Histoire, mémoire et dissidence en URSS, entre la vie privée et l’espace public

DAVID MAURICE 
Université de Sherbrooke

 

Résumé : Cet article traite de l’interaction entre l’histoire et la mémoire en URSS, ainsi que de la notion de dissidence associée à la sphère privée et aux cercles restreints. L’ouverture du régime sous Gorbatchev a permis l’intégration d’une certaine partie de la dissidence à la vie publique en Union soviétique. Cette situation, accentuée par une libéralisation des médias et une libération des mémoires, a fortement ébranlé les fondements idéologiques de l’État. Le cinéma et la télévision ont largement contribué à l’accélération de ce processus et au démantèlement de l’identité soviétique. Il est important de noter que cet article est issu du premier chapitre de mon mémoire de maîtrise et que trois paragraphes ont déjà été publiés dans le numéro spécial des actes du 2e colloque étudiant en histoire de l’Université de Sherbrooke.

 

 

Table des matières
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    Histoire, mémoire et dissidence en URSS, entre la vie privée et l’espace public

    Dans une société où l’État tente d’exercer un contrôle politique accru sur ses citoyens, il n’en faut pas beaucoup pour que ces derniers se retrouvent à l’extérieur de ce qui est permis par le gouvernement. En Union soviétique, la vie privée constituait, à certains égards, un refuge à la politisation et à la mobilisation de tous les instants, un endroit qui, bien que peu sûr, permettait un certain retrait de l’individu, en famille, à l’abri des regards indiscrets. Dans ce contexte, les critiques du régime, les regroupements non autorisés, les idéologies concurrentes ainsi que les comportements déviants étaient situés dans une zone grise, associée à la sphère privée et aux cercles restreints, qui ne faisait pas partie de la vie publique et qui échappait donc au contrôle de l’État. À l’intérieur des familles, la mémoire des disparus du temps des grandes purges staliniennes ou des prisonniers politiques détenus arbitrairement dans les goulags constituait en quelque sorte une « autre histoire », divergente du discours politique et constituant par le fait même une histoire concurrente, voire dissidente.

    Il devient donc pertinent de s’interroger sur le rôle de la dissidence dans l’émergence d’une opinion publique en URSS, dans les années 1980, ainsi que sur l’importance de la mémoire dans le processus de révisionnisme historique qui affaiblira grandement l’Union soviétique. Il sera aussi question du rôle du cinéma et de la télévision dans cette démarche d’ouverture et de libéralisation des mœurs et de l’économie en URSS. Nous allons premièrement nous pencher sur les interactions entre l’histoire, la mémoire et l’oubli en Union soviétique après la mort de Staline, en appliquant au peuple russe les concepts psychologiques d’amnésie, d’anamnèse, et d’hypermnésie. Il sera question dans cette section de la dissidence en URSS, de l’émergence d’une opinion publique avec les réformes de Mikhaïl Gorbatchev ainsi que des dérapages mémoriels qu’elles ont engendrés, notamment par l’entremise du cinéma et de la télévision. Nous allons ensuite voir comment la vie privée et la vie publique se confrontent au quotidien, les intrusions du politique dans l’espace privé par la télévision et la socialisation de la jeunesse soviétique. Cette question des mémoires familiales et du rapport entre l’espace public et la vie privée sera abordée par l’entremise du film Anna 6-18 du réalisateur Nikita Mikhalkov. Il s’agit d’un film documentaire où le réalisateur pose à sa fille, année après année, entre 1980 et 1992, les mêmes questions concernant ce qu’elle aime et ce qu’elle déteste. Nikita Mikhalkov fait aussi interagir des images d’archives de l’URSS dans son film et porte un regard sur l’histoire de l’Union soviétique et de la Russie.

    La dialectique entre l’histoire, la mémoire et l’oubli en URSS; le cas du stalinisme

    Durant la période soviétique, les dirigeants du Parti communiste ont toujours tenté de légitimer leurs politiques, s’inscrivant dans une philosophie de l’histoire, en prétextant la marche vers le progrès. Avec la chute de l’URSS, une nouvelle version de l’histoire est proposée par certaines factions nationalistes, celle d’une Russie impériale forte et sur la voie de renouer avec ses racines capitalistes prérévolutionnaires[1]. Il y a donc une transformation de l’utilisation politique de l’histoire après la chute du communisme en Russie et on assiste à l’instauration d’une nouvelle histoire officielle. Dans cette optique, Henry Rousso affirme que les années 1990 ont été marquées par un véritable phénomène d’anamnèse à travers le monde, visant à garder en mémoire le souvenir des atrocités commises durant le vingtième siècle[2]. L’anamnèse, soit l’évocation volontaire du passé, « succède souvent à une période d’amnésie, en tout cas d’un moment historique où le souvenir du crime ou du conflit a été plus ou moins occulté, plus ou moins tu, une fois la gestion immédiate de la sortie de guerre ou de la sortie de conflit terminée »[3]. Rousso fait ensuite intervenir la notion d’hypermnésie, telle que décrite par Paul Ricoeur, « c’est-à-dire [la] cristallisation d’un conflit non résolu pour lequel le « travail de mémoire » ne trouve pas son point d’aboutissement »[4]. Dans les années 1980, la dénonciation des crimes staliniens en Russie est suivie d’une période de refoulement du stalinisme. Par la suite, une certaine réintégration de la mémoire du stalinisme dans les années 1990 témoigne d’une « volonté adulte de comprendre » qui semble s’inscrire parfaitement dans le phénomène mémoriel de la fin du vingtième siècle que nous venons de décrire[5].

    La capacité du régime soviétique à se maintenir sur près de soixante-dix années d’existence s’explique en partie par le monopole du Parti sur l’écriture de l’histoire depuis les années 1930 et par son contrôle accru des principaux outils de communication. Cette mainmise du pouvoir soviétique sur tous les secteurs de la sphère publique façonne étroitement la mémoire collective des individus en URSS. Selon Paul Ricoeur, citant les travaux de Maurice Halbwachs concernant la mémoire collective, nos souvenirs sont encadrés dans des récits collectifs, eux-mêmes renforcés par des commémorations, célébrations publiques, portant sur des événements marquants dont a dépendu le cours de l’histoire des groupes auxquels nous appartenons. La ritualisation de ces souvenirs partagés autorise Halbwachs à faire “de chaque mémoire individuelle un point de vue sur la mémoire collective”[6].

    Alimentée par une vision étatique de l’actualité et par une histoire dogmatique, la mémoire collective soviétique a connu une évolution particulière. En effet, avant la mort de Staline en 1954, le parti communiste exerçait un contrôle serré sur les sources historiques et sur leur interprétation. Les historiens soviétiques étaient alors contraints de soutenir les visions dogmatiques du Parti depuis la monopolisation de l’histoire sous Staline[7]. C’est avec son successeur, Khrouchtchev, et grâce au processus de déstalinisation qu’il entreprit lors du XXe congrès du Parti en février 1956, que débuta la réforme de l’histoire et la libération des mémoires en Union soviétique. Cela donna lieu à un important courant révisionniste du passé condamnant le stalinisme et ses méthodes ainsi que le culte de la personnalité entourant le guide. Par un retour de balancier, cette nouvelle histoire sera fortement condamnée quelques années plus tard sous Brejnev, au milieu des années 1960, mais continuera néanmoins à se diffuser et à se développer à travers des cercles restreints et des réseaux clandestins[8]. Cette période d’amnésie forcée de la population soviétique prendra fin, au milieu des années 1980, avec la nomination de Gorbatchev comme chef de l’État, laissant place à une phase d’anamnèse collective qui va grandement ébranler la légitimité du Parti.

    Le règne de Brejnev et l’amnésie collective (1964-1985)

    L’âge d’or de l’Union soviétique, paradoxalement, est l’une des périodes les plus sombres de l’histoire du pays, c’est-à-dire l’époque stalinienne. D’un côté, Staline a persécuté ses opposants, tant réels que fictifs, à travers des purges systématiques et a créé un imposant système concentrationnaire, mais de l’autre, il a su créer un État puissant et redouté sur la scène internationale qui a longtemps fait la fierté du peuple soviétique[9]. C’est pourquoi plusieurs membres du Parti en voulurent à Khrouchtchev de s’être attaquer, en 1964, à l’image de Staline et à son système de gouvernance, lui qui fut le seul chef de l’État à être destitué durant ses fonctions. À ce titre, l’arrivée de Brejnev au Politburo constitue, à quelques égards, un retour aux méthodes staliniennes de gouvernance et au conservatisme politique. Pourtant, les années 1970 correspondent à une période de transformations sociales et démographiques qui ne se répercutent pas dans les hautes sphères décisionnelles. En effet, ce décalage générationnel se traduit par une élite vieillissante, au pouvoir depuis les années 1940 et 1950, ayant gravi les échelons dans la foulée des purges staliniennes et des décès reliés à la guerre[10]. Cette élite dirigeante n’entend pas céder sa place aussi facilement à la génération montante, si bien qu’en 1980, la moyenne d’âge des membres du Politburo était de 71 ans[11]. Les politiques qui vont être mises en place par l’administration de Brejnev dans les années 1970 auront alors pour objectif de maintenir les privilèges de ce groupe au pouvoir. Il en résulte alors la formation de clientélismes et de « cercles de famille », « un système de valeurs où la fidélité primait sur la compétence ou les principes idéologiques »[12].

    Parallèlement à cet embourbement politique, la société soviétique s’est beaucoup transformée et a évolué sur le plan démographique, économique et idéologique. Un des premiers phénomènes majeurs inhérents à ces transformations sociales fut l’urbanisation accélérée des années 1930 et 1940. De nombreux paysans se sont alors dirigés vers les villes pour occuper des emplois manuels et physiques non qualifiés, si bien qu’à la fin des années 1930, « près des trois-quarts des “spécialistes” avaient une origine ouvrière ou paysanne »[13]. L’émergence de cette génération des Brejnev, Kossyguine et Tchernenko, appelée « vydvizhentsy», correspond à un nouveau groupe social, c’est-à-dire l’ouvrier typique à la base de toute la mythologie et l’imagerie staliniennes. Arrivés au sommet de leur carrière dans les années 1950, ces « spécialistes », formés dans l’exercice de leurs fonctions, ont fondé leur famille et ont eu des enfants au cours des années 1930[14]. Leurs enfants, entrés sur le marché du travail dans les années 1950 et se retrouvant au sommet de leur carrière dans les années 1970, ont bénéficié d’une éducation de meilleure qualité et de conditions de vie supérieures à celles de leurs parents. Leurs petits-enfants, nés dans les années 1950, sont entrés dans la vie active au cours des années 1970[15]. Ces derniers, qui ont récolté les fruits du dur labeur des générations antérieures, ont majoritairement gravi les échelons de la société et ont eu accès à des emplois beaucoup plus techniques et qualifiés que leurs prédécesseurs. Ils évoluent ainsi dans une société bien différente de celle des bâtisseurs du communisme, c’est-à-dire la génération au pouvoir, car ils sont davantage éduqués et bénéficient du développement des technologies de l’information entre autres avec l’avènement de la télévision[16]. Cette situation démographique révèle clairement les problèmes économiques et idéologiques qui se dessinent en URSS, dans les années 1970, et qui se manifestent à travers des réseaux clandestins où prennent forme les idées de la dissidence.

    Un des traits marquants du régime brejnévien, dans la seconde moitié des années 1960 et dans les années 1970, est la lutte constante du pouvoir contre les dissidents et leurs réseaux clandestins de diffusion. Dans la deuxième moitié des années 1960, avec les révélations du XXe Congrès concernant les exactions staliniennes, la libération et le retour à la vie publique de milliers de prisonniers revenus des camps sous Khrouchtchev, la société fait face à un « dégel » des consciences concernant les réalités du stalinisme[17]. Les nouvelles générations de Soviétiques, de plus en plus éduquées et critiques, ne répondent plus de la même façon à la rhétorique communiste diffusée par la vieille génération au pouvoir. Elles tentent alors de proposer un discours alternatif qui n’arrive pas à percer dans les médias de masse à cause de la censure et de la répression politique. Certes, les méthodes de répression du temps de Staline sont choses du passé, mais la censure, les procès, les licenciements, l’intimidation au travail, l’internement psychiatrique et l’emprisonnement restent des moyens légaux fréquemment utilisés pour lutter contre la dissidence[18]. Dans ce contexte, il est difficile de tracer la limite entre la dissidence et la culture « officielle » en Union soviétique puisque de nombreuses personnalités publiques ont joué sur les deux côtés de la même médaille, alternant entre les publications officielles et clandestines[19]. Il existait donc dans la société soviétique un mouvement de contestation important, plus ou moins bien articulé, prêt à voir le jour lorsque le temps serait venu. C’est après la mort de Brejnev, au début des années 1980, que l’alternance rapide entre Iouri Andropov et Konstantin Tchernenko laisse présager un réel changement de garde sur le plan de la gouvernance en URSS. Un changement qui s’incarne en la personne de Mikhaïl Gorbatchev.

    Glasnost et perestroïka, l’anamnèse sous Gorbatchev (1985-1989)

    À son arrivée au pouvoir, Gorbatchev est déterminé à transformer le socialisme dans une optique plus libérale. Les deux réformes qu’il met de l’avant en 1986, la perestroïka (reconstruction) et la glasnost (transparence), ont pour but de détruire la vieille structure politique hiérarchisante, héritée du régime tsariste et des bâtisseurs du communisme soviétique. Sur le plan économique, les objectifs de la perestroïka sont clairs, c’est-à-dire démanteler l’emprise de l’État sur tous les secteurs de l’économie afin de laisser place au libre marché et à l’initiative privée. Les premiers impacts tangibles de ce changement concernent le secteur médiatique, qui servira, ironiquement, à diffuser cette nouvelle réforme du Parti selon la structure traditionnelle communiste, du haut vers le bas[20]. Cette ouverture faite dans les médias correspond à une période difficile pour le régime soviétique où les mauvaises nouvelles et les catastrophes se succèdent à un rythme effréné. La diffusion télévisée des images de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, du tremblement de terre en Arménie, de la catastrophe ferroviaire en Oural et de la découverte de charniers qui seront, une fois pour toutes, attribués aux purges staliniennes, alimentent la torpeur dans laquelle est plongée le régime soviétique[21]. Cette nouvelle tendance journalistique n’était tout simplement pas possible en URSS, voire inimaginable, dix ans auparavant[22]. Ce phénomène se répercute aussi dans le milieu du cinéma où l’abolition de la censure se fait sentir du côté de la production cinématographique.

    Le XXVIIe Congrès du Parti, en 1986, fut l’occasion de mettre en place les bases des réformes qui serviront à donner un nouveau souffle à la société soviétique[23]. L’une des premières mesures instaurées par Gorbatchev à son arrivée au pouvoir fut de libérer l’industrie cinématographique du carcan idéologique qui lui était imposé depuis plusieurs décennies par la censure de l’État. C’est dans cette optique que plusieurs films qui reposaient sur les tablettes du Goskino, l’institut d’état concernant le cinéma, ont été diffusés dans les salles dès l’année 1986[24]. À titre d’exemple, le film antistalinien Repentir (1984), réalisé par le cinéaste géorgien Tenguiz Abdouladze, avait été censuré par le Goskino à sa sortie. Il fut dans la première vague de films qui ont été relâchés après le XXVIIe Congrès de 1986. Le VeCongrès de l’Union des cinéastes de l’URSS s’est aussi tenu l’année suivante, en 1987. À l’issue de ce congrès, les cinéastes ont été les premiers à s’attaquer vivement à la direction de leur association, nommée par le Comité central, élisant du même coup leurs propres représentants[25]. Le milieu du cinéma s’est alors empressé d’insuffler les idées de la glasnost à l’industrie cinématographique et de se conformer à la nouvelle ligne du Parti[26]. Depuis le début, les cinéastes ont été d’ardents partisans des idées de la glasnost puisque leur succès professionnel dépend directement des attentes et de la réaction du public à propos de leurs œuvres[27].

    Cette période de transformations sociales et de remises en cause, où l’histoire occupe un rôle de premier plan, a fait ressortir un profond débat sur la véritable nature de la société soviétique[28]. Gorbatchev est l’un des rares dirigeants à s’être tourné vers l’élite intellectuelle, comme l’avait fait Khrouchtchev avant lui, afin de faire appuyer ses réformes d’ouverture par la population[29]. Ce sont donc des écrivains, des officiers du régime, des journalistes et des personnalités du monde cinématographique qui prennent la parole pour critiquer le Parti et revendiquer une nouvelle histoire, puisque les historiens officiels sont encore majoritairement compromis avec le pouvoir[30]. Le Parti a alors réhabilité les intellectuels dissidents sous Brejnev, mais aussi la mémoire des gens de la classe politique exécutés par Staline. En libérant ainsi la mémoire, sorte d’anamnèse collective décrivant les atrocités commises par l’État soviétique dans le passé, la population russe, et surtout la classe politique, a développé un sentiment de culpabilité face à une collaboration avec un régime autoritaire et répressif[31]. La société russe s’est donc elle-même ouvertement dépeinte comme le bourreau de l’Union soviétique, mais l’aile conservatrice du Parti est peu encline à ressortir les erreurs du passé sur la place publique. Nombreux sont ceux qui entrevoient les troubles émotionnels et identitaires qui s’annoncent à l’horizon.

    L’hypermnésie et la dérive de la société soviétique (1989-1992)

    Le vieil adage soviétique qui dit qu’« on ne sait jamais de quoi hier sera fait »[32] montre bien toute la difficulté d’implantation d’une historiographie de plus en plus rigoureuse et scientifique. Lors de l’année scolaire 1988, le retrait des examens d’histoire dans les écoles et universités soviétiques témoigne de cette division concernant l’interprétation du passé dans les milieux académiques en URSS[33]. Avec l’ouverture, créée par Gorbatchev et invitant à la réécriture des « taches blanches de l’histoire », deux courants réactionnaires commencent à s’affronter publiquement quant à l’interprétation du passé soviétique, soit celui des conservateurs et celui des révisionnistes. Les conservateurs, aussi désignés sous l’appellation de « national-bolcheviques », réagissent fortement à la publication de pièces de théâtre, d’œuvres cinématographiques et de lettres publiques antistaliniennes. La réaction des historiens V. Gorbunov et V. Juravlev dénonçant une pièce de M. Chatrov, fortement axée sur une révision de l’histoire soviétique, témoigne de l’irritation d’une partie de la communauté historienne après les révélations issues de la glasnost[34]. Officiellement, les historiens soviétiques, plus proches de la vision de Gorbatchev et qui sont plus modérés conformément aux nouvelles demandes du Parti, tentent de « ne pas idéaliser, mais ne pas dramatiser » l’histoire soviétique[35]. Il s’agit d’un « éclectisme des plus et des moins » du passé socialiste[36]. D’éminents historiens, tels que I. A. Poliakov, V. P. Danilov, M. I. Kim, V. V. Zhuravlev, A. Kvacha et bien d’autres, font alors appel à une « appréciation mesurée » de l’histoire tenant compte des « difficultés objectives » auxquelles a dû faire face l’Union soviétique dans sa voie vers le socialisme[37]. Ces derniers s’opposent clairement à Iouri Afanassiev, recteur de l’Institut d’histoire et des archives de Moscou, à la tête d’un courant révisionniste plus radical. Ce dernier dénote l’importance du décalage « entre l’histoire vraie, “à usage privé”, et l’histoire “à usage public” [d’où] naît une véritable schizophrénie intellectuelle… »[38].

    Les effets de l’ouverture du régime se sont avérés dévastateurs pour la société soviétique, qui a subi un « dédoublement de conscience » par la révélation des mensonges du Parti et de l’ampleur des crimes de ce dernier[39]. Par la remise en cause du modèle stalinien et par la dénonciation de ses exactions, Nikita Krouchtchev d’abord, et Gorbachev ensuite, ont contribué à détruire l’histoire officielle qui faisait office de vérité absolue depuis le milieu des années 1930. L’ouverture du régime à la critique et au questionnement a permis à ceux qui ont été les victimes de l’État, dans les années 1930, 1940 et 1950, de se manifester et de rendre publique la mémoire de ce qu’ils ont vécu. Les personnes « plus âgées ont souvent perçu la dénonciation du stalinisme comme une mise en cause de toute leur vie, dont les sacrifices apparaissaient d’emblée dépourvus de toute valeur, tandis que l’accusation de complicité dans le silence rendra cette accusation encore plus lourde à supporter »[40]. Cette accusation de complicité se pose d’autant plus pour les gens de l’élite politique qui ont accompagné Staline dans sa dérive. C’est en partie ce « dédoublement de conscience » de la population russe, prise entre l’histoire officielle et les mémoires individuelles rendues publiques, qui a occasionné cette crise d’identité. En publiant des lettres ouvertes de lecteurs qui racontent leur enfance et en offrant une tribune aux écrivains de la dissidence, les journaux et revues permettent de mettre à jour ce décalage entre les mémoires et l’histoire, ce qui approfondit la crise. De plus, la télévision diffuse ce genre de discussions à des heures de grande écoute, ce qui élargit la portée du débat sur l’histoire et l’identité soviétiques[41]. Le cinéma, en tant que miroir de la société, est aussi influencé par ce malaise identitaire des années de la glasnost, mais, à partir de 1989, l’industrie cinématographique peine à produire des films assez rapidement pour refléter l’évolution constante de la critique populaire envers le régime[42].

    La vie privée comme refuge en URSS

    Cette question des mémoires individuelles nous amène sur le terrain de la confrontation entre la vie privée et la vie publique en URSS. Dans un contexte où les individus sont constamment confrontés à l’idéologie et au politique dans leur vie publique, le foyer peut être considéré comme une sorte de refuge à cette politisation de tous les instants. Selon une enquête sociologique réalisée entre 1989 et 1993, qui s’intitule L’homme soviétique ordinaire, entre le passé et l’avenir, une majorité de répondants affirme se réaliser pleinement à l’intérieur de la sphère privée. À la question « Qu’est-ce qui vous procure le plus de joie, de plaisir? », un nombre élevé de répondants a mentionné des occupations familiales, ménagères et personnelles. Un peu plus de la moitié des personnes interrogées, soit 52%, ont répondu « passer du temps avec les enfants »[43]. Il s’agit du plus haut taux de réponse à cette question. Les sept premières réponses concernent aussi des activités personnelles et familiales et recueillent toutes un minimum de 22% des répondants. Il est à noter que chaque personne pouvait donner plus d’une réponse. Ces résultats démontrent clairement la notion de plaisir associée à l’intimité de la sphère privée et la volonté de séparer la vie publique et privée[44].

    À ce titre, le documentaire Anna 6-18 du réalisateur Nikita Mikhalkov nous offre une certaine vision intimiste de la Russie, puisque le cinéaste nous ouvre les portes de son foyer en filmant sa fille entre 1980 et 1992. En effet, à la lumière des résultats de l’enquête que nous venons de citer, il est intéressant de constater que la jeune Anna offre de telles réponses à son père qui lui pose chaque année la même question, « Qu’est-ce que tu aimes le plus? ». C’est en 1982, à la mort de Brejnev, qu’Anna donne pour la première foi une réponse de cet ordre à son père. La petite Anna, alors âgée de 8 ans, répond à son père « J’aime quand tu es à la maison »[45]. Deux ans plus tard, en 1984, la journée même des funérailles de Youri Andropov, elle répond « J’aime quand on se réunit tous, qu’on parle de tout, qu’on débat, qu’on se dit tout »[46]. Anna reprend ce même thème en 1988, à la mort de sa grand-mère, lorsqu’elle affirme « Ce que j’aime le plus ? Ma famille. J’aime quand on est tous ensemble »[47]. Il y a donc, dans ses propos, une volonté de se retrouver en famille, une exaltation de la vie privée qui agit en quelque sorte comme refuge à la politisation accrue des individus. Toutefois, plusieurs éléments viennent démontrer que l’emprise du régime soviétique se reflète à l’intérieur même des foyers en Union soviétique, et que les enfants font eux-mêmes partie de ce processus.

    Rapidement dans le film Anna 6-18, on peut s’apercevoir que la jeune fille, à travers son processus d’éducation et de socialisation, est imprégnée par la sphère politique et par les dogmes du Parti qu’elle ramène à la maison, par exemple lors de la mort de dirigeants. Ainsi, elle incarne en quelque sorte, de même que tous les enfants en Union soviétique, une porte d’entrée de la sphère politique dans son foyer. Plusieurs efforts ont été menés dans les premières années de la révolution et dans les années 1930 pour déstabiliser la cellule familiale en socialisant, dès l’enfance, la jeunesse pour en faire de jeunes communistes. À ce titre, les Komsomols furent créés au tout début de la révolution, en octobre 1918, afin de servir de relève aux organes politiques du Parti[48]. Cette organisation de masse, la plus importante après les syndicats, permet la mobilisation d’une jeunesse endoctrinée pour mener à bien les campagnes du Parti. Elle permet aussi d’établir un lien direct entre le jeune et les hautes instances du régime soviétique par l’entremise de journaux qui leur sont spécialement destinés, comme le Komsomolskaya pravda. Cette façon de faire permet à l’État soviétique de déconstruire la cellule familiale afin d’isoler les individus pour en assurer leur loyauté. L’histoire de Pavlik Morosov et sa glorification par les autorités expriment bien cet état de fait[49]. Les travaux scientifiques de Diane P. Koenker, reprenant divers témoignages, font état de l’importance des jeunes communistes dans les campagnes de répression du Parti et de leur présence dans les brigades visant à faire respecter l’ordre dans les villages agricoles et dans les usines[50]. Pour ce qui est des grands centres, dans un contexte où les familles à faible revenu habitent majoritairement dans des appartements communautaires, et ce, jusque dans les années 1970 et 1980, la proximité accrue et les frustrations qui en découlent deviennent problématiques à plusieurs égards. Cette situation existe encore aujourd’hui pour les personnes âgées ou pauvres qui n’ont d’autres choix que d’habiter ces kommunalki[51]. D’autres facteurs permettent l’intrusion de l’État à l’intérieur des ménages soviétiques. C’est le cas notamment de la télévision qui, présente dans la quasi-totalité des ménages dans les années 1980, représente cette fenêtre ouverte du régime dans la sphère privée.

    La télévision est un élément central dans le quotidien de centaines de millions de personnes à travers le monde, et elle constitue l’organe de transmission de l’information par excellence dans les sociétés modernes de la fin du 20e siècle. En Union soviétique, la mise en place et le développement de cette technologie, dans les années 1960 et 1970, vont amener la télévision à supplanter le cinéma comme outil de propagande. Les investissements de l’État en matière de technologie télévisuelle vont plus que doubler entre 1966 et 1970, si bien qu’en 1969, 124 millions de citoyens soviétiques sur près de 70% du territoire peuvent écouter la télévision d’État[52]. Par contre, l’État renforce son contrôle sur cette industrie et s’oriente vers une centralisation accrue de la production, ce qui crée des tensions dans les centres locaux dont plusieurs seront d’ailleurs fermés. La télévision occupe aussi une place prépondérante dans le film Anna 6-18 de Nikita Mikhalkov, et ce à deux niveaux. Tout d’abord, parce qu’il écoute lui-même la télévision et qu’il se filme devant l’écran cathodique avec sa famille et, ensuite, parce qu’il utilise des archives télévisuelles qui ont été visionnées par des millions de citoyens soviétiques. D’un côté, il fait intervenir des images d’archives qui font en quelque sorte partie de la mémoire collective officielle et publique et, de l’autre, il se met lui-même en scène, à quelques reprises, comme acteur individuel de la société devant subir cette mémoire obligée. La télévision constitue alors un autre terrain où s’expose le décalage qui existe entre la mémoire privée et l’histoire officielle.

    Le décalage entre la mémoire privée et l’histoire officielle

    Après la mort de Brejnev en 1982, et encore plus après l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev, l’actualité évolue à un rythme effréné en URSS. Avec les réformes de la seconde moitié des années 1980, c’est toute l’industrie de l’audiovisuel et du journalisme qui doit changer ses méthodes et ses orientations. Appuyés par la nouvelle administration, les journalistes, les animateurs de bulletins d’information et les producteurs d’émissions de télévision vont aller de plus en plus loin dans la couverture des événements qui suscitent la controverse et dans la dénonciation des exactions du régime soviétique, tant actuelles que passées. C’est le cas notamment avec l’émission Douzième étage qui invite des hauts responsables de l’État à venir répondre, en direct, aux questions du public, et qui envoie des journalistes les traquer directement sur le terrain[53]. Ce genre de situation rend extrêmement mal à l’aise les dirigeants qui ne sont pas habitués à rendre des comptes, publiquement, à de simples citoyens soviétiques. Alors qu’ils prenaient auparavant le temps de définir un discours unique sur les événements, discours qui provenait des hautes sphères de l’État, la majorité des responsables sont complètement désorientés lorsqu’ils sont laissés à eux-mêmes devant les médias. Les gens qui écoutent religieusement ces nouvelles émissions deviennent beaucoup plus critiques en regard des actions du régime soviétique, et n’hésitent pas à faire ressortir le décalage qui existe entre les nouvelles révélations émanant du Parti et le discours qu’ils étaient habitués d’entendre.

    Mikhalkov fait référence à quelques reprises à ce décalage entre histoire et mémoire dans son film. Pourtant, alors que la majorité des citoyens soviétiques qui redécouvrent leur mémoire privée pour la rendre publique avaient été victimes de la répression du Parti, il n’en est rien pour la famille Mikhalkov. La seule référence à une certaine persécution des autorités envers les Mikhalkov remonte à la révolution elle-même, alors que son père dut modifier son nom afin d’éviter les ennuis. Pourtant, un important passage du film relate cette question du décalage entre vie privée et publique en URSS. Le réalisateur y présente des séquences où l’on voit des membres du Parti qui entonnent l’Internationale sans trop de conviction, et qui ont l’air plutôt absents, voire indifférents. Mikhalkov entrecoupe cette scène avec des images d’hommes soviétiques qui attendent dehors par grand froid, cigarette à la main. On entend alors, en narration, la phrase suivante : « On dit que les chants sont l’âme d’un peuple, mais jamais le peuple n’entonnait ces chants officiels »[54]. Le réalisateur enchaîne ensuite avec des images de maisons et des cheminées qui fument au loin, alors que la narration poursuit : « Et sous ces toits, c’est une autre vie qui s’écoulait et d’autres chansons qui résonnaient. Et tout le monde attendait que se réalisent les paroles prophétiques de l’hymne du Parti »[55]. Cette scène décrit bien la distance qui sépare le discours officiel des autorités soviétiques de la réalité quotidienne de la population, et explique, par la même occasion, le marasme populaire et la désillusion qui règnent en URSS. La société soviétique est mûre pour une transition en termes de gouvernance, au début des années 1990, mais cette transition doit aussi s’accompagner d’une métamorphose sur le plan identitaire. Cette transformation passe inévitablement par un changement de paradigme concernant l’histoire de la Russie.

    En conclusion, le processus d’anamnèse qui anime le peuple soviétique à la fin des années 1980 prend en partie racine dans les cercles restreints où circulent les idées de la dissidence ainsi qu’à travers la mémoire des familles qui ont subi la répression du régime durant la période stalinienne. La libération des mémoires et l’intégration, dans la vie publique, d’une certaine partie des acteurs de la dissidence en URSS seront certainement des facteurs déterminants dans la chute du régime communiste. De plus, l’utilisation des médias de masse par l’équipe de Gorbatchev a grandement accéléré ce processus de réminiscence du passé qui a débouché, entre 1989 et 1992, sur une période d’hypermnésie. En effet, les autorités ont complètement perdu le contrôle de l’histoire et de l’interprétation du passé, soit la plus importante source de légitimité de l’État. Ce décalage entre la mémoire privée rendue publique et l’histoire officielle a créé un certain malaise identitaire lié à l’absence de réponses à des questions aussi fondamentales que « Qui sommes nous ? », « Où allons nous ? » et « Pourquoi ? ». Le cinéma, qui constituait une importante industrie de représentation du rêve soviétique et qui se devait de répondre à ces questions fondamentales, s’est rapidement transformé en une industrie de reproduction du réel, ce qui a contribué à la destruction de l’utopie socialiste. D’un autre côté, la mise en place d’un journalisme de plus en plus indépendant des structures de l’État a aussi permis l’émergence d’une opinion publique soviétique alimentée par les acteurs de la dissidence et qui s’est précipitamment tournée contre le régime qui l’avait autorisée. Cette prise de conscience publique concernant la réalité de l’Union soviétique, c’est-à-dire de son histoire violente et des mensonges des dirigeants qui se sont succédé, a certainement constitué un facteur déterminant dans la destruction de l’identité socialiste et dans la montée du nationalisme russe. Pourtant, si l’on prend la peine d’analyser la présidence de Vladimir Poutine, on peut rapidement s’apercevoir que certains traits constitutifs de la société soviétique jugés honteux n’ont pas été complètement écartés.

    Références

    [1] Nicholas. V. Riasanovsky, Histoire de la Russie, Des origines à 1992 (Paris, P.R. Lafont, coll. “Bouquins”, 1994, 5e éd.), p. 491-492.

    [2] Henry Rousso, « Vers une mondialisation de la mémoire », Vingtième siècle, vol. 94, no 2 (2007), p. 7.

    [3] Id.

    [4] Id.

    [5] Nicolas Werth, « La transparence et la mémoire, les Soviétiques à la recherche de leur passé », Vingtième siècle, no 21 (janvier-mars 1989), p. 6.

    [6] Paul Ricoeur, « Passé, mémoire et oubli », dans Martine Verlac, Histoire et mémoire, Grenoble, CRDPAG, 1998, p. 33.

    [7] Nicolas Werth, Histoire de l’Union Soviétique (Paris, Presses Universitaires de France, coll. Thémis histoire, 1992, 2e éd. (1990)), p. 248.

    [8] Maria Ferretti, « Le Stalinisme entre histoire et mémoire : le malaise de la mémoire russe », Matériaux pour l’histoire de notre temps, vol. 68, no 68 (2002), p. 68.

    [9] Moshe Lewin, Le siècle soviétique, Paris, Fayard, 2003, p. 194.

    [10] Hélène Carrère d’Encausse, Le pouvoir confisqué, gouvernant et gouvernés en URSS, Paris, Flammarion, 1980, p. 182-183.

    [11] N. Werth, Histoire de l’Union soviétique…, p. 459.

    [12] N. Werth, Histoire de l’Union soviétique…, p. 451.

    [13] Brigitte Studer, Berthold Unfried et Irene Hermann, Parler de soi sous Staline : constructions identitaires dans le communisme des années trente, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, coll. “COLLOQUIUM”, 2002, p. 9.

    [14] N. Werth, Histoire de l’Union soviétique…, p. 476.

    [15] Ibid.

    [16] Kristian Feigelson, L’URSS et sa télévision, Paris, Institut National de l’audiovisuel, 1990, p. 65-66.

    [17] N. Werth, Histoire de l’Union soviétique…, p. 421.

    [18] Edouard Garbe, De Staline à Poutine. La Perestroïka. La chutte de l’URSS et les changements dans la société russe. Vladimir Poutine, 1953-2006, Paris, Édition Publibook Université, coll. “Droit & Sciences-Politiques, Politique étrangère”, 2006, 2e éd., p. 48.

    [19] Ibid., p. 49.

    [20] Ibid., p. 75-76.

    [21] Riasanovsky, Histoire de la Russie…, p. 655.

    [22] Marianne Lépine, « Politique socio-culturelle en Lituanie soviétique : les années soixante-dix », dans Céline Gervais-Francelle, dir., Russes, Slaves et Soviétiques: Pages d’histoire offertes à Roger Portal, Paris, Institut d’études Slaves, 1992, p. 315-316.

    [23] N. Werth, Histoire de l’Union soviétique…, p. 513.

    [24] Birgit Beumers, « Cinemarket, or the Russian Film Industry in “Mission Possible” », Europe-Asia Studies, vol. 51, No 5 (1999), p. 874.

    [25] Dmitry et Vladimir Shlapentokh, Soviet cinematography, 1918-1991 : ideological conflict and social reality, New York, Éditions A. de Gruyter, 1993, p. 177.

    [26] Louis Menashe, « Glasnost in the soviet cinema », Cineaste, vol. 16, (1987-88), p. 3.

    [27] Shlapentokh, Soviet cinematography…, p. 177.

    [28] L. Ferretti, « Le Stalinisme…», p. 70-71.

    [29] Menashe, « Glasnost… », p. 3.

    [30] N. Werth, « La transparence et la mémoire… », p. 16.

    [31] Lucia Ferretti, « La mémoire refoulée, la Russie devant le passé stalinien », p. 267. Dans Nazisme et Communisme, deux régimes dans le siècle, Marc Ferro, dir. France, Hachette, 1999, 278 p.

    [32] Alain Brossat, Le stalinisme entre histoire et mémoire, Paris, Aube, 1991, p. 107.

    [33] N. Werth, Histoire de l’Union soviétique…, p. 520.

    [34] N. Werth, « La transparence et la mémoire…», p. 14.

    [35] Id.

    [36] Ibid., p. 15.

    [37] Id.

    [38] Ibid., p. 21.

    [39] L. Ferretti, « Le Stalinisme…», p. 68.

    [40] L. Ferretti, « La mémoire refoulée…», p. 266. Dans M. Ferro, Nazisme et communisme…, 278 p.

    [41] K. Feigelson, L’URSS et sa télévision…, p. 95-96.

    [42] Shlapentokh, Soviet cinematography…, p. 181.

    [43] Youri Levada, L’homme soviétique ordinaire, entre le passé et l’avenir, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1993, p. 67.

    [44] Ibid., p. 62.

    [45] Nikita Mikhalkov, Anna 6-18, Enregistrement vidéo, Moscou, Studio TriTe, 1994. 1 cassette : 99 min., son, coul., VHS, 30 :10.

    [46] Mikhalkov, Anna 6-18…, 33 :02.

    [47] Mikhalkov, Anna 6-18…, 1 :03 :40.

    [48] [S.A], « Komsomols », Encyclopédie Universalis, Paris, [en ligne], http://www.universalis.fr/encyclopedie/T318115/KOMSOMOL.htm [consulté le 20 janvier 2009],

    [49] Pavlik Morozov est un jeune garçon qui dénonça son père aux autorités soviétiques dans les années 1930 et fut tué dans son village. Plusieurs membres de sa famille furent arrêtés par la suite et Pavlik fut élevé au rang de héros national. Voir : Sheila Fitzpatrick, « Signals from Below: Soviet Letters of Denunciation of the 1930s », The Journal of Modern History, vol. 68, No 4 (Dec., 1996), University of Chicago Press, p. 833.

    [50] Diane P. Koenker, « Fathers against Sons / Sons against Fathers: The Problem of Generations in the Early Soviet Workplace », The Journal of Modern History, vol. 73, no 4 (dec., 2001), p. 781-810.

    [51] Géraldine Pavlov, « Kommunalka : L’enfer c’est les autres… », Regard sur l’Est, 2006, [en ligne], http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=557. [consulté le 28 janvier 2009]

    [52] K. Feigelson, L’URSS et sa télévision…, p. 65-66.

    [53] Martin Walker, « Seeing red », The Listener, Londres, British Broadcasting Corporation, vol. 120, no 4007 (1988), p. 4.

    [54] Mikhalkov, Anna 6-18…, 22 :25.

    [55] Mikhalkov, Anna 6-18…, 22 :35.