Éduquer les adolescentes québécoises sur la contraception en 1980 : analyse du magazine Filles d’Aujourd’hui

Catherine Dumont-Lévesque
Candidate à la maîtrise en histoire à l’Université de Sherbrooke

Résumé : L’article que je propose s’intéresse à l’histoire de la contraception chez les adolescentes au Québec et, plus largement, à la conception de la sexualité adolescente au courant de la décennie 1980. La source que j’ai analysée dans le cadre de cette recherche, la revue Filles d’Aujourd’hui, constitue à l’époque une première source d’informations sur la contraception, la sexualité et les relations amoureuses hétérosexuelles. Après ce que certain.e.s historien.ne.s ont appelé la « révolution sexuelle » des années 1970, cette revue donne un aperçu intéressant sur les amours adolescentes de la décennie suivante et sur la méfiance qu’elles inspirent chez la génération plus âgée. 

 

Table des matières
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    Introduction

    L’article que je propose s’intéresse à l’histoire de la contraception chez les adolescentes québécoises et, plus largement, à la conception de la sexualité adolescente au courant de la décennie 1980. La source que j’ai analysée pour cette recherche, le très populaire magazine Filles d’Aujourd’hui, constitue à l’époque une source d’informations inédite sur les méthodes de contraception. Il s’agit surtout d’un espace où les lectrices peuvent poser anonymement toutes les questions gênantes concernant la sexualité (hétérosexuelle) qu’elles n’osent pas adresser à leurs proches. Alors que les générations précédentes ont manqué d’informations sur leur sexualité et sur les méthodes de contraception, les adolescentes de la décennie 1980 bénéficient pour la première fois d’un espace d’échanges de conseils et d’un accès à tout ce qu’elles ignorent sur leur corps. Que traduisent tous ces conseils sur la sexualité? Comment conçoit-on le rôle des adolescentes dans l’activité sexuelle? Et, surtout, les informe-t-on en souhaitant qu’elles développent une sexualité épanouie, ou plutôt pour qu’elles prennent en charge la contraception? Malgré la quantité substantielle d’informations sur les méthodes de contraception fournie par Filles d’Aujourd’hui, la sexualité féminine est toujours essentialisée, limitée au monde des émotions à l’instar des représentations classiques du désir féminin — ou plutôt de sa traditionnelle absence. Même si les adolescentes font l’objet d’une moins grande surveillance que la génération de leurs mères lorsqu’elles avaient leur âge, les magazines qui s’adressent à elles font toujours la promotion d’un idéal de pureté et de maîtrise de soi. Surtout, la contraception est généralement perçue comme une responsabilité féminine et le ton emprunté afin d’en parler est souvent moralisateur. Force est de constater que les jeunes filles sont perçues comme plus vertueuses que leurs partenaires masculins et que l’on compte davantage sur elles pour planifier les relations sexuelles. 

    Survol historiographique 

    L’histoire de la contraception est un sujet d’études somme toute récent. Depuis les années 1970, les chercheuses et les chercheurs s’intéressent de plus en plus à l’expérience individuelle des femmes et aux stratégies qu’elles ont trouvé à travers le temps afin de réguler les naissances. L’historienne Denyse Baillargeon s’est penchée sur cette question dans un chapitre de l’ouvrage collectif Une histoire des sexualités au Québec[1] ainsi que dans la synthèse Brève histoire des femmes au Québec[2] où elle décrit entre autres la difficulté des femmes à prendre le contrôle de leur corps devant la loi. L’information sur la contraception reste longtemps inaccessible et sa distribution illégale, sans parler l’avortement qui figure au Code criminel jusqu’en 1988. Au moins jusqu’au seuil de la Révolution tranquille, l’opinion publique au Québec conçoit le rôle des femmes dans la société comme étant essentiellement celui de mères et d’épouses. Refuser ce rôle « naturel » de mère contrevient au rôle traditionnellement attribué aux femmes, d’où la grande résistance des autorités gouvernementales et cléricales devant la circulation d’informations concernant la contraception. La procréation semble à ce point liée à la sexualité des femmes dans l’esprit des gens que ces dernières devront bien souvent se débrouiller elles-mêmes pour éviter les grossesses multiples. 

    Le mémoire de maîtrise de l’historienne Myriam Gagné propose une analyse fort intéressante de l’histoire de la contraception dans la région de Kamouraska[3]. En réunissant les témoignages de nombreuses femmes dans la cinquantaine sur leur expérience de la maternité, de la régulation des naissances et plus largement sur leur sexualité durant leur jeunesse, ce mémoire traduit le manque de contrôle et d’informations auquel elles faisaient alors face. À l’âge de l’entrée dans la sexualité hétérosexuelle (c’est-à-dire au moment de leur mariage), plusieurs des personnes interviewées ignoraient pratiquement tout de ce qu’elles s’apprêtaient à découvrir. À l’époque et dans ce milieu, on parlait très peu de maternité, de sexualité et encore moins de contraception, même dans l’intimité. Dans l’esprit de plusieurs des femmes interviewées, leur sexualité était nécessairement liée à la procréation ou, du moins, elle servait davantage à faire des enfants qu’à avoir du plaisir. Cette importante étude permet un double regard d’introspection : à la fois celui des femmes interrogées sur leur sexualité passée, mais aussi une comparaison avec ce que  la société québécoise d’aujourd’hui permet ou interdit toujours aux femmes. 

    Aux éditions du remue-ménage, l’ouvrage Louise Desmarais, La bataille de l’avortement[4], retrace les événements-clés des luttes féministes et du militantisme des femmes québécoises afin d’obtenir ce droit. Dans cette étude, la décennie 1980 apparaît justement comme un moment décisif du combat pour l’avortement libre. Contrairement à l’idée générale selon laquelle ces années qui succèdent au féminisme radical sont plus silencieuses et plus calmes, Desmarais démontre bien que les mouvements de femmes font toujours progresser les causes relatives au corps féminin et intègrent de nouvelles questions à la pensée féministe, notamment celle de l’intersectionnalité. Dans le milieu communautaire également, on voit apparaître de nombreuses initiatives pour améliorer la santé sexuelle des femmes, comme les centres pour survivantes d’agressions sexuelles. La mise à disposition de ces ressources prouve que les femmes se mobilisent pour offrir des services de santé sexuelle de plus en plus perçus comme étant essentiels. 

    D’autre part, de nombreuses sociologues se sont penchées sur la forme que prennent les magazines féminins pour adolescentes, sur leur hétérosexisme, leur tendance à essentialiser les genres et à en discuter comme si une cloison imperméable séparait filles et garçons. La chercheure Christelle Lebreton s’est intéressée aux clichés sexuels présents dans les revues québécoises pour adolescentes du début des années 2000[5]. Son mémoire de maîtrise discute notamment de la tendance qu’ont ces journaux à présenter des modèles qui ne rompent pas nécessairement avec les représentations plus traditionnelles de la féminité, même si ceux-ci se veulent jeunes et frais. La sociologue Caroline Moulin a également écrit sur les rôles de genres présentés dans les revues adolescentes[6]. Elle discute dans cet ouvrage de la difficulté à reconnaître la légitimité du désir féminin et de son attribution systématique au besoin d’amour, à la sensibilité, etc. 

    Marjorie Ferguson présente, quant à elle, une étude pionnière sur la forme des magazines féminins qu’elle compare à une religion[7]. Ce genre de littérature propose aux femmes des modèles qui ont quelque chose de saint et leur suggère de reproduire les mêmes gestes aux mêmes endroits et aux mêmes heures, comme pour un rituel religieux. La nature prescriptive de revues féminines est aussi relevée par l’autrice : si les conseils sont donnés sur le ton d’une amie ou d’une parente bienveillante, ils contribuent tout de même à influencer les comportements. Bien qu’apolitiques à le première lecture, ces journaux ont une fonction éducative très importante qu’on ne doit pas négliger. 

    Les sources analysées

    La quantité d’articles abordant les méthodes de contraception et l’appréhension face aux relations sexuelles est substantielle dans la revue étudiée. En fait, Filles d’Aujourd’hui est largement centré sur la romance hétérosexuelle et tout ce qui peut en découler, du moins au cours des neuf premières années de son existence (1980-1989). Chaque numéro consacre un certain nombre de pages[8] à l’éducation des jeunes filles sur leur système reproductif, leur cycle menstruel et les différentes méthodes de contraception. Non seulement la revue publie-t-elle spécialement à ce propos, mais les échanges entre lectrices et courriéristes portent souvent sur le sujet des relations sexuelles et de la contraception. Chaque numéro présente un espace « courrier » où les lectrices posent des questions relatives à la sexualité ou à l’amour. Les échanges épistolaires permettent à la fois de saisir quelles sont les préoccupations des adolescentes face à la sexualité, mais aussi de voir quels comportements sont attendus d’elles dans la réponse des courriéristes qui agissent en tant qu’autorité morale, désapprouvant ou félicitant les jeunes selon ce qu’elles décrivent. Il est important de mentionner qu’on ne sait pas toujours qui sont les personnes qui écrivent pour le magazine car les articles ne sont pas tous signés. Aussi, de nombreux « expert.e.s » comme des sexologues ou des psychologues sont parfois sollicité.e.s afin d’appuyer certains propos, mais celles/ceux-ci ne sont pas toujours nommés. 

    Dans le paysage littéraire québécois, Filles d’Aujourd’hui profite d’un certain monopole jusqu’au milieu des années 1990 où d’autres revues du même genre se mettent à apparaître et à gagner en popularité. Au cours de la décennie qui nous intéresse, cependant, le magazine constitue l’une des seules revues spécialement adressées aux adolescentes —et probablement l’un des seuls espaces où les jeunes filles peuvent parler de leur sexualité dans l’anonymat et recevoir des réponses à leurs questions sans passer par leurs parents ou leurs ami(e)s. Les courriéristes, qui sont parfois des sexologues ou des psychologues, prennent le ton d’une conseillère ou d’une adulte de confiance. Les réponses fournies n’ont donc rien d’anodin : elles sont en quelque sorte le reflet de ce que la société d’alors pense des enjeux soulevés par les jeunes qui s’adressent à la revue. 

    Si les magazines féminins constituent une source historique délaissée, c’est bien souvent parce qu’ils ne renseignent que sur l’intime, le privé et les relations interpersonnelles. Les sujets abordés semblent souvent futiles et apolitiques, mais au contraire, les journaux féminins sont en réalité des agents de socialisation —c’est-à-dire qu’ils contribuent à modeler les comportements. Fait intéressant à propos de ce type de magazines, c’est qu’il n’existe pas d’équivalent pour les garçons et les hommes. Comme l’explique la sociologue Marjorie Ferguson, l’existence même de ces magazines suggère que les femmes ont besoin de se faire enseigner la féminité, tandis que les hommes savent déjà comment performer la masculinité[9]. Les revues féminines semblent parler de sujets absolument futiles, mais, paradoxalement, ces journaux suggèrent des conduites et en condamnent d’autres. La possibilité que certains parents puissent feuilleter les numéros de la revue avant de laisser leur fille les consommer fait peut-être aussi en sorte que l’information est filtrée et présentée de manière lissée ou édulcorée. Enfin, la forme des échanges que permet Filles d’Aujourd’hui, son lectorat exclusivement féminin, la quantité impressionnante d’informations que celle-ci fournit sur les sujets les plus tabous en font une source historique de choix pour le sujet de ma recherche. La grande popularité de la revue est aussi une caractéristique à souligner. Filles d’Aujourd’hui agit comme un espace de consécration pour les jeunes vedettes québécoises et vend du rêve à son lectorat en interviewant les mannequins célèbres et les stars du rock. De toute évidence, son lectorat âgé de douze à vingt ans est composé de jeunes femmes de classes sociales variées. Dans les échanges épistolaires, les filles qui signent leurs lettres viennent aussi bien de Montréal que de Rimouski ou de Val-d’Or. Cette diversité prouve que le magazine est populaire et consommé à peu près partout au Québec, et même dans la province bilingue du Nouveau-Brunswick.

    Appréhender et planifier la sexualité

    Comme l’explique Myriam Gagné dans son mémoire de maîtrise, c’est plus particulièrement au cours de la période de 1960 à 1980 que l’accès à la pilule contraceptive se démocratise au Québec[10]. Pour la première fois, et ce même si l’Église catholique continue de condamner son usage[11], les Québécoises disposent d’une méthode de contraception réellement efficace et relativement accessible. D’ailleurs, à partir de la deuxième moitié des années 1960 au Québec, 90% des femmes utilisent une forme de contraception[12]. Les années 1970 et 1980 sont des années de lutte intense pour que les Québécoises jouissent d’un plus grand contrôle sur leur corps, qu’il s’agisse de la diffusion de l’information sur la contraception ou de la bataille pour l’avortement[13]. La grande résistance que les groupes de militantes rencontrent de la part du gouvernement, des médecins, et des groupes pro-vie[14] prouve que même si l’influence de la religion catholique en ce qui concerne la maternité, la contraception et l’avortement s’est considérablement amoindrie au cours des années précédentes, d’autres institutions maintiennent et perpétuent ses positions. Dans l’imaginaire sexuel proposé par la revue, exprimer sa sexualité à un âge jeune n’est pas perçu comme une chose immorale, mais elle est généralement désapprouvée. Même si, pour la première fois de l’histoire du Québec, les générations plus jeunes peuvent envisager la possibilité d’expérimenter la sexualité avant l’âge du mariage, les mentalités ne changent pas aussi rapidement chez les personnes plus âgées qui n’ont pas connu cette liberté. 

    Par exemple, en 1977, à l’occasion d’un Festival de la vie organisé à Ottawa, la Dre Thérèse Martel-Jutras, fondatrice et ex-présidente de l’Association des médecins du Québec pour le respect de la vie (AMQRV) affirme que le chaos social est lié à « la permissivité sexuelle et le concubinage de l’amour libre chez les jeunes[15]». Cette déclaration traduit toute la sensibilité de la question de la sexualité adolescente et de la méfiance avec laquelle celle-ci est envisagée par les générations plus précédentes. À bien des égards, Filles d’Aujourd’hui reflète cette position qui pathologise la sexualité adolescente, mais plus particulièrement la sexualité féminine. Au cours des cinq premières années de la revue, surtout, les adolescentes sont difficilement reconnues comme des personnes qui peuvent éprouver du désir sexuel. Plus les années avancent, cependant, plus le discours s’assouplit et admet que les jeunes filles puissent avoir des relations sexuelles, mais sous certaines conditions : avec un partenaire masculin, dans le cadre d’une relation de longue date et en ayant planifié d’utiliser une méthode de contraception. 

    Les personnes qui écrivent pour la revue conseillent généralement aux lectrices qui disent vouloir faire l’amour avec leur « ami » d’attendre. Dans les premières années de la revue (1981-1982), on évoque la possibilité pour les filles de se préserver jusqu’au mariage, mais cette idée s’estompe au fil des années. Néanmoins, la sexualité est présentée comme une chose qu’il faut craindre plutôt qu’envisager avec curiosité[16]. On retrouve dans les dossiers consacrés à la sexualité cet effet de pente fatale exprimé précédemment par Thérèse Martel-Jutras : 

    La plupart des jeunes qui font l’amour pour la première fois n’emploient pas de contraceptif. Mais d’autres problèmes peuvent surgir lorsque des jeunes, immatures, font l’amour. […] Les premières relations sexuelles, les relations sexuelles précoces, s’accompagnent d’excitation et d’appréhension. Si l’on ajoute à cela que ces expériences se passent dans des autos ou dans des endroits peu confortables, elles se transforment en rencontres décevantes qui n’engendrent que regrets. Il en résulte que beaucoup de jeunes se jugent maladroits, impuissants, frigides, homosexuels et le reste[17].

    Sans ordonner explicitement aux jeunes filles de ne pas avoir de relations sexuelles, les personnes qui écrivent pour la revue soulignent les risques qui peuvent découler des comportements jugés « irresponsables ». On parle souvent des conséquences désastreuses que peuvent engendrer une rencontre sexuelle avec un partenaire qu’on connaît peu ou des dangers liés aux relations sexuelles non protégées. En général, évoquer l’entrée dans la sexualité hétérosexuelle s’accompagne d’une sérieuse mise en garde. Selon le discours analysé, la liberté dont profitent les jeunes et leur penchant pour le sexe sont de véritables fléaux sociaux : 

    Les adolescentes sont plus malades qu’elles ne l’étaient autrefois. Les changements qui bouleversent notre société sont en partie responsables : l’usage de plus en plus répandu de l’alcool et de drogues, les problèmes de famille et l’impact de la révolution sexuelle. Souvent mal équipées pour s’adapter à ces changements sociaux, les adolescentes se retrouvent avec une foule de problèmes médicaux et émotifs. Des milliers d’adolescentes deviennent enceintes chaque année, et deux sur trois donnent naissance à un enfant. Le risque de maladie reliée à la grossesse ou de mort à l’accouchement est beaucoup plus grand chez les mères adolescentes. Le taux de mortalité maternel chez les filles en bas de 15 ans est deux fois plus élevé que celui des mères âgées de 20 à 24 ans. Des mères adolescentes sont plus susceptibles de souffrir de graves maladies du sang […] [18].

    Malgré cette exacerbation de la notion de danger qui entoure la sexualité (et le titre très évocateur de l’article), on continue tout de même de fournir énormément d’informations sur la contraception. C’est comme si on visait en réalité la réduction des méfaits : puisqu’on estime que les jeunes filles auront des relations sexuelles malgré les nombreux avertissements, on pense qu’il vaut mieux qu’elles sachent comment leur corps fonctionne. Cela n’empêche pas le ton de la revue d’être culpabilisant lorsque des lectrices rapportent avoir eu une relation non protégée ou avoir fait l’amour avec un partenaire qu’elles ne connaissaient pas beaucoup. Les auteur.e.s de la revue insistent beaucoup sur la notion de contrôle de soi et sur l’importance de planifier les rapports sexuels : 

    Si une fille a une relation sexuelle sans préparation ou planification alors elle n’est pas vraiment prête. Les maladies transmises sexuellement et les grossesses sont choses fréquentes. La pratique sexuelle ne se fait pas sans mûre réflexion et elle implique de prévoir avant de s’y adonner une méthode ou moyen de contraception et des mesures d’hygiène. Mais des filles ne peuvent pas prendre ces précautions car ce serait admettre alors leur sexualité. « Se faire prendre », se « laisser emporter » ou « perdre la tête » sont des phrases qui servent d’excuses, des excuses pour nier la vérité sur son comportement sexuel ou pour éviter la responsabilité de la contraception. Rappelle-toi que NON est le meilleur contraceptif oral[19].

    Il semble évident que la discipline est nécessaire afin de projeter l’image d’une jeune fille respectable et que les lectrices ont toujours un certain devoir de pureté à respecter selon l’équipe éditoriale[20].

    Dans une société néo-libérale où les individu(e)s doivent être en charge d’eux et d’elles-mêmes[21], responsabiliser les jeunes filles à cet âge sur la contraception sert à éviter la foule de problèmes sociaux qui ont été mentionnés plus tôt : les maladies transmises sexuellement (la propagation du sida qui fait rage à l’époque, surtout), les grossesses involontaires, les avortements qui sont illégaux jusqu’en 1988[22] mais pratiqués en grand nombre dans certaines cliniques, etc. Enfin, on exacerbe la notion de danger en culpabilisant les jeunes filles lorsqu’elles rapportent avoir eu une relation non-protégée ou non planifiée et on leur présente les relations sexuelles comme une chose qu’il faut éviter de prendre à la légère. Les adolescentes sont perçues comme celles qui devraient s’assurer du bon déroulement des relations sexuelles, ou s’abstenir d’en avoir si elles souhaitent incarner le modèle de la bonne fille. Stimuler la vigilance des filles est en fait une façon de limiter les « dégâts ».

    Effacer le désir féminin 

    Les propos de Filles d’Aujourd’hui présentent les jeunes femmes comme plus vulnérables devant le désir de leurs partenaires. Elles doivent se tenir vigilantes face aux intentions des garçons qui ont davantage tendance à vouloir expérimenter la sexualité sans se préoccuper de leurs sentiments. Plusieurs des mises en garde transmises par les personnes qui écrivent pour la revue concernent les pulsions sexuelles des garçons. Pour les filles, ces besoins sexuels masculins seraient difficiles à comprendre à cause de leur « nature » féminine, et en raison de leur naïveté. Selon Filles d’Aujourd’hui, les femmes sont naturellement portées vers les sentiments et les émotions plutôt que vers le sexe, la plupart d’entre elles n’appréciant pas particulièrement cette activité : 

    Peu d’adolescentes éprouvent du plaisir dans les relations sexuelles. […] La plupart des filles, même après avoir fait l’expérience de l’amour, ne pensent pas que c’est formidable. Elles avaient surtout comme motivation la crainte d’être rejetées si elles ne consentaient pas; le besoin de se croire désirables; le désir de plaire au garçon et le besoin de se sentir près de quelqu’un. D’autre part, le garçon se laisse souvent motiver par le grand défi de la conquête, la curiosité, le besoin de dominer et de se le prouver à lui-même.[23]

    Pour les filles, la volonté d’avoir des relations sexuelles est généralement attribuée à un besoin d’amour ou d’attention, tandis qu’on reconnaît que l’affirmation de la virilité, pour les garçons, passe par le sexe :  « Chez les jeunes garçons, souvent, toutes leurs performances et leurs qualités sont basées sur le fait qu’ils ont ou pas des relations sexuelles. Et souvent sur le fait qu’ils en ont plusieurs ou peu[24]». Non seulement les pulsions sexuelles des jeunes filles sont-elles biffées de l’imaginaire sexuel de la revue, mais elles sont aussi pathologisées, comme si les adolescentes n’étaient pas censées éprouver ce genre de choses. Aucun scénario ne présente la possibilité pour une jeune femme d’avoir plusieurs partenaires sexuels à la fois ou d’avoir des relations sexuelles sans être profondément amoureuse de son partenaire[25]. Cette question est tout simplement écartée pour laisser toute la place à la romance hétérosexuelle et à l’adoration des garçons, comme si c’était la seule manière d’entrer en relation avec eux[26]. Pour ces derniers, l’idée qu’ils puissent vouloir plusieurs copines pour épater leurs camarades est généralement bien acceptée et justifiée par leur nature virile. 

    Pour expliquer cet écart considérable entre les ressentis des filles et des garçons, c’est la notion de « natures » fondamentalement différentes qui est utilisée. Cette conception, évidemment, n’est pas nouvelle. Elle sert aux éducatrices et aux éducateurs des années 1960 et des générations suivantes pour justifier le rôle du père dans le développement des garçons, la psyché féminine étant à ce point aux antipodes de celle masculine qu’elle ne peut être utilisée comme modèle pour les fils dans la cellule familiale[27]. Cette idée de « natures » crée une réelle dichotomie entre la manière dont devrait s’exprimer la sexualité des garçons versus celle des filles. Aux garçons, la liberté d’exprimer leurs envies et de rechercher activement les expériences sexuelles, aux filles, la responsabilité de planifier les relations sexuelles si elles en ont et de s’assurer de l’engagement sincère de leur partenaire. Il semble surtout improbable que les adolescentes s’engagent dans la sexualité sans d’abord éprouver l’envie de plaire, d’être aimées : « Il y a risque de drame quand deux personnes qui ont des conceptions différentes sur l’engagement sexuel se rencontrent. Pour une fille, cela peut vouloir dire une preuve d’amour. Pour un garçon, il peut d’abord s’agir d’une affirmation de lui-même[28]». Le désir des garçons est montré comme impérieux, urgent, en opposition aux motivations des filles qui sont plus sérieuses, qui ont tendance à considérer l’engagement sexuel comme une étape importante. 

    Chez les jeunes filles, le désir ou la sexualité sont forcément liés aux sentiments : elles n’éprouvent pas nécessairement de désir sexuel, elles veulent simplement de l’attention, de l’engagement et de l’amour, tandis que les garçons tiennent à affirmer leur masculinité : 

    Tu vas sûrement être d’accord avec moi : les gars sont bien différents de nous par rapport à la sexualité. Quelquesfois [sic], on peut avoir l’impression qu’ils ne pensent qu’à ça. Alors que pour nous, c’est autre chose. Ce qui compte vraiment c’est l’amour. Bien sûr, le sexe est une réalité et nous avons certains désirs mais ce que nous ressentons ce sont d’abord des sentiments. Le goût de se rapprocher sexuellement vient par la suite. Les gars ne semblent pas fonctionner de la même manière. La sexualité prend pour eux une dimension inconnue alors que l’amour ne semble pas revêtir la même importance. […] Aussi avons-nous souvent de la difficulté à les comprendre[29]

    Dans le contexte des années 1980 au Québec, où les fréquentations adolescentes sont possibles, moins surveillées qu’au cours des décennies précédentes et où les espaces de sociabilité sont moins compartimentés, souvent mixtes[30], détourner les filles du monde de la sexualité correspond certainement à une manière de s’assurer qu’elles n’auront pas d’accident de parcours[31]. Ne pouvant compter sur les garçons qui sont trop impulsifs et pour qui la sexualité est irrésistible, les personnes qui écrivent pour la revue trouvent plus sage de se tourner vers les filles car il est plus simple de les éduquer. La responsabilité et le sérieux avec lequel les adolescentes abordent les relations sexuelles sont la clé de voûte de l’ordre social : elles sont garantes de la reproduction des rôles sexuels qui les placent comme objets du désir des garçons, désir auquel elles ne doivent pas répondre immédiatement —ou, du moins, pas sans avoir d’abord pris leurs précautions.

    En oblitérant la question du désir sexuel féminin, on retire aux filles une bonne excuse si elles ont des relations sexuelles non planifiées et qu’un accident survient. Elles sont bien averties de ne pas faire confiance aux garçons : 

    Pour plusieurs gars, la seule chose qui semble avoir de l’importance c’est le sexe. Ils peuvent dire à une fille qu’ils l’aiment mais dans le fond tout ce qu’ils veulent c’est faire l’amour avec elle. Alors que pour nous, les filles, ce qui compte vraiment ce sont les sentiments. La sexualité vient après. […] Effectivement, à la période de l’adolescence, le sexe semble plus important pour les gars que pour les filles. […] Les désirs sexuels de l’adolescent sont en général assez élevés. Il peut ressentir du désir pour une fille qu’il n’aime pas[32]

    Cette même équation ne fonctionne pas pour les adolescentes : selon le discours analysé, elles ne peuvent avoir envie d’une relation sexuelle avec un garçon qu’elles n’aiment pas. D’où le danger d’instrumentaliser leur sexualité pour obtenir de l’engagement ou de l’affection. 

    Dans le numéro de décembre 1986, le témoignage d’une lectrice traduit bien le cadre dans lequel il semble acceptable que des relations sexuelles entre jeunes aient lieu. La jeune fille dit avoir réfréné les ardeurs de son compagnon et avoir attendu neuf mois avant de laisser libre cours à ses passions. Elle s’exprime ainsi à propos de son expérience : 

    Nous l’avons vécu avec Amour et pas seulement pour le sexe car ce qui nous unissait le plus c’était la compréhension. Nous souhaitons à bon nombre d’entre vous, fidèles lectrices de Filles d’Aujourd’hui de trouver ce quelqu’un d’aussi compréhensif que mon ami. C’est tellement merveilleux de se sentir aimée pour ce que l’on est et non pour le sexe seulement.[33]

    La relation (hétérosexuelle) se passe avec un (seul) partenaire de longue date et elle a été planifiée d’avance. Enfin, la lectrice n’oublie pas de mentionner qu’il faut prendre ses précautions et penser à une méthode de contraception. En 1989, un article présente un scénario idéal où le garçon et sa copine qui s’apprêtent à faire l’amour sont en couple depuis longtemps et sont allés acheter des préservatifs ensemble[34]. Le couple a planifié un souper romantique aux chandelles avant de passer à l’action et c’est l’amour qui motive leur geste. La sexualité est donc envisageable dans certaines conditions pour les lectrices : avec un partenaire masculin, dans une relation qui s’inscrit dans la durée, en ayant planifié la relation sexuelle et en s’assurant d’avoir choisi une méthode de contraception. Règle générale, on conseille aux lectrices de s’assurer que le partenaire potentiel est sincèrement en amour avec elles[35].

    Conclusion

    Aux yeux des personnes qui écrivent pour la revue et qui n’ont pas connu la liberté dont profitent la génération de jeunes qui constituent le lectorat de Filles d’Aujourd’hui, les problèmes sociaux liés à la sexualité adolescente sont bien réels. Faire l’amour trop jeune, sans préparation, sans bien connaître son corps est un risque contre lequel il est sage de mettre en garde les adolescentes. Pour la première fois, la société québécoise permet d’exprimer sa sexualité avant d’être lié pour la vie à un.e autre individu.e, mais les jeunes de quatorze ou quinze ans savent-ils vraiment comment se comporter dans l’intimité? Dans la société néo-libérale où les individu(e)s sont responsables de leurs actes et où le pouvoir coercitif[36] a plus ou moins disparu, cela fait bien du sens qu’on tente de conscientiser les jeunes avec un outil de socialisation comme le magazine. Cependant, ces avertissements tendent à oblitérer le désir des femmes et à reporter entièrement sur elles la question de la contraception. Plus encore, ces grands principes de la sexualité hétérosexuelle essentialisent les genres et participent de ce que les féministes d’aujourd’hui dénoncent comme étant la culture du viol. En décrivant les pulsions sexuelles masculines comme étant explosives et en remettant entre les mains des filles la responsabilité de ne pas s’exposer aux situations « risquées », on place ces dernières dans une situation délicate. Toutefois, l’ouverture que crée Filles d’Aujourd’hui afin de parler de sujets jusqu’alors considérés tabous prouve qu’un certain cheminement a été réalisé depuis les années 1970. En effet, même si le discours analysé tend à attribuer le désir féminin au besoin d’amour, le fait qu’on parle aussi explicitement de sexualité dans l’espace public et à un lectorat aussi jeune est tout de même remarquable. Il faut aussi mentionner qu’il est difficile de vérifier si les propos de Filles d’Aujourd’hui s’écartent ou non des pratiques réelles. La revue nous donne un aperçu des comportements qu’on estime appropriés pour les lectrices, mais suivaient-elles vraiment ces prescriptions à la lettre ? Une enquête orale permettrait d’approfondir la réflexion et de mesurer plus justement l’influence qu’a eue Filles d’Aujourd’hui chez la génération de jeunes lectrices. Leur perception de la sexualité était-elle nécessairement liée à l’amour et aux émotions ? Ressentaient-elles la pression d’entretenir leur « réputation » ? 

    Il est légitime de se demander à quoi sert ce traditionnel effacement des pulsions sexuelles féminines et pourquoi, aujourd’hui encore, la charge mentale de la contraception revient plus souvent aux femmes hétérosexuelles. Ce rôle de passivité dans l’activité sexuelle est toujours présent dans les scripts sexuels récents et l’image de la femme qui s’offre est beaucoup moins érotisée que celle qui résiste. Comme l’explique la journaliste Lili Boisvert dans l’ouvrage Le principe du Cum shot[37], un très grand nombre de vidéos pornographiques s’articulent autour du scénario de la femme que l’on corrompt. Dans ces scripts sexuels, on veut en somme que la femme ne veuille pas du rapport sexuel avant de le vouloir, explique Boisvert. La persistance de ces clichés sexuels dans la société québécoise d’aujourd’hui, même après quarante ans de luttes féministes,  prouve que notre imaginaire sexuel prend beaucoup de temps à changer. 

    Références

    [1] Jean-Philippe Warren et al., Une histoire des sexualités au Québec au XXe siècle, Montréal, VLB éditeur, 2012, coll. « Études québécoises », 296 p. 

    [2] Denyse Baillargeon, Brève histoire des femmes au Québec, Éditions Boréal, Montréal, 2012, 290 p.

    [3] Myriam Gagné, « Entre jouissance et régulation des naissances : Femmes, contraception et sexualité au Kamouraska entre 1960 et 1980 », Mémoire de maîtrise (histoire, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 2020, 154 p.

    [4] Louise Desmarais, La bataille de l’avortement : chronique québécoise, 1970-2010, Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2016, 550 p.

    [5] Christelle Lebreton, « Analyse sociologique de la presse québécoise pour adolescentes (2005/2006) : Entre hypersexualisation et consommation ». Mémoire de maîtrise (sociologie), Montréal, Université du Québec à Montréal, 2008, 156 p.

    [6] Caroline moulin, Féminités adolescentes : itinéraires personnels et fabrication des identités sexuées. Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Le sens social », 2005, 234 p.

    [7] Marjorie Ferguson, Forever Feminine : Women’s Magazine and the Cult of Feminity, London (New Hampshire), Heinemann Educational Books Ltd, 1983, 243 p. 

    [8] À l’occasion, on retrouve des « dossiers contraception » ou « dossiers sexualité » qui sont plus volumineux et remplissent une dizaine de pages.

    [9] Ferguson, Forever Feminineop., cit., p. 2.

    [10] Gagné, « Entre jouissance et régulation des naissances », op. cit., p. 3.

    [11] Avec la diffusion de l’encyclique Humanae Vitae, promulguée en 1968 par le pape Paul VI qui réaffirme, entre autres, l’interdit sur l’utilisation de la pilule contraceptive.

    [12] Baillargeon, Brève histoire des femmesop. cit., p. 181.

    [13] Nous pensons entre autres au militantisme du Mouvement d’action pour la libération des Québécoises, à la Ligue des jeunes socialistes et au Women’s Action Movement. Ces groupes sont actifs durant la décennie 1970. 

    [14] Notamment, Le Front commun pour le respect de la vie (FCRV) et l’Association des médecins du Québec pour le respect de la vie (AMQRV). Dans le jargon féministe, ces groupes sont désignés par le terme « anti-choix » plutôt que « pro-vie ». 

    [15] Desmarais, La bataille de l’avortementop. cit., p.149.

    [16] Il existe un important écart dans la manière dont la curiosité sexuelle des garçons est reconnue en comparaison à celle des jeunes filles. On admet sans problème que l’affirmation de la virilité des jeunes hommes passe par les relations sexuelles, tandis que les adolescentes sont perçues comme vulnérables face au désir de leurs partenaires. C’est un point que j’aborderai dans cet article.  

    [17] « Toi et ta sexualité » Filles d’Aujourd’hui, vol. 2, n° 3, janvier 1982, p. 58.

    [18] « Le sexe, un danger pour la santé des adolescentes » Filles d’Aujourd’hui, vol. 6, nº 7, mai 1986, p.36.

    [19] « Es-tu vraiment prête à l’engagement sexuel? » Filles d’Aujourd’hui, vol. 2, n° 5, mars 1982, p. 58.

    [20] J’entends par « devoir de pureté » la pression qui est exercée indirectement sur les jeunes filles pour qu’elles restent « pures », c’est-à-dire qu’elles n’aient pas de relations sexuelles en-dehors d’une relation de couple avec un garçon et qu’elles adoptent un comportement pudique et modeste. 

    [21] Laurent Jeanpierre, « Une sociologie foucaldienne du néolibéralisme est-elle possible ? », Sociologie et sociétés, vol. 38, nº2, automne 2006, p. 90.

    [22] Certains avortements dits « thérapeutiques » se pratiquent cependant en toute légalité. Ces avortements doivent faire l’objet d’une évaluation chez un comité de trois médecins (qui sont la plupart du temps des hommes à l’époque). On appelle ces petits groupes les « CAT » pour Comité d’avortement thérapeutique.

    [23] « Son corps » Filles d’Aujourd’hui, vol. 1, n° 7, avril 1981, p.50.

    [24] « Est-ce ridicule d’être vierge à 18 ans? » Filles d’Aujourd’hui, vol. 2, n° 3, janvier 1982, p.18.

    [25] Les jeunes filles qui rapportent avoir eu des relations sexuelles avec plus d’un jeune homme aux courriéristes sont le plus souvent réprimandées. 

    [26] Filles d’Aujourd’hui, comme beaucoup de revues pour adolescentes, est hétérosexiste. Dans mon mémoire, un sous-chapitre est réservé au thème de l’homosexualité dans la revue, thème dont on ne parle qu’en de rares occasions. La possibilité pour une jeune fille de vivre l’amour avec une compagne ou de draguer une autre fille n’est jamais évoquée. Cette idée est tout simplement absente du discours.

    [27] Gaston Desjardins, L’amour en patience, Presses de l’Université du Québec, 1995, p. 110.

    [28] Carole Boucher, « Dossier sexualité : Ton/son corps » Filles d’Aujourd’hui, vol. 1, n° 6, mars 1981, p.57.

    [29] Claire Bouchard, « Les gars, des obsédés sexuels? » Filles d’Aujourd’hui, vol. 9, nº 5, mars 1989, p.13.

    [30] Suite au Rapport Parent (1964) en éducation, la plupart des écoles deviennent mixtes, ce qui ne s’était encore jamais vu au Québec.

    [31] J’entends ici la contraction d’une maladie transmise sexuellement ou une grossesse involontaire.

    [32] « Sexualité » Filles d’Aujourd’hui, vol. 9, nº 4, février 1989, p.15.

    [33] « Le courrier de mimi » Filles d’Aujourd’hui, vol. 7, nº 2, décembre 1986, p. 5.

    [34] Claire Bouchard, « La première fois : rêve ou cauchemar? » Filles d’Aujourd’hui, vol. 9, nº6, avril 1989, p.13.

    [35] Claire Bouchard, « Amours d’été : allume tes lumières » Filles d’Aujourd’hui, vol. 9, nº 9, juillet 1989, p.32.

    [36] Je pense notamment à la période qui précède l’avènement de la pilule contraceptive et à l’influence du clergé et des valeurs catholiques dans la cellule familiale. 

    [37] Lili Boisvert, Le principe du cum shot : Le désir des femmes sous l’emprise des clichés sexuels, Montréal, vlb éditeur, 2017, p.87.