La spatialité dans l’étude des identités nationales de l’Américain Amos Hall, pionnier du canton d’Irlande au XIXe siècle

Pierre-Gabriel Gosselin
Candidat à la maîtrise en histoire à l’Université de Sherbrooke

Résumé: Ce texte propose d’observer la vie du pionnier du canton d’Irlande, Amos Hall, dans une trame basée sur l’évolution de ses identités au fil de sa vie. Ainsi, nous traversons les années, arrêtant sur divers évènements et épisodes, faisant de cet individu un Britannique, un Américain et un Canadien. En nous intéressant à ses identités nationales, nous pouvons observer l’évolution du Bas-Canada comme un territoire propice à l’avènement d’une identité canadienne-anglaise. Ainsi, nous démontrons comment l’espace influence la création d’une identité en donnant une place centrale à l’espace physique ancré dans une période historique propre. La « temporalisation de l’espace » permet donc à l’historien d’ancrer solidement son analyse en histoire des identités.

Mots-clés : Canton-de-l’Est; loyalistes; colonisation; noyaux villageois; identités; 13 colonies; États-Unis; Canada; canadianisation.

 

Introduction

L’approche spatiale offre des perspectives uniques à la discipline historienne. Depuis le XXe siècle, les historiens mobilisent l’espace comme objet d’étude. C’est le cas chez James Claude Malin et Frederick Jackson Turner qui, contrairement à leurs homologues, donnent déjà une place centrale à la géographie dans la discipline historique[1]. Néanmoins, nombre de grands théoriciens sociaux ont délaissé l’approche spatiale au profit de l’approche temporelle[2]. C’est surtout lorsque Michel Foucault annonce le tournant géographique en 1967, par « la mise en évidence de l’importance de l’environnement physique dans le développement des sociétés », que s’amorce le retour de cette approche dans les études historiques[3]. Aujourd’hui, « la construction humaine de l’espace et des lieux de rencontres constitue une grille d’analyse incontournable pour le chercheur qui désire comprendre des changements sociaux[4] ». Cette étude abonde en ce sens et démontre les influences de l’espace dans la l’évolution identitaire d’Amos Hall, premier habitant du canton d’Irlande au XIXe siècle.

 

Mise en contexte

Amos Hall (1761-1854) est né à Stonington au Connecticut en 1761[5]. Ainé de huit enfants, il s’enrôle dans l’armée continentale en 1776 alors que débute la révolution américaine[6]. En 1780, il est promu sergent et agit désormais à titre de trésorier[7]. Deux ans plus tard, Hall épouse Martha Straw et ils auront onze enfants. En 1793, il atteint le grade de capitaine, titre qu’il conservera toute sa vie[8]. Trois ans plus tard, à la mort de son père, il bénéficie d’un héritage conséquent[9]. Suivant les traces de ce premier, Amos Hall entreprend des activités commerciales dans la ville d’Hopkinton en 1800. En ce sens, sa famille fait partie d’une classe socio-économique privilégiée parmi lesquels figurent soldats de carrière, médecin, et hommes d’affaires notables[10]. Néanmoins, en 1801, Amos Hall prend la décision de vendre ses propriétés et de se lancer dans un périple au Bas-Canada[11]. À cette époque, la présence importante de franco‑catholiques décourage les populations anglo-protestantes de s’établir en périphérie des seigneuries de la vallée du Saint-Laurent. Effectivement, lors de la cohabitation entre deux cultures, le groupe minoritaire est généralement contraint de se soumettre aux exigences du groupe majoritaire[12]. En contexte canadien, malgré la domination de « la bureaucratie anglaise, [de] ses alliés locaux, [de] la petite noblesse seigneuriale, et [d]es marchands britanniques », le gouvernement britannique préconise les politiques conciliantes envers les francophones depuis la fin de la guerre de Sept‑Ans[13]. En ce qui concerne cette société coloniale hétérogène, elle n’échappe pas aux « mouvements d’idées qui ont balayé l’Europe » au XIXe siècle[14]. Les enjeux sociaux bas‑canadiens soulèvent entre autres des tensions culturelles résultant même en une rébellion francophone ouverte en 1837-1838[15]. En ce sens, l’émigration de la famille Hall dans le caton bas-canadien d’Irlande, lors de cette période d’instabilité sociale, est risquée.

 

Objet d’étude

Tout au long de sa vie, Amos Hall a résidé dans trois espaces distincts soient : les colonies américaines-britanniques[16], les États-Unis et enfin le Bas-Canada. De son enfance à son établissement à Irlande, Amos Hall est donc influencé par trois identités nationales différentes. Avant 1776, il est sujet britannique. Après 1783, année où prend fin la révolution américaine, il est officiellement Américain. Enfin, il redevient sujet britannique après son émigration au Bas-Canada. Nous verrons cependant que l’identité canadienne qui se développe dans ce dernier territoire n’est pas proprement britannique. Les deux premières identités nationales, anglaise et américaine, ont toutes deux des répercussions sur la vie entière d’Amos Hall. Leurs influences se manifestent entre autres dans les décisions personnelles de cet individu. À cet effet, l’espace et le contexte historique conditionnent les agissements d’Amos Hall, qui réfèrent sans cesses à des valeurs inculquées par ses indentés nationales. Dans les années qui suivent son l’établissement dans le Bas-Canada, Amos Hall est témoin de l’arrivée de milliers d’immigrants européens dans les cantons de Leeds, d’Inverness et d’Irlande. À partir de 1815, la fin des guerres napoléoniennes accentue certains troubles sociaux en Europe forçant le départ de milliers d’individus, dont des centaines d’Irlandais et d’Écossais[17]. En effet, l’historien Aidan McQuillan observe que la période 1815-1830 est marquée par l’arrivée continue d’Européens en Amérique du Nord : « Les Irlandais sont arrivés plus nombreux au Canada dans les années 1810, 1820 et 1830 que durant les décennies qui suivirent la grande famine[18] ». La situation est semblable chez les Écossais, qui arrivent par milliers lors de cette période[19]. À cette époque, le port de Québec est le plus important de la colonie britannique canadienne alors que des milliers d’Européens y débarquent[20]. Ces migrations favorisent tout d’abord le développement d’un bassin culturel anglo-protestant et enfin, d’une nouvelle identité canadienne‑anglaise chez Amos Hall. Cette dernière se constitue autour des noyaux villageois dans lesquels les impacts de la pluralité culturelle s’expriment. De cette façon, la réalité historique et les caractéristiques uniques au territoire britannique, américain, puis canadien, structurent le développement identitaire de cet individu et sa société.

 

Problématique et hypothèses

En ce qui concerne l’évolution des identités d’Amos Hall, l’espace nous permet d’observer distinctement les apports de la société britannique, américaine et canadienne. La conciliation de ces différentes identités nationales entraine ultimement en une nouvelle identité sociale rurale canadienne-anglaise. Cet exemple de cas montre comment l’espace influence la création d’une identité. En effet, cette approche explicite « l’importance de l’environnement physique dans le développement » d’une nouvelle société[21]. En considérant le territoire comme un espace unique dans lequel se développe une identité nationale relative à un contexte historique propre, nous tentons d’identifier l’apport de l’identité britannique, américaine, et canadienne chez Amos Hall. En d’autres termes, quel est l’impact du territoire, dans un contexte historique défini, dans son développement identitaire? Tout d’abord, nous avançons que l’identité britannique lui inculque une appartenance élitiste. Enfin, l’identité canadienne surgit avec la constitution des nouvelles communautés villageoises faisant d’Amos Hall un acteur local impliqué et investi dans le noyau villageois de Maple Grove à Irlande.

 

Historiographie

Puisque cette étude croise spatialité et identité, il convient de voir l’évolution de l’historiographie relative à ces deux thématiques. Premièrement, la théorisation du tournant spatial revient à Michel Foucault (1926-1984). Il propose que, « la pensée [devienne] topologique, cartographique : c’est donc à l’espace qu’elle est intrinsèquement liée[23]. » Conformément à ce modèle, le philosophe et sociologue Henri Lefebvre (1901-1991) réfléchit la « différencialité » où l’espace est à la fois « source de diversité […], d’inertie et d’homogénéité[24] ». Ces deux auteurs permettent au tournant spatial de s’ancrer dans les études de la fin du XXe siècle. Le titre de « spatiologue » fait même son apparition à cette époque[25]. Sans surprise, la pensée spatiale trouve écho chez les géographes contemporains à ces deux auteurs, mais certains, dont Jacques Levy (1952-…), relativisent l’apport de la spatialité dans les études historiques. « L’idée de remplacer les constructions théoriques basées sur le temps par celles basées sur l’espace, comme l’avait suggéré Foucault, était séduisante, mais profondément discutable[26] ». Ainsi, depuis les années 2000, nombre d’études tendent à renouer avec l’approche temporelle[27]. Or, l’intérêt pour la spatialité ne disparait pas pour autant. Les auteurs reconnaissent toujours la valeur de la géographie, qui observée conjointement à un contexte historique propre, entraine la « temporalisation de l’espace[28] ». En ce sens, il est bénéfique que l’historien ait recours à l’espace comme objet d’étude, mais il doit la situer dans son contexte historique. C’est ce que nous proposons de faire dans cette étude en démontrant notamment les conséquences de la révolution américaine dans la construction identitaire sur le territoire américain. Chez Amos Hall, la révolution américaine marque la fin d’une identité britannique et le développement d’une identité américaine. Notre approche est donc conforme à la temporalisation de l’espace et situe l’individu dans son milieu, mais également le milieu dans son contexte historique.

Par la suite, l’histoire des identités est surtout influencée par des conceptions sociologiques et philosophiques. Tout d’abord, le travail des sociologues Émile Durkheim (1858-1917) et George Herbert Mead (1863-1931) est fondamental dans les théories modernes de l’identité. Ensemble, ils démontrent le rôle central de l’interaction entre l’individu et son milieu dans la construction identitaire[29]. De son côté, le sociologue Max Weber (1864-1920) montre comment l’identité doit être réfléchie par une série de questions qui situent historiquement le sujet à l’intérieur de son milieu[30]. Chez ces penseurs, l’interaction entre l’individu et son milieu est centrale à toute recherche abordant l’identité. Quelques années plus tard, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss (1908-2009) reprend cette conception pour proposer que l’identité se « base sur une norme d’appartenance, nécessairement consciente, fondée sur des oppositions symboliques[31] ». En ce sens, l’identité britannique dans les colonies, la création d’une identité américaine et le développement d’une identité canadienne-anglaise sont le fruit d’une interaction entre les individus et leurs milieux. De ce fait, des changements identitaires seraient perceptibles chez Amos Hall avant et après l’indépendance américaine ainsi qu’au moment où il émigre au Bas-Canada. Conformément à ce qui a été dit, nous considérons que l’identité doit s’étudier en rapport avec un espace situé dans son contexte historique. Ainsi, il faut réfléchir les questions identitaires à travers l’approche spatiale.

 

Méthodologie

L’approche spatiale se situe à la limite de la discipline historique et de la géographie. Cela n’oblige toutefois pas le chercheur à mobiliser sans cesse cartes et plans, mais la recherche doit établir des liens entre l’évolution de l’individu et le développement de son milieu. Par conséquent, ne devons considérer l’histoire personnelle d’Amos Hall et de ses identités nationales comme un phénomène évolutif lié au territoire habité.

 

Sources

Cette étude mobilise un recueil de sources colligées par Philip P. Brown, descendant d’Amos Hall, dans son ouvrage Captain Amos Hall (1761-1854)[32]. Grâce aux documents administratifs et archives militaires qu’il contient, nous pouvons suivre la vie d’Amos Hall. Ces sources nous renseignent plus généralement sur l’individu, sans toutefois nous offrir un accès direct à ses pensées et son appartenance nationale. C’est pourquoi l’identité s’étudie plus largement par une approche qui établit des causalités entre les diverses identités nationales en générale et les évènements factuels de la vie d’Amos Hall. C’est donc par la mise en valeur de ce corpus que des liens de causalités sont établis entre la vie personnelle d’Amos Hall et l’évolution de son identité nationale.

 

Définition de concepts

Il convient d’établir le sens des deux concepts clés de cette étude, soient la colonisation et le noyau villageois. Tout d’abord, la colonisation explique le développement d’un bassin culturel au cœur de ce qui constituera l’enclave anglo-protestante dans les cantons de Leeds, d’Inverness et d’Irlande. Ensuite, le noyau villageois permet d’observer les nouvelles communautés et le développement de sentiment d’appartenance canadien dans une nouvelle identité sociale.

 

Colonisation

L’utilisation du concept de contient un certain nombre de risques dans une étude historique. Tout d’abord, dans son sens profond, la colonisation constitue un terme « chaotique et stérilement polémique[33] ». Déjà, en 1975, l’historien Guy Pervillé s’avance à dire que la colonisation, dans son sens contemporain, « fait honte » parce que mal connue dans son ensemble conceptuel. En effet, ce dernier, qui reprochait que la colonisation soit un terme « souvent nommé », mais « jamais pensé », ne se trompe pas sur le danger d’une utilisation mal définie[34]. Cette honte répandue de la désignation colonisatrice remonte aux fondements du système colonial qui renvoie à l’occupation et l’exploitation d’un territoire par une puissance étrangère. « La colonisation, c’est d’abord le fait de peupler de colons, de transformer en colonie même si, en réalité, le statut de colonie n’a pas été unilatéralement appliqué dans tous les empires coloniaux[35]. » En ce sens, la colonisation n’est pas exclusive aux empires et peut se produire à divers niveaux. Sous la Nouvelle-France, Jacques Mathieu définit ce terme par le fait « d’exploiter toutes les richesses naturelles d’une contrée nouvelle[36]. » Cette définition mercantile relativise les effets négatifs pour les peuples déjà établis sur le territoire convoité. Au Canada, les Premières Nations furent incontestablement opprimées par la colonisation européenne. Dans son ouvrage Property and Dispossession : Natives, Empires and Land in Early Modern North America, l’historien Allan Greer rappelle qu’il n’est pas possible d’aborder la colonisation nord-américaine comme phénomène axé sur l’exploitation des ressources[37]. Il replace en effet au cœur du débat l’oppression systématique des peuples autochtones. Néanmoins, dans le sens de cette recherche, la colonisation atteint son troisième stade proprement canadien selon Albert Pletsch, spécialiste de l’histoire culturelle au Canada, soit l’établissement anglophone en zone appalachienne[38]. À cet égard, J. I. Little ajoute que cette colonisation vise spécifiquement le peuplement britannique dans l’espace francophone au Bas‑Canada, définition à laquelle cette étude adhère[39]. L’historienne Nancy Christie précise toutefois que la colonisation britannique s’accompagne habituellement d’un sentiment de supériorité sur la population francophone conquise[40]. De ce fait, ce sentiment traduit généralement un désir d’assimilation des franco-catholiques du Bas-Canada. Enfin, le contexte de colonisation occupe une part importante de l’histoire individuelle d’Amos Hall, principalement en ce qui concerne son immigration au Bas-Canada.

 

Noyaux villageois

Le sens donné à la notion de noyau villageois est large, mais comprend également des paramètres précis. Premièrement, la géographe Marie-Hélène Trudel donne au village de Nouvelle‑France le sens de structure « d’aménagement de l’espace » dans le cadre du système seigneurial[41]. Cela diverge grandement de la proposition de son homologue Pierre Deffontaines qui, en 1953, définissait le village au Québec comme « un simple renflement de population, non prévu à l’origine, au long d’un chemin de rang » laissant une perception de désorganisation dans l’organisation des noyaux villageois[42]. Afin de trancher sur la définition de ce que constitue un village, Serge Courville rappelle que la période étudiée influence grandement la définition du terme. Ainsi, il faut considérer des critères géographiques, démographiques et économiques[43]. Par conséquent, le concept de noyau villageois permet l’étude de la société se constituant à ses abords. De ce fait, cette notion doit être utilisée sous la forme entendue par Courville, afin de mesurer l’impact des milieux sur l’identité nationale d’Amos Hall dans la société villageoise de Maple Grove. Les notions d’espace et de sociabilité peuvent alors être étudiées à l’intérieur de sa société villageoise identifiée par Courville comme « région historique » unique[44]. Donc, le noyau villageois constitue un espace unique dans lequel une identité propre peut se développer. C’est grâce à ce concept qu’il est possible d’étudier le développement d’une appartenance villageoise proprement canadienne comme nous le verrons.

 

Développement

Lors des 40 premières années de sa vie, Hall est confronté à trois entités nationales. Tout d’abord, l’identité britannique est présente dans les colonies britanniques américaines depuis leur création. Ensuite, l’identité américaine se développe graduellement avec la révolution américaine qui crée un nouvel espace indépendant dans lequel se construit une nouvelle identité. Enfin, à l’intérieur du Bas-Canada, dans les cantons de Leeds, d’Inverness et d’Irlande, se constitue une enclave anglo‑protestante, zone claire et définie par la frontière de ces cantons où se développe une identité canadienne. Cette création est unique à ce milieu. C’est donc dans cet espace précis qui rend possible l’apparition d’une identité canadienne-anglaise chez Amos Hall. Or, les caractéristiques communes du territoire canadien et de son histoire feront ressortir une identité rurale assez uniforme dans son ensemble. Or, ces trois cantons constituent une enclave anglo-protestante, dépourvue de souche francophone dans la première moitié du XIXe siècle, dont les paramètres permettent l’apparition d’une hybridité identitaire propre au territoire canadien. En somme, nous proposons d’observer indépendamment les identités britannique, américaine et canadienne tout en tentant de mesurer leur influence chez Amos Hall. De ce constat se démarque l’importance d’attribuer à l’espace un apport tout particulier.

 

Les identités nationales

 

Identité britannique en Amérique

Premièrement, d’ordre général, l’identité britannique est avant tout élitiste. En Angleterre, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, « la culture politique devient l’arène principale où se joue la construction des identités et allégeances politiques, lutte inégale dans laquelle les groupes d’élite, forts du soutien de l’État, sont bien sûr, largement avantagés[45] ». Dans le but de mobiliser le peuple au projet national, l’état monarchique encourage les élites à encadrer voire diriger la construction identitaire britannique. À cet effet, « l’invention même de la littérature anglaise comme croyance, comme grand discours collectif et comme objet central d’une communauté imaginée », était étroitement contrôlée par l’État[46]. L’établissement d’un rapport entre élite et peuple vise « la constitution, l’organicité [et] l’unicité » autour du projet national mis de l’avant par les intellectuels[47]. De cette démarche, la littérature anglaise est devenue « un pilier de l’identité nationale[48] ». Cette manière de créer l’identité nationale adoptée par la monarchie britannique et les élites vise à échapper aux effets d’une construction identitaire venant du bas de l’échelle sociale.

Dans un pays où la nationalisation des masses par le haut connaissait depuis la fin des guerres napoléoniennes un fort coup d’arrêt, ou le libéralisme libre-échangiste tendait à dominer les discours politiques ou le développement rapide des nouveaux médias étroitement lié aux forces du commerce et à la demande sociale de scolarisation, ce nationalisme venu d’en bas risquait de mettre en péril la culture rare qui fondait pour une part le pouvoir des élites sociales[49]

En effet, la construction d’une identité par le bas dans les colonies américaines constituait une véritable menace pour le pouvoir en place. Elle permet, et entrainera en l’occurrence, la constitution d’une identité indépendante. Ainsi, la prise en charge des élites locales dans la construction identitaire nationale visait un éloignement des valeurs modernes des XVIIIe et XIXe siècles en proposant des modèles plus conservateurs. La famille d’Amos Hall, issue d’une lignée de notable, est ainsi membre d’une certaine élite sociale[50]. C’est principalement chez ce groupe que l’identité britannique s’est répandue dans le milieu colonial. La carrière marchande d’Amos Hall débute rapidement lorsqu’il hérite d’une partie des 1000$ obtenus par la vente des actifs de son père décédé en 1796[51]. Le recensement d’Hopkinton Town Clerk de 1800 montre qu’Amos Hall est actif dans le commerce de l’alcool et possède un magasin en ville[52]. En premier lieu, établir une corrélation entre les succès commerciaux et l’adhésion à une identité nationale britannique est bancal. En effet, même chez l’élite des milieux coloniaux mercantiles, il semble que les succès commerciaux n’entrainent pas l’adhésion systématique à une identité britannique. Au contraire, le contexte américain, comme décrit dans le Common Sense de en 1776, incarne bien la faible portée de l’identité britannique chez les habitants des colonies. En effet, il rejette l’autorité royale et réitère le statut d’État « libre et indépendant » des États-Unis pour mobiliser le peuple à adhérer à la révolution américaine[53]. Bien que la pensée de Paine ne soit pas représentative de l’état d’âme de tous colons à la veille de la révolution, il faut rappeler que les sujets britanniques loyaux pouvaient émigrer au Canada. Dans le même ordre d’idée, on ne peut dénier l’affirmation identitaire que représente l’enrôlement d’Amos Hall dans les troupes révolutionnaires. Ce constat laisse croire que l’identité britannique n’a pas atteint le jeune homme alors âgé de 15 ans. Toutefois, certaines racines identitaires resurgirons lors de son établissement au Bas-Canada. Il ne faut donc pas éclipser les impacts de l’identité britannique chez cet individu en raison de son adhésion à l’armée continentale en 1776. En effet, selon les théories de l’identité, on peut supposer que l’enrôlement d’Amos Hall marquerait ainsi un passage à l’âge adulte et non une affirmation identitaire. Dans la société révolutionnaire, l’enrôlement est un moyen d’assurer la mobilité sociale par la participation au projet national. De plus, chez Amos Hall, la carrière militaire constitue un dialogue identitaire entre lui et son père. Puisque la capacité d’agir est très limitée chez Amos Hall à l’âge de quinze ans, considérant qu’il ne « maitrise [pas] les enjeux, les moyens et les objectifs » de sa carrière militaire, le métier de soldat constitue un outil de reconnaissance social positif dont les effets se mesurent rapidement avec son père[54]. Il s’agirait d’une véritable quête de « validation sociale » qui entraine « des formes d’approbation et de désapprobation sociale », dans un premier temps celles de son père, et non d’un refus de l’identité nationale britannique élitiste[55]. Puisqu’Amos Hall pouvait s’enrôler dans les troupes britanniques, rejoindre les rangs américains a donc une valeur identitaire et témoigne d’un sentiment d’appartenance ou d’une quête d’approbation sociale. En ce sens, le mythe national américain semble avoir eu plus de portée chez le jeune homme que le mythe national britannique élitiste. Cela est assurément imputable au contexte américain. Malgré tout, nous verrons ressurgir une identité britannique plus tard dans sa vie, alors que le territoire et le contexte historique rendent plus propice une affirmation identitaire britannique.

 

 

Identité américaine

Deuxièmement, la construction d’une identité américaine s’organise bien avant la création officieuse des États-Unis d’Amérique en 1776. La déclaration d’indépendance accélère considérablement cette quête identitaire nationale qui fait de l’espace américain le lieu d’avènement d’une nouvelle identité nationale. Au cœur de cette période charnière, l’impérialisme devient une valeur nationale répandue[56]. Dans sa matérialisation, les États-Unis deviennent un pays devant occuper l’espace en quittant « la marge pour se recentrer, soit en prenant la place du centre, soit en devenant eux-mêmes un centre ; et se construire une identité nationale positive[57] ». En ce sens, l’expansion du territoire américain permet à ce peuple de devenir le centre des Amériques procurant « une identité politique, humaine, démographique, culturelle [et] philosophique[58] ». L’impérialisme et la colonisation deviennent des idéaux permettant l’expression de l’identité américaine. « Les jeunes États-Unis ont à la fois un problème de survie et de reconnaissance. La construction d’un empire territorial semble contenir la promesse d’une solution à cette angoisse[59] ». L’expansion devient un moyen d’assurer que la nouvelle république soit forte et assure la mobilité sociale « promise dans le projet américain[60] ». L’aventure colonisatrice d’Amos Hall dans le nouvel espace canadien recèle donc des valeurs américaines.  

Dans cette perspective, la vie canadienne d’Amos Hall marque la continuité d’une identité américaine Bien que ces valeurs étaient présentes avant la constitution du mythe national de la manifest destiny, ces idéaux peuvent maintenant s’interpréter dans le cadre d’une manifestation identitaire. Toutefois, il faut toujours garder en tête que les études en histoire des identités ne peuvent jamais affirmer avec certitude la portée d’une identité sur un sujet, mais seulement en proposer des limites. Nous croyons donc que l’inculcation de ces valeurs chez Amos Hall remonte à son enrôlement dans l’armée continentale en 1776. En premier lieu, l’armée continentale était composée d’environ 20 000 hommes inexpérimentés pour la plupart[61]. Ces volontaires étaient « mal équipés, à moitié soldat et à moitié cultivateurs[62]. » C’est dans l’effervescence du projet national d’indépendance qu’Amos Hall, âgé de quinze ans, rejoint une armée désorganisée juste avant que la conscription obligatoire de tous les hommes âgés de 16 à 60 ans soit décrétée[63]. Dans ce contexte, l’armée continentale ne constituait pas un groupe professionnel. L’armée incarnait « l’exaltation de la liberté » en plus d’apporter « la fierté d’être membre d’une communauté humaine[64] ». Ainsi, les valeurs nationales de liberté, incarnée par l’expansion de la nation américaine sur la terre promise, peuvent être interprétées comme une nouvelle forme d’impérialisme selon notre conception de la colonisation. La constitution de la nation américaine s’est orchestrée dans une lutte contre l’impérialisme britannique, mais n’exclut pas l’apparition d’un expansionniste américain. Ce mythe national peut lui-même être considéré comme un nouvel impérialisme états-unien dans le contexte américain post-indépendance. C’est spécifiquement cette nouvelle forme de l’idéologie qui aurait influencé les jeunes années d’Amos Hall. En second lieu, la colonisation américaine dans les Cantons-de-l’Est constitue un véritable prolongement de l’espace américain au-delà de la frontière[65]. En effet, la société pionnière de cette région est majoritairement américaine[66]. Les historiens ne se cachent plus de l’identité américaine des premiers habitants des cantons : « le regard que les Britanniques, nés et éduqués en Grande‑Bretagne, portent en ce début du XIXe siècle sur la population américaine, indique combien ils découvrent dans les Cantons-de-l’Est une société différente qu’ils ont du mal à comprendre ou à accepter[67]. » Enfin, bien qu’une observation confirme la continuité de l’identité américaine chez les pionniers dans cette portion du Bas-Canada, . C’est dans cette optique que les Cantons-de-l’Est pourraient être considérés comme le berceau dans lequel se développe une nouvelle identité canadienne, plus spécifiquement anglophone dans un premier temps. Nous spécifions toutefois qu’il s’agit d’une identité canadienne-anglaise dans le cadre de la colonisation des cantons de Leeds, d’Inverness et d’Irlande. Le développement d’une identité canadienne-française est aussi une réalité, mais les caractéristiques diffèrent d’où le besoin de marquer une différence entre les deux cas.

 

Identité canadienne-anglaise

L’identité canadienne-anglaise se distingue de l’identité britannique en raison du processus de canadianisation qui se développe chez les habitants. Ce constat s’observe dans l’étude des nouveaux noyaux villageois. Tout comme chez les francophones, les Canadiens anglais développent « un certain goût de liberté que l’on imputait à [68] ». Par exemple, les contacts entre pionniers et Autochtones étaient récurrents. Certes ces contacts ont influencé la conception de liberté, mais il semble que ce soit spécifiquement le quotidien en front pionnier canadien qui contribue à ce sentiment d’indépendance. À ce niveau, les transactions commerciales effectuées par Hall avec les W8banakiak devraient remettre en question son appartenance américaine dans le cadre de son arrivée au Bas-Canada[69]. En effet, le modèle républicain justifie la prise de possession de terre à la base du rêve américain comme moyen de « faire reculer les ténèbres de la barbarie qui doit laisser le champ libre à l’éclosion des Lumières[70] ». Dans ce contexte, Amos Hall n’aurait pas dû entretenir de bonnes relations avec les Autochtones, étant des êtres non civilisés compromettant la manifest destiny. On observe ici un détachement en les valeurs nationales américaines, du moins selon les théories fondamentales de la manifest destiny, en raison du contexte d’établissement en territoire pionnier canadien. Par conséquent, la cohabitation avec les Premières Nations ne constitue pas un indice pouvant être interprété d’un point de vue identitaire, mais bien une reconnaissance bilatérale de la liberté qui va au-delà du mythe national américain. Enfin, l’identité rurale qui se met en place sur le territoire « se développe autour d’une solidarité élémentaire et faiblement instituée. Elle s’organise localement sur la base de la famille, du rang et du voisinage.[71]» En ce sens, l’identité canadienne s’exprime via une société villageoise se constituant autour de noyaux. Dans la création de nouvelles communautés, la liberté est fondamentale.

 

Amos Hall, canadianisation de valeur américaine et de l’identité britannique

En plus d’agir à titre de célébrant, la résidence de la famille Hall sert de bureau de poste, le seul situé sur la route de 110 miles de long séparant Québec et Sherbrooke en 1814[75]. De plus, avant la construction de la première école du canton d’Irlande en 1820, les cours se donnaient à la résidence d’Amos Hall[76]. Ainsi, il occupe plusieurs postes d’importance dans sa communauté en l’absence d’autorité mandatée par le gouvernement. À l’intérieur de son milieu, les charges qu’il occupe sont donc reconnues et valorisées. Une comparaison avec le district de Saguenay au XIXe siècle montre à quel point « la création d’un réseau de notables locaux nommés à des charges judiciaires permet à l’État d’assurer une présence diffuse et symbolique sur l’ensemble du territoire, et contribue à l’acculturation judiciaire des habitants d’un district caractérisé à la fois par sa vaste étendue et son relatif isolement[77]. » Ainsi, le magistrat est d’une importance centrale dans la structuration des milieux ruraux comme Maple Grove, alors que sa fonction favorise « le développement des institutions d’encadrement au sein du monde rural contribue à briser l’isolement et favorise l’intégration[78] ». En d’autres termes, il incarne maintenant l’autorité gouvernementale. Par conséquent, en redevenant membre d’une élite sociale représentant du gouvernement central, il est naturel que le notable Amos Hall renoue avec son identité britannique[79]. Dans l’ouvrage Annals of Megantic County, nous pouvons lire que « The Hall’s enterprises continued to prosper. [There are] tells of them having fine homes. One, a huge one, a mansion, still standing [in 1900], which had a ballroom in it[80]. » L’historien J. I. Little, spécialiste de l’histoire coloniale du Québec, a montré que le peuplement des cantons de Leeds, d’Inverness et d’Irlande, au XIXe siècle, est le fruit d’un projet gouvernemental orchestré par l’agent d’immigration A. C. Buchanan sous mandat de la Couronne britannique[81]. Ce dernier était responsable de structurer l’immigration anglo-protestante exclusivement dans les cantons entre . Depuis le port de Québec, des centaines débarquent au XIXe siècle[82]. Le gouvernement désirait diminuer la proportion de Yankees[83] Cet assujettissement par serment doit être soulevé, notamment lorsque la famille Hall reçoit une réponse favorable à l’ouverture d’une seconde auberge en 1819 en plus d’obtenir un permis de vente de spiritueux[84].  De plus, le Gouverneur Archibald Acheson, connu sous le nom de Earl Gosford, avait sa suite privée dans la résidence d’Amos Hall[85]. Cet indice nous prouve qu’Amos Hall entretenait des relations étroites avec le pouvoir colonial. Cela implique une identité britannique partagée. Il semble qu’à son arrivée au Bas-Canada, territoire britannique, Amos Hall ait graduellement délaissé son identité américaine qui n’était plus compatible avec les réalités du territoire canadien. En effet, l’immigration massive s’effectuant dans les cantons de Leeds, d’Inverness et d’Irlande dans les années 1820 est britannique et fidèle à la Couronne. Pour Amos Hall, renouer avec l’identité britannique signifiait ainsi l’amélioration de son statut socio-économique et l’acquisition d’une position de notabilité. C’est donc le contexte canadien le force à délaisser son identité américaine et renouer avec une identité britannique élitiste. À ce niveau, l’espace canadien n’était plus compatible avec une identité américaine.

Néanmoins, par l’acquisition de nouvelles terres, principe qui découle à la fois de l’identité américaine et de l’identité professionnelle marchande, Amos Hall renoue avec le travail agricole. Or, son statut socio-économique ne permet pas de le classer comme paysan, mais plutôt comme gentleman-farmer ou yeoman selon les conceptions britanniques. En effet, sans revenir sur ses fonctions de magistrat et sur les bénéfices de sa position de notabilité, Hall n’est pas paysan au même niveau que les autres immigrants du canton d’Irlande. En ce sens, celui-ci possède plus de 400 acres de terres situés entre le lac William et le lac à la Truite en plus de nombreux autres lots dans le canton voisin de Wolfestown[86]. En comparaison, au XIXe siècle, « la famille paysanne peut compter sur un minimum de soixante à quatre-vingt-dix arpents de terre dans les seigneuries [plus ou moins 90 acres] et sur une centaine d’acres, parfois deux cents dans les cantons[87] ». En ce sens, les familles paysannes plus fortunées possèdent considérablement moins de terres qu’Amos Hall. Ses propriété foncières, la valeur de ses actifs commerciaux et les avantages procurés par son statut de notable montrent très bien que ce pionnier n’est pas qu’un simple paysan. Tout de même, son implication dans la nouvelle structure sociale de Maple Grove, notamment lorsqu’il occupe des fonctions de magistrature, prouve qu’il adhère à la société se constituant dans ce noyau villageois. Il aurait tout de même conservé un sentiment de supériorité qu’il exprime par son appartenance à l’élite britannique. Cela est conforme à la vision de Nancy Christie précise que la colonisation britannique au Canada s’accompagne habituellement d’un sentiment de [88]. Ce sentiment serait toutefois dirigé à l’égard des autres immigrants anglo-protestants, dans une perspective élitiste, et surtout sur les populations francophones. Tout de même, d’ordre général, la réalité agricole et le contexte de colonisation ont permis le développement d’une identité canadienne structurée autour du noyau villageois dans un contexte de colonisation des Cantons‑de-l’Est. À ce niveau, l’espace canadien a contribué à l’apparition d’une identité canadienne-anglaise chez Amos Hall. Il semble qu’il la conserve jusqu’à son décès en 1854, puisque ce dernier est décédé dans le canton d’Irlande. Sa tombe est aujourd’hui disparue, mais il est fort probable que ce dernier repose dans le cimetière méthodiste, créé directement aux abords de sa ferme en 1820[89].

 

Conclusion

Pour conclure, l’approche spatiale est encore bénéfique à la discipline historique. Le tournant spatial annoncé par Foucault en 1967 s’intègre dans une longue lignée de mobilisation de la géographie dans les études historiques. En ce qui a trait à la vie d’Amos Hall, la spatialité permet d’identifier trois zones géographiques et historiques distincts dans lesquels se modifient ou se constituent des identités nationales. Cette étude de cas montre l’importance de replacer l’espace dans un temps précis conformément à la « temporalisation de l’espace prôné par les pionniers de l’approche spatiale[90]. En effet, les colonies britanniques américaines et les États-Unis sont situés dans le même espace géographique, mais ne sont pas issus du même contexte historique. Cela crée donc deux espaces temporels, dans un même lieu physique, dans lesquels se sont développés et modifiés l’identité nationale britannique et américaine. À son arrivée au Bas‑Canada, Amos Hall a emmené avec lui ce bagage identitaire sur lequel la nouvelle identité canadienne s’est fondée. Axée autour du noyau villageois en contexte de colonisation, cette nouvelle identité canadienne touche tous les immigrants, tant américains qu’anglo‑européens, à partir des années 1820. Il convient ainsi d’identifier les cantons de Leeds, d’Inverness et d’Irlande, espace anglo-protestant au Bas-Canada, comme une nouvelle aire géographique dans lequel s’est constituée une identité canadienne-anglaise unique. Par le fait même, cette étude prouve que l’approche spatiale est utile à la discipline historique. Nous avons ici étudié les phénomènes identitaires chez le pionnier américain Amos Hall. Or, il serait bénéfique de mener une recherche semblable chez le pionnier écossais Archibal McLean établi à Leeds en 1809[91]. Nous pourrions ainsi relativiser ou insister encore plus sur l’apport de l’espace dans le développement des identités nationales au XIXe siècle. Seraient ainsi mises en perspective l’influence et l’effervescence libertarienne américaine en la comparant avec les valeurs identitaires écossaises dans une même époque.

 

Références

[1] François-Dominique Lamarée, « Les tournants géographiques, le numérique et la pratique historienne », Cahier d’histoires, vol. 35, n° 1, p. 153.

[2] Ibid., p. 154.

[3] Ibid., p. 149-150.

[4] Ibid., p. 150.

[5] Philip P. Brown, Captain Amos Hall (1761-1854), Arlington VA, Inconnu, 1996, p. 1.

[6] Application for Membership in the Dar by Mrs. Nola Hall Slick, Washington, DC. Mar. 25, 1935, DAR National No. 289729, dans Ibid., ref. 12.

[7] Wilfrid Grimard, Municipalité d’Irlande: 200 ans d’histoire = Municipality of Ireland : 200 years of history, Irlande, Municipalité d’Irlande, 2006, p. 26.

[8] Ibid.

[9] Philip P. Brown, op. cit., p. 9.

[10] Ibid., ref. 12.

[11] Ibid., p. 9.

[12] Serge Courville, « Représentation du territoire et du vécu territorial au Québec, Quelques exemples », dans  Marie-Andrée Baudet (dir.), et. al. Échanges culturels entre les Deux solitudes, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1991 p. 11.

[13]  Gilles Paquet et Jean-Pierre Wallot, « Le Bas-Canada au début du XIXe siècle : une hypothèse », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 25, n° 1, 1971, p. 41. et Hélène Bergevin, Églises protestantes, Montréal, Libre expression, 1981, p. 18.

[14] Ibid.

[15] Andrew McIntosh, « Rébellions de 1837-1838 », Encyclopédie canadienne, Consulté le 07-03-2022, https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/rebellions-de-1837

[16] Ou Treize colonies

[17] Aidan McQuillan, « Des chemins divergents : les Irlandais et les Canadiens français au XIXe siècle », dans Éric Waddell (dir.), Le dialogue avec les cultures minoritaires, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1999, p. 135.

[18] Ibid.

[19] Jeannine Ouellet, « Des Écossais au Canada et jusqu’à Rivière-du-Loup du XVIIe au XXe siècle », Histoire Québec, vol. 10, n° 2, 2004, p. 22.

[20] Jean-Pierre Kesteman, Peter Southam et Diane Saint-Pierre, Histoire des Cantons de l’Est, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1998, p. 88.

[21] François-Dominique Lamarée, art. cit., p. 150.

[22] « On parle de destinée manifeste des États‑Unis pour faire référence à l’idée selon laquelle c’était leur droit, voire leur destin, à étendre leur territoire à l’ensemble de l’Amérique du Nord. » dans  Amanda Robinson, « Destinée manifeste », L’Encyclopédie Canadienne, Consulté le 07‑03‑2022, https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/destinee-manifeste

[23] Juliette Simont, « Figure de la spatialité chez Sarte, Kant, Foucault », Les Temps Modernes, vol. 4, n° 632, 2005, p. 585.

[24] Louis Gaudreau, « Espace, temps et théorie du capital chez Henri Lefebvre et Marx », Cahier de recherche sociologique, n° 55, 2013, p. 155-156.

[25] Jean-Yves Martin, « Une géographie critique de l’espace du quotidien. L’actualité mondialisée de la pensée spatiale d’Henri Lefebvre », Articulo – Journal of Urban Research, n° 2, 2006, paragraphe 1, [En ligne], Une géographie critique de l’espace du quotidien. L’actualité mondialisée de la pensée spatiale d’Henri Lefebvre (openedition.org)

[26] François-Dominique Lamarée, art. cit., p. 172.

[27] Ibid., p. 154.

[28] Ibid.

[29] Fidel Molina Luque, « Entre l’identité et l’identification : un problème complexe de la recherche sociologique dans le domaine de l’interculturalité », Sociétés, vol. 76, n° 2, 2002, p. 62.

[30] Jacob Louis, « Max Weber et les affabulations de l’identité », Cahiers de recherche sociologique, n° 26, avril 2011, p. 81.

[31] Fidel Molina Luque, art. cit., p. 62.

[32] Philip P. Brown, op. cit.

[33] Guy Pervillé, « Qu’est-ce que la colonisation ? », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 22, n° 3, 1975, p. 321.

[34] Ibid.

[35] Christelle Taraud, Idées reçues sur la colonisation, Paris, Le Cavalier Bleu, 2018, coll. « Idées reçues », p. 9.

[36] Jacques Mathieu, La Nouvelle-France: les Français en Amérique du Nord, XVe-XVIIIe siècle, Québec, Presses de l’Université Laval, 2001, 2. éd, p. 45.

[37] Allan Greer. Property and Dispossession: Natives, Empires and Land in Early Modern North America. Cambridge NY, Cambridge University Press, 2017, coll. « Studies in North American Indian history », 450 p.

[38] Albert Pletsch, « Les cantons de l’Est canadien. Colonisation et abandon d’une région marginale », Norois, vol. 114, n° 1, 1982, p. 186.

[39] J. I. Little, « A.C. Buchanan and the Megantic Experiment: Promoting British Colonization in Lower Canada », loc. cit., p. 297.

[40] Nancy Christie, The Formal and Informal Politics of British Rule in Post-conquest Quebec, 1760-1837 : a Northern Bastille, Oxford, Presses de l’Université d’Oxford, 2020, 464 p.

[41] Serge Courville, « Esquisse du développement villageois au Québec : le cas de l’aire seigneuriale entre 1760 et 1854 », Cahiers de géographie du Québec, vol. 28, n° 73‑74, avril 2005, p. 12.

[42] Ibid., p. 10.

[43] Ibid., p. 13.

[44] Serge Courville, « Un monde rural en mutation le Bas-Canada dans la première moitié du XIXe siècle », Histoire sociale, vol. 20, n° 40, 1987, p. 241.

[45] Roger Price et Claudine Tourniaire, « La politique et le peuple dans l’Angleterre du XIXe siècle », Revue d’Histoire du XIXe siècle – 1848, vol. 11, n° 1, 1995, p. 174.

[46] Sylvie Aprile, La France et l’Angleterre au XIXe siècle: échanges, représentations, comparaisons, Grane, Creaphis editions, 2006, p. 441.

[47] Ibid.

[48] Ibid.

[49] Ibid., p. 447.

[50] Philip P. Brown, op. cit., p. 8.

[51] Ibid., p. 9.

[52] Ibid. p. 8.

[53] Marc Belissa et. al., « Les indépendances dans l’espace atlantique, v. 1763-v. 1829 », Annales historiques de la Révolution française, vol. 384, n° 2, juillet 2016, p. 178.

[54] Ibid., p. 70.

[55] Ibid.

[56] Aïssatou Sy-Wonyu, « Construction nationale et construction impériale aux États-Unis au XIXe siècle. », Cites, vol. 20, n° 4, 2004, p. 33.

[57] Ibid.

[58] Ibid.

[59] Ibid.

[60] Ibid., p. 34.

[61] Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord, « Histoire sociolinguistique des États-Unis : (3) La révolution américaine (1776-1783) », CEFAN, Consulté le 07-03-2022, https://www.axl.cefan.ulaval.ca/amnord/usa_6-3histoire.htm  

[62] Ibid.

[63] Ibid.

[64] Ibid.

[65] Jean-Pierre Kesteman, Diane Saint-Pierre et Peter Southam, op. cit. p. 156.

[66] Ibid., p. 62.

[67] Ibid., p. 177.

[68] Jacques Beauchemin, « L’identité franco-québécoise d’hier à aujourd’hui : la fin des vieilles certitudes », Liberté, vol. 51, n° 3, 2009, p. 22.

[69] Wilfrid Grimard (dir.), op. cit., p. 28.

[70] Aïssatou Sy-Wonyu, art. cit., p. 34.

[71] Jacques Beauchemin, art. cit., p. 22.

[72] Gwen Rawlings Barry, A History of Megantic County : Downhomers of Quebec’s Eastern Township, Sackville, Evans Book, 1999, p. 45.

[73] Ibid., p. 45-46.

[74] Philip P. Brown, op. cit, p. 13.

[75] Annals of Megantic County, The Settlement of Megantic, dans Ibid., réf. 21.

[76] Wilfrid Grimard (dir), op. cit., p. 132.

[77] Jean-Philippe Jobin, « Une extension conforme au développement du pays : La décentralisation judiciaire dans le disctrict de Saguenay au XIXe (1800-1878) ». Mémoire de maîtrise (histoire), Québec, Université Laval, 2007, p. 1.

[78] Ibid., p. 39.

[79] Ibid., p. 447.

[80] Philip P. Brown, op. cit, p. 14.

[81] J. I. Little, « A.C. Buchanan and the Megantic Experiment: Promoting British Colonization in Lower Canada », art. cit., p. 295‑319.

[82] Jean-Pierre Kesteman, Diane Saint-Pierre et Peter Southam, op. cit. p. 62.

[83] Nom donné par les Anglais aux habitants des États-Unis, par opposition aux habitants des autres pays du continent américain de souche anglo-saxonne. À leur arrivée au Canada, les immigrants d’origine américaine sont toujours appelés ce cette façon, marquant une différence claire au niveau de l’allégeance politique par rapport aux autres anglo‑protestant des colonies britanniques. dans Hélène Cajolet-Laganière, Pierre Martel et Chantal‑Édith Masson, « Yankee », Usito, Consulté le 18-01-2021, https://usito.usherbrooke.ca/d%C3%A9finitions/yankee

[84] Wilfrid Grimard (dir), op. cit., p. 28.

[85] Ibid.

[86] Ibid.

[87] Serge Courville et Normand Séguin, « Le monde rural québécois au XIXe siècle », La Société historique du Canada, vol. 47, 1989, p. 10.

[88] Nancy Christie, op. cit.

[89] Wilfrid Grimard (dir.), op. cit., p. 98.

[90] Louis Gaudreau, art. cit., p. 173.

[91] Gwen Rawlings Barry, op. cit., p. 56.