« By both amateurs and professionals » : motiver les vagues de pillage durant la bataille de Hong Kong (1941-1942)[1]

Julien Lehoux
Université du Québec à Montréal et Université de Montréal

Biographie : Julien Lehoux est détenteur d’une maîtrise en histoire à l’UQAM. Son mémoire, dirigé par la professeure Olga. V. Alexeeva porte sur l’internement des civils canadiens à Hong Kong durant la Deuxième Guerre mondiale et des négociations entre les Alliés et le Japon quant aux échanges de prisonniers de guerre. Il est actuellement candidat à la maîtrise en muséologie à l’UQAM et à l’UdeM.

Résumé : Les pillages sont un aspect intégral de la guerre qui est rarement étudié en dehors de l’historiographie militaire. Dans cette étude, nous allons adopter une perspective culturelle sur le pillage en étudiant la conquête de la colonie britannique de Hong Kong et son occupation subséquente par l’armée japonaise. En se basant sur les tensions raciales qui sévissent au sein de la colonie, nous verrons que les pillages qui surviennent durant l’invasion japonaise se divisent en deux phases distinctes, chacune prenant des formes différentes. Le pillage des propriétés occidentales est à la fois une méthode de combat primée par les miliciens chinois de la cinquième colonne ainsi qu’un moyen de célébration devant la reddition des alliés en décembre 1945.

Mots-clés : Hong Kong, Pillage, Triade, 1941, Guerre du Pacifique, Deuxième Guerre mondiale, C-Force

 

Table des matières
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    Introduction

    En novembre 1941, faisant suite à la requête de renforcement de la Grande-Bretagne, le Canada envoie plus de 2 000 soldats dans la petite colonie de Hong Kong. Les tensions avec le Japon, déjà en guerre avec la Chine depuis quelques années, sont au plus fort. De fait, les Alliés anticipent une attaque sur leurs colonies en Asie à tout moment. C’est chose faite quelques semaines plus tard, lorsque la 23e armée japonaise envahit la région le 8 décembre 1941. Les forces alliées vont longtemps défendre la colonie, mais la reddition est ultimement sonnée le jour de Noël de la même année. La bataille de Hong Kong est un événement marquant dans l’histoire canadienne. Après la guerre, les vétérans et les témoins des combats ont fréquemment raconté leurs expériences en publiant plusieurs livres et entrevues au fil des années. De même, l’historiographie militaire a longtemps documenté la bataille de Hong Kong et la participation canadienne durant celle-ci[2]. La bataille a ainsi été étudiée de fonds en comble par une multitude de spécialistes qui ont passé en revue chacun de ses aspects, à l’exception, toutefois, de la question des pillages survenue durant et après la bataille. Le pillage est une conséquence habituelle au cours de tous les conflits armés et de fait, les témoins de la bataille de Hong Kong ne manquent pas de mentionner plusieurs fois ces actes. Cependant, les pillages qui surviennent pendant et après la bataille ont des motivations particulières compte tenu du contexte colonial de l’époque.

    Comment les pilleurs à Hong Kong sont-ils perçus par la population occidentale ? Nous argumenterons que les Occidentaux habitant la colonie voyaient dans les pillages le symbole d’un renversement de la société blanche et la victoire des populations asiatiques. Comme le souligne l’historien Gerald Horne, la bataille de Hong Kong n’est pas simplement une conquête militaire. Elle est le théâtre d’un affrontement qui détermine la survie de l’hégémonie des Occidentaux en Asie[3]. En effet, Hong Kong est l’un des premiers théâtres où les Japonais ont une victoire définitive sur une nation blanche dans le cadre de la Deuxième Guerre mondiale. De plus, les Britanniques perdent alors toute présence militaire en Chine pour le restant du conflit[4]. La chute de leur colonie phare en Chine est un moment fort et, de fait, le pillage des propriétés occidentales va agir comme un symbole important. Nous citons ainsi l’Américaine Gwen Dew, habitant la colonie à l’époque et témoin des pillages après la victoire des Japonais : « By both amateurs and professionals ». Ces « amateurs » sont des miliciens chinois qui se sont ralliés avec les troupes japonaises durant la bataille tandis que les « professionnels » sont ces mêmes soldats qui célèbrent leur victoire. 

    En premier lieu, nous allons définir brièvement les conditions au pillage et ses différentes phases à Hong Kong. En nous servant des théories sur le pillage du politologue Roger Mac Ginty, nous verrons ainsi qu’il y a deux phases au pillage qui sont toutes les deux motivées par les tensions raciales qui sévissent dans la colonie à l’époque. Toutefois, ces deux phases surviennent dans des conditions différentes. En effet, pour chacune de ces phases, les motifs et les objectifs des pilleurs changent avec l’avancée des troupes japonaises. Dans la deuxième partie, nous verrons la première phase du pillage qui se déroule durant les combats et qui est commise par des miliciens projaponais. Lors de la bataille, ce sont en effet des petits groupes organisés qui utilisent le pillage comme méthode de combat contre les Occidentaux. Finalement, en troisième partie, nous analyserons la deuxième phase du pillage qui se passe au lendemain des combats : lorsque les Japonais et les Chinois célèbrent leur victoire. Ils marquent ainsi la fin ultime de la domination occidentale à Hong Kong.

    La colonie de Hong Kong et les conditions au pillage

    Très peu d’études se sont arrêtées sur la question du pillage en elle-même. De fait, pour cadrer les différentes vagues de pillage à Hong Kong entre décembre 1941 et janvier 1942, nous nous sommes servis des théories présentées par le politologue Roger Mac Ginty. Il délimite quatre conditions au pillage : la disponibilité des pilleurs potentiels, la disponibilité des objets qui peuvent être pillés, l’absence de restrictions et le contexte de l’environnement socioculturel[5]. Par la disponibilité des pilleurs, Mac Ginty énonce simplement que pour avoir du pillage, il doit évidemment y avoir des pilleurs. On peut parler d’une foule en colère, de soldats qui profitent de l’occupation d’une ville nouvellement conquise ou de réfugiés qui se retrouvent forcés à voler pour survivre. Bref, les pilleurs désignent une population variée, mais surtout disponible et prête à voler. Après les pilleurs, il doit y avoir des biens à voler : des objets de valeur, de la nourriture, des outils, des armes, du mobilier, etc. En d’autres mots, nous parlons de tout ce qui pourrait être convoité par des voleurs. Ensuite, pour que les gens puissent piller, ils doivent pouvoir le faire impunément. En ce sens, il faut qu’une force autoritaire ou judiciaire permette, d’une façon ou d’une autre, aux gens de le faire. On désigne alors, par exemple, une force militaire ennemie qui laisse les locaux se soulever, un gouvernement dont la légitimité n’est plus reconnue, ou encore, les forces de l’ordre qui ne peuvent plus répondre à la grogne de la population. Mac Ginty conclut en pointant que tous ces facteurs proviennent d’un environnement socioculturel bien ancré dans la société où le pillage survient. C’est donc selon cet environnement qu’il est possible de déterminer la motivation des pilleurs.

    À Hong Kong, les pillages survenus durant la chute du régime britannique sont motivés par des raisons raciales. À l’occurrence, autant les natifs Chinois que les envahisseurs Japonais cherchent à démanteler le gouvernement colonial et à expulser les Occidentaux de la région. Ces tensions raciales existent dès la fondation de la colonie. Depuis la première guerre d’Opium en 1842, les Britanniques ont établi à Hong Kong une société coloniale. Dans celle-ci, il existe un système de domination raciale selon lequel les Occidentaux constituent l’élite et les Chinois occupent le bas de l’échelle[6]. Cette division sociale ne fait que s’empirer au cours des nombreux conflits en Chine alors que plus de 650 000 réfugiés chinois s’installent dans la région entre 1938 et 1939, augmentant drastiquement la population totale[7]. Sans de plans établis par l’administration coloniale pour accueillir tous ces gens, ceux-ci sont installés dans des bidonvilles sans grande possibilité d’avancement social.

    Horne ne manque pas de souligner ce contraste important entre les populations occidentales et chinoises. Il énonce, par exemple, comment Hong Kong est perçu comme un véritable paradis pour les Occidentaux ; Européens comme Américains. Ceux-ci se rendent dans la colonie sans grands moyens monétaires et se retrouvent soudainement avec des serviteurs, des chauffeurs et des barbiers à très faible coût. Au contraire, les Chinois constituent pour la très grande majorité de la population itinérante. De même, la majorité des services sont ségrégués : les Chinois sont interdits d’accès dans certains établissements, dans les transports, les différents groupes ethniques sont séparés et les Occidentaux sont généralement privilégiés dans les comptoirs[8]. Un soldat britannique relate par exemple son expérience dans un tramway : « the double-deck tram … the top deck was for … the well-to-do people we were classified in. And the bottom deck of the tramcar was for the coolies[‘] class »[9]. De fait, c’est cette différence sociale et économique qui a un impact sur les tensions raciales. Et durant la guerre, c’est ce système qui entre en ébullition.

    Il serait faux de prétendre que les pillages n’ont été motivés que par les tensions raciales à Hong Kong. Tout d’abord, la victoire des Japonais dans la colonie a des bénéfices militaires évidents pour eux. C’est d’une part une position stratégique intéressante qui fait la jonction entre le continent et les autres îles de la mer de Chine méridionale. Hong Kong est, d’autre part, une colonie comptoir avec un nombre d’entrepôts et de bateaux extrêmement important. Effectivement, la colonie est un centre économique incontournable en Chine. Au plan logistique, la région est aussi un tremplin parfait entre l’archipel japonais et le continent chinois. Ainsi, durant la Guerre du Pacifique, l’emplacement géographique de Hong Kong est primordial pour faire le lien entre les différentes régions de l’Asie.

    Or, lorsqu’on étudie leurs témoignages de la bataille, c’est le caractère racial qui est le plus souvent souligné par les Occidentaux. Le missionnaire Robert Hammond relate, par exemple, que les Japonais auraient assuré que les Chinois « would be able to live like the whites had lived with no fear of being cheated out of all their possessions by the foreigners »[10]. Les qualifications de race sont aussi récurrentes dans les discours militaires et il est courant de retrouver des insultes liées aux animaux afin de déshumaniser l’ennemi[11]. Le soldat canadien Benjamin A. Proulx qualifie alors les Japonais de « singe » et que « Their bodies were stubby, like apes, but strong »[12]. Un autre renchérit en affirmant que les soldats japonais sont des singes en uniformes[13]. Le même discours est partagé chez les civils : Ellen Field raconte avoir murmuré « Good morning, you little yellow monkey » à un soldat japonais durant l’occupation[14]. La bataille de Hong Kong devient alors une véritable lutte ethnique lorsque l’ensemble des populations asiatiques se soulèvent contre les Occidentaux. La journaliste américaine Emily Hahn raconte qu’une amie s’est emportée avec fureur envers une personne d’origine indienne et « When, after the surrender, he joined the Japanese with a glad cry I remembered Margaret’s savage rudeness to him and I thought I understood »[15]. Une autre, Phyllis Harrop ajoute que les policiers indiens « [turned] against us » durant l’attaque des Japonais[16]. Le policier George Wright-Nooth raconte avoir vu ses propres officiers Sikh retirer leurs uniformes et « rushed around swearing and spitting at European officers and civilians as well as cursing the British government »[17]. Selon Phyllis Harrop, cette lutte des races est encouragée par les militaires japonais au courant de la bataille. Elle relate ainsi avoir tombée sur des pamphlets japonais promouvant la « suppression of the white population and inflaming the Chinese and Indians to turn against us. Many of the leaflets are aiming at killing the white man »[18]. 

    Nous soulignerons au passage que l’arrivée des Japonais n’est pas particulièrement célébrée, plutôt que les Chinois sont réjouis par le départ des Occidentaux. Lorsque les Japonais prétendent opérer pour la libéralisation des peuples panasiatiques, les Chinois ne sont pas dupes. Comme le mentionne Horne, le sentiment antijaponais est bien présent chez la population chinoise, d’autant plus que la majorité de ceux-ci ont dû se réfugier à Hong Kong en raison de la guerre provoquée par les Japonais sur le continent[19]. Cependant, les Japonais ont su rallier et équiper des bandes des triades à leur cause. De même, plusieurs membres de l’élite chinoise locale sont heureux de collaborer avec les Japonais et de prendre la place des Occidentaux[20].

    Nous argumentons ainsi que ce sont les tensions raciales qui ont principalement motivé les pillages à Hong Kong, de décembre 1941 à janvier 1942. En appliquant les quatre conditions de Mac Ginty, nous constatons que les pillages survenus à Hong Kong sont segmentés en différentes vagues. C’est ainsi que nous avons identifié deux phases. La première phase, en décembre 1941, survient dans le chaos des combats, pendant que les troupes alliées reculent de leurs positions stratégiques. Avec les militaires qui fuient et qui organisent en même temps l’évacuation des civils, des militants chinois s’adonnent immédiatement aux saccages des propriétés occidentales dans un effort d’accélérer leur départ. Les pilleurs ne visent pas d’objet en particulier : tout y est volé pour assurer que les Occidentaux ne reviennent pas. Le saccage provoqué devient ainsi une méthode de combat à part entière. La deuxième phase, de fin décembre 1941 à janvier 1942, survient dans les jours suivant la bataille. Avec la défaite finale des soldats alliés et la mise en internement des civils occidentaux, les Chinois et les Japonais s’adonnent alors au saccage systématique de l’ensemble des commerces et des maisons tenues par les Occidentaux. Les biens volés sont donc plutôt des objets de valeur ou de luxe. L’intention est explicite : autant les Chinois que les Japonais célèbrent leur victoire sur les colonisateurs.

    Le pillage comme moyen de combats

    Les troupes japonaises envahissent la colonie le 8 décembre 1941 et capturent rapidement les Nouveaux Territoires entourant la péninsule de Kowloon. Au même moment, dès le premier jour, certains camps de réfugiés se soulèvent contre les Alliés : un commandant britannique se fait décapiter et les stocks de nourritures sont pillés[21]. À travers les témoignages recueillis à l’époque, on peut percevoir que les soldats alliés ressentent déjà que la bataille de Hong Kong est perdue d’avance. Deux jours après le début des combats, Colin McEwan du Hong Kong Volunteer Defence Corps (HKVDC) note dans son journal intime un manque de moral parmi ses compagnons[22]. George S. MacDonell, des Royal Rifles of Canada, explique l’humeur ambiante de ses compagnons en constatant que la colonie :

    […] could not be supplied, we could not be reinforced, and we could not be evacuated. […] Hong Kong was an isolated, unprepared military death trap. If the Japanese attacked, we had two options: we could die on the battlefield or become prisoners of a savage enemy […].[23]

    C’est ainsi que les forces japonaises réussissent à avancer continuellement sans grande résistance de la part des Alliés. Le 11 décembre, les Alliés abandonnent leur dernière position stratégique, à Golden Hill, et enclenchent officiellement l’évacuation de la péninsule de Kowloon en direction de l’île de Hong Kong[24].

                C’est dans ce contexte que la première phase du pillage débute. Elle survient dans un climat de confrontation directe entre les miliciens chinois et les forces alliés, lorsque le constat de leur défaite devient rapidement évident. Dès le début des combats, les Occidentaux s’imaginent que toute la population chinoise est complice des Japonais. Horne souligne le manque de confiance flagrant des Alliés qui se sont obstinés très longtemps à ne pas armer les Chinois afin d’éviter qu’ils ne se retournent contre eux[25]. Plusieurs témoignent aussi que des Chinois les ont obstrués intentionnellement de sorte à limiter leurs activités durant les combats. Au courant de la bataille, plusieurs Occidentaux avancent qu’il existerait une cinquième colonne pro-japonaise parmi la population chinoise. Le pasteur James Smith accuse des membres de cette milice de bloquer le passage aux chauffeurs chinois[26]. La journaliste américaine Emily Hahn va plus loin et attribue la défaite en partie aux chauffeurs chinois qui auraient saboté leur voiture intentionnellement en vidant l’essence[27].

    S’il existe bel et bien une cinquième colonne, les liens entre celle-ci et le reste de la population chinoise sont beaucoup plus flous. En effet, cette dernière préfère largement éviter les combats et se réfugier à l’abri[28]. Quant aux les membres des milices chinoises, ils décident plutôt d’y participer activement de sorte à se débarrasser de leurs colonisateurs. Il faut toutefois souligner que les méthodes de sabotages de ces milices semblent surtout se limiter aux pillages et à d’autres types d’embuscades[29]. Pour reprendre les témoignages de Smith et Hahn, leurs accusations semblent plutôt infondées. Dans un contexte de bataille, il est évident que l’essence est manquante compte tenu du faible ravitaillement et que les rues sont congestionnées en raison de la fuite générale. De même, il est ironique que les Occidentaux accusent les chauffeurs chinois de s’être sauvés plutôt que d’être rentrés au travail, considérant qu’ils comptent eux-mêmes sur les véhicules de ces derniers pour s’enfuir.

    Les membres de cette cinquième colonne ne sont pas les chauffeurs de transports en commun, comme l’accusent certains. Ce sont plutôt des membres des triades ou affiliés à celles-ci, qui se rallient aux Japonais et au gouvernement pantin de Wang Jingwei en Chine. Leur affiliation à l’armée japonaise est rapidement claire. En effet, certains soldats canadiens présents durant la bataille rapportent avoir vu plusieurs drapeaux japonais hissés à des endroits où lesquels les combats n’avaient pas encore commencé[30]. De fait, c’est le saccage qui devient la méthode de combat des miliciens pour faire expulser les Occidentaux. Durant la fuite de Kowloon, un missionnaire décrit l’arrivée des pilleurs : « We heard them coming down the road crying out, shouting, robbing and shooting »[31]. La journaliste Gwen Dew compare cette foule de pillards à un essaim de criquets qui ne laisse rien d’autre que des ruines à son passage[32]. À cet effet, ils sont bien équipés. La famille Hammond relate que ces miliciens payés par les Japonais sont plus organisés qu’un pilleur moyen : « wearing green Japanese uniforms under their own clothes » et armés de « battering poles, knives, clubs, daggers, swords, hatchets, cleavers, and they used them all along with their guns »[33]. Les miliciens entraînés ne sont toutefois pas seuls dans leurs opérations. Plusieurs civils semblent se rallier à eux au milieu des combats. Ainsi, durant la bataille, on rapporte avoir vu des membres de la milice se rendre dans les bidonvilles appauvris pour rallier des gens à leur cause et les encourager à piller les quartiers occidentaux[34].

    Par son nombre et son organisation, cette cinquième colonne est un véritable problème pour les soldats alliés. Si certains témoignent avoir reçu des coups de feu de la part de miliciens chinois[35], c’est surtout le pillage qui est la méthode de prédilection : « These scoundrels went systematically from house-to-house, store-to-store. […] We learned that all of Hong Kong had been divided into various districts and was being looted systematically »[36]. On y apprend ainsi que les miliciens sont très organisés. Le 9 décembre 1941, la famille Hamson se réfugie momentanément chez des amis avant de retourner chez elle le soir. À leur arrivée, la maison est déjà prise d’assaut par des « bandits » et la famille, accompagnée de leurs domestiques, doit passer la nuit à chasser des voleurs potentiels[37]. Deux jours plus tard, durant la fuite de Kowloon, le couple Hammond raconte avoir vu des Chinois armés de fusil qui volaient les commerces et menaçaient les propriétaires[38]. Le 12 décembre, un groupe de jésuites décrit des bandes de pillards qui se rendaient d’un établissement à un autre en volant tout ce qu’ils pouvaient, parfois à même des mains du propriétaire : « Ear-rings were torn away brutally; fingers were chopped off when rings did not slip off easily »[39]. Certains témoins rapportent à leur tour que des voitures roulaient lentement dans les rues tandis que les pilleurs les remplissaient d’objets[40]. Un témoin ajoute : « The bus system was taken over by the robbers, then the trucks, taxicabs, cars and all transportation of any kind »[41]. Les maisons sont alors entièrement vidées, mais les pilleurs semblent choisir certains objets et en détruire d’autres trop encombrants. Dew précise ainsi que les objets luxueux, comme les grands pianos des maisons riches, sont détruits pour le bois, mais que les pillards partent avec de la nourriture, des objets d’hygiène, des vêtements, de l’argent et divers petit objet coûteux[42].

    Plus la bataille avance, plus les miliciens sont en mesure de manœuvrer librement. Au début, les autorités tentent, en vain, d’arrêter les pillards. Le 10 décembre, en après-midi, la police coloniale est envoyée au marché de Sai Wan Ho. Elle capture alors 1 000 pilleurs avant de les exécuter, sans forme de procès[43]. D’autres opérations du même genre surviennent pendant l’offensive : le militaire britannique Wally Scragg témoigne, entre autres, de l’exécution de 70 miliciens par les membres de la police[44]. Hammond affirme aussi être témoin de soldats britanniques mitraillant des milliers de pilleurs et de membres de la cinquième colonne dans un effort de préserver l’ordre dans la colonie[45]. L’Américain Norman Briggs relate avoir entendu, comme rumeur, que la dernière offensive des Britanniques pour arrêter les pillages, juste avant la fuite de Kowloon, fut de monter une mitrailleuse lourde sur un camion, de passer dans les rues et de tirer sur les foules chinoises[46]. Plus souvent qu’autrement, les corps des exécutés sont laissés sur le sol pour servir d’exemple aux autres pilleurs[47]. Dans une autre initiative, l’amiral de la marine du Guomindang, Chan Chak, organise, le 11 décembre, une milice pro-alliée pour combattre les membres de la cinquième colonne[48]. Après une semaine, la plupart des activités des triades prennent fin, même si elles subsistent dans une certaine mesure jusqu’à la fin des combats[49].

    Les Alliés perdent rapidement le contrôle des pillards. Pendant que les soldats combattent les Japonais sur un front, les policiers doivent mâter les vagues d’émeutiers à l’intérieur de la colonie. Le 11 décembre, dans des districts de Kowloon, plusieurs émeutes se déclenchent à la nouvelle que les militaires vont reculer stratégiquement[50]. Outre la panique des Occidentaux qui s’empressent à évacuer la péninsule en direction de l’île de Hong Kong, c’est surtout la population chinoise qui s’attarde à voler les propriétés : « It was evident now that there was looting in Kowloon [sic] large fires could be seen burning »[51]. Ces combats sur les deux fronts, à la fois contre les Japonais et les Chinois, sont corroborés par le témoignage de McEwan : « The Japanese were at Jordan Road — Chinese were looting — fifth columnists with Tommy guns were out in force — houses of people were being robbed »[52]. Le 11 décembre, Kowloon est abandonné avant l’arrivée des Japonais. Comme le note l’historien Tony Banham, les émeutes s’intensifient à Kowloon dès que la nouvelle de l’évacuation est confirmée et malgré les tentatives des Alliés, il est impossible de maîtriser la situation[53]. Le lendemain, un soldat confirme ainsi dans son journal intime que les troubles de la veille étaient bien causés par les membres de la cinquième colonne, et non l’armée japonaise, comme il le pensait[54].

    Les pillages ne s’arrêtent pas à Kowloon, mais se transmettent aussi jusque dans l’île, au moment des derniers combats contre les Japonais. Un soldat canadien mentionne ainsi que plusieurs familles riches fuient leur maison pour se réfugier dans les collines, en prévision des pillages[55]. Le 19 décembre, au centre du quartier Victoria, des témoins notent la présence des miliciens : « Fifth columnists, gangsters and thieves were busily at work, looting, murdering and sniping, adding to the chaos as best they could »[56]. Quelques jours plus tard, le 23 décembre, une patrouille de police a dispersé des pillards avant de tomber sous les tirs des soldats japonais[57]. À ce moment des combats, les pillages semblent prendre des allures plus chaotiques, contrairement à ce qui a été observé dans les premiers jours de la bataille. Un militaire, en poste sur le toit d’une station de police, raconte ainsi : « The looting was horrific. You could see from where we were at the back of the police station the fighting on the roof … and people were just being flung off the roof onto the streets »[58]. 

    La première phase de pillage est ainsi motivée par un affrontement culturel qui vise à détruire les propriétés occidentales. À cet effet, l’intention des membres de la cinquième colonne est de rendre les maisons inhabitables et les commerces inutilisables de sorte à dissuader les Occidentaux de revenir. L’objectif est rempli dès la reddition des Alliés, le 25 décembre, alors que l’ensemble des Occidentaux sont placés en internement. Commence alors la deuxième phase des pillages, qui se motive autrement : cette fois-ci, les vainqueurs vont célébrer la victoire.

    Le pillage comme moyen de célébration

    Les pillages conduits par les bandes armées se poursuivent après la reddition des Alliés. Le pillage prend toutefois de nouvelles dimensions. Cette fois-ci, les combats sont terminés, les Occidentaux ont sonné la reddition et Hong Kong est pour la première fois aux mains d’une force asiatique. Pour les Japonais, c’est une victoire totale sur la race blanche et pour les Chinois, c’est l’annonce qu’ils ne seront plus sous le joug des Occidentaux. Dans cette nouvelle phase, les pilleurs ne sont plus simplement des miliciens. C’est dorénavant l’armée japonaise à laquelle se joint un certain nombre de Chinois. Ceux-ci sont à la fois des miliciens et des civils qui n’ont pas pris part aux combats, mais qui se joignent en masse.

    Durant les premiers jours après la reddition, plusieurs bandes de Chinois armées errent dans les rues, « They held up and robbed any single pedestrians who passed »[59]. Plus largement, on retrouve des cas de saccage dès la fin des combats. Le 25 décembre, quelques heures avant la reddition officielle, le prêtre américain Bernard Meyer témoigne que des soldats japonais se sont rendus dans son église dès la fin de la messe du matin pour piller les biens[60]. Ces actes continuent durant plusieurs jours. Par exemple, un sergent de police conduisant une patrouille anti-pillage est abattu par un voleur le 26 décembre[61]. Le lendemain, au retour de la famille Kennedy-Skipton à leur résidence, ils retrouvent leur femme de ménage attachée dans leur sous-sol pendant que les Japonais continuaient de voler les biens[62].

    La population chinoise pille essentiellement tout matériel qui pourrait leur être utile. Dans certains cas, ce sont des soldats japonais qui encouragent certains civils à voler des biens :

    Looting was going on at a tremendous rate, openly and everywhere. The Japs didn’t care; some of them encouraged it. At the tramways, Japanese had chopped open the safe and then called the watchman and workers and said, “Take whatever you want,” so full of loot were they already. Money spilled out on the floor and the coolies fell on it hungrily, as you can imagine.[63]

    Comme le mentionne Lo Kwee-seong, un réfugié chinois à l’époque, les pillages sont le moyen de célébration pour une grande partie de la population chinoise :

    There was quite a lot of looting at the time of the Japanese invasion. Even right after the Japanese came in. And this is a very interesting social point. Before the War, there was a great difference between master and servant. A servant was never supposed to talk back to the master. A lot of these people who had been the underdogs took the opportunity of the change of society. They thought, ‘You’re no longer the master, because money doesn’t mean anything now…’ So some old scores were settled. Revenge was taken. These groups of people – and even in those days there were some triad societies – took great advantage of the situation. In the chaos, they went round from door to door, shouting ‘Sing Lei! Sing Lei!’ (Victory, Victory!!). Of course, the Japanese, when they shouted ‘Victory!’ meant their military victory. But to the poorer Chinese, ‘Victory’ meant ‘Today, I am over you at last. I have my victory over you.’ So they would come and loot whatever they wanted. It went on for quite some time here…’[64]

    Ces « victory fellows » sont déjà aperçus dans les quartiers de Kowloon au début de la bataille, alors que les Occidentaux s’apprêtaient à fuir les lieux. Certains témoins affirment avoir vu plusieurs Chinois scander continuellement « victoire » à l’avancée imminente des troupes japonaises[65].

    Les objets à piller ne changent pas au terme de la bataille, à l’exception que c’est maintenant toute l’île de Hong Kong qui est capturée. À ce moment, beaucoup de quartiers occidentaux sont encore largement intouchés par les combats et deviennent alors vulnérables aux vols. De plus, les pilleurs ne sont plus pressés par les combats et peuvent se permettre de saisir tout objet qu’ils désirent, sans prendre la peine de les détruire. Toutefois, certaines habitations sont épargnées des pillages pour une raison ou une autre. Par exemple, la demeure du couple Refo n’est pas touchée par les voleurs chinois parce qu’elle se trouve inopinément proche des quartiers de l’État-major japonais[66]. Par un moment de chance, les Hammond se réfugient dans un appartement à Kowloon où ils y passent plus de 46 jours sans être dérangés. Lorsque les Japonais les retrouvent, ceux-ci expriment leur grand étonnement que le logement n’ait jamais été volé par des pillards[67].

    Toutefois, avec le renversement de l’autorité coloniale, les pilleurs peuvent agir comme ils le souhaitent. Dès le lendemain de la reddition des Alliés, les soldats japonais se voient accorder trois jours de repos[68]. Le pillage devient donc un moyen de s’amuser pour les troupes. Les vols de voitures ou de motos sont choses courantes tandis que les Japonais s’engagent dans de folles poursuites à travers les rues. Plusieurs visent aussi les objets de valeur : bijoux, vêtements et montres. Des témoins affirment avoir vu des soldats avec plusieurs Rolex sur le même bras, par exemple. Un autre est aperçu avec un manteau rose flamboyant alors qu’il parcourt les rues en quête de butin[69].

    C’est après ces trois journées que les troupes ne semblent plus avoir le droit de piller. Cet ordre s’inscrit dans une volonté de réimposer un respect dans le traitement des Occidentaux[70]. Ainsi, certains présument que les soldats seront dorénavant surveillés par leurs officiers. Un soldat allié témoigne ainsi avoir vu un Japonais ramasser un livre pour enfant avant d’être dénoncé par un officier supérieur et battu par ses camarades[71]. Il y a peu d’indices qui expliquent ce changement soudain de la part des militaires japonais. L’historien Michael Lucken avance qu’au début de la guerre, les Japonais conservent une vision positive des Britanniques qui incarnent, selon eux, le « prestige de l’histoire et de la force »[72]. Il est possible aussi que les Japonais tentent de réguler rapidement leurs soldats, en prévention d’un scénario similaire à Nankin, en 1937. Hahn raconte par la suite que les Japonais auraient tout de même continué à fêter, à abuser de l’alcool et à voler tout ce qu’ils pouvaient trouver, mais dans des proportions beaucoup moins importantes que durant ces trois jours de repos[73].

    Peu de temps après la victoire des Japonais, le 8 janvier 1942, la population civile occidentale dont le pays d’origine est ennemi au Japon (ex. : les Britanniques, les Américains, les Canadiens, etc.) est convoquée à Murray Parade Ground pour être recensée. Immédiatement après, les civils sont rassemblés et placés en internement dans divers hôtels de la colonie en attendant qu’un camp soit aménagé en bonne et due forme[74]. Quelques jours plus tard, le 20 janvier, les Occidentaux sont transférés au camp d’internement de Stanley. La victoire ressentie par les Chinois fait évidemment ses effets sur les internés. L’Américaine Gwen Dew témoigne :

    We climbed down a long series of steps and were marched through a crowded Chinese section, the perfect parade of the fall of the great white man in the Far East. Two hundred “masters” and “missies” carrying their bags, stumbling along in the dust, tired, sick, almost broken. The Chinese stood by the hundreds on the sidewalks watching our passing, but there was no sign to betray what they were really thinking.[75]

    Il n’est pas nécessaire pour les Chinois de se prononcer. Pour Dew, leur sentiment de triomphe sur leur ancien maître est suffisamment évident. Devant ce défilé, Gwen Priestwood sent, quant à elle, avoir perdu la face tandis que des Indiens et des Chinois l’observent de loin. Elle qualifie alors le transport de « marche d’humiliation »[76]. Pour plusieurs Occidentaux, cette marche représente la fin de la suprématie blanche en Asie. Un soldat allié a constaté ainsi que la vue des internés occidentaux défilant dans les rues a permis au Chinois de s’apercevoir que les blancs n’avaient plus aucune supériorité sur eux[77]. Quant à James Allan Ford, il se souvient, des années plus tard, de cette foule de Chinois les insultant à leur passage[78]. Parmi les insultes, nous remarquons que les termes de « singe » sont récurrents. Ce n’est pas un hasard si ces insultes sont utilisées consciencieusement pour renverser le statut des Occidentaux. Comme l’exprime Emily Hahn : « They say the English are monkeys in the zoo and this is Pan-Asia »[79]. Ces insultes se poursuivront durant l’internement : George Wright-Nooth témoigne ainsi que plusieurs des gardes japonais et indiens décrivent les Occidentaux comme des « hairy apes »[80]. 

    À leur arrivée aux camps, les soldats alliés s’aperçoivent que tous les objets pratiques (incluant porte, fenêtre, meubles, objets électroniques, etc.) ont été volés par des réfugiés chinois particulièrement pauvres[81]. Au camp d’internement de Stanley, les civils sont aussi victimes du pillage : il ne reste rien d’utile pour eux[82]. Si les Occidentaux passent le reste de la guerre en internement, les Chinois devront la passer sous l’occupation japonaise. À terme, les objets pillés n’auront pas grande utilité pour les années à venir.

    Conclusion

    Le pillage de la colonie symbolise ainsi, pour les habitants occidentaux, le renversement de leur suprématie dans la région. Pour eux, il est évident que les habitants chinois locaux et les envahisseurs japonais cherchaient à démanteler toute la société coloniale. En utilisant les quatre conditions aux pillages établis par Mac Ginty, nous avons établi que les saccages commis durant et après la bataille de Hong Kong ont pris différentes formes. Le saccage des quartiers occidentaux revêt ainsi des méthodes de combats qui tentent de favoriser la fuite des Occidentaux et s’assurer qu’ils ne reviennent pas chez eux. De même, les célébrations des Japonais et des Chinois sont reçues comme une humiliation totale : les rôles se retrouvent inversés et les Occidentaux sont maintenant totalement soumis.

    Les Occidentaux passeront le reste de la guerre en internement dans différents camps de la région. Les militaires seront dispersés dans plusieurs camps : Argyle Street, Sham Shui Po et Ma Tau Chung. Les conditions y seront particulièrement pénibles tandis que les prisonniers de guerre devront vivre sous la faim, les épidémies de maladie et les différents supplices de leurs gardes. Plusieurs soldats seront aussi déportés au Japon où ils seront forcés à travailler dans les différentes industries de l’effort de guerre japonais. Quant aux civils, ils seront tous entassés dans le camp d’internement de Stanley. Si les conditions y sont généralement moins pénibles que dans les camps pour les militaires, les internés civils devront toutefois eux aussi gérer les mêmes calvaires que les autres camps. 

    Les Japonais ne vont pas honorer leur promesse de libération des peuples asiatiques et se retourneront rapidement contre la population chinoise. La victoire est rapidement remplacée par la survie tandis que les habitants chinois vont continuer à piller les différents biens qui se retrouvent dans toute la colonie. Hong Kong, durant l’occupation japonaise, sera durement touché par la guerre. La situation militaire générale fait en sorte que l’approvisionnement en ressource et en nourriture se fait très rare. À cet effet, plusieurs cadavres de Chinois jonchent les rues de la ville[83]. Dans les chemins de campagne, les soldats exécutent impunément toute personne qu’ils soupçonnent, à tort ou à raison, d’avoir volé[84]. Ainsi, on calcule qu’environ 10 000 civils chinois sont exécutés durant l’occupation et la population de la colonie diminue jusqu’à 600 000 personnes[85]. Durant cette période, Hong Kong changera drastiquement : les noms de rue, d’établissement et de lieux publics prennent des noms japonais. Les pillages continuent tout de même, malgré le régime de terreur des Japonais. La population chinoise est trop pauvre pour vivre autrement. De fait, certains appelleront Hong Kong « la ville la plus pillée dans le monde » à la fin de la guerre et au retour des Occidentaux en 1945[86].

    Références

    [1] Nous tenons à remercier les contributions et les corrections importantes de Jean-Félix Aubé-Pronce, Alexandre Blier, Benjamin Deruelle, Daniel Lemire, Chloé Poitras-Raymond et Rosalie Racine dans la rédaction de cette recherche.

    [2] Tony Banham, « A Historiography of C Force », Canadian Military History, vol. 24, no 2, 2015, pp. 1–20. 

    [3] Michael Lucken, Les Japonais et la guerre, 1937-1952, Paris, Fayard, 2013, p. 114.

    [4] Au Vietnam, les Japonais se font largement laisser la place par les autorités françaises qui se retrouvent sous les ordres du régime de Vichy. Aux Philippines, les Japonais sortent victorieux des Américains, même si la guerre n’est toujours pas terminée. À Macao, les Portugais réussissent à soutirer une entente pour rester au pouvoir. En Indonésie, les Néerlandais ont perdu la guerre, mais une victoire sur eux n’a pas le même prestige qu’une victoire sur l’Empire britannique qui a tout de même enclenché les débuts du colonialisme européen en Asie.

    [5] Roger Mac Ginty, « Looting in the Context of Violent Conflict: a Conceptualisation and Typology », Third World Quarterly, vol. 25, no 5, 2004, pp. 861–862.

    [6] Gerald Horne, Race War! White Supremacy and the Japanese Attack on the British Empire, New York, New York University Press, 2004, p. 3.

    [7] Leo F. Goodstadt, « The Rise and Fall of Social, Economic and Political Reforms in Hong Kong, 1930 – 1955 », Journal of the Royal Asiatic Society Hong Kong Branch, vol. 44. 2004, p. 62.

    [8] Gerald Horne, ibid., pp. 18-21.

    [9] Ibid., p. 21.

    [10] Helen E. Hammond et Robert B. Hammond, Bondservants: The Story of the Voice of China and Asia, Tulsa (Oklahoma), Voice of China and Asia Missionary Society, Inc., 2012 [1943], pp. 47–48.

    [11] Dierk Walter, Colonial Violence: European Empires and the Use of Force, Oxford, Oxford University Press, 2017, pp. 172–173.

    [12] Benjamin A. Proulx, Underground from Hong Kong, New York, Dutton, 1943, p. 135.

    [13] Gerald Horne, op. cit., p. 10.

    [14] Ellen Field, Twilight in Hong Kong, Londres, Frederick Muller, 1960, p. 59.

    [15] Emily Hahn, China to Me: A Partial Autobiography, New York, Open Road Media, 2014 [1943], p. 286.

    [16] Gerald Horne, op. cit., p. 76.

    [17] George Wright-Nooth, Prisoner of the Turnip Heads: The Fall of Hong Kong and the Imprisonment by the Japanese, Londres, Cassell Publishing, 2000, p. 74.

    [18] Gerald Horne, ibid., p. 68.

    [19] Ibid., p. 74.

    [20] Ibid., p. 100.

    [21] Tony Banham, Not the Slightest Chance: The Defence of Hong Kong, 1941, Hong Kong, Hong Kong University Press, 2008 [2003], p. 25.

    [22] Dan Waters et Alison McEwan, « Colin McEwan’s « Diary »: the battle for Hong Kong and escape into China », Journal of the Royal Asiatic Society Hong Kong Branch, vol. 45, 2005, p. 54.

    [23] George S. MacDonell, One Soldier’s Story, 1939–1945: From the Fall of Hong Kong to the Defeat of Japan, Toronto, The Dundurn Group, 2002, p. 68.

    [24] Tony Banham, ibid., p. 47.

    [25] Gerald Horne, op. cit., p. 63.

    [26] Ibid., p. 64.

    [27] Emily Hahn, op. cit., p. 265.

    [28] Philip Snow, The Fall of Hong Kong: Britain, China, and the Japanese Occupation, Yale, Yale University Press, 2004, p. 55.

    [29] Certains témoins avancent aussi que les miliciens sont très actifs à transmettre les positions alliées aux Japonais, à causer la panique et à disséminer de fausses rumeurs durant les combats ; C. E. Ross, « Escape from Hong Kong : A Canadian’s revealing account of the heroic last days in Hong Kong and a daring flight to freedom », Macleans, 15 juin 1942, p. 6. 

    [30] Philip Snow, op. cit., p. 56.

    [31] Helen E. Hammond et Robert B. Hammond, op. cit., p. 37.

    [32] Gwen Dew, op. cit., p. 62.

    [33] Helen E. Hammond et Robert B. Hammond, ibid., p. 38.

    [34] Philip Snow, ibid., p. 56.

    [35] Tony Banham, op. cit., p.233.

    [36] Helen E. Hammond et Robert B. Hammond, ibid., p. 39.

    [37] Allana Corbin, Prisoners of the East, Londres, Pan Macmillan, 2002, p. 72.

    [38] Helen E. Hammond et Robert B. Hammond, op. cit., p. 41.

    [39] Thomas F. Ryan, Jesuits under Fire in the Siege of Hong Kong, 1941, Londres, Burns Oates & Washbourne, 1944, p. 49.

    [40] Philip Snow, op. cit., p. 56.

    [41] Helen E. Hammond et Robert B. Hammond, ibid., p. 38.

    [42] Gwen Dew, op. cit., p. 62.

    [43] Tony Banham, op. cit., p. 44.

    [44] Gerald Horne, op. cit., p. 71.

    [45] Ibid.

    [46] Comme il mentionne plus loin : « Rumors were rampant, so this may not have been true. It certainly sounded bizarre to me » ; Carol Briggs Waite, Taken In Hong Kong – December 8, 1941: memoirs of Norman Briggs, World War II prisoner of war, Baltimore, PublishAmerica, 2006.

    [47] Oliver Lindsay, The Battle for Hong Kong, 1941-1945: Hostage to Fortune, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2006, p. 81.

    [48] Kwong Chi Man et Tsoi Yiu Lun, Eastern Fortress. A Military History of Hong Kong, 1840–1970, Hong Kong, Hong Kong University Press, 2014, p. 221. Selon un article de journal publié en 1945, les autorités britanniques auraient réussi à arrêter un plan prévu des triades de massacrer l’entièreté de la population occidentale de Hong Kong pour le 13 décembre 1941 ; Reg. Harris, « Massacre Plot by Hongkong Chinese », 14 mars 2018, <https://gwulo.com/atom/29971> (29 avril 2020). Il est possible que ce soit Chan Chak qui serait intervenu avec succès auprès des triades pour arrêter ce plan ; Kwong Chi Man et Tsoi Yiu Lun, ibid., p. 183.

    [49] Ibid., p. 190.

    [50] Tony Banham, op. cit., p. 48.

    [51] Waters et McEwan, loc. cit., p. 57.

    [52] Ibid.

    [53] Tony Banham, ibid., p. 48.

    [54] W. J. Carrie, « 12 Dec 1941, W J Carrie’s wartime diary », Gwulo.com, 16 mai 2019.

    <https://gwulo.com/node/45875/view-pages> (21 janvier 2020)

    [55] Brereton Greenhous, “C” Force to Hong Kong: A Canadian Catastrophe, 1941–1945, Toronto, Dundurn Press, 1997, p. 47.

    [56] Oliver Lindsay, op. cit., p. 210.

    [57] Tony Banham, op. cit., p. 217.

    [58] Ibid.

    [59] Wenzell Brown, Hong Kong Aftermath, New York, Smith & Durell, Inc., 1943, pp. 36–37.

    [60] Brian Edgar, « 25 Dec 1941, Chronology of Events Related to Stanley Civilian Internment Camp », Gwulo.com, 11 janvier 2012.

    <https://gwulo.com/node/9901> (28 janvier 2020)

    [61] Tony Banham, op. cit., p. 279.

    [62] Bob Tatz, Lost in the Battle for Hong Kong! December 1941: A Memoir of Survival, Identity and Success, 1931–1959, Edmonton, PageMaster Publishing, 2019, p. 95.

    [63] Emily Hahn, op. cit., p. 332.

    [64] Anthony Sweeting, Education in Hong Kong Pre-1841 to 1941: Fact and Opinion. Materials for a History of Education in Hong Kong, Hong Kong, Hong Kong University Press, 1990, p. 466.

    [65] Philip Snow, op. cit., p. 57.

    [66] Ibid., p. 103.

    [67] Helen E. Hammond et Robert B. Hammond, op. cit., pp. 48-49.

    [68] Selon Emily Hahn, donner trois jours de repos après une conquête est une vieille tradition de l’armée japonaise ; Emily Hahn, op. cit., p. 301.

    [69] Philip Snow, op. cit., p. 81.

    [70] Ibid.

    [71] Charles G. Roland, Long Night’s Journey into Day. Prisoners of War in Hong Kong and Japan, 1941–1945, Waterloo, Wilfred Laurier University Press, 2001, p. 312.

    [72] Michael Lucken, op. cit., p. 113.

    [73] Emily Hahn, op. cit., p. 302.

    [74] Geoffrey Charles Emerson, Hong Kong Internment, 1942 to 1945. Life in the Japanese Civilian Camp at Stanley, Hong Kong, Hong Kong University Press, 2008,p. 36.

    [75] Gwen Dew, op. cit., p. 115.

    [76] Gwen Priestwood, Through Japanese Barbed Wire, New York, D. Appleton-Century Company, 1944, p. 31.

    [77] Gerald Horne, op. cit., pp. 78-79.

    [78] Ibid., p. 78.

    [79] Ibid., p. 25.

    [80] George Wright-Nooth, op. cit., p. 142.

    [81] Tony Banham, op. cit., p. 285.

    [82] Phyllis Harrop, Hong Kong Incident, Londres, Eyre & Spottiswoode, 1943, p. 120.

    [83] John M. Carroll, A Concise History of Hong Kong, New York, Rowman & Littlefield Publishers, Inc., 2007, p. 124

    [84] Wenzell Brown, op. cit., p. 47.

    [85] John M. Carroll, op. cit., p. 123

    [86] Andew J. Whitfield (dir.), Hong Kong, Empire and the Anglo-American Alliance at War, 1941-45, New York, Palgrave Macmillan, 2001, p. 218.