalence des artisans sur place. De plus, l’os et le bois de cervidé restent les seuls matériaux identifiés. Est-ce que ces deux sites pourraient constituer des centres de production secondaires ? S’agit-il de cas particuliers d’artisans sédentaires dans des sites castraux à une période donnée ? Ces artisans correspondraient-ils à une spécificité du milieu du Moyen Âge ?

    Entre itinérance des aristocraties, mouvements des artisans, ou déplacements des marchands, il est difficile de conclure tant les possibilités sont multiples. En effet, la seconde moitié du Moyen Âge en France correspond à un temps long et à un espace lâche. Il semble donc difficile de réduire l’ensemble de cet artisanat à une seule hypothèse. L’itinérance des artisans, en lien possible avec celles des cours seigneuriales, produisant localement et avec les matériaux présents sur le site, semble néanmoins privilégiée, tout du moins pour la fin du Moyen Âge. Un changement significatif, qu’il serait nécessaire de développer, se trouve possiblement dans les XIIe-XIIIe siècles. Le développement de grands centres urbains marquerait alors le déplacement des artisans vers les villes, laissant les bourgs élitaires sans artisans fixes. C’est notamment ce qui a été remarqué à Novgorod (Russie)[29]. Durant les Xe-XIIe siècles, l’activité y est à petite à échelle et se développe en codépendance avec d’autres artisanats. Le XIIIe siècle marque une activité plus florissante, se développant dans tous les quartiers de la ville. Seule une exhaustivité des fouilles de bourgs castraux en France et un travail de profondeur sur les sources pourraient aider à l’identification précise de ces systèmes artisanaux[30].

     

    2. Réseau commercial, approvisionnement et production

    Un sujet moins débattu concerne la variété des matériaux utilisés par ces métiers. Os, ivoire, bois de cervidé, ou corne en constituent une liste non exhaustive. Ces matières occupent d’ailleurs des réseaux commerciaux divers en Europe, qu’il est possible de distinguer en trois grands ensembles en fonction de la distance nécessaire entre approvisionnement et production.

     

    2.1. Réseau commercial local

    Le circuit court concerne le premier ensemble et regroupe trois matériaux principaux : l’os, la corne et le sabot. La particularité de ces derniers est leur grande disponibilité et leur prix probablement bas[31]. En effet, ces matières proviennent majoritairement d’espèces domestiques. Pour l’os, les mammifères sont privilégiés, à l’exemple des bovidés, des caprinés ou des suidés, et les bovins sont favorisés en raison de la taille et de la robustesse de leurs os. Les os d’oiseaux domestiques, comme les Anserinae (oie, bernache, cygnes par exemple), peuvent également servir à la production d’objets divers[32]. Il en est de même pour la corne[33] ou le sabot. Nombreuses sont les espèces domestiques portant ces matières kératineuses sur leurs phalanges ou sur leur frontal, à l’exemple des bœufs (Bos taurus), de moutons (Ovis aries), des chèvres (Capra hircus) ou encore des chevaux (Equus caballus). La préférence est toutefois portée sur les plus grands animaux. Dans ce cas, la disponibilité de celles-ci est également importante, et leur prix relativement faible[34].

    Le circuit d’approvisionnement court concerne donc principalement les espèces domestiques et d’élevage. La récupération des matériaux nécessaires à cet artisanat rejoint probablement le réseau alimentaire, dans lequel se trouvent déjà les abattoirs, les bouchers, les travailleurs du textile et de la peau dans cet ordre probablement[35]. Les abattoirs, au départ de la chaîne alimentaire, fournissent les carcasses aux bouchers. Ceux-ci récupèrent la viande et rejettent la peau et le squelette. La peau est ensuite extraite par les tanneurs, tandis que les os sont récupérés par les artisans des matières osseuses. L’étui corné, extrait par sciage de la cheville osseuse, et le sabot sont probablement collectés dans un même temps. Ces matériaux ne suivent pas uniquement un circuit court. C’est notamment le cas de la corne qui peut provenir, à partir du XVIe siècle, du buffle asiatique, notamment aux Pays-Bas[36]. Les espèces sauvages chassées peuvent également servir à approvisionner l’artisanat des matières dures d’origine animale. Cependant, cela reste à l’état d’exception.

    Ce circuit commercial spécifique aux espèces domestiques ne s’adapte toutefois qu’à une logique d’approvisionnement urbain, au moins pour les périodes postérieures au XIIIe siècle. Dans les villes, tous les artisans se trouvent au sein d’une trame commune dans un même environnement productif. Au contraire, cet approvisionnement ne semble alors pas trouver de réalité dans les centres élitaires de l’ouest de la France. En effet, l’étude menée sur ce territoire témoigne d’une relative absence des indices de travail dans ceux-ci, biaisant la compréhension de l’approvisionnement de l’os, du sabot et de la corne dans ces espaces. Pourtant, les analyses archéozoologiques rappellent une alimentation carnée concentrée sur la triade domestique, proche de celle des occupations urbaines[37]. Cela signifie que ces matériaux peuvent arriver dans ces milieux de vie. Comment expliquer alors l’absence d’indices de travail dans les castra occidentaux de France ? D’une part, l’activité bouchère est extérieure à ces espaces, tronquant automatiquement un apport en matière première pour de potentiels artisanats. D’autre part, à l’inverse des villes, il est possible de remarquer une surreprésentation de certaines portions squelettiques, au profit de celles, moins charnues, qui se retrouvent absentes des collections archéologiques. Cela implique donc un approvisionnement indirect, dont seule une partie de la matière première arrive sur place. L’établissement d’un atelier du travail de l’os dans les espaces élitaires semble donc compromis. Si l’itinérance est toujours envisageable, les différents indices tendent tout de même à exclure cet artisan de ces environnements. Il se trouve alors probablement dans les grands centres productifs, répondant à la demande des occupations distribuées dans des espaces plus isolés[38].

     

    2.2. Commerce à moyenne échelle

    Le deuxième ensemble englobe l’approvisionnement suivant un réseau commercial de moyenne échelle, dépendant des environnements naturels. Ainsi, les matériaux privilégiés dans ces catégories d’échanges sont le bois de cervidé, les os de mammifères marins, et certaines matières kératineuses plus tardivement, à l’exemple des fanons de baleine. Les premiers ont une provenance terrestre, principalement forestière, et trois systèmes d’approvisionnement distincts. En effet, la particularité de la ramure des cervidés est son caractère caduc. Que ce soit le cerf (Cervus elaphus), le daim (Dama dama), le renne (Rangifer tarandus), le chevreuil (Capreolus capreolus) ou l’élan (Alces alces), il mue une fois par an et remplace sa ramure par une nouvelle, plus grande et plus robuste[39]. Durant cette période, le bois de mue peut donc être ramassé dans les espaces environnants. Il est également possible que le cervidé soit chassé et que ses excroissances en soient extraites. Dans ce cas, elles sont appelées bois de massacre et se reconnaissent par la présence d’un fragment de l’os frontal dont il est issu, toujours attaché au bois.

    Ces deux systèmes de récupération impliquent des logiques d’approvisionnement différentes. Le bois de massacre renvoie aux notions de vénerie et de parcs de chasse. Dans ce cas, l’approvisionnement est directement en rapport avec les élites par le biais de ces espaces aux accès limités. Enclos ceints par des barrières fixes, les parcs de chasse servent à garder et protéger le grand gibier, à l’instar du cerf, du braconnage aux alentours des castra. Ceux-ci sont cependant encore méconnus pour la France médiévale, au contraire de la Grande-Bretagne[40]. Sur ce dernier territoire, 31 parcs sont connus au XIe siècle, pour plus de 3000 au milieu du XIVe siècle. À l’inverse, en France, ils sont connus à Hesdin ou à Aisey-sur-Seine, ou encore à Suscinio pour la seconde moitié du Moyen Âge et le début de l’époque moderne[41].

    Si la chasse de ces espèces semi-domestiques[42] est réservée, il pourrait en être de même pour les produits qui en sont dérivés. Certains animaux peuvent appartenir aux propriétaires des espaces, et les droits de poursuite peuvent être réclamés[43]. Ainsi, l’animal tué peut autant servir à la consommation qu’à la production d’objets spécifiques, et rejoint, comme dans le circuit court, une logique alimentaire. La finalité est néanmoins la même que pour le bois de mue. L’artisan, s’il est itinérant, récupère le bois non pas chez les habitants du bourg, mais dans un espace de stockage appartenant à l’élite locale. Cependant, un tel lieu ne semble pas posséder, en l’état actuel des connaissances, de réalité archéologique pour la fin du Moyen Âge. Il semble donc difficile de concevoir un approvisionnement basé uniquement sur l’activité cynégétique. C’est également ce que démontre le faible nombre d’indices relevant de cette pratique dans les centres élitaires de l’ouest de la France. Les données sont relativement rares et témoignent, par exemple, de cette pratique à Mayenne, à Talmont-Saint-Hilaire, ou encore à Pineuilh.

    Le bois de mue renvoie, au contraire, à une connaissance au moins empirique, sinon approfondie, des cycles de chute de ces excroissances animales[44]. Les populations se déplacent alors dans les espaces adjacents, à plus ou moins grande distance, pour récupérer la matière première à même le sol. Il est également possible qu’une activité de pistage soit nécessaire pour accompagner cet approvisionnement, pour lequel il n’est pas nécessaire de tuer ces animaux pour en récupérer la ramure. Majoritaire par rapport au bois de massacre, l’approvisionnement du bois de mue pourrait se faire durant l’itinérance de l’artisan. Il peut, par exemple, récupérer le matériau chez les habitants des bourgs qu’il visite. Cependant, il faudrait que ces derniers souhaitent le lui fournir, et qu’ils puissent en trouver une certaine quantité. Pour ces raisons, l’artisan, même s’il est itinérant, doit posséder des contacts auprès des châtelains et autres gardiens, et nécessite donc un certain degré de sédentarisation, ce qui s’oppose à l’idée d’une itinérance totale[45].

    Plus rare, un troisième système d’approvisionnement peut également servir à l’artisanat du bois de cervidé. En effet, certaines espèces ne sont pas présentes dans les environnements directs des populations. En France, c’est le cas du renne, de l’élan ou du daim, ce dernier dans une moindre mesure. Une importation est donc possible, même si celle-ci n’est pas identifiée dans les vestiges connus et que cela resterait exceptionnel[46]. Dans les trois cas, le bois de cervidé rappelle alors un approvisionnement qui prend appui sur les forêts comtales, ducales ou royales de France et d’Europe. Il est donc forcément limité par les considérations élitaires. Conservée dans de probables espaces de stockage au sein des occupations médiévales, dont il ne reste aucune trace aujourd’hui, la matière première est transférée aux artisans. Cette hypothèse se base notamment sur la demande d’Henri III, en 1225, à Hasculf de Adhelakeston de faire envoyer tous les « perchiis de cervo » à Philip Convers, fabricant d’arbalètes[47].

    L’approvisionnement en os de mammifères marins – de cétacés principalement – et en fanons de baleine dépend également de deux procédés. Provenant d’espèces aquatiques, la récupération de ces matériaux est le résultat d’une chasse marine ou d’un échouage à plus ou moins grande distance. La chasse marine est une activité, côtière dans un premier temps, pratiquée par les Basques au moins à partir du XIIe siècle dans le Golfe de Gascogne[48]. Cette période s’achève vers la fin du Moyen Âge avec la disparition progressive des espèces chassées. Activité économique, elle regroupe de nombreux produits dérivés dont la graisse servant à la production d’huile, la chair servant à la consommation, ou le cuir servant à la production de cordages. Parmi ces produits, se trouvent également la carcasse pouvant servir à la fabrication d’objets divers, ainsi que les fanons utilisés dans les industries d’éventails et de corsets à l’époque moderne[49]. L’approvisionnement en os de cétacés ou en fanon de baleine intègre donc un circuit commercial plus vaste que la simple récupération de matériaux pour l’artisanat des matières dures animales.

    La récupération d’espèces échouées sur les côtes constitue la seconde source d’approvisionnement possible. C’est le cas dans les Landes où plusieurs cas sont recensés dans les sources en raison des droits d’épave[50]. Ces derniers stipulent alors que toute espèce échouée dans une seigneurie ou dans un domaine appartient au seigneur des lieux. Ainsi, le 24 mars 1327, le sénéchal de Gascogne s’empare d’une baleine échouée sur le domaine du vicomte de Benauge par exemple[51]. Ces échouages sont traités de la même manière que les naufrages de navires, et les animaux échoués deviennent des biens féodaux, voire royaux[52]. À partir de ces échouages, les populations peuvent, suivant le droit de leur seigneur, prélever les éléments qui les intéressent. La langue est généralement conservée comme mets de choix pour l’élite, mais la carcasse pourrait servir à un artisanat. Malheureusement, aucune source mentionnant ce type d’approvisionnement n’a été explorée pour le moment.

    Rares sont les objets archéologiques résultant de la récupération d’une carcasse de baleine et impliquant un approvisionnement, charognard ou non. En France, les sites de Talmont-Saint-Hilaire (Vendée) et de Mayenne ont permis la mise au jour d’objets produits en os de cétacés[53]. Si la présence de ce matériau est relative à la position côtière du premier site, et peut-être au résultat d’un échouage, l’utilisation de celui-ci à Mayenne renvoie à un mouvement de la matière première ou de l’objet entre la côte et l’arrière-pays. Dans ce dernier cas, les deux procédés d’approvisionnement sont possibles. Le site de Hamwic (Southampton, Hampshire, Grande-Bretagne) a également permis la découverte de ces matériaux, utilisés dans un cadre artisanal, mais dont l’approvisionnement est complexe à comprendre[54].

     

    2.3. Approvisionnement dans les espaces plus lointains

    Le dernier circuit commercial concerne les matériaux qui n’existent pas dans l’environnement naturel régional. Les os de cétacés peuvent également intégrer cette catégorie, tant la chasse à la baleine se développe à l’époque moderne vers le nord de l’Europe, puis vers les régions arctiques et l’Amérique du Nord jusqu’au XIXe siècle[55]. Cependant, la période ne se prête pas aux questionnements de la fin du Moyen Âge, et nécessiterait un développement plus conséquent.

    L’ivoire se prête plus à ce système d’approvisionnement. Matériau particulier à la fin du Moyen Âge, son usage est traité depuis de nombreuses décennies[56]. Il témoigne d’un « environnement social relativement aisé » lorsqu’il est découvert en fouilles[57]. Originaire d’espèces diverses et d’espaces géographiques opposés, son approvisionnement en Europe suit des routes commerciales spécifiques à grande échelle. Le propos sera orienté sur l’ivoire de trois espèces majoritairement reconnues en archéologie : le morse (Odobenus rosmarus) et les éléphants africains (Loxodonta africana et Loxodonta cyclotis). Il ne faut cependant pas oublier que d’autres animaux peuvent posséder de l’ivoire, à l’exemple de l’hippopotame (Hippopotamus amphibius), du narval (Monodon monoceros) ou du cachalot (Physeter macrocephalus).

    Le morse est une espèce de mammifère amphibie, de la famille des Pinnipèdes, vivant dans les régions côtières des mers froides. Connu par les populations norroises à partir du IXe siècle, cet animal a fait l’objet de nombreuses légendes à travers l’Europe du Nord à partir de ce siècle et jusqu’au début de l’époque moderne[58]. Néanmoins, l’intérêt porté à celui-ci se trouve d’abord au niveau de ses canines supérieures, desquelles est issu l’ivoire. Les travaux sur les centres de production et de consommation de l’ivoire de morse en Europe sont nombreux depuis les années 1990[59]. Il semble cependant nécessaire de brosser un portrait large sur l’exploitation de ce matériau dans le but de comprendre les routes commerciales et le prix de celui-ci. Majoritairement originaires du Groenland, les dents de morse proviennent d’une activité cynégétique dans la baie de Disko et constituent le produit principal de l’économie norroise sur l’île[60]. Elles sont ensuite acheminées vers l’Islande, mais surtout vers les centres urbains d’Europe continentale[61]. X. Dectot propose de différencier des centres de production primaires que sont Bergen, Trondheim (Norvège) et Cologne (Allemagne), des centres secondaires tels que Lund, Sigtuna (Suède) ou Roskilde (Danemark)[62]. Les relations commerciales entre les villes de Scandinavie, les îles Britanniques, et le nord du continent, ont probablement permis le transfert de ces biens vers d’autres régions européennes. Des exemples sont connus à travers l’ensemble de l’Europe : les pièces d’échecs de l’île de Lewis (Écosse) des XIIe-XIIIe siècles[63], la pièce d’échecs de Crèvecœur-en-Auge (Normandie) datant des XIe-XIIe siècles[64], une pièce d’échecs originaire de Castille (Espagne) et datant du XIIe siècle[65].

    La relative facilité d’accès à ce matériau, couplée à un ralentissement dans l’importation de l’ivoire d’éléphant, est la raison principale à l’exploitation de l’ivoire de morse[66]. Matériau onéreux, il constitue l’une des matières premières pour un artisanat de l’ivoire en pleine expansion[67]. L’un des rares exemples, repris par de nombreux auteurs depuis 1998, est celui d’une cargaison de 520 canines de morses arrivant à Bergen en 1327[68]. Selon les estimations proposées, le prix de celle-ci équivaudrait à la taxe annuelle de 4000 fermiers islandais, et une seule dent vaudrait environ trois vaches dans la première moitié du XIVe siècle.

    À l’opposé, se trouve l’ivoire d’éléphant, provenant quasi-exclusivement du continent africain[69], et dont l’usage est connu jusqu’au XIe siècle et après le XIIIe siècle. Durant cette période, les nombreuses révolutions touchant le califat Fatimide au nord de l’Afrique affaiblissent les réseaux commerciaux en place et ralentissent l’arrivée de l’ivoire en Europe[70]. Dans tous les cas, en provenance d’Afrique, l’ivoire constitue l’une des quelques marchandises précieuses[71] de trois foyers principaux[72]. L’Afrique de l’Est comprend deux des trois foyers, principalement portés vers l’Asie, comme le suggèrent les chroniqueurs de la Péninsule arabique[73]. Le golfe d’Aden ou l’Égypte en sont les centres principaux. « Cela suggère que seulement une relativement petite portion de l’ivoire provenant des généreux réservoirs Swahili arriverait éventuellement dans les marchés méditerranéens »[74]. Il n’est donc pas le réservoir principal de l’approvisionnement en ivoire européen.

    Ce dernier suivrait préférentiellement les routes commerciales transsahariennes, en partance de l’Afrique de l’Ouest, dans une zone comprise entre le fleuve Niger, le Sénégal actuel et le golfe de Guinée[75]. Ces routes caravanières transitent à travers le Sahara vers le nord de l’Afrique et la côte méditerranéenne. Les ports du Maghreb et de l’Ifriqiya sont ensuite les points nodaux d’un commerce maritime allant vers le sud de l’Europe, ou vers les villes portuaires normandes et flamandes[76]. Les routes commerciales directes entre Afrique de l’Ouest et Europe du Nord n’existant pas encore avant le XVe siècle, l’ivoire transite par la Méditerranée, puis par le Détroit de Gibraltar. Les marchands longent enfin les côtes jusqu’à leur destination finale. Ce sont les Génois qui, par le développement d’accords politiques et commerciaux avec les populations méditerranéennes, contrôlent les routes commerciales de la fin du Moyen Âge[77]. L’ivoire devient un produit connexe au commerce de l’alun, largement utilisé par les industries textiles du nord de la France et de Belgique se développant au XIIIe siècle. Dès son arrivée dans les ports nord-européens, l’ivoire est ensuite acheminé vers l’arrière-pays sous la forme de matière première. C’est le cas à Paris, grand centre de production d’objets en ivoire dès le XIIIe siècle.

    L’ivoire, qu’il soit de morse ou d’éléphant, arrive donc en Europe occidentale par le biais de voies commerciales tentaculaires prenant racine dans les régions arctiques d’un côté et d’Afrique de l’Ouest de l’autre. Ce ne sont cependant pas les seuls produits de ce commerce. Au Groenland et en Islande, l’ivoire fait partie d’un ensemble de marchandises dont les populations norroises sont nécessiteuses. La consommation de la viande ou la récupération de la peau participent également à ce commerce[78]. Pour ce qui est de l’ivoire d’éléphant, il suit les mêmes routes commerciales que d’autres produits plus importants, à l’exemple de l’or ou du cuivre, et en constituent donc un produit connexe.

    Les autres matériaux, tels que la nacre, le corail et l’écaille de tortue concernent majoritairement les périodes les plus récentes, et ont fait l’objet d’articles de très bonne qualité[79]. L’intérêt de reprendre ces derniers pour les synthétiser ne semble pas pertinent, en raison de la faible quantité d’informations concernant ces matériaux. Il semble donc préférable de renvoyer directement au travail de ces auteures traitant plus précisément de la période moderne. Il sera tout de même précisé que le corail peut être récupéré dans les mers calmes, comme la Méditerranée, tandis que l’écaille de tortue renvoie à un commerce avec les Amériques.

     

    2.4. Influence des matériaux sur la fonction de l’objet

    L’artisanat des matières osseuses comprend donc un ensemble vaste de matières premières, provenant de tous les environnements et de tous les espaces géographiques. Qu’ils soient terrestres ou aquatiques, sauvages ou domestiques, locaux ou internationaux, de nombreux animaux ont influencé la production d’objets. L’ampleur du réseau commercial joue alors un rôle indirect sur les systèmes de production. En effet, l’approvisionnement local et le circuit court offrent aux artisans une grande quantité de matières premières. L’os, la corne et le sabot sont des produits peu onéreux, et peuvent servir à la fabrication de nombreux objets, dont les prix ne devaient pas être élevés. L’os, par exemple, sert à la production d’autant d’objets du quotidien que nécessaires, de qualités souvent variables. Les dés à jouer, les poinçons, les manches de couteau illustrent parfaitement le propos[80].

    Au contraire, les circuits moyens à longs exercent une influence plus importante sur le travail des matières osseuses. Les provenances plus spécifiques de certains matériaux, à l’exemple de l’os de cétacés ou du bois de cervidé, jouent un nouveau rôle sur leur utilisation. Il est certain que les propriétés mécaniques ont plus d’effets sur le choix productif. Ce dernier dépend principalement de la fonction du matériau durant la vie de l’animal, notamment dans la fabrication de détente d’arbalète. Un matériau plus résilient et plus solide que l’os sera donc privilégié, à l’exemple des deux matières citées plus haut. Néanmoins, dans le cas de pions de jeu ou de pièces d’échecs, les capacités de celles-ci ont un impact plus faible sur leur production. Dans ce cas, leur provenance pourrait jouer un rôle plus important, notamment en raison de leur lien avec l’aristocratie. Les cervidés sont des espèces semi-domestiques, vivant dans des parcs de chasse appartenant à des membres de cours comtales, ducales ou royales. De la même manière, certaines parties des cétacés sont réservées aux élites, et leurs échouages renvoient au droit seigneurial sur les épaves. Les objets issus de ces matériaux en ressortent ainsi de meilleures qualités, à l’exemple de la tour d’échecs en bois de cervidé découverte à Pineuilh (Gironde)[81].

    Enfin, les provenances plus lointaines possèdent probablement un pouvoir plus conséquent sur les systèmes de production médiévaux. L’ivoire est l’un des produits d’un commerce international, ce qui va avoir un impact sur son prix, et donc sur l’achat de la matière première et des objets finis. Par exemple, si le coût de 520 canines de morse est équivalent à la taxe annuelle de 4000 fermiers islandais, cela signifie qu’une seule canine revient à celle de quasiment huit fermiers[82]. Dans ce cas, seules les élites laïques, comme religieuses, peuvent se permettre d’acheter ces matériaux. Il en résulte une production systématique d’objets pouvant être qualifiés de luxueux, à l’exemple des crosses d’abbé ou des pièces d’échecs[83].

     

    3. Conclusion

    Durant la fin du Moyen Âge, le tissu urbain se densifie et l’économie s’en voit petit à petit modifiée. Les activités artisanales s’installent dans les grands centres urbains et forment de véritables corporations de métiers dès le XIIIe siècle. Parmi celles-ci, le travail des matières dures d’origine animale semble occuper une place secondaire, tant elle reste encore méconnue sur de nombreux aspects. Elle fait pourtant l’objet d’un réseau économique important, mêlant marché alimentaire pour l’approvisionnement le plus court à acheminement commercial lointain pour les matériaux les plus rares. Si l’os, la corne ou le sabot peuvent être considérés comme des produits dérivés du maillage alimentaire, il ne peut en être de même pour les nombreuses autres matières.

    Le bois de cervidé ou l’os de cétacés, pouvant être récupérés dans les espaces environnants, recoupent des logiques seigneuriales et occupent donc une place qui pourrait être privilégiée. Leur place dans l’économie artisanale est d’autant plus prégnante lorsque sont considérées les productions qui en sont issues. Entre pièces d’échecs, pions de jeu et parties d’arbalète, elles renvoient majoritairement à un environnement élitaire. L’ivoire ou l’écaille de tortue arrivent par voies commerciales suivant un réseau allant dans toutes les directions. Entre Antilles, cercle polaire arctique, et Afrique, les origines de ces matériaux sont multiples. Ils intègrent alors un commerce de grande envergure menant toutes sortes de marchandises vers l’Europe. Épices, métaux rares, pierres précieuses, esclaves ou matières dures d’origine animale se partagent ces routes aux multiples centres.

    Ces origines multiples possèdent alors un rôle important, quoique secondaire, dans la production. L’approvisionnement à courte échelle permettra la production d’objets du quotidien, dont la qualité peut être variable. Certaines exceptions n’existent cependant qu’en de rares occasions. Au contraire, ceux à moyenne ou longue échelle proposent des matières premières de plus grande qualité. Ces dernières ont pour conséquence un choix productif associé à une frange de la population.

    Références

    [1] E. Tartar, « Origine et développement de la technologie osseuse aurignacienne en Europe occidentale : bilan des connaissances actuelles », Aurignacien Genius, 7,2015, DOI : https://doi.org/10.4000/palethnologie.696.

    [2] F. Chandevau, « La motte castrale de Boves (Somme). Tabletterie et petits artefacts (Xe-XVIe siècles) », Revue archéologique de Picardie, 1/2, 2002, p. 25‑71 ; C. Guérin, Les éléments de tabletterie du site archéologique « Maison Champlain » à Brouage (XVIe-XVIIIe siècle), Mémoire de maîtrise en archéologie, sous la direction d’A. Champagne, Université de Pau, 2011; C. Guérin,  Consommation et usage des éléments de tabletterie entre la France et le Canada (XVIe-XVIIIe siècle), Mémoire de master en archéologie, sous la direction de P. Chareyre, F. Rechin, A. Champagne, et A. Bain, Université de Pau, 2012.

    [3] D. Diderot et J. Alembert (d’), Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, par une société de gens de lettres. Paris, vol. 15, 1765.

    [4] Bien qu’anachronique, le terme « ouvrier » est choisi en raison de sa définition actuelle renvoyant à l’idée d’un travailleur manuel possédant une fonction productive.

    [5] R. Lespinasse (de) et F. Bonnardot,  Les métiers et corporations de la ville de Paris. XIIIe siècle, Le Livre des métiers d’Etienne Boileau. Paris, Imprimerie Nationale, 1879, 422 p.

    [6] Fabricants de tablettes, de lanternes, de dés à jouer ou de peignes.

    [7] Fig. 1

    [8] Boviné, capriné, suidés, cétacés, cervidé, etc. font partie des familles les plus reconnues archéologiquement.

    [9] Chevreuil, cerf, ou daim pour l’Europe occidentale ; élan, ou renne pour l’Europe septentrionale.

    [10] Éléphant, morse, narval, hippopotame, cachalot, etc. Pour le Moyen Âge, les deux premières espèces sont celles dont les ivoires sont majoritairement reconnus.

    [11] M.-A. Chazottes, « Approvisionnement, circulation, transformation et usage du corail en Provence occidentale (XIIIe-XVIe siècles) », Rives Méditerranéennes, 57, 2018, p. 129‑156.

    [12] Voir par exemple C. Enlart, Manuel d’archéologie médiévale : depuis les temps mérovingiens jusqu’à la Renaissance, Paris, Editions Auguste Picard, 1929; E.E. Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné du mobilier français de l’époque carolingienne à la Renaissance, Armes de guerre, Paris, 1874, 517 p.

    [13] H. Hencken, Lagore Crannog, an Irish royal residence of the 7th to 10th centuries, Dublin, Hodges, Figgis and co., 1950, 247 p. ; A. Raine, Medieval York : A Topographic Survey Based on Original Sources, York, éditions Murray, 1955; D.M. Waterman, « Late Saxon, Viking anf early Medieval Finds from York », Archaeologia, 97, 1959, p. 59‑105, DOI : https://doi.org/10.1017/S0261340900009942.

    [14] G. Binding, Die spätkarolingische Burg Broich in Mülheim an der Ruhr, Düsseldorf, Rheinland-Verlag, 1968, 82 p. ; P. Demolon, Le village mérovingien de Brebières (VIe-VIIe siècles), Arras, Commission Départementale des Monuments Historiques du Pas-de-Calais, coll. « Mémoires de la Commission Départementale des Monuments Historiques du Pas-de-Calais », 1972, 338 p. ; D.C. Long, « Excavations in the Medieval City of Trondheim, Norway », Medieval Archaeology, 19, 1975, p. 1‑32 ; D. Whitehouse, « Excavations at Satriano : A Deserted Medieval Settlement in Basilicata », Papers of the British School of Rome, 38, 1970, p. 188‑219.

    [15] M. Biddle, Object and Economy in Medieval Winchester, Oxford, Clarendon Press, coll. « Winchester Studies », n˚ 7, 2 vols, 1990 ; G. Démians d’Archimbaud, Les fouilles de Rougiers (Var) : contribution à l’archéologie de l’habitat rural médiéval en pays méditerranéen, Paris, éditions du CNRS, 1980, 724 p. ; W.A. van Es et W.J.H. Verwers, Excavations at Dorestad 1, The Harbour : Hoogstraat 1, Amersfoort, Rijksdienst voor Het Gudheidkunding Bodemonderzoek, vol. 1, 1980, 319 p. ; J.-M. Pesez, Brucato, Histoire et archéologie d’un habitat médiéval en Sicile, Rome, Ecole Française de Rome, vol. 2, 1984, 827 p.

    [16] Z. Kurnatowska, « Horn working in mediaeval Poland », in : Gerevich L., Salamon A. (éds.), La formation et le développement des métiers au Moyen Âge (Ve-XIVe siècles), colloque international organisé par le Comité des Recherches sur les Origines des Villes, Budapest, 25-27 Octobre 1973, Budapest, Akadémiai Kiadó, 1977, p. 121‑125 ; A. MacGregor, Bone, Antler, Ivory & Horn. The Technology of Skeletal Materials Since the Roman Period, Beckenham, Kent, Croom Helm Ltd, 1985, 245 p.

    [17] J.-C. Béal, Catalogue des objets de tabletterie du Musée de la Civilisation gallo-romaine de Lyon, Paris, De Boccard, 1983, 421 p. ; M.-C. Sautot et J.-C. Béal, « L’os, réflexions sur une exposition », dans Stordeur D. (éd.), Objets en os, historiques et actuels, Première réunion du groupe de travail n°6 sur l’industrie de l’os, GIS, Lyon, mars 1979, Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1980, p. 11‑17 ; J.B. Ward-Perkins, London Museum Medieval Catalogue 1940, Ipswich, Anglia Publishing, 1993, 319 p.

    [18] V. Buffrénil (de) et D. Schoevaert, « On how the periosteal bone of the delphinid humerus becomes cancellous. ontogeny of a histological specialization », Journal of Morphology, 198, 1988, p. 149‑164 ; J.D. Currey, « Mechanical properties of bone tissues with greatly differing functions », Journal of Biomechanics, 12, 1979, p. 313‑319 ; H.G.M. Edwards et D.W. Farwell, « Ivory and simulated ivory artefact : an FT-Raman diagnostic study », Spectrochimica Acta, Part A, 51, 1995, p. 2073‑2082. DOI : https://doi.org/10.1016/0584-8539(95)01455-3.

    [19] R. Lespinasse (de) et F. Bonnardot, Les métiers et […], op. cit..

    [20] J.-F. Goret, « L’artisanat médiéval des matières dures animales avant le XIIIe siècle en France : quelques réflexions sur une activité méconnue », dans  Henigfeld Y., Husi P., Ravoire F. (éds.), L’objet au Moyen Âge et à l’époque moderne : fabriquer, échanger, consommer et recycler, actes du XIe congrès international de la Société d’Archéologie Médiévale, Moderne et Contemporaine (Bayeux, 28-30 mai 2015), Caen, Presses Universitaires de Caen, 2020, p. 29‑39.

    [21] Z. Kurnatowska, « Horn working in […], op. cit., p. 122-124.

    [22] K. Ambrosiani, Viking Age Combs. Comb Making and Comb Makers in the Light of Finds from Birka and Ribe, Stockholm, Akademisk avhandling Arkeologi, coll. « Stockholm Studies in Archaeology », n˚ 2, 1981, p. 47-49.

    [23] S.P. Ashby, Time, Trade, and Identity Bone an Antler Comb in Northern Britain, c. AD 700-1400, Thèse de doctorat en archéologie, University of York, 2006, p. 34-35.

    [24] L. Bourgeois, « Production et distinction : l’artisan au château (Nord-Ouest de l’Europe, Xe-XIIe siècles) », dans Barthélémy D., Martin J.-D. (éds.), Richesse et croissance au Moyen Âge, Orient et Occident, Paris, ACHCByz, coll. « Monographies », n˚ 43, 2014, p. 168.

    [25] J.-F. Goret, « L’artisanat médiéval des […], op. cit., p. 37, à propos de la diffusion des peignes en France médiévale.

    [26] H. Sarmento Pedro, L’artisanat des matières dures d’origine animale en contexte élitaire dans l’Ouest de la France à la fin du Moyen Âge (XIe-XVe siècle), Thèse de doctorat en archéologie sous la direction de M. Aurell et N. Prouteau, Université de Poitiers, 2023.

    [27] L. Bourgeois et I. Rodet-Belarbi, « 16. Le mobilier en os et en bois de cervidé : témoins de fabrication et produits finis », dans Bourgeois L. (éd.), Une résidence des comtes d’Angoulême autour de l’An Mil. Le castrum d’Andone. Publication des fouilles d’André Debord (1971-1995), Caen, Presses Universitaires de Caen, 2009, p. 256‑275 ; Pour Mayenne, si un inventaire est mené par J.-F. Goret, celui-ci n’a jamais fait l’objet d’une publication concernant les indices d’un travail en l’état des connaissances.

    [28] P. Carelli, « Craft in medieval Lund – Production for household requirements, specialization and mass production », dans Gläser M. (éd.), Lübecker Kolloquium zur Stadtarchäologie im Hanseraum V : Das Handwerk, Lübeck, Schmidt-Römhild, 2006, p. 539‑551.

    [29] L. Smirnova, « The Working of Antler, Bone and Ivory in Novgorod : a Study of a Craft Industry », dans Brisbane M., Gaimster D.R.M. (éds.), Novgorod : the Archaeology of a Russian Medieval City and its Hinterland, Londres, The British Museum, coll. « Occasional paper / The British Museum » n˚ 141, 2001, p. 80.

    [30] L. Bourgeois, « Production et distinction […], op. cit., p. 181-182.

    [31] M. Rijkelijkhuizen, Handleiding voor de determinatie van harde dierlijke materialen, Bot, gewei, ivoor, hoorn, schildpad, balein en hoef, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2008, p. 26-27.

    [32] Fig. 2

    [33] La corne, comme elle est souvent utilisée dans les textes, se constitue de deux parties distinctes : l’étui corné, d’un côté, est la couche protectrice en kératine, et la cheville osseuse, de l’autre, au-dessus de laquelle le premier se développe.  Si l’étui corné est rarement mis au jour lors de fouilles archéologiques, son artisanat est mieux connu par la découverte de chevilles osseuse sciées.

    [34] M. Rijkelijkhuizen, Handleiding voor de […], op. cit., p. 85-90.

    [35] S.P. Ashby, « The Deer and the Viking », Deer (Journal of the British Deer Society), 2013, p. 20 ; M. Rijkelijkhuizen, « Horn and hoof – Plastics of the past. The Use of Horn and Hoof as Raw Materials in the Late and Post-Medieval Periods in the Netherlands », dans Lang F. (éd.), The Sound of Bones, Proceedings of the 8th Meeting of the ICAZ Worked Bone Research Group in Salzburg 2011, Salzburg, Salzburg, ICAZ Worked Bone Research Group, 2012, p. 219.

    [36] M. Rijkelijkhuizen, « Horn and hoof […], op. cit., p. 219-220.

    [37] M. Barme et B. Clavel, « Etudes archéozoologiques », dans Normand E., Champagne A. (éds.), Broue (Saint-Sornin – Charente-Maritime) : un site élitaire au cœur des marais charentais. Bilan des premières campagnes de sondages, rapport de fouille programmée pluri-annuelle (années 2015-2017), Poitiers, SRA Nouvelle-Aquitaine, site de Poitiers, 2018, p. 228‑264 ; A. Borvon, « Étude des vestiges fauniques du château de Suscinio (Sarzeau, Morbihan) », dans Vincent K. (éd.), Le château de Suscinio (Morbihan – Sarzeau). Le logis nord, rapport de fouille programmée 2013-2015, Vannes, Service archéologique CD 56, vol. II(1), 2017, p. 331‑401 ; P. Caillat et Y. Laborie, « Approche de l’alimentation carnée des occupants du castrum d’Auberoche (Dordogne) d’après les données de l’archéozoologie », Archéologie du Midi Médiéval, 15‑16, 1997, p. 161‑177; G. Jouanin et J.-H. Yvinec,  « Etude archéozoologique », dans Prodéo F. (éd.), Pineuilh (33), « La Mothe », RFO de fouille archéologique, Pessac, INRAP Grand Sud-Ouest, vol. 2B, 2007, p. 419‑490.

    [38] P. Vingo (de), « Le travail de l’os, de la corne et de l’ivoire au cours des premiers siècles du haut Moyen Âge. Quelques exemples de nouvelles productions du royaume franc », Archéologie Médiévale, 39, 2009, p. 20-21.

    [39] Fig. 3, voir M.H. Crigel, M. Balligand et E. Heinen, « Les bois de cerf : revue de littérature scientifique », Annales de Médecine Vétérinaire, 145, 2001, p. 28.

    [40] A. Grant, « Taming the wild : encroachment and control of animal space », Anthropozoologica, 21, 1995, p. 159.

    [41] F. Duceppe-Lamarre, « Le parc à gibier d’Hesdin. Mises au point et nouvelles orientations de recherches. », Revue du Nord, 83, 343, 2001, p. 175‑184 ; K. Vincent, Sarzeau (Morbihan) – Domaine de Suscinio, Rapport final d’opération, Conseil Départemental du Morbihan, Vannes, 2019, p. 31-33.

    [42] Les espèces de cervidé se trouvent généralement dans des parcs de chasse, mêlant la part « sauvage » à « une activité de prédation dont la mainmise repose sur une frange de la société », voir à ce propos F. Duceppe-Lamarre, « Le seigneur et l’exercice du droit de chasse. Permanences et évolutions d’un pouvoir social et territorial (XIIe-XVe siècles) », dans Cauchies J.-M., Guisset J. (éds.), Lieu de pouvoir, lieu de gestion. Le château aux XIIIe-XVIe siècles. Maîtres, terres et sujets, Turnhout, Belgique, Brepols, 2011, p. 167‑178.

    [43] M. Casset, « Forêts et espaces de chasse dans l’Ouest breton et normand au Moyen Âge, esquisses d’un questionnement », dans Mérot F., Rentet T., Buchet C. (éds.), Les forêts européennes. Gestions, exploitations et représentations (XIe-XIXe siècles), Actes du colloque de Chantilly (17-18 novembre 2015), Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2018, p. 124.

    [44] K. Ambrosiani, Viking Age Combs […], op. cit., p. 52.

    [45] S.P. Ashby, « The Deer and […], op. cit., p. 20.

    [46] Voir M. Rijkelijkhuizen, Handleiding voor de […], op. cit., p. 42-43.

    [47] A. MacGregor, Bone, Antler, Ivory […], op. cit., p. 34.

    [48] https://ausonius.u-bordeaux-montaigne.fr/AQUITAINE-DUCALE/index.php/l-aquitaine-et-ses-richesses/des-ressources-limitees/la-chasse-a-la-baleine.

    [49] M. Rijkelijkhuizen, Handleiding voor de […], op. cit., p. 31-32 et 88-90.

    [50] https://ausonius.u-bordeaux-montaigne.fr/AQUITAINE-DUCALE/index.php/l-aquitaine-et-ses-richesses/des-ressources-limitees/la-chasse-a-la-baleine.

    [51] C61/39, Gascon Roll for the 1st year of the reign of Edward III, Membrane 4, 54, http://www.gasconrolls.org/fr/edition/calendars/C61_39/document.html#m4.

    [52] M. Gardiner, « The exploitation of Sea-Mammal in medieval England: Bones and their Social Context », Archaeological Journal, 154, 1997, p. 175-176.

    [53] J.-F. Goret et F. Poplin, « Les pièces de jeu médiévales découvertes sur le site du château de Mayenne », Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2011, p. 197-199 ; H. Sarmento Pedro, L’artisanat des matières […], op. cit.

    [54] I. Riddler et N. Trzaska-Nartowski, « Hamwic et l’artisanat de l’os de baleine aux VIIe-IXe siècles », Cahiers LandArc, 6, 2014, p. 7.

    [55] Voir J.-P. Proulx, La pêche de la baleine dans l’Atlantique Nord jusqu’au milieu du XIXe siècle, Ottawa, Canada, Ministère des approvisionnements et Services Canada, coll. « Etudes en archéologie, architecture et histoire », 1986, 119 p. ; M. Rijkelijkhuizen, « Whales, Walruses, and Elephants. Artisans in Ivory, Baleen, and Other Skeletal Materials in Seventeenth- and Eighteenth-Century Amsterdam », International Journal of Historical Archaeology, 13, 2009, p. 409-415.

    [56] A. Cutler, The Craft of Ivory. Sources, Techniques, and Uses in the Mediterranean World : A. D. 200-1400. Washington, Dumbarton Oaks, Research Library and Collection, 1985, 58 p. ; S.M. Guérin,  « Ivory Carving in the Gothic Era, Thirteenth–Fifteenth Centuries », Heilbrunn Timeline of Art History, New York, The Metropolitan Museum of Art, 2010, http://www.metmuseum.org/toah/hd/goiv/hd_goiv.htm, consulté le 5 mai 2020 ; R. Koechlin, Les ivoires gothiques français, Paris, Auguste Picard, 3 vols, 1924; G.F. Kunz, Ivory and the elephant in art, in archaeology, and in science, New York, Doubleday, Page and Company, 1916, 527 p. ; M. Rijkelijkhuizen, « Large or small ? African elephant tusk sizes and the Dutch ivory trade and craft », dans Baron J., Kufel-Diakowska B. (éds.), Written in Bones, Studies on technological and social contexts of past faunal skeletal remains, Wrocław, Pologne, Institute of Archaeology, University of Wrocław, 2011, p. 225‑232 en sont quelques exemples.

    [57] D. Chaoui-Derieux, I. Rodet-Belarbi et F. Chandevau, « Os, bois de cervidés, ivoires, bois, cristal de roche. Matériaux et pièces de jeux », dans Grandet M., Goret J.-F. (éds.), Echecs et trictrac. Fabrication et usages des jeux de tables au Moyen Âge, Paris, Errance, 2012, p. 53.

    [58] M. Delliaux, « Le morse et le phoque dans les mers du Nord au Moyen Âge : chasse, exploitation, commerce. Une approche par les textes », Anthropozoologica, 51(2), 2016, p. 85‑96 ; M. Delliaux et A. Gautier, « Cheval ou baleine. Les noms du morse dans les mondes septentrionaux (IXe-milieu du XVIe siècle) », Anthropozoologica, 53(15), 2018, p. 175‑183 ; K.M. Frei, A.N. Coutu et K. Smiarowska, « Was it for walrus ? Viking Age settlement and medieval walrus ivory trade in Iceland and Greenland », World Archaeology, 47(3), 2015, p. 444-445.

    [59] J.H. Barrett, S. Boessenkool, C.J. Kneale, et al., « Ecological globalisation, serial depletion and the medieval trade of walrus rostra », Quaternary Science Review, 229, 2020, p. 1‑15 ; X. Dectot, « When Ivory came from the seas. On some traits or the trade of raw and carved sea-mammal ivories in the Middle Ages », Anthropozoologica, 53(14), 2018, p. 159‑174 ; D. Gaborit-Chopin, « Walrus ivory in Western Europe », dans Roesldahl E., Wilson D.M. (éds.), From Viking to Crusader. The Scandinavians and Europe 800-1200, New York, Rizzoli, 1992, p. 204‑205 ; E. Pierce, « Walrus Hunting and the Ivory Trade in early Iceland », Archaeologia Islandica, 7, 2009, p. 55‑63 ; E. Roesdahl, « L’ivoire de morse et les colonies norroises du Groenland », Proxima Thulé, revue d’études nordiques, 3, 1998, p. 9‑48. Ces références sont quelques exemples du travail déjà réalisé.

    [60] J.H. Barrett, S. Boessenkool, C.J. Kneale, et al., « Ecological globalisation, serial […], op. cit. ; K.M. Frei, A.N. Coutu et K. Smiarowska, « Was it for […], op. cit.

    [61] Fig. 4

    [62] X. Dectot, « When Ivory came […], op. cit., p. 164.

    [63] D.H. Caldwell, R.A. Hall et C.M. Wilkinson, « The Lewis Hoard of Gaming Pieces : A re-examination of their context, Meanings, Discovery and Manufacture », Medieval Archaeology, 53, 2009, p. 155‑204.

    [64] M. Grandet et J.-F. Goret, Echecs et trictrac. Fabrication et usages des jeux de tables au Moyen Âge, Paris, Errance, 2012, p. 114-116.

    [65] X. Dectot, « When Ivory came […], op. cit., p. 169.

    [66] D. Chaoui-Derieux, I. Rodet-Belarbi et F. Chandevau, « Os, bois de […], op. cit., p. 54.

    [67] X. Dectot, « When Ivory came […], op. cit., p. 167.

    [68] E. Roesdahl, « L’ivoire de morse […], op. cit., p. 43-44 ; C. Keller, « Fur, Fish, and Ivory : Medieval Norsemen at the Arctic Fringe », Journal of the North Atlantic, 3, 2010, p. 3 ; M. Delliaux, « Le morse et […], op. cit., p. 94 ; X. Dectot, « When Ivory came […], op. cit., p. 163.

    [69] Le dimorphisme sexuel des populations asiatiques, couplé à la petite taille de leur défense et aux sources arabes faisant mention d’un transport d’ivoires africains vers la Chine et l’Inde, explique une origine africaine de l’ivoire d’éléphant, voir S.M. Guérin, « Forgotten Routes. Italy, Ifrīqiya and the Trans-Saharan Ivory Trade », Al-Masāq, 25, 1, 2013, p. 70‑91.

    [70] S.M. Guérin, « Avorio d’ogni ragione. The supply of elephant ivory to northern Europe in the Gothic era », Journal of Medieval History, 36(2), 2010, p. 160.

    [71] Or, esclave, alun, cuivre, voir S.M. Guérin, « Chapter 12. Gold, Ivory and Copper. Materials and Arts of Trans-Saharan Trade »,dans Bickford Berzock K. (éd.), Caravans of Gold, Fragments in Time. Art, Culture, and Exchange accross medieval Saharan Africa, Northwestern University, Block Museum of Art, 2019, p. 175‑201.

    [72] Fig. 5

    [73] Ibid.

    [74] S.M. Guérin, « Avorio d’ogni ragione […], op. cit., 2010, p. 163.

    [75]  S.M. Guérin, « Avorio d’ogni ragione […], op. cit. ; S.M. Guérin, « Forgotten Routes. Italy […], op. cit. ; T. Insoll, « Islamic Medieval Empires of West Africa, Ghana, Mali and Songhai », dans Gronenborn D. (éd.), Gold, Slaves, and Ivory. Medieval empires in Northern Nigeria, Mainz, Verlag des Römisch-Germanischen Zentralmuseums, 2011, p. 27‑33 ; S. Nixon, « Tadmekka. Archéologie d’une ville caravanière des premiers temps du commerce transsaharien », Afriques, 4, 2013, https://journals.openedition.org/afriques/1237, consulté le 10 mars 2020.

    [76] R. Koechlin,  Les ivoires gothiques […], op. cit., p. 29-31 ; D. Gaborit-Chopin, « Le commerce de l’ivoire en Méditerranée durant le Moyen Âge », Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques. Archéologie, histoire de l’art, époques médiévale et moderne, 34, 2008, p. 33 ; S.M. Guérin, « Avorio d’ogni ragione […], op. cit., p. 165-166.

    [77] S.M. Guérin, « Avorio d’ogni ragione […], op. cit., 170-171.

    [78] K.M. Frei, A.N. Coutu et K. Smiarowska, « Was it for […], op. cit., p. 444.

    [79] M.-A. Chazottes, « Approvisionnement, circulation, transformation et usage du corail en Provence occidentale (XIIIe-XVIe siècles) », Rives Méditerranéennes, 57, 2018, p. 129‑156 ; M. Rijkelijkhuizen, « Tortoiseshell in the 17th and 18th Century Dutch Republic », dans Legrand-Pineau A., Sidéra I., Buc N. (éds.), Ancient and Modern Bone Artefacts from America to Russia. Cultural, technological and functional signature, Oxford, Archaeopress, coll. « BAR International Series » n˚ 2136, 2010, p. 97‑106 ; J. Soulat et C. Solazzo, « Des Caraïbes à la métropole : artisanat et commerce des peignes en écaille de tortue marine à l’époque coloniale », Journal of Caribbean Archaeology, 16, 2016, p. 1‑37.

    [80] Fig. 6

    [81] Fig. 7

    [82] E. Roesdahl, « L’ivoire de morse […], op. cit., p. 43-44 ; C. Keller, « Fur, Fish, and […], op. cit., p. 3 ; M. Delliaux, « Le morse et […], op. cit., p. 94 ; X. Dectot, « When Ivory came […], op. cit., p. 163.

    [83] Fig. 8