Les représentations des enfants trouvés de Paris à la veille de la Révolution : Marginalité et normes familiales

Maude Goulet-Ménard

Candidate à la maîtrise en histoire à l’Université de Sherbrooke

Résumé : 

L’objectif de ce texte, faisant suite à la communication présentée au XVIe colloque des étudiants et étudiantes en histoire de l’Université de Sherbrooke, est d’analyser la manière dont s’articulent les représentations des enfants trouvés, entre 1780 et 1789, à travers quatre journaux parisiens. Plus précisément, il s’agit d’explorer la manière dont les représentations de ces enfants interagissent, s’alimentent et se butent à même les normes familiales d’Ancien Régime. Comment s’articulent ces représentations ? Se rattachent-elles à une image de marginalité ? Pour répondre à ces questions, ce texte est présenté en trois temps. D’abord, il sera question des représentations des enfants en lien avec l’acte d’abandon des parents biologiques. Puis, il sera question de la normalisation de la situation d’abandon avec les cas de substitution des figures parentales. Pour finir, nous aborderons la manière dont la possible illégitimité des enfants affecte leurs représentations ainsi que la manière dont elle interagit avec les normes d’Ancien Régime.

Mots-clés : Enfance, Marginalité, Famille, Représentations, Normalisation, XVIIIe siècle, Ancien Régime, France.

 

Table des matières
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    Mise en contexte

    Au début du XVIIe siècle, les principaux établissements d’aide aux enfants parisiens servent à recueillir les orphelins, clientèle considérée majoritairement comme légitime[1]. Les enfants trouvés, illégitimes, étaient quant à eux pris en charge par les religieux du chapitre Notre-Dame. Vers 1640, Vincent de Paul constate le besoin d’une aide à ces enfants abandonnés et fonde la première mouture de ce qui sera connu sous le nom de l’hôpital des Enfants-Trouvés à la fin du XVIIIe siècle. Dès lors, les jeunes recueillis au sein de cet hôpital proviennent d’horizons divers. Bien que l’hôpital fût fondé principalement afin d’accueillir les enfants illégitimes abandonnés, il accueille tant des abandonnés (légitimes et illégitimes) que des orphelins[2] (modestes ou transférés de l’Hôtel-Dieu[3]). Aussi, plusieurs enfants provinciaux sont déposés entre les murs de l’institution, bien qu’il soit difficile d’en évaluer le nombre[4].

    Question de recherche

    L’institution des Enfants-Trouvés est perçue de manière parfois péjorative par les contemporains de l’époque puisqu’associée à la pauvreté et à l’illégitimité[5]. L’existence d’établissements réservés aux orphelins, gardés à l’écart des Enfants-Trouvés, témoigne de cette vision peu favorable envers l’institution et ses résidents[6]. Au XVIIIe siècle, la famille représente la « cellule de base de la société[7] ». De fait, l’enfant qui se fait abandonner vit un moment de marginalisation : être exclu de la cellule familiale, c’est être « exclu » du « système » qu’est la famille et, donc, de la norme sociétale. En outre, les enfants trouvés de Paris sont fortement associés à l’illégitimité puisque leur hôpital visait cette clientèle au moment de sa fondation et qu’une partie d’entre eux sont effectivement nés hors union maritale[8]. Comme le mentionne Philippe Aragon, « L’illégitimité met en cause les normes familiales […]. L’association […] entre naissance illégitime et prostitution désigne deux coupables, la mère et l’enfant, plus rarement le père, le séducteur[9]. » Cette illégitimité est également vue de manière défavorable dans les articles de droit qui discriminent les enfants considérés « bâtards » et qui usent d’un vocabulaire péjoratif afin de les décrire[10]. Ces informations, illustrant bien la manière dont l’image dépréciative des enfants trouvés entretient un lien étroit avec les perturbations des normes familiales (cellule sociale de la famille, union maritale…), [11]. Mais qu’en est-il des écrits provenant des sphères de la communication qui visent une distribution à un plus large public ? Comment s’articulent les représentations des enfants trouvés en lien avec les perturbations des normes familiales entre 1780 et 1789 dans les journaux parisiens?

    Bref état de la question

    L’histoire des enfants trouvés parisiens s’inscrit plus largement dans une histoire de l’enfance et des enfants en Occident, à l’époque moderne : champ ouvert en 1960 par Philippe Ariès et la publication de son livre L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime[12]. Cette histoire de l’enfance a été, depuis, investie par de nombreux historiens et historiennes[13]. Se subdivisant en plusieurs catégories, le champ de l’histoire des enfants et de l’enfance touche des axes de recherche variés comme les âges de l’enfance, l’éducation, l’éducation genrée, la vie matérielle, l’enfance illégitime, l’enfance placée, etc.[14]  Notre recherche s’inscrit plus précisément dans ce dernier axe de l’enfance placée. Les premiers travaux pouvant s’inscrire dans cet axe remontent aux années 1970-1980, alors que s’articule une histoire sociale et démographique particulièrement prolifique[15]. Puis, s’affiche une histoire des représentations des enfants abandonnés. Celle-ci étant particulièrement récente, elle est surtout investie par les littéraires. C’est dans cette dernière mouture historiographique que notre texte s’inscrit. Compte tenu du peu de travaux traitant des représentations des enfants trouvés[16], cette approche sera priorisée tout en usant d’une méthode plus typiquement historienne, ce qui diffère des précédents travaux sur le sujet.

    Hypothèses de recherche

    Les représentations des enfants abandonnés de Paris, entre 1780 et 1789, issues de la presse parisienne, ont tendance à marginaliser ceux-ci puisqu’ils incarnent une perturbation des normes familiales d’Ancien Régime. En effet, l’acte de l’abandon formera une première représentation de cette perturbation familiale profonde puisqu’elle signifie l’exclusion de la cellule familiale. Ce déséquilibre s’exprime à travers une quête de création, ou d’incitation, à dessiner des figures parentales substitutives à ces enfants sans attaches apparentes. Néanmoins, ces quêtes se buteront aux représentations d’illégitimité, fortement associées aux petits trouvés et constants rappels de leur origine considérée comme potentiellement dangereuse au niveau moral.

    Sources et méthodologie

    Notre corpus de sources est composé de quatre journaux parisiens accessibles en ligne via la plate-forme Retronews (Bibliothèque nationale de France) : la Gazette de France, la Gazette du commerce, le Mercure de France et le Journal de Paris. Parmi ces quatre journaux, 226 entrées se rapportant aux termes d’enfant trouvé, exposé, abandonné et délaissé ont été sélectionnées pour la période entre 1780 et 1789. Les entrées sont réparties de manière non uniforme avec une plus grande représentativité des années 1780 à 1784 inclusivement. Il est également à noter que l’année 1789 ne recense que les entrées relatives aux quatre premiers mois de l’année, de manière à exclure tout article référant à la période suivant les états généraux de mai 1789.

    Figure 1: répartition du corpus par année entre 1780 et 1789

    Source : Bibliothèque nationale de France, RetroNews, consulté le 20 février 2023, <www.retronews.fr>.

    De surcroît, les entrées ont été dépouillées à l’aide d’une grille d’analyse constituée en suivant les principes de l’approche inductive en recherche qualitative[17]. Cette approche consiste d’abord à faire une lecture du corpus, puis, par processus inductif, à en déceler des catégories, des thématiques principales[18]. L’étape suivante est de trier le texte du corpus à travers ces différentes catégories tout en prenant en considération que l’entièreté des textes ne peut être triée et que certains extraits peuvent se retrouver dans plusieurs catégories à la fois[19]. Dans le cadre de cette recherche, les catégories de la grille d’analyse sont orientées autour des enfants trouvés (voir annexe 1). Tout d’abord, nous avons créé une première section traitant des informations plus génériques des articles : nom du journal, date de publication, pages, auteur, etc. Les autres catégories ont servi à déceler les informations pertinentes aux différentes analyses en lien avec les normes familiales. Différentes catégories et sous-catégories ont alors permis d’identifier les figures parentales des enfants, les informations en lien avec leurs nourrices, les informations en lien avec les enjeux de survivance et de moralité des jeunes ainsi que les informations en lien avec leur possible illégitimité.

    Analyse des résultats

    1. L’abandon : une vulnérabilité fautive?

    Le phénomène de l’abandon a été fortement investi dans l’historiographie dès les premières moutures de l’histoire sociale[20]. De nombreuses études en démographie historique, tout comme le numéro L’enfant abandonné[21] sous la direction de Jean-Pierre Bardet dans la revue Histoire, économie et société en 1987, témoignent de tout l’intérêt envers cette thématique à la fin du XXe siècle. Depuis les années 2000, néanmoins, l’historiographie se concentre sur les trajectoires des enfants abandonnés et leur vécu plutôt que sur les institutions qui les accueillent. À travers la production scientifique prolifique, un phénomène demeure au centre de l’attention : l’acte de l’abandon. Dans des tentatives de le qualifier et d’en trouver les causes et les conséquences, les recherches sur l’abandon des enfants trouvés en France ont révélé la manière dont cet acte marquait le bris des normes familiales d’Ancien Régime. En effet, la famille représente alors la cellule de base de la société[22]. De fait, ne correspondant plus à la norme sociale familiale, l’enfant qui se fait abandonner vit un moment de marginalisation, une exclusion du « système » qu’est la famille et, donc, de la norme sociétale. L’historien Maurice Capul offre une explication similaire : « Au sein de la société d’ordres qu’est l’Ancien Régime, l’individu isolé ne se conçoit pas; s’il existe il est l’objet de suspicion. C’est dans ce contexte qu’il convient de replacer la famille comme institution et le problème des enfants “sans famille”. Cellule essentielle à l’intérieur de laquelle se déroule la vie de l’individu, la famille assure à ce dernier, identité, éducation, subsistance, protection, avenir[23]. »

    1.1. L’intérêt porté à l’abandon

    L’abandon semble susciter un intérêt important des contemporains de l’époque à travers le corpus de sources à l’étude. En effet, à l’aide de la recherche par mot clé, nous avons constaté la manière dont l’acte de l’abandon et l’abandonné fascinent, ou du moins interpellent, la société parisienne. En effet, la recherche des mots clés « enfant trouvé » permet d’observer que 84 entrées, soit 37,2% des entrées totales, réfèrent à la tenue de la pièce de théâtre Félix ou l’enfant trouvé. Durant l’année 1782, la pièce représente même 80% des entrées totales pour la même année. À travers la décennie étudiée, il n’existe pas une seule année où la pièce de théâtre n’est pas mise en scène dans la capitale. Comme le tableau 1 l’indique, la pièce de théâtre et son personnage principal, Félix, l’enfant trouvé, prennent décidément une place importante dans l’univers des représentations colportées par les journaux.

     

    Tableau 1: répartition des mentions de la pièce de théâtre Félix ou l’enfant trouvé à travers le corpus

    Source : Bibliothèque nationale de France, RetroNews, consulté le 20 février 2023, .

    Parmi les entrées référant à « enfant trouvé », un article du 12 mai 1781 mentionne la présence du mot Enfant-Trouvé dans le Dictionnaire universel tout juste publié en 1780. On dit à son propos ainsi que d’autres mots : « Tous ces articles & beaucoup d’autres, qu’il seroit trop long de citer, présentent une foule de questions importantes en Morale, en Politique, en Diplomatique, qui nous ont paru discutées d’une manière vraiment digne du siècle éclairé où nous vivons[24]. » Il va sans dire, l’abandon et l’abandonné, du fait de leur nature spécifique et différentielle, font objet d’une réelle fascination, ou du moins d’un intérêt, de la part de la société parisienne.

    1.2. Qui sont les « coupables » désignés?

    Outre l’intérêt porté envers l’abandon/né de manière générale, le geste de délaisser un enfant s’enracine dans des représentations spécifiques, parfois genrées et relativement négatives. Dans une analyse comparative de la définition du terme « enfant-trouvé » dans le Dictionnaire de l’Académie entre 1694 et 1935, les littéraires Florence Magnot-Ogilvy et Janice Valls-Russell soulignent : « les éditions [du dictionnaire] […] font apparaître de multiples variations, notamment en ce qui concerne le jugement porté sur le parent abandonnant : d’une stigmatisation de la mère seule [1694] […], on passe à une prise en compte des contraintes économiques qui s’exercent sur les mères [1762] […], pour aboutir à une forme d’hésitation englobant le couple parental [1798] »[25]. On y ajoute également que l’acte est qualifié comme étant « contraire aux lois » (1694), « à l’humanité » (1762 et 1797), puis comme étant un crime (1835 et 1932-35)[26]. Dans le corpus, comme l’indique la figure 2, la mention de figures parentales des petits abandonnés est assez répandue avec 24 entrées y référant.

    Figure 2: mention de figure(s) parentale(s) en lien avec l’abandon d’enfant entre 1780 et 1789[27]

    Source : Bibliothèque nationale de France, RetroNews, consulté le 20 février 2023, .

    Ainsi, l’abandon serait l’acte principalement associé aux deux parents dans 63% des cas. Souvent, ces deux parents sont dépeints de manière péjorative suite à l’abandon. L’un de meilleurs exemples illustrant ce propos est l’article datant du 29 décembre 1788 sous la rubrique « bienfaisance ». Dans cet article, la Société de la charité maternelle milite afin de conserver les enfants illégitimes séparés des enfants légitimes. Néanmoins, c’est la définition d’abandon qui est intéressante ici: « il n’en est point de plus capables de toucher les âmes sensibles que celui qui va conserver des sujets à la Patrie, restituer à des enfans légitimes leur état & détourner les pères & mères d’un crime qui fait frémir la nature…. »[28]. La faute revient aux deux parents tandis que l’acte est décrié comme d’un crime contre la nature, contre la filiation. Toutefois, on ne peut ignorer l’aspect très genré relevé par ce recueil de données. Lorsqu’il n’est pas question des deux parents, ce sont surtout les mères qui sont associées à l’abandon. Ceci se reflète dans près de 30% des cas. Des articles, bien qu’ils soient moins nombreux, interpellent les mères avec un ton qui se veut plus compréhensif. Le secrétaire de la Société Philanthropique écrit le 22 avril 1785 : « On jugera de ce qu’il en doit coûter à une mère pour se séparer à jamais de ses enfans, & pour se décider à les confondre avec les victimes infortunées de la prostitution. Ce n’est donc que la plus pressant nécessité qui soit capable d’étouffer en elle à ce point le sentiment de la nature & de l’humanité[29]. » On relève alors que la faute est attribuée à la mère alors que l’acte du délaissement agit contre la norme sociale en étant qualifié de contre nature/humanité.

    Dans les journaux, la faute des parents est ainsi parfois avancée de manière explicite, mais c’est surtout la souffrance de l’enfant, issue de sa situation d’abandon, qui est encore plus fréquemment mise de l’avant. Un extrait de poème, publié le 29 août 1784 dans les pages du Journal de Paris et signé par l’abbé Duprat, exprime bien cette inflexion :

    C’est à ce titre, hélas! que ces obscurs enfans

    Réclament de grands droits sur votre âme attendrie

    Ils sont sans père, sans parens,

    Sans mère, & presque sans patrie.

     

    Voyez-les au berceau : l’accent de leur douleur

    D’un abandon cruel déjà pleure l’injure :

    La naissance est pour eux l’aurore du malheur :

    Jamais ils n’entendront la voix de la Nature[30].

    1.3. De l’abandon et de la survivance

    Ces entrées et cette analyse permettent de constater que l’acte de l’abandon produisant le petit délaissé est étroitement lié, et ce de manière négative, à la tragique situation résultant de l’abandon. En effet, non seulement l’exclusion de la cellule familiale participe à la mise à la marge des enfants, mais, en plus, le phénomène marque encore plus profondément cette réalité qualifiée de contre nature (contre la norme de la famille). Ceci pourrait s’expliquer à la fois par la mortalité effarante à laquelle sont confrontés les enfants, mais également par les conditions de vie dans les institutions qui demeurent difficiles. Selon Claude Delasselle et son étude visant les années 1772 et 1779, 9 enfants sur 10 décédaient soit pendant la route vers l’institution parisienne, soit lors des trois premiers mois de leur prise en charge[31]. Les causes de mortalité sont variées, allant des maladies, au manque de nourriture, à la négligence[32]. Cette notion de mortalité et de survivance est fort importante à travers le corpus de sources. En effet, 64 entrées font référence à la survie ou à la mortalité et des enfants délaissés, soit 28,3% du corpus. Les nombreuses entrées traitant de recensements statistiques sur la mortalité et l’accueil des enfants trouvés, l’appel aux dons à l’institution, des solutions à la mortalité (visant l’allaitement) et aux solutions à certaines maladies dont les enfants sont fréquemment atteints en témoignent. Ceci semble alimenter la dichotomie entre la cellule familiale significative de protection et le manque de filiation signifiant de vulnérabilité. Comme l’écrit Minvielle : « La première responsabilité des parents est d’assurer la survie de leur enfant[33]. »

    2. Une parenté substituée : à la recherche d’une normalisation ?

    Tel que mentionné précédemment, le manque de filiation associé aux enfants trouvés provoque une certaine peur au sein des sociétés d’Ancien Régime. À ce propos, Magnot-Ogilvy et Valls-Russell commentent une œuvre de l’époque, La Vie de Marianne, en y décrivant la petite Marianne, personnage principal et orpheline : « [elle est une] “dangereuse petite fille”, non parce qu’elle est pauvre, mais parce qu’elle n’a pas d’identité, pièce de douteux aloi, hors-circuit, dangereuse parce que difficilement classable[34]. » Il fait donc sens pour une société d’Ancien Régime de fournir de nouvelles attaches aux enfants qui semblent menacer l’ordre établi. Ceci peut s’expliquer par une volonté de normaliser la situation familiale de ces jeunes, mais également par des raisons plus pragmatiques visant des avantages économiques et démographiques pour l’État[35].

    2.1. Les parents abandonneurs : des figures doubles à substituer

    Comme indiqué à la figure 3, à travers le corpus, plusieurs acteurs et actrices se proposent ou sont proposés par autrui afin de jouer des rôles parentaux de substitution pour les petits trouvés.

    Figure 3: Personnes désignées comme figures parentales de substitution des enfants abandonnés entre 1780 et 1789[36]

    Source : Bibliothèque nationale de France, RetroNews, consulté le 20 février 2023, .

    Les personnes les plus fréquemment désignées sont les figures maternelles et paternelles conjointement dans 37% des cas mentionnant un substitut parental aux enfants délaissés. Cette donnée traduit une certaine perception de la cellule familiale constituée des deux figures parentales de sexe opposé lors de l’Ancien Régime. En effet, bien que les rôles parentaux étaient parfois bien distincts l’un de l’autre, la mère et le père étaient considérés comme des parts intégrantes et indispensables pour l’éducation des enfants. Le père était investi de la puissance paternelle telle que décrite dans le droit tandis que la mère était fortement associée à l’éducation et aux soins aux tout-petits[37]. Dans ces entrées, les figures paternelles apparaissent surtout comme de brèves mentions plutôt que de longues descriptions. Néanmoins, un cas particulier relevé dans les journaux mérite d’être souligné. Il s’agit alors d’une lettre d’opinion rédigée par Beaucousin, un avocat au parlement et administrateur de l’Église Royale de St. Yves, puis publiée dans le Journal de Paris le 2 août 1783. Dans cette lettre, l’avocat discute d’un discours de remerciement d’une petite fille d’environ sept ans recueillie dans sa communauté : « Messieurs. Pas un de nous, qui dans le moment n’ait éprouvé pour celle qui les prononçoit [les mots du discours], des sentimens de père »[38]. Il ajoute également à propos d’un couple prenant en charge la jeune fille : « vous conclurez avec nous, qu’il ne peut y avoir de meilleure éducation pour notre Enfant-trouvé, que les exemples & les leçons d’une mère de cette trempe. Le mari & la femme, lui Maître Cordonnier & elle Institutrice d’Enfans, tous deux d’une probité bien connue dans notre Administration depuis nombre d’années »[39]. Le rôle de père semble être un peu plus effacé et moins défini que celui de la mère. Malgré tout, il prend place comme étant important dans la nouvelle famille de la petite fille. Celui-ci agit également comme agent de normalisation pour cette enfant qui n’aurait aucun lien connu de filiation naturelle préalable.

    2.2. Le(s) cas particulier(s) des femmes seules

    Malgré qu’un fermier se distingue comme figure paternelle individuelle à travers le corpus[40], il est aisé d’apercevoir que les figures maternelles se démarquent davantage. En effet, 44% des figures parentales substitutives sont représentées par des femmes exclusivement. Le groupe le plus fréquemment désigné est celui des nourrices. À la fin du XVIIIe siècle, les enfants trouvés de Paris sont recueillis à La Couche, établissement de l’Hôpital des Enfants-Trouvés situé sur l’île de la Cité. Ils y restent peu de temps avant d’être envoyés chez des nourrices habituellement dans les provinces de France[41]. Ces nourrices diffèrent de celles employées par les bourgeois qui sont habituellement choisies avec un grand soin[42]. En effet, Plumauzille qualifie même ce recours par une étatisation de la mise en nourrice[43]. Sergent ajoute que les femmes engagées pour recueillir les nourrissons sont allouées un montant de 60 livres par année dès 1773[44]. En outre, Robin-Romero et Walch ajoutent que ces femmes aident à « soulager » l’Hôpital Général qui est saturé au niveau des places et, parfois même, à substituer la mère biologique de l’enfant au point de vue affectif[45]. C’est justement ce dernier élément qui semble être mis en lumière par certaines entrées du corpus. L’un des exemples les plus saillants de ce phénomène à travers les journaux est cet extrait du 5 mars 1788 publié dans le Journal de Paris :

    À des soins mercénaires dont l’objet & les moyens sont également affligeans pour l’humanité, substituez l’adoption. L’intérêt qui vous donne des nourrices pour des enfans-trouvés vous donnera des mères & lorsqu’elles en auront rempli les devoirs pendant quelques tems, laissez faire à la nature qui inspire aux femmes une si vive tendresse pour leurs nourrissons; elle saura si bien unir les nouvelles familles, qu’il ne sera même plus au pouvoir de la loi de les diviser[46].

    Un autre article, datant du 24 mai 1788, publié dans les pages du Mercure de France discute également: « que l’expérience prouve que les femmes s’attachent pour le moins autant à leurs nourrissons qu’à leurs propres enfans; & qu’ainsi il n’est pas à craindre que l’enfant adopté soit jamais négligé par sa mère »[47]. Ces extraits permettent de constater que l’influence des sphères séparées et des idéaux liant les femmes aux soins et aux affections envers l’enfant sont fortement ancrés dans les représentations colportées dans la presse[48]. En outre, il est à noter que, dans tous les cas où le rôle des nourrices est mentionné comme remplacement pratique (allaitement et soins) ou affectif du rôle associé à la mère biologique, l’opinion de celles-ci n’est pas prise en considération. Les auteurs des journaux et du mémoire cité semblent assumer que ces femmes garderont les enfants, passé la période de sevrage, sans même les avoir consultées. Ces visions sont également perceptibles lorsque d’autres actrices sont mises de l’avant pour substituer les soins attendus par les mères auprès des enfants délaissés comme c’est le cas des femmes placées dans les différents établissements de l’Hôpital général. Un article du 8 janvier 1782, publié dans le Journal de Paris, discute du rôle des femmes prises en charge par l’Hôpital général, qui souffrent de maladies vénériennes et qui ont enfanté : « Des femmes prises à Bicêtre, y ont été reçues pour être soumises au traitement avant & après leur couche, & pour y nourrir chacune leur enfant & un enfant trouvé, ou au défaut de leurs propres enfans, deux enfans trouvés, infectés de la même maladie[49]. »

    Deux autres entrées font référence à des figures féminines afin de substituer le rôle des mères. Les religieuses sont d’abord interpellées lorsque les journaux rappellent les premiers moments de l’hôpital des Enfants-Trouvés sous la guidance de saint Vincent de Paul. L’extrait du Journal de Paris daté du 5 novembre 1787 discute de l’ouvrage La Vie de St. Vincent de Paul :

    Les Dames de la Charité […], s’étoient chargées de conserver la vie à tous ceux qu’elles pouvoient faire nourrir : mais le nombre en devenoit tous les jours si considérable que ne pouvant plus soutenir la dépense, elles étoient prêtes à tomber dans le écouragement. St. Vincent indique une assemblée générale, & propose les raisons des différens paris qu’on pouvoit embrasser; mais n’étant bientôt plus maître de ses expressions, & prenant un ton plus animé : « Or [fus], mesdames, leur dit-il, la compassion ? la charité vous ont fait adopter ces petites créatures pour vos enfans : vous avez été leurs mères selon la grâce, depuis que leurs mères selon la nature les ont abandonnés : voyez maintenant si vous voulez les abandonner? Cessez d’être leurs mères, pour devenir à présent leurs juges : leur vie & leur mort sont entre vos mains »[50].

    Le dernier exemple de figure féminine illustrée par les sources est tiré d’une œuvre littéraire. Il est alors question de Sophie, ou les amours & les malheurs d’une Fille de qualité publié en 1787. Dans cette œuvre, il est question d’une jeune femme d’environ 23 ans, Sophie, qui prend en charge son neveu, enfant abandonné de sa sœur qui ne survit pas à l’accouchement[51]. Cet exemple est particulier et peu représentatif de la réalité des enfants abandonnés laissés à la charge de l’État. Néanmoins, cette figure s’ajoute à la liste des portraits féminins de substitution des mères dans les représentations colportées par les journaux. Elle illustre un imaginaire, littéraire certes, mais qui demeure pertinent, circulant dans les différents réseaux parisiens par l’entremise de la presse[52]. En somme, ces figures substitutives sont dépeintes afin de normaliser la situation des enfants abandonnés qui, dans l’imaginaire collectif, semble menaçante, car ces derniers errent sans réelles attaches familiales.

    3. Illégitimité et mœurs

    Alors que la quête de filiation, à travers la figure parentale substitutive, semble normaliser l’image des enfants abandonnés dans les journaux, ces jeunes demeurent souvent décrits avec des qualificatifs et des descriptions qui relèvent de la marginalité. L’illégitimité est l’une de ces caractéristiques alliant ces enfants à la marginalité. La déviation aux normes familiales que représentent ces jeunes dynamise un discours péjoratif entourant la détérioration des mœurs et l’illégitimité. En effet, les enfants trouvés de Paris, à la fin du XVIIIe siècle, sont ainsi plutôt regardés avec méfiance de la part de la société dans laquelle ils évoluent. L’ouvrage de Claude Grimmer note que l’identité de bâtard, accolée à un enfant dès sa naissance, le différentie des autres : « L’enfant illégitime n’est pas un enfant comme les autres. Il est, pour le regard d’autrui, le fruit “d’amours interdites”. Sa place dans la société est donc liée à l’idée que chaque civilisation se fait de la sexualité hors mariage[53]. » La vision de l’enfant dépend donc de la norme en place encadrant la conjugalité et la sexualité. De fait, Grimmer expose que dans la société d’Ancien Régime, la place du bâtard est bien particulière. Elle dépend d’abord du rang. Les enfants bâtards sont plus souvent issus de la noblesse au XVIIe siècle[54]. Ceux-ci auraient un statut privilégié en comparaison aux enfants illégitimes des roturiers qui se retrouvent démunis et désavantagés par un droit qui ne leur permet pas d’hériter et d’accéder à plusieurs emplois[55]. Gélis, quant à lui, ajoute dans son ouvrage sur les naissances lors de l’Ancien Régime, que, au XVIIIe siècle, il y aurait une prépondérance de la « bâtardise » dans les villes et un assouplissement du mépris social envers les « filles-mères » et leurs enfants[56]. Malgré tout, la bâtardise demeure une « tache » sensible sur les enfants lors du XVIIIe siècle. Steinberg souligne à nouveau la répression juridique et religieuse, mais sous un nouvel angle, celui des représentations :

    Ces “traces de l’infamie” sont, sous l’Ancien Régime, omniprésentes dans le vocabulaire ayant trait à la naissance illégitime. La “tache de bâtardise” est fréquemment évoquée, surtout dans le contexte juridique, et est déclinée sous divers vocables comme “macule”, “marque”, “souillure”, tous mis en relation avec le “défaut de naissance”, le “vice de géniture”, et finalement la “note d’infamie” dont seraient porteurs les bâtards[57].

    En ce qui concerne les enfants trouvés parisiens, peu d’études concernent l’étiquette, parfois hâtivement attribuée, d’enfant illégitime. Bien que plusieurs chercheurs aient noté la prévalence de l’illégitimité chez ces enfants, tant au XVIIe qu’au XVIIIe siècle, aucun ne semble s’être penché sur les représentations de ceux-ci en lien avec leur étiquette d’illégitime. L’un des chercheurs s’étant le plus rapproché de cet angle d’analyse est Maurice Capul, abordant, dans son ouvrage Les enfants placés sous l’Ancien Régime. Abandon et marginalité, la marginalité vécue par les enfants illégitimes qui, pour leur part, composaient une grande partie des enfants exposés au XVIIe siècle[58]. Claude Delasselle souligne également ce lien entre l’illégitimité et les enfants trouvés notant que seuls environ 20 à 30% de ces jeunes étaient légitimes au XVIIIe siècle[59].

    3.1. L’illégitimité des enfants abandonnés parisiens

    Néanmoins dans le corpus de sources à l’étude, l’illégitimité des enfants abandonnés est relevée de manière fréquente et péjorative. Dans 83% des cas où il en est question, l’illégitimité des enfants est abordée avec des termes relativement péjoratifs liés aux mœurs comme « libertinage » « vice », « tache » ou « corruption »[60]. L’un des débats du moment, dans les années 1780, s’articule autour de l’admission des enfants légitimes à l’Hôpital des Enfants-Trouvés. Plusieurs contemporains de l’époque s’opposent à l’admission des enfants légitimes au sein de cet hôpital dans le but qu’ils ne se mêlent pas à ces enfants illégitimes que l’on juge « faibles » tout spécifiquement au niveau moral. Le 22 avril 1785, le Journal de Paris écrit : « Si dans l’Hôpital des Enfans-Trouvés, comme on l’a souvent observé, il se rencontre plus d’enfans légitimes que de ces fruits clandestins de la débauche ou de la foiblesse »[61]. Cette phrase exprime bien la manière dont les enfants trouvés illégitimes, à cause de leur identité de bâtard, sont associés à une supposée dissolution des mœurs de leurs parents. En outre, les exemples sont nombreux en ce qui concerne la volonté de garder les enfants légitimes et illégitimes séparés.  Le 11 avril 1788, le Journal de Paris imprime : « L’Enfant légitime, injustement admis dans cet Hôpital, en y apportant un [surcroit] funeste, nuit au bâtard qui n’a que cet asile ; il contracte tous ses maux, sa vie y est exposée. La Souscription proposée a pour objet de l’arracher à tant de maux & d’opprobre »[62]. Le 19 juin de la même année le journal publie encore : « Il s’agit d’empêcher qu’on ne porte à l’avenir aucun Enfant légitime aux Enfans-Trouvés »[63]. Une organisation, La Charité Maternelle, donne tout particulièrement une impulsion à ces volontés de hiérarchisation entre les enfants trouvés légitimes et illégitimes[64]. Il en vient à conclure que l’identité de bâtard, accolée aux enfants trouvés dans leurs représentations à travers la presse parisienne, entre 1780 et 1789, est teintée de manière péjorative et pousse la hiérarchisation entre les enfants légitimes et illégitimes de l’Hôpital.

    3.2. Une association entre les mœurs et l’état physique ?

    De surcroît, lors de l’Ancien Régime, il est relativement fréquent de constater une association entre les mauvaises mœurs et la condition physique des personnes. Comme l’explique Quétel : « lorsque s’élaborent au XVIe siècle les premières théories de l’enfermement des vagabonds mendiants, les errants vénériens sont visés parmi d’autres, et peut-être plus que d’autres dans la mesure où ils sont porteurs d’une contagion non seulement physique, mais aussi morale[65]. » Bien que les enfants trouvés ne soient pas l’objet d’une répression semblable aux vagabonds mendiants, cette association entre moralité et maladie s’accroche néanmoins à leurs représentations. Pour ces petits, ce sont les mauvaises mœurs de leurs parents qui les condamneraient à des situations physiques précaires. Dans l’extrait du Journal de Paris du 27 juillet 1782, le lien entre cette « tache » et les parents biologiques est présenté : « Il appartient, dit-il, à un siècle éclairé comme le nôtre, d’effacer cette tache originelle dont LES PRODUCTEURS seuls sont coupables[66]. » Moins compatissantes, les entrées faisant le lien entre les maladies comme la syphilis et l’illégitimité des enfants mettent de l’avant de cette association entre état physique et moralité : « ceux qui arrivent étant pour la plupart fruits du libertinage, gâtent leurs nourrices & propagent une affreuse maladie dont ils ont reçu le germe avec la vie. » L’article du 12 juin 1781 dans les pages de la Gazette du commerce se veut encore plus explicite : « Les administrateurs de l’Hôpital-Général, auquel celui des Enfans-Trouvés est uni […], nous ont fait représenter qu’un grand nombre des Enfans qu’on y amène étant infectés, en naissant, du germe de la corruption de leurs pères & mères, ne doivent ni être livrés à des Nourrices auxquelles ils le communiqueront »[67]. En bref, cette association entre état physique et mœurs déplorables devrait être plus largement investie dans un travail plus volumineux. Néanmoins, nous pouvons conclure que l’image des enfants abandonnés, dans la presse parisienne, révèle un portrait particulier de la marginalité qui se rattache à leurs origines parfois illégitimes.

    Conclusion

    En somme, la perturbation des normes familiales semble se répercuter de manière saillante à la suite de l’analyse des données dépouillées à partir du corpus. L’abandon paraît d’abord comme un acte perturbateur excluant l’enfant de la cellule familiale et, par le fait même, le faisant passer dans une situation de marginalité. Cette perturbation n’est pas accueillie à bras ouverts alors que, dans les journaux, les parents sont fréquemment tous deux associés de cet acte parfois décrit comme d’un « crime », souvent comme contraire à la nature. Cette faute semble d’autant plus dédoublée alors que les représentations portent un intérêt particulier à la survivance et la moralité des petits trouvés. L’abandon signifie alors une extrême vulnérabilité alors que le nourrisson se retrouve à la marge de la protection familiale. Puis, les normes familiales semblent pareillement ébranlées par ce délaissement de sa progéniture alors que les articles de journaux tentent de remédier à la situation atypique en pointant des figures parentales substitutives aux sans-familles. Le modèle nucléaire « traditionnel » illustrant une mère est un père est préconisé bien que les figures féminines de substitution soient fréquentes. D’autre part, malgré cette tentative de normalisation, l’illégitimité, souvent associée à ces petits, entache la vision que les contemporains se font d’eux. Les tentatives fréquentes de les garder dissociés des enfants légitimes témoignent de la vision hiérarchique et moraliste de l’époque. Les maladies, issues du « libertinage » font aussi état des représentations péjoratives des enfants délaissés et du lien important que se fait la société de l’époque entre moralité et statut physique. Pour conclure, ce texte est une part d’une plus large étude. Compte tenu du temps et de l’espace alloué, certains éléments ont été sélectionnés de manière arbitraire de façon à correspondre à une certaine faisabilité du projet. Tel qu’effleuré dans cet acte, il serait intéressant, dans une prochaine recherche, d’investir davantage la figure parentale substitutive du gouvernement auprès des enfants lors de la Révolution.

    Annexes

    Annexe 1 : Grille d’analyse pour le dépouillement des 226 entrées du corpus de sources

    ** Les entrées dans cette grille sont fictives dans une visée de démonstration des différentes catégories d’analyse.

    Références

    [1] Michel Fleury et Jeanne Pronteau, « Histoire de Paris », Annuaires de l’École pratique des hautes études, vol. 106, n° 1, 1974, p. 550‑551.

    [2] L’enfant légitime est celui dont les parents sont unis par le mariage à sa naissance. L’enfant dont on ne connaît pas l’identité des parents est souvent présumé illégitime sans autre description. Néanmoins, si les parents sont connus, les enfants illégitimes peuvent se classifier en trois catégories : les enfants naturels, adultérins et ceux nés de l’inceste. L’orphelin, quant à lui, peut l’être d’un seul ou des deux parents. Sylvie Steinberg, « La tache de bâtardise en France sous l’Ancien Régime », dans Carole Avignon, dir., Bâtards et bâtardises dans l’Europe médiévale et moderne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016, p. 439‑454, https://doi.org/10.4000/books.pur.44792; Isabelle Robin-Romero, Les orphelins de Paris: enfants et assistance aux XVIe-XVIIIe siècles, Paris, PUPS, 2007, p. 25-27.

    [3] Robin-Romero, Les orphelins de Paris, p. 24‑25; Claude Delasselle, « Les enfants abandonnés de l’Hôtel-Dieu de Paris: l’année 1793 », Publications de l’École Française de Rome, vol. 140, n° 1, 1991, p. 503-512.

    [4] Claude Delasselle, « Les enfants abandonnés à Paris au XVIIIe siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 30, n° 1, 1975, p. 190-192.

    [5] Marie-Claude Dinet-Lecomte, « Les hôpitaux sous l’Ancien Régime : des entreprises difficiles à gérer? », Histoire, économie & société, vol. 18, n° 3, 1999, p. 530; Nicolas Sainte Fare Garnot, « L’Hôpital Général de Paris. Institution d’assistance, de police, ou de soins ? », Histoire, économie & société, vol. 3, n° 4, 1984, p. 535‑539.

    [6] Robin-Romero, Les orphelins de Paris, 277 p.

    [7] Philippe Daumas, « Familles en révolution (1775-1825). Recherches sur les comportements familiaux des populations rurales d’Île-de-France, de l’Ancien Régime à la Restauration », Annales historiques de la Révolution française, n° 329, septembre 2002, p. 162.

    [8] Fleury et Pronteau, « Histoire de Paris », p. 550-552; Delasselle, « Les enfants abandonnés à Paris au XVIIIe siècle », p. 200.

    [9] Philippe Aragon, « L’enfant délaissé au Siècle des Lumières », Histoire, économie & société, vol. 6, n° 3, 1987, p. 392.

    [10] Steinberg, « La tache de bâtardise en France sous l’Ancien Régime », p. 439‑454.

    [11] Notons néanmoins les travaux de Sylvie Steinberg sur la « bâtardise » qui usent de multiples sources, mais qui, malgré tout, ne font pas le lien avec les enfants abandonnés. Aragon, « L’enfant délaissé au Siècle des Lumières », p. 387-398; Nicole Sergent, « L’Hôpital des Enfants-Trouvés de Paris et la réinsertion sociale des Enfants Trouvés, 1751-1789 », mémoire de maîtrise (histoire), Université de Paris-Nanterre, 1971, 106 p; Isabelle Robin-Romero, « Fondateurs, administrateurs et auteurs face aux enfants délaissés en France aux XVIIe-XVIIIe siècles », dans Florence Magnot-Ogilvy et Janice Valls-Russell, dir., Enfants perdus, enfants trouvés : dire l’abandon en Europe du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2015, p. 143-159.

    [12] Philippe Ariès, L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Paris, Seuil, 1997 (1960), 316 p.

    [13] Didier Lett, Isabelle Robin et Catherine Rollet, « Faire l’histoire des enfants au début du XXIe siècle : de l’enfance aux enfants », Annales de démographie historique, vol. 129, n° 1, 2015, p. 231‑232.

    [14] Lett, Robin et Rollet, « Faire l’histoire des enfants au début du XXIsiècle », p. 231-276.

    [15] Des ouvrages plus anciens existent sur le sujet bien qu’ils traitent principalement de l’histoire institutionnelle de l’hôpital. Léon Lallemand, Un chapitre de l’histoire des enfants trouvés: La Maison de la couche à Paris (XVIIe et XVIIIe siècles), Paris, Honoré Champion, 1885, 164 p; Jacques Dehaussy, L’assistance publique à l’enfance: les enfants abandonnés, [s.l.], Recueil Sirey, 1951, 391 p; Albert Dupoux, Sur les pas de Monsieur Vincent: trois cents ans d’histoire parisienne de l’enfance abandonnée, Paris, Revue de l’assistance publique à Paris, 1958, 415 p.  Pour les travaux liés à l’histoire sociale et démographique, pour ne nommer qu’eux, voir : Marcel Lachiver, « Du sort des enfants trouvés à la fin de l’Ancien Régime. L’exemple de quatre villages du Mantois », dans Jean-Pierre Bardet, François Lebrun et René Le Mée, dir., Mesurer et comprendre. Mélanges offerts à Jacques Dupâquier, Paris, Presses Universitaires de France, 1993, p. 291-305; Anne Cadoret, « De “l’enfant trouvé” à “l’enfant assisté” », p. 195-213.

    [16] Magnot-Ogilvy et Valls-Russell, dir., Enfants perdus, enfants trouvés, 400 p.; Catriona Seth, « Le corps invisible des enfants trouvés », dans Hélène Cussac, Anne Deneys-Tunney et Catriona Seth, dir., Les discours du corps au XVIIIe siècle : littérature – philosophie – histoire – science, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, 358 p; Aragon, « L’enfant délaissé au Siècle des Lumières », p. 387-398.

    [17] David R. Thomas, « A General Inductive Approach for Analyzing Qualitative Evaluation Data », American Journal of Evaluation, vol. 27, n° 2, Juin 2006, p. 237‑246.

    [18] Thomas, « A General Inductive Approach for Analyzing Qualitative Evaluation Data », p. 241‑242.

    [19] Thomas, « A General Inductive Approach for Analyzing Qualitative Evaluation Data », p. 241-242.

    [20] Catherine Rollet, « Les enfants abandonnés : d’une histoire institutionnelle aux trajectoires individuelles », Annales de démographie historique, vol. 114, n° 2, 2007, p. 7-12

    [21] Jean-Pierre Bardet, « L’enfance abandonnée au cœur des interrogations sociales », Histoire, économie et société, vol. 6, n° 3, p. 291-299.

    [22] Daumas, « Familles en révolution (1775-1825) », p. 162.

    [23] Capul, Abandon et marginalité, p. 77.

    [24] « Dictionnaire Universel », Mercure de France, 12 mai 1781, p. 25-26

    [25] Magnot-Ogilvy et Valls-Russell, dir., Enfants perdus, enfants trouvés, p. 10.

    [26] Magnot-Ogilvy et Valls-Russell, dir., Enfants perdus, enfants trouvés, p. 10.

    [27] Pour lire la figure : le nombre brut d’entrées précède le pourcentage d’entrées.

    [28] « Bienfaisance », Journal de Paris, 19 juin 1788, p. 746-747.

    [29] « Bienfaisance, Journal de Paris, 22 avril 1785, p. 456.

    [30] L’Abbé Duprat, « Belles-Lettres » Journal de Paris, 19 août 1784, p. 1027.

    [31] Delasselle, « Les enfants abandonnés à Paris au XVIIIe siècle », p. 194.

    [32] Jean-Pierre Bardet, Corinne Martin-Dufour et Jacques Renard, « La mort des enfants trouvés, un drame en deux actes », Annales de Démographie Historique, 1994, p. 135-150; Anne Béroujon, Peuples et pauvres des villes dans la France moderne. De la Renaissance à la Révolution, Paris, Armand Colin, 2014, p. 39-42.

    [33] Stéphane Minvielle, La famille en France à l’époque moderne, Paris, Armand Colin, 2010, p. 119.

    [34] Magnot-Ogilvy et Valls-Russell, dir., Enfants perdus, enfants trouvés, p. 30.

    [35] Ce texte ne se concentre pas sur l’aspect économique entourant les enfants trouvés dans les journaux parisiens compte tenu de l’espace et du temps alloué. Un dépouillement plus approfondi du corpus sera fait dans les prochains mois. Malgré tout, quelques entrées abordent l’élément pragmatique, au niveau économique et démographique, de l’envoi des enfants dans les campagnes ou auprès de nourrices: « De Vienne, le 20 décembre 1783 », Gazette de France, 6 janvier 1784, p. 5; « Mémoire sur cette Question : Quels seroient les Moyens compatibles avec les bonnes mœurs, d’assurer la conservation des bâtards, & d’en tirer une plus grande utilité pour l’État? … », Mercure de France, 24 mai 1788, p. 171.

    [36] Pour lire la figure : le nombre brut d’entrées précède le pourcentage d’entrées.

    [37] Jacques Poumarède, « Les tribulations de l’autorité paternelle de l’ancien droit au code Napoléon », dans Michel Chauvière, Pierre Lenoël et Éric Pierre, dir., Protéger l’enfant. Raison juridique et pratiques socio judiciaires, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996, p. 23-35; Dominique Godineau, Les femmes dans la France moderne. XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 2015, ePub.

    [38] Beaucousin, « Bienfaisance », Journal de Paris, 2 août 1783, p. 886.

    [39] Beaucousin, « Bienfaisance », Journal de Paris, 2 août 1783, p. 886.

    [40] Il s’agit d’un fermier, dans la pièce de théâtre Alexis et Justine, qui s’est fait déposer à l’avant de sa maison un petit garçon trouvé. La figure paternelle est plus ou moins décrite puisque l’article s’efforce surtout à faire la critique de cette œuvre qui ressemblerait trop à Félix ou l’enfant trouvé. « Annonces et notices », Mercure de France, 2 avril 1785, p. 46.

    [41] Robin et Walch, « Géographie des enfants trouvés de Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles », p. 354; Sergent, « L’Hôpital des Enfants-Trouvés de Paris » p. 16-17.

    [42] Emmanuel Le Roy Ladurie, « L’allaitement mercenaire en France au XVIIIe siècle », Communications, n° 31, 1979, p. 18.

    [43] Clyde Plumauzille, « L’allaitement nourricier des petits Parisiens : naissance d’un service public au XVIIIe siècle », dans Pascal Bastien et Simon Macdonald, dir., Paris et ses peuples au XVIIIe siècle, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020, p. 39-48.

    [44] Sergent, « L’Hôpital des Enfants-Trouvés de Paris » p. 16.

    [45] Robin et Walch, « Géographie des enfants trouvés de Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles », p. 359.

    [46] « Extraits. Belles-Lettres », Journal de Paris, 5 mars 1788, p. 290.

    [47] « Mémoire sur cette Question : Quels seroient les Moyens compatibles avec les bonnes mœurs, d’assurer la conservation des bâtards, & d’en tirer une plus grande utilité pour l’État? … », Mercure de France, 24 mai 1788, p. 171.

    [48] Godineau, Les femmes dans la France moderne. XVIe-XVIIIe siècle, ePub.

    [49] « Établissements », Journal de Paris, 8 janvier 1782, p. 31.

    [50] « Extraits. Belles-lettres », Journal de Paris, 5 novembre 1787, p. 1330.

    [51] « Sophie, ou les amours & les malheurs d’une Fille de qualité… », Mercure de France, 2 août 1788, p. 33.

    [52] La dernière entrée référant au gouvernement comme figure substitutive est fort intéressante. Néanmoins afin de ne point s’égarer dans le propos, elle sera traitée dans un prochain travail abordant le rôle de l’État dans la prise en charge des enfants abandonnés.

    [53] Claude Grimmer, La femme et le bâtard: amours illégitimes et secrètes dans l’ancienne France, Paris, Presses de la Renaissance, 1983, p. 255.

    [54] Claude Grimmer, La femme et le bâtard, p. 164‑169.

    [55] Claude Grimmer, La femme et le bâtard, p. 172.

    [56] Jacques Gélis, L’arbre et le fruit: la naissance dans l’Occident moderne, XVIe-XIXe siècle, Paris, Fayard, 1984, p. 408-412.

    [57] Steinberg, « La tache de bâtardise en France sous l’Ancien Régime », p. 439‑454.

    [58] Capul, Abandon et marginalité, p. 113.

    [59] Delasselle, « Les enfants abandonnés à Paris au XVIIIe siècle », p. 200‑201.

    [60] Quelques exemples, non-exhaustifs, où se retrouvent ces termes : « De Paris, le 6 juin », Gazette du commerce, 12 juin 1781, p. 373; « Variété », journal de Paris, 6 octobre 1780, p. 1133; « Statue de Henri IV », Journal de Paris, 27 juillet 1782, p. 852.

    [61] « Bienfaisance », Journal de Paris, 22 avril 1785, p. 456.

    [62] « Bienfaisance », Journal de Paris, 11 avril 1788, p. 453.

    [63] « Bienfaisance », Journal de Paris, 19 juin 1788, p. 746.

    [64] « Bienfaisance », Journal de Paris, 1er avril 1789, p. 413.

    [65] Claude Quétel, « Syphilis et politiques de santé à l’époque moderne », Histoire, économie & société, vol. 3, n° 4, p. 545.

    [66] « Statue de Henri IV », Journal de Paris, 27 juillet 1782, p. 852.

    [67] « De Paris, le 6 juin », Gazette du commerce, 12 juin 1781, p. 373.