Progression du volume 16 : Appel de textes

La Revue d’histoire de l’Université de Sherbrooke a pour objectif de permettre aux étudiantes et étudiants en histoire de partager le fruit de leurs recherches avec la communauté historienne à travers la francophonie. La thématique choisie pour le volume de l’année 2025 est « Repenser le genre en histoire ».

Depuis la seconde moitié du 20e siècle, le concept de genre est au cœur de nombreux questionnements académiques et de multiples mouvements militants. Son utilisation, en histoire, découle de plusieurs décennies de travaux qui portent leur intérêt sur l’histoire des femmes.

Dans les années 1960 et 1970, des historiennes américaines placent les femmes au centre de leurs recherches. Gerda Lerner, l’une des pionnières de ce domaine, publie de nombreux écrits remettant en question l’histoire dite traditionnelle, qui ne faisait généralement place qu’aux hommes (Lerner, 1967, 1971, 1972, 1979). Puis, dans les années 1980, les travaux de Joan Kelly mettent de l’avant le rôle des femmes dans l’histoire de l’art, en particulier lors de la Renaissance (Kelly, 1977). Ce sont durant les mêmes années, en France, que des historiennes et chercheuses telles qu’Yvonne Knibiehler (1980, 1984), Michelle Perrot (1985, 1990-1991) et Arlette Farge (1979) ont pareillement placé les femmes au cœur des récits historiques. Au Québec, nous retenons les travaux de Micheline Dumont (1982, 1986, 1995, 2013), de Nadia Fahmy-Eid (1983, 1986, 1997) et de Denyse Baillargeon (1991, 2004, 2012, 2019).

Dans les années 1980 et 1990, plusieurs débats théoriques et conceptuels auront une grande incidence sur l’évolution du champ historiographique. Dès la décennie suivant 1980, quelques réflexions privilégient déjà de plus en plus l’utilisation du concept de genre à des fins d’analyses historiques. Les travaux de Judith Butler (1980) et de Joan Scott (1986), par exemple, invitent un nombre croissant de chercheuses et chercheurs vers l’étude, entre autres, des relations hommes-femmes. Cependant, dans les années 1990, des critiques émergent à l’égard de travaux ayant mobilisé le concept de genre. Ces critiques, alimentées par les écrits de Kimberlé Crenshaw sur l’intersectionnalité (1989), notent l’omission des diverses formes d’oppressions qui façonnent le vécu des acteurs, mais surtout des actrices d’hier et d’aujourd’hui. Depuis, les historiennes et les historiens ont combiné le genre à d’autres concepts, tels l’esclavage ou la violence, afin de proposer un portrait plus nuancé de la vie quotidienne des femmes. Sharon Block (2006) s’est par exemple intéressée à la question du viol et du pouvoir sexuel dans l’Amérique du Nord britannique entre 1700 et 1820, affirmant que la race et la hiérarchie sociale sont les éléments qui distinguent une relation sexuelle acceptable d’un viol. Marisa Fuentes (2016), quant à elle, traitant des femmes esclaves de Bridgetown à la Barbade, constate que celles-ci sont les grandes oubliées de l’historiographie jusqu’alors établie.

L’utilisation de la notion de genre dans l’analyse historique a ainsi grandement évoluée depuis les années 1950. Dans le cadre du volume 16 de la RHUS, nous vous invitons à réfléchir, sur la base de vos intérêts et de vos recherches, à la thématique « Repenser le genre » par l’entremise d’un article, d’une note de recherche, d’un essai, d’un compte rendu ou d’un bilan historiographique. Comment penser le genre en histoire ? Comment évoluent et se modifient les relations hommes-femmes à travers le temps ? Comment se répercutent les rapports de pouvoir et les oppressions en lien avec le genre ? Comment se pensent les concepts de libération et d’égalité en lien avec la thématique ? Quels silences sous-tendent encore l’historiographie ? Voici quelques pistes de réflexion pouvant vous inspirer pour la rédaction de votre texte :

  • Histoire orale
  • Histoire de l’éducation
  • Altérité
  • (Dé)colonisation
  • Masculinisme et anti-féminisme
  • Travail des femmes
  • Identités et représentations LGBTQ+
  • Réflexions historiographiques ou épistémologiques
  • Construction et transgression des genres
  • Mouvements et militantisme
  • Histoire du sexe et de la sexualité
  • Représentations et iconographie
  • Genre et religion
  • Genre et santé
  • Histoire de la famille

La date limite pour soumettre un résumé de 300 mots est le 10 février 2025. Le résumé doit présenter l’objet du texte, la thèse ou le fil conducteur ainsi que les principaux faits saillants. Les articles scientifiques, les essais et les notes de recherche doivent faire écho à la thématique du présent numéro. Les bilans historiographiques et les comptes rendus peuvent aborder le sujet et la thématique de votre choix. Tous les textes seront soumis à une évaluation par les pairs. Les textes doivent être écrits en français et être inédits.

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