« Rome » après Rome. Changements, fragmentations et vitalité derrière la concurrence médiévale autour de la romanitas

LOUIS-PATRICK SAINT-PIERRE

 

Table des matières
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    La prise de Rome par Odoacre en 476 est vue dans la périodisation traditionnelle comme la fin d’une époque, celle de l’Antiquité romaine, et ouvrirait une nouvelle ère où la Civilisation aurait laissé place à une période sombre, à savoir le Moyen Âge. Cette dernière est donc intuitivement placée à l’opposé de la romanité. Il y a toutefois lieu de se questionner sur la validité de cette idée. La cité de Rome, bien que prise en 476, est déjà depuis la fin du IIIe siècle une « capitale sans empereur [455]». La romanité n’est plus rattachée géographiquement à une ville, mais est plutôt devenue une idée : la Romanitas[456].  Celle-ci continue d’être portée par un État impérial bien après le Ve siècle. Ce dernier est toutefois à l’est de la Méditerranée et est essentiellement centré autour d’un monde hellénophone. Nommé de manière anachronique Byzance, cet Empire d’Orient continue de préserver l’héritage romain durant le Moyen Âge. Sa légitimité comme héritier de l’Antiquité est toutefois contestée en Occident avec l’ascension du pape et l’avènement des empereurs germaniques durant les VIIIe et IXe siècles[457]. Alors qu’elle n’est plus portée et véhiculée par un État unifié, la romanité semble se morceler dans une multitude de déclinaisons médiévales[458]. Cette fragmentation doit être vue comme un signe de vitalité plutôt que de déclin, puisque la concurrence autour de la Romanitas illustre l’intérêt qui lui est porté même au Moyen Âge, et donc de sa survie[459]. Il y a lieu de se demander à quel degré y a-t-il rupture en 476, si rupture il y a. Cette discussion amène à nuancer notre périodisation conventionnelle et permet de redéfinir notre appréciation d’un Empire oriental et médiéval qui s’est avéré essentiel pour préserver l’héritage gréco-romain jusqu’à aujourd’hui.

    État de la question

    Ce court texte se veut un survol général sur la conscience d’un ordre politique romain au sein de la civilisation médiévale qualifiée de « byzantine ». Le sujet peut toutefois sembler banal puisque le fait que les Byzantins se disent Romains n’a jamais été nié. Louis Bréhier conceptualise l’Empire byzantin en une synthèse de la tradition latine, de l’hellénisme et du christianisme[460]. Malgré la reconnaissance d’une revendication à l’identité romaine, l’essence même de la Romanitas à Byzance a du mal à être pleinement reconnue au sein de l’historiographie, la tendance étant de voir le caractère romain comme un élément transitionnel au sein d’une réalité dominante d’un hellénisme christianisé[461].  Entre l’Antiquité romaine et le Moyen Âge byzantin, la littérature historienne semble avoir creusé un fossé périodique. Dans un article sur la romanité chrétienne en Orient, Gilbert Dagron avance qu’en devenant hellénophone, l’Empire romain d’Orient devient byzantin[462].  Cette hellénisation qui marque le début de l’Empire byzantin est entre autres marquée, selon Dagron, par le passage du grec au statut de langue « d’État », contrastant ainsi avec la période antique où il n’était que la langue « de culture »[463].

     À l’inverse des contributions mettant l’accent sur les ruptures, d’autres sont davantage axées sur la continuité de l’identité romaine durant le Moyen Âge. Cet angle d’approche nécessite tout d’abord de reconnaître que la chute de Rome en 476 ne signifie pas la fin de la civilisation romaine et le début d’un âge sombre comme le sous-entend le terme même de « Moyen Âge ». Cette question à savoir si Rome est vraiment tombée au Ve siècle est soulevée entre autres par Bryan Wall-Perkins[464]. Si la réponse semble évidente, c’est surtout au niveau des impacts que l’auteur questionne les idées reçues. Sans tomber dans le piège d’une accommodation pacifique, Wall-Perkins remet en perspective les idées de fin de civilisation en reprenant le propos de Walter Goffart selon laquelle la création des royaumes germaniques serait issue de migrations de peuplades étrangères cautionnées par le pouvoir romain et non seulement de confrontations violentes[465]. Par conséquent, la déposition du dernier empereur d’Occident en 476 ne met pas forcément fin à l’essence de la civilisation romaine, qui continue d’avoir un certain écho pendant le Moyen Âge. 

    En mettant l’accent sur la persistance entre l’Antiquité et le Moyen Âge d’une conscience identitaire romaine et d’un rattachement à un ordre politique identifié comme tel, la présente contribution se positionne davantage dans la deuxième tendance historiographique. L’idée n’est toutefois pas de dresser le portrait d’un Empire romain immuable, mais plutôt de remettre en question certaines assises périodiques qui portent tort à notre compréhension de la civilisation romaine durant le Moyen Âge. Il n’est pas question de nier les différences et les changements dans la romanité entre les périodes antique et byzantine, mais plutôt de les remettre en perspective en les situant au même niveau que celles entre les époques de Scipion et de Cicéron ou encore entre Jules César et Hadrien. Un accent disproportionné a été mis d’une part sur la chute de Rome pour marquer le début du Moyen Âge en Occident, d’autre part sur les transformations linguistiques dans l’Empire d’Orient au VIIe siècle pour marquer le début d’une nouvelle civilisation « byzantine ». Avant de se pencher sur ces aspects, il convient de poser quelques fondements concernant la conscience de l’ordre politique romain durant l’Antiquité. 

    L’ordre antique : L’Empire et la Terre habitée

    Tout au long des premiers siècles après Jésus-Christ, le territoire sous domination romaine se confond avec l’ensemble du monde connu en raison de son étendue. Le terme grec d’oikoumene (ou οἰκουμένη), qui signifie initialement la terre habitée et civilisée, en vient donc à devenir synonyme de l’Empire romain. En parallèle avec des termes faisant référence à un territoire contrôlé tels qu’arkhê (ou ἀρχή) et basileia (ou βασιλεία), l’État romain peut ainsi être conceptualisé par ce mot à consonance universelle. Le géographe du Ier siècle Strabon, qui devient la référence pour plusieurs auteurs ultérieurs, évoque pour cette raison les besoins politiques d’une description géographique détaillée : « De plus, il me semble qu’un autre argument peut notamment être amené aujourd’hui, c’est-à-dire que la géographie considérée dans son ensemble existe pour des besoins politiques.[466]» Pour Strabon, toute recension du monde habité ne peut se faire sans tenir compte de la terre dans son ensemble : « Il est ridicule que quelqu’un s’acharnant à expliquer clairement la terre habitée oserait saisir les corps célestes et s’en servir pour l’enseignement sans considérer la terre entière[467].» L’organisation du territoire romain doit ainsi s’expliquer par une description détaillée du monde connu. Au sein de celui-ci, l’Europe, continent sur lequel se trouve l’Empire, est le plus favorable à l’essor des civilisations : « Il faut commencer par l’Europe, vu sa forme variée et les conditions favorables dans lesquelles la nature l’a placée pour l’excellence morale des hommes et des gouvernements, conditions qui lui ont permis de faire participer les autres continents à ses propres avantages[468]». Les éléments géographiques constituent également un facteur déterminant du succès des Romains : 

    Les Romains, de leur côté, après avoir incorporé à leur empire plusieurs peuples restés jusque-là sauvages par le fait des pays qu’elles occupaient et que leur âpreté naturelle, leur manque de ports, la rigueur de leur climat ou telle autre cause rendait presque inhabitables, sont parvenus à les tirer de leur isolement, à les mettre en rapport les unes avec les autres et à ployer les plus barbares aux habitudes de la vie sociale.

    Ibid. Citation originale : Ῥωμαῖοί τε πολλὰ ἔθνη παραλαβόντες καὶ τὴν φύσιν ἀνήμερα διὰ τοὺς τόπους ἢ τραχεῖς ὄντας ἢ ἀλιμένους ἢ ψυχροὺς ἢ ἀπ’ ἄλλης αἰτίας δυσοικήτους πολλοῖς τούς τε ἀνεπιπλέκτους ἀλλήλοις ἐπέπλεξαν καὶ τοὺς ἀγριωτέρους πολιτικῶς ζῆν ἐδίδαξαν.  

    Ce lien dressé entre l’ordre politique romain et la géographie est également souligné au IIe siècle par Denys le Périégète : 

    Après eux, il y a le peuple redoutable des nobles Latins qui habitent une terre aimable : au milieu de celle-ci, le Tibre en roulant ses flots jette son pur courant dans la mer, le Tibre au cours abondant, le plus royal de tous les fleuves, le Tibre coupe en deux Rome charmante, Rome vénérée, grande maison de mes souverains, mère de toutes les cités.

    Denys le Périégète, Description de la Terre habitée, Vers 350-356. Citation originale : Θύμβρις, ὃς ἱμερτὴν ἀποτέμνεται ἄνδιχα Ῥώμην, Ῥώμην τιμήεσσαν, ἐμῶν μέγαν οἶκον ἀνάκτων, μητέρα πασάων πολίων, ἀφνειὸν ἔδεθλον.

    Autant pour Strabon que pour Denys le Périégète, l’emplacement géographique de Rome permet d’expliquer sa supériorité et sa capacité à avoir établi un ordre qui cimente sous sa gouverne les différentes communautés du monde connu, c’est-à-dire les ethnê (ou ἔθνη). 

    L’Empire romain contrôle donc durant plusieurs siècles ce qui s’apparente du point de vue des lettrés et des autorités impériales à l’entièreté de la terre habitée et civilisée. Rome ne fait donc plus référence à une seule ville, mais devient plutôt le symbole de l’Oikoumene. Le cœur du pouvoir romain n’est donc pas tenu à la ville de Rome et peut se déplacer selon les besoins du moment. Sous la Tétrarchie (293-313), quatre empereurs se partagent le pouvoir sans qu’aucun ne siège dans la capitale traditionnelle. En 330, Constantinople, la Nouvelle Rome de Constantin Ier, devient le nouveau centre politique de l’Empire sans que la vision d’un État unifié autour de l’ordre romain n’en soit altérée. Jean le Lydien, qui traite de ce sujet plus tard au VIe siècle, dit que « la Rome qui est la nôtre s’était soustraite à la Némesis et dérobait sa puissance à la première (Rome) [471]». La mention de « notre Rome » (ἡμετέρας Ῥώμης) en succession à « la première » (τὴν πρώτην) est emblématique de cette idée de mobilité du cœur de l’ordre politique romain. De plus, cette citation provient d’une œuvre, Des magistratures de l’État romain, qui a été écrite près d’un siècle après la « chute » de Rome en 476[472]. Fait notable, dira-t-on, qui recèle pourtant une réalité évidente aux yeux des contemporains : tous les habitants de l’Empire sont des citoyens romains, que ce soit au IIIe ou au VIe siècle. 

    L’ordre médiéval : L’Empire fragmenté 

    À quel niveau alors placer la prise de Rome en 476 ? Il s’agit en fait d’un évènement symbolique qui est à placer dans une longue transition entre le passage d’une romanité antique, monopolisée par l’Empire, à une romanité médiévale, fragmentée en plusieurs niveaux de manifestations politique et culturelle. En Orient, aucun État successeur n’émerge après la prise de Rome, permettant le maintien d’une romanité impériale à Constantinople. L’Empire continue d’exercer un monopole symbolique sur la Romanitas puisque les souverains fondant leur royaume en Occident sollicitent l’aval de l’empereur afin de s’établir sans encombre[473]. Cette reconnaissance impériale permet l’émergence de romanités que l’on peut qualifier de « régionales », puisqu’elles se basent sur la domination de terres autrefois romaines avec la permission de l’empereur rassemblant sous son sceptre le titre impérial et l’héritage historique de Rome. Zénon (474-465 / 476-491), qui se trouve à être le seul souverain d’un Empire romain réunifié, maintient donc une autorité de jure sur les royaumes germaniques nouvellement installés tels les Francs en Gaule et les Ostrogoths en Italie. Deux générations plus tard, lorsque le second groupe ne convient plus aux intérêts impériaux, l’Empire intervient militairement sous l’initiative de Justinien Ier et déclare les guerres gothiques (535-554)[474]. L’Italie, incluant Rome, est entièrement reprise au cours de ce conflit. Bien que la reconquête de la péninsule italienne soit éphémère – les Lombards s’y installent fondent un royaume dès 568 – celle-ci permet de voir que dans une période relativement courte l’Empire romain est encore en mesure de réagir pour maintenir sa présence en Occident. Le règne de Justinien est toutefois une parenthèse dans la prolongation médiévale de l’histoire romaine, puisque par après l’Empire n’encaisse que des reculs en Occident. 

    L’effacement progressif d’un État impérial à l’ouest n’entraîne toutefois pas la fin de manifestations politique et culturelle de la romanité, mais provoque plutôt une multiplication de ses vecteurs d’expression[475]. L’Empire perd progressivement son monopole et, comme le note Maya Maskarinec, l’identité romaine médiévale en vient à se fractionner en plusieurs déclinaisons, impériale certes mais aussi régionale[476]. S’il y a crise de la romanité, celle-ci ne doit donc pas être située à la prise de Rome au Ve siècle, mais plutôt dans ces reculs considérables des frontières impériales, qui s’accentuent entre les VIe et VIIe siècles. L’Empire est alors secoué d’une part par les incursions avaro-slaves dans les Balkans[477] et d’autre part par les guerres contre la Perse sassanide[478]. Bien que les Romains réussissent à se maintenir, la nouvelle puissance arabo-musulmane a finalement raison de la résistance impériale au Levant et en Afrique[479]. Ces reculs amènent un recentrage progressif autour d’une Constantinople essentiellement hellénophone, réalité qui contraste avec l’Empire multicentrique de l’Antiquité où plusieurs villes participaient à la vie politique, artistique et intellectuelle inhérente à la Romanitas[480].

    Ce nouvel ordre qui s’impose au détriment des Romains accentue la distanciation entre les romanités occidentale et orientale et, surtout, entraîne une redéfinition du rapport entre les niveaux impérial et régional. Avant les conquêtes arabo-musulmanes, l’État impérial monopolise les manifestations de la Romanitas et maintien un certain contrôle sur celles qui ne sont pas directement exercées par lui[481]. Cette situation change après le choc des pertes territoriales du VIIe siècle. Peu après, au cours du VIIIe, l’empereur de Constantinople n’est plus en mesure de monopoliser la Romanitas. Le patriarche de Rome, qui devient progressivement connu sous l’appellation de papas (ou πάπας), s’impose également comme emblème de la continuité historique de la civilisation antique. Ce dernier définit en quelque sorte une romanité « civique », puisqu’elle s’appuie sur la cité qui a fait naître l’Empire durant l’Antiquité. Ainsi, bien que délaissée par l’Empire d’Orient, Rome devient graduellement le cœur de la manifestation d’une Romanitas en Occident. Afin de renforcer sa position, le pape s’allie avec l’un des royaumes ayant jadis revendiqué une romanité au niveau régional, à savoir les Francs du roi Charlemagne (768-814). Ce dernier s’approprie avec l’aval du pape le titre impérial romain de manière unilatérale en 800. Une nuance s’impose toutefois, puisque s’il a souhaité être empereur romain, le souverain ne s’est jamais considéré comme tel d’un point de vue identitaire[482].  Il convient à ce titre de citer Anthony Kaldellis :

    However, in the western empire that he created “Roman” corresponded to no identity – other than the city of Rome – and there were no conventions governing its use. […] The Reich [c.-à-d. l’Empire d’Occident des Carolingiens, puis des Ottoniens] and Romania [c.-à-d. l’Empire byzantin] were fundamentally different entities […]. The majority of the population [de la Romania] was Roman (by language, culture, religion, and political identity) and had no qualifying ethnic affiliations; the empire had yet few peripheral or dependent territories populated by non-Romans. The Reich, by contrast, was a patchwork of locally autonomous smaller entities and aristocratic interests.

    Anthony Kaldellis, Streams of Gold, Rivers of Blood: The Rise and Fall of Byzantium, 955 A.D. to the First Crusade, New York et Oxford, Oxford University Press, 2017, p.57-59.

    Il est donc possible d’établir dans un contexte occidental une distinction entre celui qui revendique la continuité historique, à savoir le pape de Rome, et celui qui s’attribue une étiquette de prestige et de légitimité, c’est-à-dire l’empereur d’Occident. Ces derniers se complètent et se renforcent mutuellement et doivent exclure l’Empire d’Orient de leur diplomatie afin de créer leur propre sphère d’influence. C’est dans ce contexte qu’un discours hostile est développé envers les Romains de l’Empire, qui sont qualifiés de Greci par les Occidentaux[484].  Ce qualificatif vient mettre l’accent sur leur attribut linguistique afin de les placer à l’antithèse de l’identité romaine. Ce discours vise ainsi à favoriser le Romanum romain au détriment du Rhômaios constantinopolitain[485].

    Bien que Rome soit hors de son contrôle, l’Empire d’Orient règne néanmoins sur ordre politique qui est toujours « romain ». Malgré la crise de la romanité des VIIe et VIIIe siècle, il y a toujours une continuité étatique. Cette situation se reflète dans les écrits de l’empereur du Xe siècle Constantin VII (913-959). En effet, ce dernier fait mention dans son traité De l’Administration de l’Empire des différences entre son temps et les siècles antérieurs : « Il faut savoir que tout le domaine d’Italie, autant Néapolis que Capoue, Bénévent, Salerne, Amalfi, Gaète ainsi que toute la Lombardie, était dominé par les Romains dans les temps anciens, à savoir quand Rome était la capitale[486]. » Du point de vue de Constantin VII, il y a donc une continuité entre les « temps anciens » (τοῖς παλαιοῖς χρόνοις), où « Rome était la capitale » (βασιλευομένης τῆς Ῥώμης), et son époque. Il s’agit simplement de périodes différentes dans une histoire romaine qui s’est poursuivie sans interruption depuis les débuts de l’Empire, soit avant Jésus-Christ. Il se réfère d’ailleurs dans son Livre des Thèmes aux figures illustres de l’Antiquité afin de dresser un lien historique avec celles-ci : 

    Lorsque les empereurs marchaient avec le peuple, qu’ils imposaient le joug de la servitude des Romains à ceux qui se soulevaient et qu’ils assiégeaient presque toute la terre habitée parce qu’elle était indisciplinée et en contestation ; comme Jules César, comme l’admirable Auguste, comme ce célèbre Trajan, comme Constantin le grand parmi les empereurs et Théodose, et ceux qui après eux ont accueilli le christianisme et le culte de la divinité.

    Constantin VII Porphyrogénète, Le Livre des Thèmes, I. Pr., 8-14. Citation originale : Ὅτε οἱ βασιλεῖς μετα τοῦ λαοῦ ἐπεστράτευον καὶ τοῖς ἀνταίρουσι τὸν τῆς Ρωμαικῆς δουλείας ζυγὸν ἐπειτίθεσαν καὶ μικροῦ δεῖν πᾶσαν τὴν οἰκουμένην ἐπολιόρκουν ἀτακτοῦσαν καὶ ἀντιλέγουσαν, ὡς ὁ Καῖσαρ, ὡς ὁ θαυμαστὸς Αὔγουστος, ὡς ὁ Τραϊανὸς ἐκεῖνος ὁ περιβόητος, ὡς ὁ μέγας ἐν βασιλεῦσι Κωνσταντῖνος καὶ Θεοδόσιος καὶ οἱ μετ’ἐκείνους τὸν χριστιανισμὸν καὶ τὴν θεοσέβειαν ἀσπασάμενοι.

    L’empereur est toutefois conscient d’une fragmentation de l’Empire et d’une concurrence occidentale pour la Romanitas : « [La Sicile] n’était auparavant pas sous le contrôle de l’empereur de Constantinople à l’époque où Rome régnait. Maintenant elle est devenue un système nouveau à cause du fait que Rome ait été mise hors du contrôle de l’Empire et qu’elle eut son régime particulier, avec un Pape qui est proprement maître d’elle [488]». Comme le souligne la mention de « système nouveau » (καινοτομία) et de « régime particulier » (ἰδιοκρατορίαν), Constantin VII évoque ainsi les développements politiques en Occident qui se sont produits hors du contrôle oriental.

    L’Orient romain du Xe siècle: survie et vitalité de la romanité impériale

    Malgré une apparente fragmentation, la romanité connaît tout de même une certaine vitalité dans l’Orient médiéval. Le règne de Constantin VII se situe en effet dans une période d’essor littéraire et artistique qui marque la culture savante romaine de l’époque[489]. Ce renouveau s’est opéré à partir des IXe et Xe siècles, notamment sous le règne de Léon VI (886-912). Les intellectuels byzantins, parmi lesquels on trouve des figures marquantes telles que Photius et Aréthas, se lancent dans une vaste entreprise de compilations d’œuvres des siècles antérieurs et de l’Antiquité gréco-romaine[490].  Des auteurs d’un autre âge sont remis au goût du jour avec le support des autorités impériales. Ces dernières voient en effet une occasion de renforcer leur légitimité sur l’héritage romain en donnant un caractère immuable à ces reproductions[491]. En tant que figure impériale et patron de nombreux érudits, Constantin VII joue un rôle majeur dans cette réappropriation de l’héritage littéraire gréco-romain. S’investissant lui-même dans la mouvance, il entreprend la réalisation de compilations et de traités[492], dont deux ont été cités plus haut. L’émergence de ce genre littéraire, mais surtout l’investissement impérial dans ce dernier, est un argument en soi pour appuyer le fait que la dimension romaine est toujours, même au Moyen Âge, partie prenante de la perception et de la représentation que les Byzantins se font d’eux-mêmes. Ce constat se pose du moins pour les élites lettrées et les autorités impériales.

    Les compilations sont ainsi le résultat de l’affirmation d’une continuité historique avec l’Empire romain. Véhiculées par les autorités impériales, elles font partie d’un discours visant à promouvoir l’héritage romain comme aspect central dans la culture intellectuelle de l’époque. L’empereur revendique une place centrale dans cette continuité, puisque ce dernier porte sur ses épaules la charge de conserver le patrimoine romain et d’en perpétuer la tradition[493]. La combinaison de la titulature impériale avec l’héritage romain est une particularité orientale puisque, comme il a été dit plus haut, ces deux éléments sont répartis entre deux pouvoirs différents en Occident. Autour de l’empereur gravite un ensemble de dignitaires qui l’épaulent dans ses fonctions et qui participent à la perpétuation du régime romain, conceptualisé sous le terme grec de politeia (ou πολιτεία). Le Livre des Cérémonies de Constantin VII laisse bien paraître cette distribution des rôles, notamment lors du couronnement : 

    Tous arrivent avec leurs habits de parade. Tout le sénat, les dignitaires des scholes et des autres tagmes s’habillent et prennent d’avance les insignes pour escorter les souverains. Lorsque tout est prêt, l’empereur sort de l’Augusteus portant son scaramange et le sagion de pourpre, escorté du personnel de la chambre et s’en va jusqu’à l’Onopodion.

    Constantin VII Porphyrogénète, Le Livre des Cérémonies, I. II, 47, 3-9. Citation originale : Προέρχονται πάντες μετὰ ἀλλαξίμων, καὶ ἀλλάσσει πᾶσα ἡ σύγκλητος καὶ τὰ ἀξιώματα τῶν σχολῶν καὶ τῶν λοιπῶν ταγμάτων καὶ προλαμβάνουσι τὰ σκεύη πρὸς τὸ ὀψικεῦσαι τοὺς δεσπότας, καὶ ὅτε πάντα ἑτοιμασθῶσιν, ἐξέρχεται ὁ βασιλεὺς ἐκ τοῦ Αὐγουστέως, φορῶν τὸ σκαραμάγγιου αὐτοῦ καὶ σαγίου πορφυροῦν, ὀψικευόμενος ὑπὸ τοῦ κουβουκλείου, καὶ ἐξέρχεται μέχρι τοῦ Ὀνόμοδος

    L’empereur est ici le centre de processions prenant leurs ancrages dans des conventions sociales qui le dépassent. Son devoir de les respecter lui donne en quelque sorte un rôle séculier et de gardien de l’Empire[495]. Alors qu’il incarne l’héritage romain, des gens d’influence, souvent bien éduqués, s’y rattachent également par leur titre et leur fonction dans la politeia romaine. Le contexte littéraire du Xe siècle et les conventions autour de pratiques sociales telles que les codes cérémoniels permettent donc de voir la persistance d’une conscience d’un ordre politique romain. Celle-ci est en effet toujours présente et ce malgré le fait qu’elle soit préservée par un Empire dont le contrôle territorial s’est considérablement réduit par rapport aux époques antérieures.   

    Conclusion

    Ce survol général permet de nuancer la portée de la prise de Rome au Ve siècle et de la considérer comme davantage symbolique. Plutôt que de voir une « chute » de l’Empire en 476, il est nécessaire de privilégier une perspective de longue durée et de traiter d’une tendance de fragmentation de la romanité. Alors qu’elle est unifiée durant l’Antiquité sous un seul État impérial, qui se voit comme l’incarnation de la terre habitée et civilisée, le « Moyen Âge » augure une tout autre réalité. Les changements dans la composition géopolitique s’accélèrent lors de la période névralgique du VIIe siècle, alors que l’ordre politique romain et sa prépondérance dans le monde sont remis en question par l’émergence d’une nouvelle superpuissance : le Califat musulman. Ces évènements, qui représentent une « crise » de la romanité, sont davantage significatifs que l’évènement de 476. Les Romains maintiennent toutefois leur présence sur un territoire qui, bien que réduit, ne constitue en aucun cas un État successeur de l’Empire. Au contraire, l’ancrage impérial permet l’affirmation d’un lien historique et un maintien de la romanité et ce malgré l’émergence d’une concurrence occidentale pour l’appropriation de la Romanitas. Afin de répondre à la puissance rivale franco-papale, les autorités impériales supportent un mouvement de réappropriation des œuvres littéraires gréco-romaines. Outre la portée politique de ces initiatives de compilations, ces dernières ont eu un impact considérable même pour nos sociétés actuelles. Elles ont en effet permis à une riche littérature antique de se rendre jusqu’à nous, faisant de l’Empire d’Orient une courroie de transmission non négligeable de l’héritage romain que l’on situe aux fondements de notre civilisation occidentale. 

    Références

    [455]Bernard Lançon, Rome dans l’Antiquité tardive (312-604 après J.-C.), Paris, Hachette, 1995, p.10.
    [456]Anthony Kaldellis, Hellenism in Byzantium: The Transformations of Greek Identity and the Reception of the Classical Greek Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p.66.
    [457]Walter Pohl, « Romanness: A multiple identity and its changes », Early Medieval Europe, vol.22, no.4 (2014), p.416.
    [458]Clemens Gantner, « Romana urbs: Levels of Roman and imperial identity in the city of Rome », Early Medieval Europe, vol.22, no 4 (2014), p.463.
    [459]Maya Maskarinec, « Who were the Romans ?: Shifting scripts of Romanness in Early Medieval Italy », dans Walter Pohl et Geyda Heydemann, éd., Post-Roman Transitions: Christian and Barbarian Identities in the Early Medieval West, Turnhout, Brepols Publishers, 2013, p.353.
    [460]Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, Paris, Albin Michel, 1946, p.5.
    [461]Averil Cameron, Byzantine Matters, Princeton et Oxford, Princeton University Press, 2014, p.46. D’autres contributions avancent également l’importance du christianisme orthodoxe dans la représentation que les Byzantins se font d’eux et de leur place dans le monde, et donc de leur identité. Il est possible de citer, entre autres, celles-ci : Evangelos Chrysos, « The Roman political identity in Late Antiquity and early Byzantium », dans Karsten Fledelius, éd., Byzantium. Identity, Image, Influence. XIX International Congress of Byzantine Studies, Copenhague, Danish National Committee for Byzantine Studies, Copenhague, Eventus Publisher, 1996, p.7; Mark Whittow, The Making of Orthodox Byzantium, 600-1025, Berkeley et Los Angeles, University of California Press, 1996, p.135-136 et 163-164 ; Geoffrey Greatrex, « Roman identity in the sixth century », dans Stephen Mitchell et Geoffrey Greatrex, éd., Ethnicity and Culture in Late Antiquity, Londres, The Classical Press of Wales, 2000, p.277-278. Aucune de ces contributions ne nie le caractère romain de Byzance, mais elles réduisent son importance au profit d’un christianisme universel incarné par un empereur autocrate et représentant de Dieu. Une critique de la place du christianisme dans l’identité « byzantine » est développée dans Anthony Kaldellis, Ethnography After Antiquity: Foreign Lands and Peoples in Byzantine Literature, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2013, p.131.
    [462] Gilbert Dagron, « Aux origines de la civilisation byzantine : langue de culture et langue d’État », Revue historique, vol. 241 (1969), p. 23.
    [463]Ibid., p.55-56. Cette affirmation peut être contestée du fait que dès l’Antiquité, les Romains utilisent le grec comme langue de leurs institutions en Orient, lui donnant ainsi un caractère étatique. Ce propos est étayé dans Kaldellis, Hellenism in Byzantium, p.64-66.
    [464]Bryan Wall-Perkins, The Fall of Rome: And the End of Civilization, Oxford, Oxford University Press, 2006, p.4.
    [465]Ibid., p.9.
    [466] Strabon, Géographie, I. 1, 16. Citation originale : Διαφερόντως δ’ ἐπάγεσθαι δοκεῖ μοι πρὸς τὰ νῦν ἐκεῖνος ὁ λόγος, διότι τῆς γεωγραφίας τὸ πλέον ἐστὶ πρὸς τὰς χρείας τὰς πολιτικάς.
    [467]Strabon, Géographie, I. 1, 15. Citation originale : εἰ τὴν οἰκουμένην γλιχόμενος σαφῶς ἐξειπεῖν τῶν μὲν οὐρανίων ἐτόλμησεν ἅψασθαι καὶ χρήσασθαι πρὸς τὴν διδασκαλίαν, τὴν δ’ ὅλην γῆν, ἧς μέρος ἡ οἰκουμένη, μήθ’ ὁπόση, μήθ’ ὁποία τις, μήθ’ ὅπου κειμένη τοῦ σύμπαντος κόσμου.
    [468]Strabon, Géographie, II. 5, 26. Citation originale : Πολὺ δ’ ἐστὶ καὶ τὸ γνώριμον καὶ τὸ εὔκρατον καὶ τὸ πόλεσι καὶ ἔθνεσιν εὐνομουμένοις συνοικούμενον μᾶλλον ἐνταῦθα ἢ ἐκεῖ.
    [469] Ibid. Citation originale : Ῥωμαῖοί τε πολλὰ ἔθνη παραλαβόντες καὶ τὴν φύσιν ἀνήμερα διὰ τοὺς τόπους ἢ τραχεῖς ὄντας ἢ ἀλιμένους ἢ ψυχροὺς ἢ ἀπ’ ἄλλης αἰτίας δυσοικήτους πολλοῖς τούς τε ἀνεπιπλέκτους ἀλλήλοις ἐπέπλεξαν καὶ τοὺς ἀγριωτέρους πολιτικῶς ζῆν ἐδίδαξαν.
    [470] Denys le Périégète, Description de la Terre habitée, Vers 350-356. Citation originale : Θύμβρις, ὃς ἱμερτὴν ἀποτέμνεται ἄνδιχα Ῥώμην, Ῥώμην τιμήεσσαν, ἐμῶν μέγαν οἶκον ἀνάκτων, μητέρα πασάων πολίων, ἀφνειὸν ἔδεθλον.
    [471]Jean le Lydien, Des magistratures de l’État romain, Livre II, 129-130. Citation originale : Τῆς δὲ ἡμετέρας Ῥώμης καὶ Νεμέσεως ἔξω καὶ τὴν πρώτην τῆς δυνάμεως ἀποκρυπτούσης, συνεῖδεν ὁ κράτιστος καὶ τῆς τοῦ οὐρβανοῦ πραίτωρος δεῖσθαι παρόδου.
    [472]La date est estimée à 550, soit 74 ans après la chute de l’Empire d’Occident en 476.
    [473]Richard Miles, « Constructing identity in Late Antiquity », Londres et New York, Routledge, 1999, p.7. Le roi ostrogoth Théodoric est un exemple éloquent évoqué par Miles où la Romanitas octroyée par l’empereur d’Orient sert de support de légitimité face aux autres rois germaniques.
    [474] Procope de Césarée (500-565), dans Histoire des Goths, est l’un des principaux auteurs relatant cette longue guerre entre l’Empire romain et le Royaume ostrogoth pour la domination de l’Italie.
    [475] Pohl, « Romanness », p.409.
    [476]Ibid., p. 406.
    [477] Rachel Pallas-Brown, « East Roman perceptions of the Avars in the mid- and late Sixth Century », dans Mitchell et Greatrex, éd., Ethnicity and Culture, p.309.
    [478]Whittow, The Making of Orthodox Byzantium, p.76-77.
    [479]Ibid., p.87-88.
    [480]Robert Browning, The Byzantine Empire, New York, Charles Scribner’s Sons, 1980, p.14.
    [481]Judith Herrin, « Constantinople, Rome and the Franks in the seventh and eighth centuries », dans Jonathan Shepard et Simon Franklin, éd., Byzantine Diplomacy. Papers from the Twenty-Fourth Spring Symposium of Byzantine Studies, Cambridge, March 1990, Aldershot, Ashgate Variorum, 1992, p.91. Herrin dresse un « modèle constantinien » des relations entre la Nouvelle et l’Ancienne Rome, où la première domine la seconde. Le pape s’en remet en effet à l’autorité séculière de l’Empire d’Orient pour support et protection, situation qualifiée de « subordination structurelle » à la p.93.
    [482]Pohl, « Romanness », p.407.
    [483]Anthony Kaldellis, Streams of Gold, Rivers of Blood: The Rise and Fall of Byzantium, 955 A.D. to the First Crusade, New York et Oxford, Oxford University Press, 2017, p.57-59.
    [484] Clemens Gantner, « The Label “Greek” in the Papal Diplomatic Repertoire in the Eight Century », dans Walter Pohl et Geyda Heydemann, Strategies of Identification: Ethnicity and religion in early medieval Europe, Turnhout, Brepols, 2013, p.339.
    [485]Ibid., p.312.
    [486]Constantin VII, De l’Administration de l’Empire, 27. 3-6. Citation originale : Ἰστέον, ὅτι ἐν τοῖς παλαιοῖς χρόνοις κατεκρατεῖτο ἡ πασα ἐξουσία Ἰταλίας, ἥ τε Νεάπολις καὶ Κάπυα καὶ ἡ Βενεβενδός, τό τε Σαλερινὸν καὶ ἡ Αμάλφη καὶ Γαϊτὴ καὶ πᾶσα ἡ Λαγουβαρδία παρὰ τῶν Ῥωμαίων, δηλονότι βασιλευομένης τῆς Ῥώμης.
    [487]Constantin VII Porphyrogénète, Le Livre des Thèmes, I. Pr., 8-14. Citation originale : Ὅτε οἱ βασιλεῖς μετα τοῦ λαοῦ ἐπεστράτευον καὶ τοῖς ἀνταίρουσι τὸν τῆς Ρωμαικῆς δουλείας ζυγὸν ἐπειτίθεσαν καὶ μικροῦ δεῖν πᾶσαν τὴν οἰκουμένην ἐπολιόρκουν ἀτακτοῦσαν καὶ ἀντιλέγουσαν, ὡς ὁ Καῖσαρ, ὡς ὁ θαυμαστὸς Αὔγουστος, ὡς ὁ Τραϊανὸς ἐκεῖνος ὁ περιβόητος, ὡς ὁ μέγας ἐν βασιλεῦσι Κωνσταντῖνος καὶ Θεοδόσιος καὶ οἱ μετ’ἐκείνους τὸν χριστιανισμὸν καὶ τὴν θεοσέβειαν ἀσπασάμενοι.
    [488]Constantin VII Porphyrogénète, Le Livre des Thèmes, II. 10, 1-5. Citation originale : Νῆσος ἐστι μεγίστη καὶ ἐπιφανεστάτη ἡ Σικελία. Οὐκ ἦν δὲ τὸ πρότερον ὑπὸ τὴν ἀρχὴν τοῦ βασιλέως Κωνσταντινουπόλεως, ὅτε ἡ Ῥώμη ἐβασιλεύετο· νυνὶ δὲ ἐγένετο ἡ καινοτομία αὕτη διὰ τὸ τὴν Ῥώμην ἀποθέσθαι τὸ βασίλειον κράτος καὶ ἰδιοκρατορίαν ἔχειν, καὶ δεσπόζεται κυρίως παρά τινος κατὰ καιρὸν Πάπα.
    [489]Bernard Flusin, « L’enseignement et la culture écrite », dans Jean-Claude Cheynet, éd., Le Monde Byzantin II : L’Empire byzantin (641-1204), Paris, Presses Universitaires de France, 2006, p.357.
    [490]Ibid., p.355.
    [491]Catherine Holmes, « Byzantine Political Culture and Compilation Literature in the Tenth and Eleventh Centuries: Some Preliminary Inquiries », Dumbarton Oaks Papers, vol. 64 (2010), p.69-70.
    [492]Zoe Antonia Woodrow, « Imperial ideology in middle Byzantine court culture: the evidence of Constantine porphyrogenitus’s de ceremoniis », thèse de doctorat, Durham, Durham University, 2001, p. 6.
    [493]Béatrice Beaud, « Le savoir et le monarque : Le Traité sur les Nations de l’empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 45, no 3 (1990), p.560. Beaud reprend ici l’idée de Paul Lemerle dans « L’encyclopédisme du Xe siècle », dans Le premier humanisme byzantin. Notes et remarques sur enseignement et culture à Byzance des origines au Xe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 1971, p. 267-300.
    [494]Constantin VII Porphyrogénète, Le Livre des Cérémonies, I. II, 47, 3-9. Citation originale : Προέρχονται πάντες μετὰ ἀλλαξίμων, καὶ ἀλλάσσει πᾶσα ἡ σύγκλητος καὶ τὰ ἀξιώματα τῶν σχολῶν καὶ τῶν λοιπῶν ταγμάτων καὶ προλαμβάνουσι τὰ σκεύη πρὸς τὸ ὀψικεῦσαι τοὺς δεσπότας, καὶ ὅτε πάντα ἑτοιμασθῶσιν, ἐξέρχεται ὁ βασιλεὺς ἐκ τοῦ Αὐγουστέως, φορῶν τὸ σκαραμάγγιου αὐτοῦ καὶ σαγίου πορφυροῦν, ὀψικευόμενος ὑπὸ τοῦ κουβουκλείου, καὶ ἐξέρχεται μέχρι τοῦ Ὀνόμοδος.
    [495] Gilbert Dagron, Emperor and Priest: The Imperial Office in Byzantium, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p.57. Cet élément est repris dans Anthony Kaldellis, The Byzantine Republic: People and Power in New Rome, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, 2015, p.61.