De la genèse néocoloniale au testament anti-néocolonial. La boussole Touré-Nkrumah en opposition à la politique de coopération

William Laguë

Candidat à la maiîtrise en histoire à l’Université de Sherbrooke

Résumé

L’article suivant a pour objectif de souligner l’incompatibilité des intérêts propres au duo Touré/Nkrumah et la France en période de décolonisation. Pour ce faire, nous avons comme objet d’étude l’idéologie de Sékou Touré (Guinée) et Kwamé Nkrumah (Ghana). Nous avançons que cette idéologie prend l’allure d’une proposition, sinon d’une alternative au néocolonialisme que la France impose en Afrique. Afin de répondre à la problématique, il est d’abord question de la manière dont la France pense la décolonisation et ensuite ses premiers gestes importants (loi-cadre, Communauté et coopération). En parallèle, nous explorons le parcours de Touré et Nkrumah pour ensuite relever les sept facettes importantes de la boussole idéologique du duo. Finalement, la boussole prend l’allure d’un guide anti-néocolonial.

Mots-clés : décolonisation, néocolonialisme, prise de parole, coopération, France, Sékou Touré, Kwamé Nkrumah, idéologie, relation internationale

 

Table des matières
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    Introduction

    La diplomatie française est-elle en mesure de penser contre elle-même?[1]

    Après plus d’un siècle de domination coloniale, la Seconde Guerre mondiale accélère les enjeux de décolonisation et, vers 1960, l’écrasante majorité des pays en Afrique obtient l’indépendance. Une nouvelle ère s’ouvre alors sur le continent : celle de l’édification des États-nations. La France, qui assiste à la montée des mouvements nationalistes, multiplie des politiques qui assurent son rang de puissance mondiale et ses intérêts en Afrique. Un mariage parfait semble se dessiner, alors que du côté des États africains, l’aide est à la bienvenue afin d’assister avec l’objectif du développement économique et social[2]. Ultimement, grâce à sa politique de coopération, la France parvient à faire l’impossible : concilier les indépendances des colonies avec les intérêts français. Réfléchie depuis 1932, la politique coopérationniste marque le début de la politique néocoloniale française en Afrique. Parallèlement, Sékou Touré et Kwamé Nkrumah sont déterminés à assister au développement des nouveaux États-nations en Afrique. En observant le risque que pose la France pour la souveraineté de l’Afrique, le duo postule des idéaux ayant pour objectif de contrer les promesses néocoloniales tout en encadrant le développement des pays en Afrique.

    Le néocolonialisme a certainement été la source de nombreuses études. Or, un survol rapide permet de voir la timide présence des historiens et la surreprésentation des politologues, sociologues et militants tiers-mondistes. En partant de la notion du « réalisme » politique, l’historien Patrick Dramé analyse, dans une étude de 2014, la structuration des intérêts économiques français en Afrique de l’Ouest et de l’impact des expériences socialistes au Sénégal, en Guinée et au Mali[3]. Il identifie une dynamique où la France parvient, grâce aux accords de coopération, à y maintenir ses intérêts[4]. La notion du « réalisme » refait également surface dans l’ouvrage « Planter du blanc » : chroniques du (néo) colonialisme français[5], du sociologue Saïd Bouamama. Celui-ci propose de revisiter la situation des dernières colonies françaises et les mécanismes de la dépendance néocoloniale imposés par la France[6]. Il avance que le néocolonialisme s’est noué dans les nouveaux États aux profits des nations impérialistes[7]. Cette piste d’analyse s’éloigne de l’historien Alexander Keese, lui qui approche le néocolonialisme avec une analyse géopolitique. Effectivement, dans son étude sur la France et de son adaptation à la suite de la décolonisation, l’historien avance que l’ex-métropole traite l’Afrique comme une grande zone d’influence et la découpe en fonction des « amis » (ceux qui invitent l’assistance néocoloniale) et des « voyous » (ceux qui la refusent)[8]. Tout récemment, nous avons publié un article qui analyse le néocolonialisme selon Sékou Touré[9]. A aussi vu le jour le livre Un Empire qui ne veut pas mourir[10] en 2021, ouvrage qui propose une lecture critique du néocolonialisme. Malgré la mince présence des historiens, il est important de souligner l’intérêt renouvelé dans les dernières années pour étudier le néocolonialisme sous une perspective historienne.

    Au cœur de la présente recherche, nous tentons de déterminer comment les idéologies de Touré et Nkrumah sont des alternatives au néocolonialisme. Nous souhaitons comprendre comment se structure le projet néocolonial français dans les trente dernières années qui ont précédé la signature des accords de coopération. Ensuite, nous désirons analyser le caractère particulier des idéologies de Touré et Nkrumah, comme quoi elles se présentent comme des alternatives au néocolonialisme et à la politique de coopération de la France. Afin de traiter de la complexité de la vision du néocolonialisme chez Nkrumah et Touré, nous avons formé un corpus cohérent qui compte six de leurs études les plus marquantes. Nos deux auteurs partagent d’ailleurs le même modus operandi dans leurs ouvrages lorsqu’il s’agit d’aborder le néocolonialisme : (1. diagnostic du problème 2. dénonciation et explication détaillée du problème 3. critique et proposition pour y remédier).

    ***

    La première section de l’article entreprend l’analyse de la politique de coopération de la France, dès l’après-guerre. Nous voyons d’abord comment la réflexion se fait autour d’une décolonisation contrôlée, puis comment les réflexions sont appliquées. Finalement, nous terminons par observer l’importance de l’expérience coloniale de Touré et Nkrumah, un facteur non négligeable dans la prise de position du duo. C’est ce qui nous amène ensuite à l’analyse des sept facettes importantes de la boussole idéologique de Touré et Nkrumah. Avec comme point de repère l’anti-néocolonialisme, chaque point de la boussole indique une dimension où Touré et Nkrumah vont se positionner résolument contre la politique de coopération de la France. Dans cette optique, la boussole démontre comment Touré et Nkrumah proposent des idéologies qui sont des alternatives au néocolonialisme. Ensuite, c’est à partir de cette boussole que nous verrons pourquoi, selon les auteurs, il est vital de se prémunir du néocolonialisme.

    1. La France : un guide stratégique

    Dans un contexte d’après-guerre et de guerre froide, les réflexions de Labonne, Poniatowski, Mitterrand et Cheysson démontrent que la France a soigneusement pensé à une stratégie de décolonisation efficace. En ce sens, dès la loi-cadre de 1956, la France déploie ses premiers gestes politiques promettant de conserver une forme de contrôle sur ses ex-colonies.

    1.1 Penser une approche de décolonisation « contrôlée »

    Dès la Conférence de Brazzaville de janvier-février 1944, une première réflexion se fait sur le rôle de l’État, les colons et les indigènes[11]. L’objectif de renouveler la relation coloniale sans tout fracturer figure à l’ordre du jour. De plus, dans un contexte de Guerre froide, les États-Unis et l’URSS menacent grandement la domination de la France en Afrique française[12]. Conséquemment, l’influence de la Guerre froide est donc une motivation additionnelle pour la France afin de maintenir sa domination coloniale sur le continent. C’est dans cet état d’esprit que l’élite française réfléchit à nouveau sur la restructuration des liens coloniaux afin de réduire les coûts d’exploitation, maintenir ses intérêts et assurer le contrôle des colonies[13].

    Durant l’exercice de réflexion, les idées de Eirik Labonne, François Mitterrand, Michel Poniatowski et Claude Cheysson vont ressortir du lot. D’abord, dès 1932, le diplomate français Eirik Labonne publie un ouvrage sur les possibilités qui se trouvent dans les sols africains et conceptualise l’embryon du projet de la « Françafrique ». Il avance la nécessité d’une exploitation rationnelle puisque l’Afrique est « l’avenir » de l’Europe grâce à ses ressources[14]. François Mitterrand, alors ministre de l’outre-mer, développe encore plus loin que Labonne le concept de la « Françafrique » dans Aux frontières de l’Union française[15] :

    Pour ce faire, et pour cimenter cette « France eurafricaine », le gouvernement devrait instituer des sortes de « protectorats » – mais « peu importe le mot », précise Mitterrand – permettant à la métropole de contrôler en souplesse ses dépendances territoriales en leur concédant une once d’autonomie interne. Paris, détaille Mitterrand, doit conserver la gestion des domaines communs essentiels : l’« armée », la « diplomatie », la « définition de la monnaie », le « contrôle du crédit », la « possession du sous-sol », ou encore « l’occupation des zones stratégiques »[16].

    Au cours de la même période, Poniatowski, dans L’avenir des pays sous-développés[17], se charge plutôt de convaincre sur l’urgence d’agir. Alors à la direction des Finances du protectorat du Maroc entre 1948 et 1953, Poniatowski croit que l’URSS cible les pays sous-développés avec des projets d’aide au développement. Voilà pourquoi la France doit organiser : « [les] territoires d’outre-mer dans un système fédéral et intégrer les élites des territoires coloniaux au système de gouvernement français en favorisant parmi elles “‘une clientèle’ qui corresponde aux formes modernes de la société” »[18]. Poniatowski participe donc, sans le savoir, à élaborer des méthodes néocoloniales économiques[19].

    Finalement, en 1955, c’est au tour de Claude Cheysson d’avancer des solutions à la suite de son expérience comme conseiller des affaires indochinoises. Il est impératif, selon Cheysson, de conserver les colonies dans l’orbite française[20]. Il propose d’associer les élites africaines avec la structure capitaliste française grâce à trois mécanismes : la zone Franc, les fonds de soutien et l’aide au développement[21]. Également, Cheysson propose de former les élites dans la métropole française afin de solidifier les liens d’affaires possibles[22]. D’autant plus, le défi est de faire coopérer les indigènes avant que ceux-ci s’identifient trop au mouvement nationaliste[23].

    Bref, bien que la croyance populaire soutienne que le néocolonialisme n’intervient qu’après les indépendances, il est important de comprendre que cette politique fut pensée et raffinée avant le début de la décolonisation. Conséquemment, c’est avec ces nouvelles idées que la France modifie sa perception de l’Afrique : d’une terre primitive, elle devient le lieu des opportunités.

    1.2 Appliquer une approche de décolonisation « contrôlée »

    Après réflexion, la France passe de la parole aux actions. D’abord, afin de structurer la collaboration, la France se tourne vers les élites africaines pour créer des intermédiaires dans la relation avec l’Hexagone. Ces derniers deviennent des agents de la France[24]. De plus, un système est élaboré pour recruter les Africains dans les grandes écoles françaises, afin d’africaniser les cadres en Afrique. Les Africains acceptés reçoivent des bourses de 75 000 francs français avec la possibilité de suivre un perfectionnement à l’École Nationale de la France d’outre-mer (ENFOM)[25]. Ceci est d’une grande importance pour assurer la loyauté des futurs agents[26].

    Sur le plan économique, l’Hexagone inaugure en 1945 le franc des colonies françaises d’Afrique (CFA)[27]. Selon l’économiste Ndongo Samba Sylla et la journaliste Fanny Pigeaud, la création du franc CFA : « vise […] à aider la métropole à reprendre le contrôle de ses colonies africaines et à reconstruire son économie. Et cela grâce à deux caractéristiques : la surévaluation et la parité fixe »[28]. L’année suivante, la France met en œuvre le Fonds d’investissement pour le développement économique et social (FIDES). Ce changement implique la rupture avec la loi de 1901 sur l’autonomie financière des colonies et renforce la centralisation du pouvoir de l’Hexagone en Afrique[29].

    Ce n’est qu’en 1956 que la France revient à la charge, supportée par les nouvelles réflexions de ses élites et ministres. Afin d’assouplir la relation coloniale, les autorités mettent en place la loi-cadre ou loi Defferre. Cette nouvelle loi permet une plus grande autonomie des colonies tout en assurant encore le contrôle pour la France[30]. S’avérant infructueuse, la constitution de 1958 déploie alors une nouvelle institution, la Communauté[31]. Plus généreuse en termes d’autonomie, la France crée des « domaines de compétence de la communauté » ; une manière subtile de conserver la primauté de ses intérêts[32].

    Or, durant une période où le nationalisme fait rage partout sur le continent, la Communauté ne peut combler le désir d’émancipation de ses colonies. Le 14 juillet 1959 marque l’apogée de la Communauté et non longtemps après, une multitude d’accords de coopération sont signés entre les États de la Communauté et la France[33]. Les pays, maintenant indépendants, sont invités à rejoindre une forme de « Communauté rénovée », où la France peut encore conserver une certaine influence sur les pays désormais totalement souverains.

    C’est ainsi que nous progressons dans la dernière phase importante du plan de décolonisation de la France. En poursuivant la politique de coopération, la France peut reconnaitre des droits aux nouveaux États tout en menant sa politique de solidarité et d’influence qui sont les mots d’ordre dans le pré carré africain[34]. Au total, entre 1959 et 1963, la France signe plus de 138 conventions sur les accords de coopération[35]. Les accords de coopération militaire protègent la présence militaire française, les accords culturels assurent l’autorité de la France sur l’enseignement et la recherche, et les accords économiques confirment l’exploitation des richesses, la zone Franc, le franc CFA et des régimes préférentiels pour la France[36]. Ainsi, la coopération n’a pas pour objectif de « modifier » la relation aussi bien que de reconduire le modèle d’échange inégal sous un nouveau couvert[37].

    2. Nkrumah et Touré : un guide idéologique

    Devant les actions de la France, Kwamé Nkrumah et Sékou Touré vont réfléchir sur le néocolonialisme naissant. En étant fortement marqués par leurs expériences coloniales respectives, ils vont postuler des idéaux résolument anti-néocolonialistes. De plus, il sera important pour le duo d’expliquer pourquoi – et comment – il est nécessaire de se protéger du néocolonialisme, qui représente une menace pour la souveraineté du continent africain.

    2.1 L’expérience coloniale comme facteur de motivation

    La période coloniale a sans aucun doute influencé la façon dont Touré et Nkrumah visualisent l’édification de leur État respectif. Des liens importants se tissent ici entre les actions des deux hommes et leurs prises de parole respectives, qui reflètent le refus et la contestation de l’ordre précédemment établi[38]. À travers le combat mené par les deux hommes pour accéder à l’indépendance, une forme de radicalisation s’observe dans leurs prises de position respectives.

    Dans un premier temps, dans la colonie anglaise de la Gold Coast, Kwamé Nkrumah crée en 1949 le CPP (Parti de la convention du peuple), puis l’année suivante le Ghanéen encourage une campagne de désobéissance civile[39]. Étant un acteur politique engagé, il accède au titre de premier ministre en 1951 et négocie l’indépendance de la Gold Coast en 1957[40]. Après avoir observé les méfaits du colonialisme qui lui ont laissé une : « impression indélébile de l’expérience de mes frères colonisés par d’autres pays [41] », Nkrumah se positionne contre l’ordre colonial et toutes ses variantes possibles.

    À cela s’ajoute le parcours d’Ahmed Sékou Touré. La route pour accéder au pouvoir dans la colonie française de Guinée est plus tumultueuse. D’abord commis aux écritures à la Compagnie du Niger français en 1940, puis employé des postes en 1944, Touré accède au poste de secrétaire général du Parti Démocratique de Guinée (PDG) ainsi que responsable des syndicats locaux liés à la CGT française en 1953[42]. Quand Touré devient député de Guinée en 1956, il affiche ouvertement son désir pour l’indépendance immédiate et au droit de s’associer librement avec la France[43]. Comme chez Nkrumah, il est impératif de poursuivre la mission anticoloniale :

    Pour reconstruire sa civilisation saccagée, pour se guérir de la morsure profonde du colonialisme, […] l’Afrique doit répondre à l’exigence fondamentale de ses légitimes aspirations : faire la Révolution. L’Afrique doit oser et faire la Révolution pour déraciner les séquelles ostentatoires et imperceptibles de la domination étrangère[44].

    Toutefois, une différence s’observe : si Nkrumah porte le mouvement de décolonisation sans le centraliser autour de sa personnalité, Touré préfère utiliser la notion de « destin », en se proclamant petit-fils de Samory Touré, une figure emblématique du combat contre le colonialisme en Afrique de l’Ouest[45]. En procédant à sa propre héroïsation, Touré se donne une légitimité politique en s’inscrivant dans la lignée des grandes figures de la résistance anticoloniale[46].

    En conclusion, aussi bien chez Nkrumah que chez Touré, un sentiment pressant se fait ressentir. Si le premier organise un mouvement nationaliste panafricaniste autour du peuple pour renverser le colonialisme, le second travaille avec acharnement pour gravir les échelons et centraliser le mouvement nationaliste autour de sa personne. Le duo adopte des positions « tranchantes » avec des idées « coupantes », c’est-à-dire des projets et idéaux diamétralement opposés au néocolonialisme. Ceci explique le choix du panafricanisme, du socialisme, d’encourager le marché local, de centraliser les pouvoirs, d’avoir une ligne de parti strict et finalement un régime autarcique.

    2.2 Les affiliations idéologiques : une boussole anti-néocoloniale

    Afin de comprendre les affiliations idéologiques de Touré et Nkrumah, nous croyons essentiel de s’éloigner de la pensée « pyramidale », où une facette aurait préséance sur l’autre. Conséquemment, nous approchons les idéologies du duo comme des éléments qui, une fois mis ensemble, prennent l’allure d’une boussole. Contrairement à une boussole traditionnelle avec le nord comme point de référence, celle de Touré et Nkrumah s’oriente à partir d’un objectif commun : se dresser contre le néocolonialisme et offrir une alternative viable, selon eux. C’est à partir du socialisme africain que se conçoit la boussole idéologique de Touré-Nkrumah. Voyons maintenant de plus près les sept facettes qui structurent et guident la boussole Touré-Nkrumah.

     

    Voici une représentation de la boussole idéologique Touké-Nkrumah

    Premièrement, l’idée de l’unité est dominante chez les deux hommes. Par unité, nous faisons référence au panafricanisme comme : « idéologie et projet politique visant à la libération et à l’unification du continent africain »[47]. Ainsi, Nkrumah insiste sur l’unité pour bâtir une nation « efficace » et assurer le développement économique et social du continent africain[48]. Il est intéressant de noter le caractère « défensif » de l’unité dans le discours de Nkrumah. L’unité intervient pour bâtir la nation africaine, permettre aux Africains de s’élever ensemble pour ensuite contrer le néocolonialisme. Du côté de Touré, l’unité est au cœur de tous les projets tant politique, économique que militaire et culturel[49]. En fait, pour Touré, c’est à travers l’unité que l’Afrique peut espérer retrouver son identité et freiner sa « dépersonnalisation »[50]. Si Nkrumah utilise l’unité sous un angle défensif, Touré est résolument à l’offensive : au-delà de s’élever ensemble, il sollicite l’unité afin d’attaquer les forces impérialistes.

    Au principe d’unité s’ajoute celui de l’exigence envers le peuple. Le duo est d’accord sur le principe que le peuple doit absolument se dévouer à la cause. Pour Nkrumah, le peuple doit posséder ce sentiment de dévouement et, par défaut, accepter les temps plus difficiles à venir[51]. De plus, nous percevons les notions du « réalisme socialiste » et de « l’homme nouveau » dans l’idéologie du Ghanéen[52]. Nkrumah fait effectivement appel à un nouveau type de citoyen qui serait : « dévoué, modeste, honnête et bien informé, qui renonce à lui-même pour servir la nation et l’humanité, qui ait la convoitise en horreur et déteste la vanité. Un homme nouveau, dont la force soit l’humilité, et la grandeur, l’intégrité »[53]. De l’autre côté, Touré se montre plus incisif sur la participation du peuple. Ce dernier débute par diviser le peuple : la « classe-Peuple », qui représente l’ensemble qui a l’intérêt commun de la Révolution guinéenne, et la classe « anti-Peuple », celle avec des intérêts opposés à la vision de la Révolution[54]. Ceci l’amène à créer un climat de méfiance :

    ainsi, la classe anti-Peuple existe antagoniquement à la classe-peuple. […] cette classe anti-Peuple est constituée d’individus que nous nommons, sous les traits caractéristiques du mal et de l’enfer : les « Cheytanes 75 », les exploitateurs invétérés, les trafiquants, les affameurs, les bureaucrates qui veulent usurper le pouvoir du Peuple, asservir le Peuple en vue de s’enrichir à son détriment[55].

    Autrement dit, pour appartenir à cette classe anti-Peuple, il suffit de montrer un comportement désengagé à la cause de la révolution socialiste. Touré justifie cette autorité en soulignant que, dans un régime socialiste révolutionnaire populaire, c’est la collectivité qui assiste l’État. Ainsi, du moment que certains refusent d’aider, l’État ne peut remplir ses fonctions. C’est pour le bien de la collectivité qu’il doit être intransigeant[56]. Dans les deux cas, l’exigence envers le peuple assure une forme de fidélisation à la cause de l’unité et par extension permet de repousser les promesses néocoloniales.

    Le duo Touré/Nkrumah se rejoint également sur le paradigme de l’économie et la politique intérieure. À cet effet, les principes d’autarcie et du socialisme se manifestent d’abord chez Nkrumah par l’économie planifiée[57]. Pour assurer un développement autonome[58], plusieurs moyens sont proposés :

    c’est pour toutes ces raisons que nous avons créé l’économie obligatoire et interdit l’importation des articles que nous considérons comme facultatifs. Nous avons aussi institué une loterie nationale, augmenté les possibilités de l’épargne postale et créé une autre « caisse d’épargne » dans le cadre de notre Banque Nationale. Nous nous intéressons aux moyens d’encourager les gens à investir dans les affaires nouvelles, ce qui encouragera également l’entreprise et l’initiative, contribuant par là à former d’habiles directeurs[59].

    Il est intéressant de noter le souci, chez Nkrumah, de non seulement encourager un marché local, mais aussi d’encourager le développement des acteurs économiques afin de faire prospérer le pays. De plus, Nkrumah avance l’importance de s’éloigner de la monoculture et que toutes les décisions de politique intérieure doivent se prendre en fonction des intérêts du Ghana[60] et de l’Afrique, indépendamment du « jeu des forces qui font les marchés mondiaux »[61]. La conception nkrumaiste de l’organisation économique se base sur le socialisme, qui « implique la nationalisation des moyens de production, de la terre et de ses ressources, et l’emploi de ces moyens pour la satisfaction des besoins du peuple »[62]. Finalement, en lien avec l’unité, dans l’économie nkrumaïste est prévue une monnaie commune pour l’ensemble des États africains afin d’accélérer le développement[63].

    Tout comme Nkrumah, Touré se base sur les principes socialistes pour ériger une économie nouvelle dans laquelle l’autonomie est déterminante :

    Il s’agit, dans cette conception d’un développement auto-centré, auto-entretenu et effectivement transcroissant. […] Il s’agit en somme de penser et de préconiser les voies qui s’écartent du modèle classique de développement « Centre-Périphérie », qui n’est que le modèle type « Métropole-Colonies » et qui, sur le plan politique, constitue le néo-colonialisme que nous voulons détruire à tout prix, et c’est là une tâche historique de la génération montante[64].

    Il est indéniable que pour Touré, l’éloignement du modèle colonial est à la base de son choix d’économie et du modèle autarcique. De plus, tout comme Nkrumah et la Volta, Touré évoque un projet dans le domaine de l’énergie qui gravite autour de l’aménagement du fleuve Niger[65]. Enfin, il propose également une monnaie propre et commune à l’échelle de l’Afrique[66] ainsi qu’une nationalisation des banques qui seront alors gérées exclusivement par des Africains[67]. Le duo appuie l’idée d’une émancipation par le développement économique. En étant indépendant au niveau économique, la contrainte néocoloniale sera écartée.

    La boussole idéologique anti-néocoloniale ne repose pas uniquement sur des concepts. Au niveau pratique, les deux hommes discutent de l’importance de la ligne de parti. À ce niveau, nous devons soulever une distinction importante. Tous les deux sont d’accord sur l’importance d’avoir des membres fidèles[68] à l’idéologie du parti unique, et Nkrumah va jusqu’à octroyer le droit, au chef d’État, de renvoyer tout fonctionnaire n’étant pas suffisamment consacré à la cause[69]. Cependant, Touré va plus loin dans cette imposition. Pour le Guinéen, le succès du parti se mesure par la définition d’une ligne politique respectée : « il faut que les responsables et les militants restent fidèles au Parti. C’est une nécessité permanente »[70]. Si Touré est plus ferme, c’est en grande partie à cause de l’invasion militaire portugaise du 22 novembre 1970[71]. Enfin, Touré s’inspire ouvertement de Lénine, en citant l’ex-président soviétique sur le danger qui se trouve régulièrement à l’intérieur même du parti – « l’infidélité » d’un cadre qui constitue le plus grave danger pour les nations socialistes[72]. Dans l’ensemble, si le duo se fait exigeant auprès du peuple, il conserve la même énergie avec les hommes politiques. Une ligne de parti forte permet de maintenir une position anti-néocolonialiste solide tout en évitant que le néocolonialisme politique s’immisce dans les discussions et décisions politiques.

    Intimement relié, le type de gouvernement est un autre élément important. Nkrumah et Touré partagent l’idée sur la nécessité d’un programme commun mené par un parti fort. La seule distinction notable est la suivante : si les deux envisagent un gouvernement de type République[73], Touré avance la notion du « parti-État » : à savoir la fusion de « l’État, instrument technique du Peuple » et du Parti « instrument politique du Peuple »[74]. En conséquence, chez Touré, le peuple doit être actif dans l’ensemble des sphères gouvernementales[75]. Étroitement relié avec le type de gouvernement, Nkrumah et Touré se positionnent également sur la constitution des pouvoirs. Le duo cède au Chef d’État l’ensemble des pouvoirs. Si Touré s’en tient uniquement à l’explication du Parti-État, Nkrumah explique en détail la division des pouvoirs du chef d’État :

    Dans notre constitution républicaine, le président est non seulement le chef de l’État, mais aussi celui du pouvoir exécutif et du gouvernement. […] Dans une démocratie, le chef réel du pays est l’homme qui a été démocratiquement élu comme chef du parti qui dispose de la majorité au Parlement, lequel a été démocratiquement élu par le peuple. […] [le système adopté] qui consiste à combiner la présidence et les fonctions de premier ministre, donneront la stabilité et l’autorité nécessaires pour construire notre pays[76].

    Nous comprenons l’importance pour Nkrumah de centraliser le pouvoir et il est intéressant de voir comment ce dernier justifie une telle centralisation : toujours pour le bien du Peuple et du pays. Tant par le type de gouvernement que dans la constitution des pouvoirs, Touré et Nkrumah souhaitent centraliser le pouvoir dans les mains du plus petit nombre de personnes possible. D’une part, ceci est un signe de confiance envers le dirigeant du pays qui se doit de suivre l’idéologie de la boussole Touré-Nkrumah et ainsi refuser le néocolonialisme. D’autre part, la centralisation rend efficace le développement économique et social des États-nations. Ainsi, l’assistance néocoloniale apparait obsolète devant l’efficacité du système Touré-Nkrumah.

    Toujours concernant la gestion du gouvernement, la gestion des capitaux étrangers et la politique étrangère démontrent que la réflexion des deux hommes n’est pas toujours au même niveau d’acuité. Nkrumah explique en détail que l’Afrique a certainement besoin des capitaux extérieurs pour se développer[77]. Toutefois, ce ne sont pas tous les prêts qui sont bons :

    Le genre d’investissements que nous préférons est celui qui comporte une association avec le gouvernement. […] nous nous méfions beaucoup des chasseurs de fortune. […] les capitaux sont modestes et difficiles à mobiliser. Alors les capitaux étrangers sont utiles et rendent grand service, s’ils prennent la forme de prêt ou de crédit, permettant au pays qui emprunte d’acheter ce dont il a besoin là où il le désire, tout en gardant le choix des postes renfloués[78].

    En plus de renforcer l’idée de centralisation, Nkrumah spécifie que la priorité sera octroyée aux capitaux étrangers qui vont permettre la prolifération du capital et éviter le mécanisme « d’import-export »[79]. La réflexion de Touré est moins approfondie. Il mentionne toutefois qu’en fonction des moyens dont dispose chaque pays africain, il faut arrimer les économies afin de devenir complémentaire, et non compétiteur, dans la gestion des capitaux étrangers[80]. Finalement, malgré le niveau d’analyse qui diffère de Nkrumah à Touré, les deux sont en accord sur les objectifs d’une politique étrangère commune en Afrique : « l’indépendance de l’Afrique, l’unité de l’Afrique, et le maintien de la paix mondiale par une politique de neutralité positive »[81]. Cette politique étrangère promet donc une position plus désengagée des conflits internationaux ainsi qu’une centralisation des objectifs orientée sur le continent africain, à nouveau une manière de s’éloigner du néocolonialisme qui prêche pour une centralisation européenne.

    2.3 Comment se prémunir du néocolonialisme ?

    La boussole idéologique est donc à la fois une représentation des idéologies de Touré et Nkrumah ainsi qu’un véritable guide pour se prémunir du néocolonialisme. Effectivement, chaque facette montre une idée qui est résolument le contraire de la politique de coopération. Par extension, en étant le contraire de l’un, les facettes deviennent aussi des solutions pour freiner le néocolonialisme.

    Pour Sékou Touré, il faut d’abord et avant tout « assumer nos responsabilités », ce qui se traduit par la poursuite de la Révolution guinéenne[82]. Afin de se prémunir du néocolonialisme, Touré invite à la proactivité des chefs d’États de l’O.U.A. et de l’O.E.R.S, ainsi que dans : « toutes instances internationales non africaines, l’État populaire guinéen lutte pour la consolidation des États africains révolutionnaires et contre les États fabriqués pour les pantins du type senghorien »[83]. De plus, nous ne pouvons passer sous silence l’importance de l’unité, qui n’est pas uniquement une proposition idéologique, mais aussi une piste de solution, selon Touré, pour lutter contre la « balkanisation » de l’Afrique[84] qui est un frein au développement. Enfin Touré propose aussi un moyen concret pour vaincre le néocolonialisme : « […] nous créons des agences qui contribueront à ruiner ces monopoles étrangers et à stimuler l’accumulation de capitaux en vue de leur réinvestissement […] »[85].

    Kwamé Nkrumah diffère très peu de Touré sur la question. Lui aussi insiste sur l’importance de mener une lutte sans repos « tant que la dernière citadelle du colonialisme n’aura pas été abattue en Afrique »[86]. Plus analytique et complet dans sa proposition pour se prémunir du néocolonialisme, Nkrumah décrit cinq moyens pour réussir :

    Ceci veut dire que le néo-colonialisme peut être et sera vaincu. Par quels moyens ? Jusqu’ici, toutes les méthodes des néo-colonialistes ont tendu vers la réalisation de ce but, accepté par toutes les minorités gouvernantes au cours de l’histoire : diviser pour régner. Il est donc tout à fait évident que l’unité est le premier impératif de la lutte contre le néo-colonialisme. La nécessité d’un gouvernement unifié est primordiale et absolue dans ce continent divisé qu’est l’Afrique. En même temps, le renforcement de l’organisation de solidarité afro-asiatique et de l’esprit de Bandung est déjà en voie de réalisation. Nous devons aussi essayer de faire entrer dans l’organisation nos frères d’Amérique latine, sur des bases de plus en plus officielles. De plus, toutes les forces de libération jouissent et continueront de jouir du secours toujours en expansion du secteur socialiste du monde. Enfin, nous devons encourager et utiliser pleinement les exemples encore trop rares, mais dont le nombre augmente tout de même, de soutien de l’anti-colonialisme à l’intérieur du camp impérialiste[87].

    Finalement, Nkrumah croit qu’il est nécessaire d’avoir le soutien et l’effort de l’ensemble de la population. C’est avec ce support qu’un rempart physique et idéologique s’interpose entre la souveraineté du pays et la présence du néocolonialisme.

    Conclusion

    Au lendemain des indépendances, la France éprouve peu d’angoisse : après avoir mené des réflexions sur plus de vingt ans, la décolonisation n’intervient pas comme une surprise, mais une opportunité afin d’établir son nouvel arsenal politique de la coopération. Il apparait évident aux yeux des historiens l’incompatibilité entre les objectifs et intérêts du duo Nkrumah/Touré avec le type de politique préconisée par la France en Afrique. Kwamé Nkrumah et Sékou Touré adoptent des positions tranchantes et des idées coupantes, c’est-à-dire en constante opposition aux projets néocolonialistes issus de la politique de coopération française. Ceci explique le choix du panafricanisme et du socialisme. Plus encore : leurs idéologies sont des alternatives à la menace néocoloniale. Si la France souhaite l’unité française, Nkrumah et Touré insistent sur l’unification africaine. Devant la mainmise de l’entreprise privée européenne en Afrique, le duo prêche pour l’autogestion des ressources. Alors que la France souhaite créer des états clientélistes s’intégrant dans le cercle capitaliste, Nkrumah et Touré se concentrent sur une République socialiste où la centralisation des pouvoirs est déterminante.

    Malgré l’intérêt renouvelé pour les études sur le néocolonialisme, le concept demeure trop politique, voire « fourre-tout ». Si les historiens ont régulièrement analysé les idéologies de Touré et Nkrumah, jamais la perspective du néocolonialisme n’a été considérée. Notre recherche apporte une nouvelle dimension aux idéologies de Touré et Nkrumah, en considérant la possibilité que celles-ci aient été raffinées afin de s’opposer au néocolonialisme en Afrique. Il serait des plus pertinent de poursuivre des recherches sur le néocolonialisme, notamment en analysant le diagnostic de Touré et Nkrumah sur les manifestations du néocolonialisme.

    Références

    [1] Michael Pauron, Les ambassades de la Françafrique: l’héritage colonial de la diplomatie française, Montréal, Lux éditeur, 2022, p. 207.

    [2] Maurice Demers et Patrick Dramé, « Introduction. Recoupement des imaginaires et réalités postcoloniales », dans Maurice Demers et Patrick Dramé, dir., Le Tiers-Monde postcolonial : espoirs et désenchantements, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2014, p. 15.

    [3] Patrick Dramé, « Indépendance et dépendance : les intérêts économiques français en Afrique de l’Ouest (1960-1980) », dans Maurice Demers et Patrick Dramé, dir., Le Tiers-Monde postcolonial : espoirs et désenchantements, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2014, p. 81‑106.

    [4] En effet, en 1960, la France a signé une dizaine d’accords de coopération avec des pays de l’Afrique de l’Ouest. Ceux-ci étaient des préalables à l’indépendance, cité dans Dramé, « Indépendance et dépendance », p. 103‑105.

    [5] Saïd Bouamama, « Planter du blanc » : chroniques du (néo) colonialisme français, Paris, Éditions Syllepse, 2019.

    [6] Bouamama, « Planter du blanc », p. 17.

    [7] Bouamama, « Planter du blanc », p. 125‑213.

    [8] Alexander Keese, « Building a New Image of Africa. “Dissident States” and the Emergence of French Neo-Colonialism in the Aftermath of Decolonization », Cahiers d’Études Africaines, vol. 48, n° 191, 2008, p. 513‑530.

    [9] William Laguë, « Position déchirante et paroles coupantes : Sékou Touré, la cinquième colonne et le néocolonialisme », dans Patrick Dramé, dir., L’Afrique entre traumatismes coloniaux et défis des constructions nationales Sherbrooke, Éditions de l’Université de Sherbrooke, 2022.

    [10] Thomas Borrel et al., dir., L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique, Paris, Seuil, 2021, 1008 p.

    [11] Thomas Deltombe et Catherine Coquery-Vidrovitch, « Les habits neufs du capitalisme impérial », dans Borrel et al., dir., L’Empire qui ne veut pas mourir: une histoire de la Franc̜afrique, p. 83.

    [12] Henry S. Wilson, African Decolonization, Londres, E. Arnold, 1994, p. 86‑87.

    [13] Thomas Borrel et al., dir., « “Ni assimilation ni séparation”. La matrice de la Françafrique », dans Borrel et al., dir., L’Empire qui ne veut pas mourir: une histoire de la Franc̜afrique, p. 55‑57.

    [14] Thomas Borrel et al., dir., « La Françafrique en germe (1940-1957) », dans Borrel et al., dir., L’Empire qui ne veut pas mourir: une histoire de la Franc̜afrique, p. 107.

    [15] François Mitterand, Aux Frontières de l’Union française. Indochine-tunisie, Paris, Julliard, 1953, 220 p.

    [16] Borrel et al., dir., « La Françafrique en germe (1940-1957) », p. 158.

    [17] Michel Poniatowski, L’avenir des pays sous-développés, Paris, Éditions S.E.F.I., 1954, 200 p.

    [18] Borrel et al., dir., « La Françafrique en germe (1940-1957) », p. 133.

    [19] Nous faisons référence au modèle d’État-clientéliste, comme l’explique le politologue Petiteville, dans Franck Petiteville, « Quatre décennies de “coopération franco-africaine” : usages et usure d’un clientélisme », Études internationales, vol. 27, n° 3, 1996, p. 571‑601.

    [20] Borrel et al., dir., « La Françafrique en germe (1940-1957) », p. 133.

    [21] Borrel et al., dir., « La Françafrique en germe (1940-1957) », p. 134.

    [22] Borrel et al., dir., « La Françafrique en germe (1940-1957) », p. 134.

    [23] Thomas Deltombe, « “Eurafrique”, ou comment penser le colonialisme du futur », dans Borrel et al., dir., L’Empire qui ne veut pas mourir: une histoire de la Franc̜afrique, p. 99.

    [24] Khadim Ndiaye, « Au service de la “modernisation” coloniale : la fabrique de nouvelles élites africaines », dans Borrel et al., dir., L’Empire qui ne veut pas mourir: une histoire de la Franc̜afrique, p. 109.

    [25] Ndiaye, « Au service de la “modernisation” coloniale », p. 117.

    [26] Ndiaye, « Au service de la “modernisation” coloniale », p. 118‑119.

    [27] Deltombe et Coquery-Vidrovitch, « Les habits neufs du capitalisme impérial », p. 84.

    [28] Deltombe et Coquery-Vidrovitch, « Les habits neufs du capitalisme impérial », p. 84.

    [29] Deltombe et Coquery-Vidrovitch, « Les habits neufs du capitalisme impérial », p. 85‑87.

    [30] Alexander Keese, « First Lessons in Neo-Colonialism: The Personalisation of Relations between African Politicians and French Officials in sub-Saharan Africa, 1956–66 », The Journal of Imperial and Commonwealth History, vol. 35, n° 4, décembre 2007, p. 594‑597.

    [31] Jacques Dalloz, La France et le monde depuis 1945, Paris, Armand Colin, 2002, p. 109.

    [32] Dalloz, La France et le monde depuis 1945, p. 111.

    [33] Dalloz, La France et le monde depuis 1945, p. 115.

    [34] Basso, « Les accords de coopération entre la France et les États africains francophones », p. 257.

    [35] Marc Michel, Décolonisations et émergence du tiers monde, Paris, Hachette, 2005, p. 212.

    [36] Michel, Décolonisations et émergence du tiers monde, p. 213.

    [37] Hélène d’Almeida-Topor, « Le mouvement coopératif en Afrique noire : une solution économique pour l’indépendance? », dans Charles-Robert Ageron et Marc Michel, dir., L’Afrique noire française : l’heure des indépendances, Paris, CNRS Éditions, 2015, p. 110.

    [38] Michel De Certeau, La prise de parole : pour une nouvelle culture, Bruges, Desclée de Brouwer, 1968, p. 27-30.

    [39] Éric Nguyen, Géopolitique de l’Afrique: du continent noir oublié à la renaissance africaine, Levallois-Perret, Groupe Studyrama, 2017, p. 179.

    [40] Nguyen, Géopolitique de l’Afrique: du continent noir oublié à la renaissance africaine, p. 179.

    [41] Kwame Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, Paris, Présence africaine, 2009 (1963), p. 10.

    [42] André Lewin, « La décolonisation de la Guinée, un échec? », dans Philippe Oulmont et Maurice Vaïsse, dir., De Gaulle et la décolonisation de l’Afrique subsaharienne, Paris, Éditions Karthala, 2014, p. 119.

    [43] Lewin, « La décolonisation de la Guinée, un échec? », p. 119‑121.

    [44] Ahmed Sékou Touré, La Négritude et la 5ème Colonne, Conakry, Bureau de presse de la présidence de la République, 1971, p. 239.

    [45] Nguyen, Géopolitique de l’Afrique, p. 183.

    [46] Céline Pauthier, « L’héritage controversé de Sékou Touré, “héros” de l’indépendance », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 118, 2013, p. 33.

    [47] Patrick Dramé, L’Afrique postcoloniale en quête d’intégration : s’unir pour survivre et renaitre, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2017, p. 13.

    [48] Kwame Nkrumah, Le néo-colonialisme: dernier stade de l’impérialisme, Paris, Présence africaine, 2009 (1973), p. 47.

    [49] Ahmed Sékou Touré, Des États-Unis d’Afrique, Conakry, Bureau de presse de la présidence de la République, 1982, p. 53.

    [50] Touré, Des États-Unis d’Afrique, p. 108.

    [51] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 131.

    [52] « Dépeint comme un être travaillant et cultivé, l’Homme Nouveau se voulait une personne soignée, un modèle d’hygiène et de ponctualité qui s’est affranchi des sentiments égoïstes et qui demeure toujours lié à l’obligation de se sacrifier pour les autres, voire à mourir pour une cause collective ». Cité dans Jean-Michel Landry, « La formation du sujet stalinien : Littérature et subjectivité en Russie soviétique (note de recherche) », Anthropologie et Sociétés, vol. 32, n° 1‑2, 2008, p. 255‑256.

    [53] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 157.

    [54] Ahmed Sékou Touré, Stratégie et Tactique de la Révolution, Conakry, 1979, Bureau de presse de la présidence de la République, p. 34‑35.

    [55] Touré, Stratégie et Tactique de la Révolution, p. 36.

    [56] Ahmed Sékou Touré, Pour une économie populaire et révolutionnaire, Conakry, Bureau de presse de la présidence de la République, 1976, p. 166.

    [57] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 251‑253.

    [58] Le développement autonome repose sur cinq secteurs qui caractérisent l’économie du Ghana. 1. Les entreprises nationales. 2. Les entreprises dont les propriétaires sont des sociétés privées étrangères. 3. Les entreprises appartenant en commun à l’État et à des sociétés privées étrangères. 4. Les entreprises coopératives. 5. Les petites entreprises privées ghanéennes. Cité dans Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 146.

    [59] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 126.

    [60] Par exemple, Nkrumah parle du projet d’aménagement de la Volta, un fleuve faisant plus de 1 346 km, afin de créer une source d’énergie abondante et sûre. Cité dans Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 140.

    [61] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 134.

    [62] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 146.

    [63] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 192.

    [64] Touré, Des États-Unis d’Afrique, p. 111.

    [65] Touré, Des États-Unis d’Afrique, p. 129‑131.

    [66] Touré, Pour une économie populaire et révolutionnaire, p. 52.

    [67] Touré, La Négritude et la 5ème Colonne, p. 130.

    [68] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 153.

    [69] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 118.

    [70] Touré, Stratégie et Tactique de la Révolution, p. 42.

    [71] Touré, Stratégie et Tactique de la Révolution, p. 164.

    [72] Touré, Pour une économie populaire et révolutionnaire, p. 238.

    [73] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 105.

    [74] Touré, Stratégie et Tactique de la Révolution, p. 167.

    [75] Touré, Pour une économie populaire et révolutionnaire, p. 213.

    [76] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 106‑107.

    [77] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 42.

    [78] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 126‑127.

    [79] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 148.

    [80] Touré, Des États-Unis d’Afrique, p. 59.

    [81] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 231.

    [82] Touré, Des États-Unis d’Afrique, p. 193.

    [83] Touré, La Négritude et la 5ème Colonne, p. 114.

    [84] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 16.

    [85] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 128.

    [86] Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, p. 9.

    [87] Nkrumah, Le néo-colonialisme, p. 258.