Introduction
En 1656, lorsque Louis XIV décrète la fondation de l’Hôpital général de Paris, l’institution se compose de cinq maisons, dont la Salpêtrière. Elle accueille des femmes marginales de toutes sortes : délinquantes, insensées[1] et pauvres[2]. Des administrateurs sont alors placés à sa tête sous l’autorité du premier président du Parlement de Paris et du procureur général[3]. Ainsi, l’État monarchique, à travers un « absolutisme aidant », s’occupe de sa gestion administrative et économique[4]. Le grand renfermement guide alors cette prise en charge[5]. Or, sous le Consulat, les activités de la Salpêtrière, aux yeux de l’État, profitent à trop d’individus. On prend donc des mesures pour convaincre les nombreuses indigentes qui s’y trouvent de quitter l’institution[6]. Pendant le Premier Empire, l’emprise policière des autorités qui craignent des débordements dans cet établissement énorme se renforce même[7].
Cependant, les historiens de la Salpêtrière ont principalement mobilisé des sources principalement institutionnelles et médicales[8]. Les discours émergeant de cette gestion furent ainsi négligés. Pourtant, depuis les années 1980-1990, l’histoire des représentations fut popularisée. Ce courant transgresse les différents domaines historiques pour étudier les attitudes et les comportements politiques, économiques, sociaux, etc.[9] Les journaux sont alors un médium de choix pour étudier les représentations : une véritable conception du monde inhérente aux journaux est visible[10].
Dans cet article, il ne s’agit pas de voir comment un discours se fabrique, ni de faire une histoire de la Salpêtrière dans le sens où uniquement les informations concordantes avec l’historiographie sont retenues, mais d’étudier tout ce qu’elle a pu générer dans une presse contrôlée par l’État. Il est donc question des discours produits sur les femmes qui sont enfermées dans l’institution et non pas par celles-ci. Entre 1774 et 1815, de nombreux acteurs prennent le devant de la scène dans les médias lorsqu’il est question de la Salpêtrière : la presse fait « de la bataille contre les asiles l’un de ses thèmes de prédilection »[11]. En quoi la Salpêtrière est-elle instrumentalisée par les gouvernements dans les journaux parisiens? Si les gouvernements peuvent, par moments, se soucier réellement des femmes de l’institution, ces derniers, avec l’aide des journaux, mettent davantage de l’avant leur propre image, surtout à partir de la Révolution.
Cette étude se base principalement sur des sources journalistiques. Pour y accéder, nous avons utilisé RetroNews, un site de presse de la Bibliothèque nationale de France qui numérise les journaux français[12]. Sur la plateforme de recherche, nous avons sélectionné La plupart d’entre eux sont en effet des porte-paroles des différentes franges politiques au pouvoir. Il importe de mentionner que ce corpus, composé de 463 articles, est déséquilibré : beaucoup moins d’articles furent publiés pendant l’Ancien Régime (30) que les autres périodes[13]. Malgré tout, nous n’exclurons pas l’Ancien Régime, car il s’agit là d’un moment clé pour comprendre l’évolution des représentations entourant la gestion de la Salpêtrière.
Si les groupes qui participent à l’administration et aux activités quotidiennes de l’institution varient au fil des années, l’implication gouvernementale persiste de l’Ancien Régime au Premier Empire[14]. Les journaux abordent donc immanquablement ces acteurs gouvernementaux :
Tableau 1.1. : Tableau représentant la période visée par les critiques négatives produites entre 1774 et 1815
Tableau 1.2. : Répartition des nombres d’entrées de critiques positives de la gestion de la Salpêtrière selon la période historique (1774-1815)
Comme l’illustrent ces tableaux, la Salpêtrière est politisée et devient le siège de comparaisons afin de remettre en cause les actions des gouvernements précédents et faire valoir les idées du pouvoir en place, surtout à partir de la Révolution. Le bien-être des femmes institutionnalisées est donc mis au service des intérêts politiques.
1.Une Salpêtrière apolitique sous l’Ancien Régime
Vers la fin de l’Ancien Régime, peu de critiques, tant négatives que positives, sont produites : elles ne représentent que 7,32% de toutes celles rédigées entre 1774 et 1815. L’État mise en effet sur la continuité de la monarchie. D’abord, les possibilités de comparaisons favorisant la production d’observations sont limitées puisqu’aucun régime ne précède la monarchie. Les périodes subséquentes utiliseront cette méthode abondamment.
Ensuite, depuis la fondation de la Salpêtrière, la monarchie est responsable de sa gestion. Il n’est donc pas question de la critiquer. Cela s’explique, dans une moindre mesure, par la censure qui entoure les articles publiés et qui en influence le contenu. En effet, la monarchie a mis en place le Code des Libraires (1723 à 1789) qui stipule que les documents doivent recevoir une approbation royale pour être publiés[15]. Cela permet d’éviter la circulation d’informations discréditant l’État français à une époque où la monarchie se trouve déjà affaiblie par l’élargissement d’une opinion publique politisée et acerbe[16].
Si quelques observations défavorables (4) restent visibles dans les journaux avant la Révolution, celles-ci sont amoindries par l’objectif de ces articles. En effet, les journaux commentent la gestion de la Salpêtrière pour mieux souligner les améliorations apportées par le roi :
comme il n’est aucune manutention étendue, qui ne soit susceptible d’être perfectionnée, nous avons envisagé comme une de nos obligations de profiter d’une époque où nous continuons à cette Maison des secours considérables à la charge de nos peuples, pour apposer à ce bienfait des conditions essentielles à la perfection de l’ordre & au soulagement de la misère […] Nous voulons de plus que l’Administration de l’Hôpital général fasse construire à la Salpêtrière, les loges nécessaires pour que les infortunées, dont l’esprit est aliéné, n’y soient plus exposées aux injures de l’air[17].
Un accent est donc mis sur les actions posées par la monarchie. Les rois précédents ont bien agi, mais, dans une optique de perfectionnement continu, Louis XVI désire améliorer encore plus la gestion de la Salpêtrière comme l’illustre cet extrait de lettres patentes publiées dans les journaux. Cela explique aussi le faible nombre de critiques positives (uniquement 2) : malgré les modifications apportées dans la gestion de la Salpêtrière, il ne s’agit pas d’une rupture, mais bien d’un élément de continuité.
Ainsi, étonnamment, une opposition se crée entre le silence des journaux et les actions réelles entreprises par l’État : création des infirmeries en 1787, mesures d’hygiène, visites plus régulières d’un médecin, davantage de soins, etc.[18] La fin de l’Ancien Régime voit la volonté d’adapter les fonctions de l’établissement aux clientèles différentes qui y sont enfermées. En d’autres mots, la Salpêtrière, depuis sa fondation, offrait à travers le grand renfermement « une même patrie aux pauvres, chômeurs, correctionnaires et insensés »[19] caractérisée par la répression de ces êtres déraisonnables. Or, la deuxième moitié du XVIIIe siècle voit une accélération de la dissociation de cette prise en charge universelle pour s’adapter à l’individu grâce à la médicalisation de l’institution[20]. Cette idée s’illustre particulièrement avec les loges des insensées. Il s’agit de sections de la Salpêtrière réservées aux insensées les plus agitées afin qu’elles ne soient pas mélangées au reste de la population de l’institution[21]. Ces dernières, déjà présentes dans le plan de l’architecte du roi Louis Le Vau (1612-1670), seront augmentées en 1765 par Germain Boffrand et elles seront complètement remplacées grâce à Charles-François Viel à partir de 1786[22]. Malgré toutes ces actions, qui sont si importantes qu’elles deviendront par la suite nécessaires pour favoriser la transformation de la Salpêtrière en un établissement médical[23], la monarchie n’en profite pas pour se valoriser dans les journaux.
L’état des lieux est la préoccupation principale du pouvoir transmise par les journaux. Cela inclut la qualité de l’air, la disposition des pièces, etc. Par exemple, un avis publié en 1776 souligne que l’église de la Salpêtrière sera rénovée pour que ce « chef d’œuvre de l’art & du génie » puisse accueillir tous les pauvres de l’établissement[24]. Ce souci de la monarchie se reflète dans quelques plans d’améliorations mentionnés dans les lettres patentes du roi :
étant instruits que faute d’infirmeries, tous les pauvres auxquels les maisons de la Salpêtrière, Bicêtre & la Pitié servent d’asyles, sont portés à l’Hôtel-Dieu lorsqu’ils tombent malades; & voulant prévenir ces déplacemens et ces transports, dont les fâcheux inconvéniens se font surtout sentir dans les saisons rigoureuses, nous avons cru devoir ordonner que l’Administration de l’Hôpital général eût à faire préparer incessamment dans chacune de ces diverses Maisons, des infirmeries proportionnées au nombre de leurs malades; & d’après la connoissance que nous avons prise prise [sic.] du local qu’on pourroit y destiner, nous avons vu avec satisfaction, qu’il étoit assez étendu pour que chacun fût seul dans un lit[25].
Les journaux insistent sur l’état des lieux à cause de la destruction de l’Hôtel-Dieu par le feu en 1772 qui a marqué les esprits : elle expose les limites des constructions actuelles et dirige le regard des architectes, des hommes d’État et des philanthropes vers l’état des autres hospices et hôpitaux de la capitale[26]. De nombreux ouvrages sur le sujet sont alors écrits dans les années 1780 pour guider les actions gouvernementales, comme les Mémoires sur les hôpitaux de Paris de Tenon, chirurgien et membre de l’Académie des sciences, qui étudie entre autres la Salpêtrière[27].
En revanche, les journaux sont imperméables à la plupart des changements mis en place par la monarchie : ces mentions sont très faibles par rapport au nombre important d’améliorations apportées à la Salpêtrière. En effet, un seul article dépasse l’état des lieux. Il s’agit d’une annonce parue dans les journaux qui propose des traitements gratuits aux enfants épileptiques : « Le Public est averti que le Gouvernement a autorisé l’Etablissement d’un traitement gratuit à l’Hôpital de la Salpêtrière, tant pour les enfans de cette maison attaqués de convulsions, que pour ceux de la Ville & de la Campagne qu’on apportera »[28]. Comme le souligne Carrez, plusieurs changements sont mis en place dans la seconde moitié du XVIIIe siècle pour commencer sa transformation en un établissement médical. Le traitement des épileptiques n’est qu’un des multiples soins offerts par le gouvernement dès la fin de l’Ancien Régime : administration de tisanes et potions, opérations, pansements, fumigation quotidienne, etc.[29] Pourtant, ces améliorations ne seront pas soulignées dans la presse.
Ainsi, l’État attire peu l’attention sur la Salpêtrière dans les journaux. Elle apparaît donc apolitique : non seulement la monarchie n’a pas de repoussoir pour critiquer les régimes antérieurs à travers l’institution, mais l’établissement lui-même n’est pas un instrument utilisé pour dorer l’image de la monarchie. En effet, le pouvoir opte pour son amélioration continue comme l’illustre l’historiographie, sans pour autant valoriser ses actions dans la presse. Si l’Ancien Régime n’est pas générateur de critiques sur l’institution, il deviendra une cible de choix par la suite.
2.La Révolution française : une volonté de rupture
Lorsque la Révolution éclate en 1789, les malades sont loin d’être le sujet du jour parmi les hommes d’État français. Pourtant, six mois plus tard, le Comité de mendicité, dirigé par La Rochefoucault-Liancourt, étudie le droit des citoyens à la santé. Avec lui, la vision de la maladie s’élargit pour inclure, entre autres, les insensés : « La bienfaisance publique doit […] à l’indigent malade des secours prompts, gratuits, certains, et complets »[30]. Deux programmes de santé sont rapidement mis en place, soit le Nouveau Plan de constitution pour la médecine en France (novembre 1790)[31] et le Projet de décret pour l’enseignement et l’exercice de l’art de guérir (août 1791)[32]. Ces deux plans prévoient entre autres une formation professionnelle régularisée et libre, des soins médicaux à domicile et la prévention des épidémies[33]. La Salpêtrière étant la plus grande institution d’enfermement à Paris, elle attire rapidement l’attention du comité et de l’Assemblée nationale. Le discours révolutionnaire insiste alors sur une volonté de rupture avec l’Ancien Régime. La presse devient un vecteur idéal de transmission de la propagande et des idées révolutionnaires, d’autant que l’époque est marquée par la nouvelle liberté de la presse : 500 journaux sont créés entre 1789 et 1791[34].
C’est la fonction répressive et coercitive de la Salpêtrière qui est rapidement mise au cœur des critiques révolutionnaires, car elle est associée à l’Ancien Régime et à ses excès de pouvoir. Sur les 21 articles produisant des critiques négatives de l’Ancien Régime[35], plus de la moitié (52,38%) sont rédigés pendant la Révolution qui est sans surprise particulièrement bavarde sur ce sujet. Tout y passe : de la gestion administrative et judiciaire à la législation, en passant par le despotisme et, bien sûr, les lettres de cachet. Ces enjeux se transforment en scandales dans les journaux pendant la Révolution :
Le lieu de leur détention est affreux, leur nourriture proportionnée à leur déplorable position, sans que leur patience, leur résignation, leur confiance dans la nation, le roi et la reine, ce sont leurs expressions, aient encore apporté le moindre adoucissement à leurs longues douleurs. Cet ordre de prisonnieres contient plusieurs genres de personnes. Voici leur tableau tel qu’il était au mois de juillet, et dont je garantis l’authenticité. La grande force en contenant alors 14 condamnées à trois ans de prison; 18 pour cinq ans, 26 pour neuf ans; 7 jusqu’à nouvel ordre; 70 pour la vie; parmi lesquelles beaucoup de meres de familles et des enfans emprisonnées à 16, 17, 18 et 20 ans, et qui y sont depuis 20, 30, 40 ans pour vol; châtiment qui doit avoir expié un délit de cette espece. Voilà les personnes sur qui la lettre du ministre de la justice nous fait espérer qu’enfin l’on portera les regards d’une sensibilité éclairée et réfléchie[36].
Les femmes de la Salpêtrière sont alors dépeintes comme les « malheureuses victimes de la rigueur des lois anciennes »[37] qui proviennent d’une « classe du peuple si long tems l’objet du dédain et la victime de la négligence de l’ancien gouvernement »[38]. Les détenues, même si plusieurs d’entre elles se retrouvent dans l’établissement parce qu’elles ont commis un crime, sont dépeintes comme des victimes.
Même cinq ans après la fin de l’Ancien Régime, les journaux continuent de marteler les mauvais coups de cette période :
Dans tous les grands établissemens de Paris, tels que Bicêtre et la Salpêtriere, l’ancien régime a rassemblé avec une cruelle affection toutes les misères humaines. […] des citoyennes estimables, des meres de famille, assaillies par des infirmités précoces, ou succombant sous le poids des années, voient près d’elles des filles déshonorées, et qui, pour la plupart, conservent dans ce lieu de répression le ton, les manieres et les discours de la plus scandaleuse licence[39].
La qualification de « lieu de répression » est ici associée à l’Ancien Régime et à sa politique de grand renfermement, comme si la fonction répressive de la Salpêtrière était une de ses spécificités. La Salpêtrière n’apparaît donc pas à la hauteur de ses missions fondatrices, alors qu’elle ne réussit pas à faire disparaître le paupérisme ou à guérir les malades qui entrent dans son enceinte[40]. Des moyens punitifs tels que des coups peuvent par exemple être donnés aux insensées, alors que cela était perçu comme une politique de dissuasion qui pouvait réduire les manifestations de manie, un état psychopathologique de surexcitation[41]. Il faut donc poser des actions pour faire disparaître cette fonction répressive qui nuit aux objectifs d’assistance et de médicalisation de l’établissement. Les actions essentielles posées par la monarchie, quant à elles, sont bien sûr passées sous silence[42].
Pour marquer la volonté de rupture, les journaux mettent donc aussi l’accent sur les réalisations révolutionnaires dans ces différentes sphères. Une majorité d’articles soulignent alors l’amélioration du système judiciaire, entre autres par le r
ejet des lettres de cachet. Ainsi, lors d’une audience du 25 mai 1791, le tribunal libère treize femmes d’« une captivité de quinze à trente ans et même de cinquante-quatre pour l’une d’elles »[43]. Huit mentions de libérations de femmes enfermées par lettres de cachet sont alors soulignées dans les journaux. Les journalistes eux-mêmes reconnaissent que l’air du temps a favorisé ce changement :
Il n’est pas douteux que la démarche de ces femmes, en implorant la bonté du Roi, n’ait été fort adroitement provoquée, pour commencer la restauration du pouvoir exécutif, par l’exercice de sa plus belle prérogative. Il y a dix mois, que la requête des 13 prisonnières, bien loin de parvenir au Louvre, n’eut pas franchi les portes de l’Hôpital; mais les temps, les choses et les opinions ont changé[44].
La Révolution est alors nourrie des expériences et des observations des philanthropes, tandis que la bienfaisance gagne une place de choix dans les institutions civiles[45]. La plupart des critiques formulées se basent en effet sur les propos de visiteurs comme Duport[46] :
L’homme public [Duport] qui visitoit avec courage les souterreins [sic] de Bicêtre et les réduits de la Salpêtriere; celui qui le premier y a fait descendre des consolations, des secours; celui qui y a porté l’Espoir, la seule fortune du malheur; cet homme-là n’étoit pas un barbare : non, il falloit à un ministre un cœur et des entrailles pour concevoir la belle idée de faire pénétrer le bienfait de la révolution jusques dans ces affreux asyles, et pour se réserver la gloire de l’exécution[47].
Ces scandales juridiques et administratifs sont un enjeu si sensible dans l’imaginaire des Parisiens sous la Révolution qu’on n’hésite pas à critiquer les gouvernements en place pour voir opérer ce basculement promis vers une nouvelle ère. Ainsi, des articles vont à la fois blâmer les actes posés par la monarchie d’Ancien Régime et mettre de l’avant l’inaction des gouvernements révolutionnaires. Quatorze articles de cette période prennent cette tangente. Les nombreuses allégeances politiques permettront alors la naissance d’une nouveauté : si, sous l’Ancien Régime, il était impensable de critiquer la monarchie, la liberté de presse plus puissante sous la Révolution favorise l’émission d’autocritiques. En effet, à partir de 1789, les nombreux bouleversements modifient les priorités étatiques et les éloignent souvent des idéaux d’abord défendus par la Révolution[48].
Cela ne passe pas inaperçu dans les journaux qui soulignent cette difficile transition vers l’action :
Mais, sans doute, l’activité des affaires, les grands intérêts qui s’agitent aujourd’hui, des devoirs nombreux, ont attaché les regards de la Justice à d’autres objets. Les prisonnières, pour qui nous avions un moment excité une pitié stérile, ont été oubliées, ou du moins rien ne paroît dirigé vers le but que nous nous étions trop légèrement flattés d’atteindre à cet égard[49].
D’autant que 76 articles révolutionnaires sont des comptes-rendus de séances de l’Assemblée pendant lesquelles les différentes factions politiques n’hésitent pas à souligner ces manquements[50]. Un article écrit par Jacques Peuchet étudie par exemple l’efficacité de la suppression des lettres de cachet qui sont au cœur des préoccupations, élevées en symbole des abus du pouvoir arbitraire de l’Ancien Régime[51]. Il y critique la continuité de certains enfermements arbitraires : « l’on m’assure qu’on les y enferme pour le même motif, même dans l’âge de la majorité. Mais ce décret qui détruisit les ordres arbitraires, ne prononça rien sur les prisonnieres que des lois hideusement dures et cruellement partiales, y condamnerent à des détentions éternelles »[52]. Un décret pour l’abolition des lettres de cachet avait pourtant été rapidement entériné, en mars 1790[53]. Il faudra néanmoins attendre plusieurs mois pour que cette décision judiciaire atteigne les femmes de la Salpêtrière et certains signes d’impatience apparaissent dans les journaux, en écho à l’Assemblée[54]. C’est que de nombreuses hésitations persistent dans la société française concernant le sort de certains prisonniers qui, s’ils furent enfermés par ordre arbitraire, l’ont peut-être été pour de bonnes raisons[55]. Il importe alors de « prévenir les inconvéniens attachés à l’immoralité ou aux habitudes dangereuses des personnes que l’on rend à la Société »[56]. C’est cette hésitation qui place certains agents gouvernementaux sur la sellette, blâmés pour l’immobilité de la situation à l’Hôpital général. C’est le cas, en 1792, du ministre de la Justice Duport-Dutertre dont la défense apparaît retranscrite dans les journaux :
On m’a reproché de vouloir tirer des prisons de l’hôpital de la Salpétrière et de Bicêtre des hommes qui s’y trouvoient détenus. Voici la lettre que j’ai écrite aux directeurs de ces maisons. (Il en fait lecture). Cette lettre prouve que je me suis, conformément à la loi, sérieusement occupé de leur sort ; j’ai nommé quatre jurisconsultes pour examiner les fautes, les délits de chacun d’eux, et j’ai voulu que l’on délivrât successivement ceux que la loi ne pouvoit punir ; j’ai cru que des innocens ne dévoient pas être privés de leurs droits d’hommes et de citoyens[57].
Il est bien sûr plus facile d’accuser un membre du gouvernement que le régime de manière générale, comme l’illustrent les six ministres de la Justice qui se succèderont en 1792. D’autres reproches sont adressés plus largement aux détenteurs de pouvoir, comme le montre la transcription de la séance du 26 octobre 1794 où l’on évoque que « le régime des prisons s’est perpétué avec tous ses vices », nuisant « essentiellement aux progrès des mœurs républicaines »[58]. Par exemple, des archers sont toujours présents à la Salpêtrière avec une double fonction : assurer un certain contrôle parmi ceux qui pénètrent l’établissement et empêcher les femmes enfermées d’en sortir et de déranger l’ordre dans les rues de la capitale[59]. On appelle alors à une réforme des maisons de répression : « Hâtez-vous de proscrire les prisons du despotisme, et que celles de la république attestent notre respect pour le malheur; qu’elles soient élevées par la justice, administrées par la fraternité »[60].
En définitive, les gouvernements révolutionnaires créent leur identité par la négative : ce qui importe est de produire une rupture avec l’arbitraire monarchique. Celui-ci se manifeste dans l’imaginaire par la fonction répressive de la Salpêtrière dont il importe de se dissocier le plus clairement possible. Pour ce faire, l’État, à travers la presse, produira un discours caractérisé par un comparatisme qui favorise les contrastes choquants. Plus précisément, les révolutionnaires désirent associer la fonction coercitive de l’établissement à la monarchie, ainsi que le progrès influencé par la philosophie des Lumières et le triomphe des sciences médicales à la Révolution. Cela se produit aux dépens d’une réalité beaucoup plus nuancée que les gouvernements tentent d’écarter avec plus ou moins de succès comme l’illustrent les critiques acerbes produites par les journalistes face à l’inactivité révolutionnaire.
3.Le Consulat et le Premier Empire : lier État et assistance
Pendant la Révolution, le discours journalistique ne parle que de répression. Or, à partir de 1799, il ne s’agit plus seulement d’insister sur une rupture, mais bien de s’attribuer une étiquette de bienfaisance. L’État est alors montré sous son bon jour, malgré la réalité. En effet, si la facette répressive est absente des critiques journalistiques, elle persiste au XIXe siècle. Comme le souligne Weiner, les infirmeries nouvellement construites n’impliquent pas encore automatiquement une attention médicale. La transformation complète de l’établissement en un centre médical ne prendra pas fin avec la Révolution[61]. Par exemple, certaines sections de la maison de force sont encore ouvertes au début du XIXe siècle[62]. Les chaînes et les carcans ne seront complètement retirées qu’en 1807 du traitement des insensées[63]. Les journaux affichent donc un nouveau virage peu nuancé dans leurs observations et critiques du gouvernement : il importe d’affirmer l’assistance étatique. Pour ce faire, un contraste frappant est encore une fois mobilisé dans le discours journalistique.
L’idée d’une rupture avec le passé n’est plus au cœur de cette période, quoiqu’elle ne disparaîtra pas complètement, comme l’illustrent les critiques négatives. Sur les 13 critiques négatives, six d’entre elles abordent l’Ancien Régime et trois la Révolution (les autres ne précisent pas le cadre temporel). Des observations des abus concernant la fonction répressive de la Salpêtrière sont encore une fois présentes dans ces articles. En revanche, cette fois, tant l’Ancien Régime que la Révolution sont critiqués. La répression n’est donc plus liée uniquement à la monarchie. Les lettres de cachet continuent à être associées à l’Ancien Régime : « une dame de Lusignant, veuve Douhaut [a] été mise, en vertu d’une lettre de cachet, à la Salpêtrière, avant la révolution »[64]. En parallèle, on critique la passivité et l’immobilité de la Révolution. Effectivement, l’État est conscient que les idées médicales sont restées essentiellement livresques pendant la Révolution[65]. Par exemple, dans un article rappelant le massacre de septembre, l’auteur reproche à l’État révolutionnaire son inaction : « Le seul acte de courage de l’assemblée législative, dans ces épouvantables jours, fut de faire brûler les originaux des deux pétitions »[66] que les septembriseurs cherchaient. Non seulement l’inactivité des révolutionnaires est-elle critiquée, mais l’État va plus loin et critique l’ensemble de la gestion révolutionnaire de la Salpêtrière. Par exemple, en 1802, il affirme que les hommes d’État ont ajouté des problèmes dans la gestion des hôpitaux qui étaient absents avant 1789 : « les nombreux abus qui, pendant la révolution, s’étaient établis jusque dans les hôpitaux, disparaissent »[67]. Ainsi, une présence de la mission répressive de l’établissement, quoique moins martelée, reste malgré tout visible dans les journaux à partir de 1799.
Un renversement de la tendance s’opère alors : l’État ne produit plus majoritairement des critiques négatives, mais bien des commentaires positifs. Le plus important n’est plus de créer une rupture avec le passé, comme ce fut le cas sous la Révolution, mais surtout de créer, à travers la Salpêtrière, une nouvelle identité liée à la bienfaisance étatique. Ainsi, entre 1799 et 1815, 68,78% des critiques sont positives. Pour ce faire, la censure est grandement mobilisée par les gouvernements qui sont conscients du pouvoir de la presse. Un retour de celle-ci se produit sous Napoléon : deux mois après son coup d’État, il supprime soixante journaux (sur soixante-douze) dans le département de la Seine[68]. Plus précisément, le discours journalistique promu par l’État met de l’avant de nombreuses actions que le gouvernement a posées pour démontrer qu’il se soucie réellement du peuple, comme l’amélioration des conditions de vie des femmes de la Salpêtrière, l’application de traitements adaptés et la mise au travail des femmes.
Par exemple, dans un article rendant compte d’une visite du ministre de l’intérieur, l’auteur souligne qu’il « a remplacé les entrepreneurs par une administration paternelle, qui a commencé son exercice le 1er germinal dernier. […] Il existe aujourd’hui dans cette maison 4000 femmes, tant septuagénaires, qu’infirmes, malades, épileptiques et folles, toutes bien soignées, bien nourries, bien vêtues; 340 personnes employées à leur service »[69]. Cette satisfaction persiste dans le temps, tandis qu’en 1805, le ministre de l’intérieur témoigne « dans les termes les plus obligeans, sa satisfaction aux administrateurs qui avoient sçu concilier le meilleur ordre de chose possible à la plus sévère économie »[70]. Si les administrateurs du passé sont abondamment critiqués, de nombreuses louanges sont produites à l’égard des administrateurs qui représentent au quotidien l’État dans la Salpêtrière. La participation même des citoyens à cette constante amélioration permet de favoriser le sentiment d’implication des Français et une bonne perception de la vie dans l’établissement :
dans une des dernieres séances [d’un banquet agricole], le citoyen Cadet-de-Vaux a présenté un potage de bouillon d’os, au pain, que ne déguisoit ni jus, ni coulis, ni purée, quelquefois nécessaires pour masquer la médiocrité du bouillon de viande lui-même. […]. On doit féliciter le médecin de l’adoption qu’il a faite, et le malade de l’usage qu’il fait de ce nouveau mode alimentaire […]. De son côté, le cit. Richard, administrateur des hôpitaux, membre de la société, fait ses dispositions pour appliquer cette expérience, en grand, à la Salpêtriere[71].
Ainsi, les journaux illustrent le tableau parfait désiré par l’État. Toutefois, la réalité est autre : comme le souligne Weiner, ces nouvelles politiques sont difficilement applicables par le coût qu’elles engendrent et le difficile rejet des pratiques traditionnelles comme la possibilité des donateurs de distribuer l’argent où ils le désirent[72]. La médecine sociale souhaitée depuis la Révolution entraîne aussi des résistances de la part des médecins dont les pratiques traditionnelles sont bouleversées par l’arrivée d’une grande équipe de professionnels[73]. La Salpêtrière est donc bel et bien instrumentalisée afin de souligner la nouvelle étiquette du régime en place, soit celle de l’affirmation de la bienfaisance étatique. Ce symbole de bienfaisance étatique fut si puissant et efficace que l’historiographie traditionnelle a embrassé cette théorie : cela explique la transition parfois trop simplifiée de la Salpêtrière-prison à la Salpêtrière-hôpital. En effet, plusieurs ouvrages étudiant l’institution à travers les siècles dissipent l’aspect répressif de l’établissement dès que la nouvelle vocation médicale s’impose, vers 1787, avec la construction de l’Infirmerie générale[74].
Conclusion : l’invisibilisation des femmes de la Salpêtrière?
À travers la presse, les gouvernements racontent chacun un discours différent. L’Ancien Régime mise sur la continuité de ses pratiques et la Salpêtrière devient alors apolitique, car ses choix pour améliorer l’institution sont peu soulignés dans les journaux. La Révolution deviendra beaucoup plus loquace à l’égard de la gestion de la Salpêtrière : les gouvernements veulent plus que tout créer une rupture avec la période précédente. Effectivement, elle n’hésitera pas à mettre de l’avant les scandales juridiques et administratifs causés par la gestion monarchique de l’établissement et qui ont marqué l’imaginaire collectif. À partir du XIXe siècle, si cette volonté ne disparaît pas, c’est plutôt pour affirmer la bienfaisance de l’État que l’on mobilise le grand hôpital. Un élément important se manifeste alors : si des critiques du gouvernement en place peuvent avoir lieu par moment, aucun pouvoir ne soulignera les bons coups des entités politiques antérieures. Pourtant, les actions posées dans le passé pour améliorer la gestion de la Salpêtrière furent nécessaires pour permettre les améliorations futures et la transformation de l’institution en un hôpital[75]. La propagande est donc réellement au cœur du discours de presse.
Un double jeu s’opère dans la presse. Si l’invisibilisation des femmes de la Salpêtrière s’opère au profit d’intérêts privés et publics, ne peut-on pas penser que les gouvernements permettent de mettre en lumière la situation de ces femmes? Il demeure que, dans les journaux, en voulant servir leurs propres intérêts au point de modifier par moments la réelle prise en charge des femmes enfermées dans l’établissement, ces groupes permettent à ces dernières d’acquérir une visibilité difficilement accessible par elles-mêmes. En effet, il s’agit de femmes marginales qui peuvent rarement faire entendre leur voix, ce qui est d’autant plus vrai que la majorité d’entre elles ne savent pas écrire. La glorification – tout comme la critique – de l’État permet de faire pénétrer dans le discours tous les enjeux non seulement de la Salpêtrière et des femmes qui s’y trouvent, mais aussi des soins qu’il faut leur apporter, des traitements qu’il faut leur dispenser.
Références
[1] Si ce terme est chargé négativement, il sera employé dans le présent article, car il est présent dans les journaux pour désigner les femmes internées à la Salpêtrière.
[2] Jean-Pierre Carrez, Femmes opprimées à la Salpêtrière de Paris (1656-1791), Paris, Connaissances et savoirs, 2005, p. 9.
[3] Nicolas Sainte Fare Garnot, « L’Hôpital général de Paris. Institution d’assistance, de police, ou de soins ? », Histoire, Économie et Société, vol. 3, n° 4, 1984, p. 535.
[4] Marie-Claude Dinet-Lecompte, « Les hôpitaux sous l’Ancien Régime : des entreprises difficiles à gérer ? », Histoire, Économie et Société, vol. 18, n° 3, 1999, p. 531.
[5] Michel Foucault est celui qui a développé ce concept. Il caractérise une politique royale pratiquée dès le XVIIe siècle avec la mise en place d’un édit en 1656 qui est le décret fondateur de l’Hôpital général de Paris grâce auquel cet outil de régulation sociale est appliqué. Il permet d’isoler en enfermant dans des institutions comme des hôpitaux, des prisons et des maisons de force des catégories de gens diverses comme des pauvres, des correctionnaires et des insensés. Pour en savoir plus, voir Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, suivi de mon corps, ce papier, ce feu et la folie, l’absence d’œuvre, Paris, Gallimard, 1972, 2e édition (1961), 613 p.
[6] Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, 613 p.
[7] Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, p. 26.
[8] Dinet-Lecompte, « Les hôpitaux sous l’Ancien Régime », p. 531 ; Sainte Fare Garnot, « L’Hôpital général de Paris », p. 535 ; Maximilien Vessier, La Pitié-Salpêtrière : quatre siècles d’histoire et d’histoires, Paris, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 1999, 367 p.
[9] Il s’agit d’une sous-branche de l’histoire des mentalités qui étudie les visions du monde telle que développée par Robert Mandrou et qui est maintenant déclarée obsolète. Roger Chartier en fut un des porte-paroles les plus fervents. Pour en savoir plus : Michel Vovelle et Christian-Marc Bosséno, « Des mentalités aux représentations », Sociétés & Représentations, vol. 2, n° 12, 2001, p. 15-28 ; Roger Chartier, « Le monde comme représentation », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 44, n° 9, 1989, p. 1505-1520.
[10] Denis Reynaud et Chantal Thomas, dir., La suite à l’ordinaire prochain. La représentation du monde dans les gazettes, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1999, 302 p.
[11] Aude Fauvel, « Témoins aliénés et “Bastilles modernes” : une histoire politique, sociale et culturelle des asiles en France (1800-1914) », thèse de doctorat en histoire, École des hautes études en science sociale, 2005, p. 16.
[12] Créé en 2016, il s’agit d’un espace digital de consultation d’archives de presse, ainsi qu’un magazine regroupant des études qui utilisent la plateforme. La période couverte par cet outil est de 1631 à 1951. Les titres numérisés sont issus de fonds disponibles sur Gallica et de ceux numérisés par Bnf-Partenariats. Des techniques de reconnaissance de caractères et l’élaboration de lexiques enrichis de référentiels ont permis d’extraire des entités sémantiques comme des lieux, des périodes historiques, des organisations et des thèmes. Pour en savoir plus : Bibliothèque nationale de France, « Qui sommes-nous? », [s. d.], https://www.retronews.fr/content/qui-sommes-nous.
[13] Les divisions temporelles comportent des dates précises qui correspondent aux différentes périodes historiques qui se succèdent entre 1774 et 1815. Ainsi, le 10 mai 1774 marque le début du règne de Louis XVI, la Révolution française éclate le 5 mai 1789 avec l’ouverture des États Généraux à Versailles, le Consulat débute le 9 novembre 1799 lors du coup d’État et le Premier Empire a lieu entre le 18 mai 1804, jour de la proclamation de Bonaparte au titre d’empereur et le 7 juillet 1815 quand la Commission Napoléon se sépare. Nous y joignons la Première Restauration qui ne dure que quelques mois afin d’inclure les Cent-Jours qui voient le retour de Napoléon au pouvoir. Ces dates sont utilisées dans l’ensemble de ce mémoire. Ainsi, 247 articles furent publiés pendant la Révolution française, 57 articles sous le Consulat et 129 entre 1804 et 1815.
[14] Dora Weiner, « Les femmes de la Salpêtrière : trois siècles d’histoire hospitalière parisienne », Gesnerus, n° 52, 1995, p. 26-29.
[15] Lucien Bély, La France moderne, 1498-1789, Paris, Presses Universitaires de France, 2013, 2e édition (1994), p. 599.
[16] Carrez, Femmes opprimées à la Salpêtrière de Paris, p. 198-203.
[17] « De Paris, le 1.er Août 1780. », La Gazette [article numérisé], n° 61, 1er août 1780.
[18] Carrez, Femmes opprimées à la Salpêtrière de Paris, p. 205-210.
[19] Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, p. 71.
[20] Carrez, Femmes opprimées à la Salpêtrière de Paris, p. 210-211.
[21] Il s’agit de sections de la Salpêtrière réservées aux insensées les plus agitées afin qu’elles ne soient pas mélangées au reste de la population de l’institution. Jean-Pierre Carrez. « La Salpêtrière de Paris sous l’Ancien Régime : lieu d’exclusion et de punition pour femmes ». Criminocorpus, varia, 2008, p. 6.
[22] Nadine Simon, La Pitié-Salpêtrière, [s. l.], Éditions de l’arbre à images, 1986, p. 55.
[23] Weiner, The Citizen-Patient, p. 44.
[24] « ARCHITECTURE. Avis concernant l’Eglise de l’Hôpital Général de Paris. », Mercure de France [article numérisé], vol. 2, 1er janvier 1776.
[25] « De Paris, le 1.er Août 1780. Il vient de paroître des Lettres patentes du Roi, pour ordonner différens établissemens d’humanité à l’Hôpital général, & pour proroger à ces conditions les droits d’Octrois accordés ci-devant à cet Hôpital: On se borne à en transcrire ici le préambule. », La Gazette [article numérisé], n° 61, 1er août 1780.
[26] Weiner, The Citizen-Patient, p. 31-32.
[27] Jacques Tenon, Mémoires sur les hôpitaux de Paris, Paris, Imprimerie de Ph-D. Pierres, 1788, 628 p.
[28] « MÉDECINE. », Journal de Paris [article numérisé], n° 265, 22 septembre 1786.
[29] Carrez, Femmes opprimées à la Salpêtrière de Paris, p. 205-210.
[30] Camille Bloch et Alexandre Tuetey, Rapports du Comité de mendicité de la Constituante, 1790-1791, Paris, Imprimerie nationale, 1911, p. 391.
[31] Il s’agit d’une charte de médecine moderne. Société royale de médecine, Nouveau Plan de constitution pour la médecine en France, [s. l.], [s. éd.], 1790.
[32] Joseph-Ignace Guillotin, Projet de décret pour l’enseignement et l’exercice de l’art de guérir, Paris, Imprimerie nationale, 1791.
[33] Weiner, The Citizen-Patient, p. 3-5 ; Dora Weiner, « Le droit de l’homme à la santé – une belle idée devant l’Assemblée Constituante, 1790-1791 », ClioMedica, vol. 5, 1970, p. 213-217.
[34] Elizabeth Eisenstein, « The Tribute of the People: a New Species of Demagogue » dans Harvey Chisick, Ilana Zinguer et Ouzi Elyada, dir., The Press in the French Revolution (Université de Haifa, 16-18 mai 1988), Oxford, The Voltaire Foundation, 1991, p. 147.
[35] Si le nombre d’articles rendant compte des critiques de l’État sur la Salpêtrière est peu élevé, ces articles sont riches par leur vigueur et la force des mots employés.
[36] Jacques Peuchet, « VARIÉTÉS. MAISONS DE FORCE », Gazette nationale et le Moniteur universel [article numérisé], n° 4, 4 janvier 1791.
[37] « FRANCE. Copie de la lettre écrite par le Comité de mendicité, à M. Duport, ministre de la justice. », Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 354, 20 décembre 1790.
[38] « DÉPÔT DE MENDICITÉ. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 6, 6 janvier 1790.
[39] « Maisons de répression. », Mercure universel [article numérisé], n° 1323, 27 octobre 1794.
[40] Carrez, Femmes opprimées à la Salpêtrière de Paris, p. 197.
[41] Carrez, Femmes opprimées à la Salpêtrière de Paris, p. 186.
[42] Weiner, The Citizen-Patient, p. 44.
[43] Antoine-Mathieu Casenave, Les tribunaux civils de Paris pendant la Révolution [1791-1800] : documents inédits recueillis avant l’incendie du Palais de justice de 1871, vol. 1 : Les tribunaux civils de Paris pendant la Révolution (Janvier 1791-30 mars 1793), texte édité par Aristide Douarche, Paris, L. Cerf et Noblet, 1905, p. 77.
[44] « PARIS, le 28. », La Feuille du jour [article numérisé], A1, n° 148, 28 mai 1791.
[45] Catherine Duprat, « Pour l’amour de l’Humanité. Le temps des Philanthropes : la philanthropie parisienne des lumières à la monarchie de Juillet », Annales historiques de la Révolution française, n° 285, 1991, p. 388.
[46] L’identité exacte de ce visiteur reste inconnue. Il s’agit soit de l’ancien ministre Marguerite-Louis-François Duport-Dutertre qui fut ministre de la Justice, soit d’Adrien Duport, un juriste et homme politique de la Révolution. Ces deux hommes furent remis en cause éventuellement par les révolutionnaires, le premier pour avoir mis en danger la Constitution et le deuxième pour sa proximité avec Louis XVI.
[47] « Copie d’une lettre écrite le 2 juin 1792, au ministre de l’intérieur, par un citoyen qui a signé. », Le Logographe [article numérisé], n° 251, 8 juin 1792.
[48] Jacques Léonard, La médecine entre les savoirs et les pouvoirs : histoire intellectuelle et politique de la médecine française au XIXe siècle, Paris, Aubier-Montaigne, 1981, p. 13.
[49] « ADMINISTRATION. Prison de la Salpêtrière. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 217, 5 août 1790.
[50] En voici des exemples : « Paris, le 14 novembre 1792. », Journal des débats et des décrets [article numérisé], n° 57, 15 novembre 1792; « Séance du 15 novembre. », Mercure universel [article numérisé], n° 621, 16 novembre 1792; « Séance du 18 pluviôse. », Journal de Paris [article numérisé], n° 139, 7 février 1797.
[51] Jeanne-Marie Jandeaux, « La révolution face aux “victimes du pouvoir arbitraire” : l’abolition des lettres de cachet et ses conséquences », Annales historiques de la Révolution française, n° 368, 2012, p. 33.
[52] Jacques Peuchet, « VARIÉTÉS. MAISONS DE FORCE », Gazette nationale et le Moniteur universel [article numérisé], n° 4, 4 janvier 1791.
[53] Jandeaux, « La révolution face aux “victimes du pouvoir arbitraire” », p. 34.
[54] Casenave, Les tribunaux civils de Paris pendant la Révolution], p. 77.
[55] Jandeaux, « La révolution face aux “victimes du pouvoir arbitraire” », p. 34.
[56] « ADMINISTRATION. MUNICIPALITÉ DE PARIS. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 93, 3 avril 1790.
[57] « Séance d’hier. », Mercure universel [article numérisé], n° 379, 14 mars 1792.
[58] « Hospices de santé », Mercure universel [article numérisé], n° 1323, 27 octobre 1794.
[59] Langlois et Pimpaud, La Pitié-Salpêtrière, p. 127.
[60] « Maisons de répression. », Mercure universel [article numérisé], n° 1323, 27 octobre 1794.
[61] Weiner, The Citizen-Patient, p. 61.
[62] Weiner, « Les femmes de la Salpêtrière », p. 25.
[63] Carrez, Femmes opprimées à la Salpêtrière de Paris, p. 8.
[64] [s.t.], Journal de Paris [article numérisé], n° 334, 22 août 1802.
[65] Benoît Majerus, Du Moyen Âge à nos jours, expériences et représentations de la folie à Paris. Paris, Parigramme, 2018, p. 41.
[66] V., « VARIÉTÉS. Le 9 Septembre. », La Quotidienne [article numérisé], n° 101, 9 septembre 1814.
[67] « HOSPICES DE PARIS. », Gazette nationale ou le Moniteur universel [article numérisé], n° 306, 25 juillet 1802.
[68] Patricia Sorel, Napoléon et le livre: la censure sous le Consulat et l’Empire (1799–1815), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020, p. 17.
[69] « Paris, 7 Thermidor. », La Clef du cabinet des souverains [article numérisé], A6, n° 2005, 27 juillet 1802.
[70] « PARIS, 26 Pluviôse. », Le Courrier des spectacles, ou Journal des théâtres [article numérisé], n° 2904, 16 février 1805.
[71] « Paris, 18 Frimaire. », Le Courrier des spectacles, ou Journal des théâtres [article numérisé], n° 2104, 10 décembre 1802.
[72] Weiner, The Citizen-Patient, p. 87.
[73] Weiner, The Citizen-Patient, p. 90.
[74] Langlois et Pimpaud, La Pitié-Salpêtrière, p. 62 ; Simon, La Pitié-Salpêtrière, p. 55 ; Robert Poujol, « La naissance de l’Hôpital Général de Paris d’après les documents inédits (papiers Minachon) », L’hôpital à Paris, hors-série, 1986. Toutefois, la date exacte de la fondation de cette infirmerie est débattue. Bellier, quant à lui, affirme que cela se produit en 1780 : Paul-André Bellier, « Du village des salpêtriers au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière », Revue d’histoire de la pharmacie, vol. 80, n° 295, 1992, p. 403.
[75] Weiner, The Citizen-Patient, p. 44.